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Livre - Page 44

  • ICÔNES DES SEVENTIES

    Des voitures, des vinyles, un tourbillon d’insouciance

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    Avant d’allumer le feu sur la piste, les pilotes des seventies écoutaient avec plaisir les chansons des leurs vedettes préférées que diffusait la sono du circuit.

    Éric Trélor, personnage récurrent des Aventures de David Sarel, évoque des souvenirs des seventies avec son fils Fabien et un ami de ce dernier, Jeremy, qui apparaissent  dans Chicanes et dérapages de  Lorient au Mans (1). Éric se rappelle ici le temps où il pilotait une Alfa Romeo flamboyante, l'époque de l'insouciance de sa jeunesse, des copains, des soirées  à Larmor Plage, de l'enthousiasme des seventies... 

    - Quelle musique écoutais-tu à l’époque ? interroge Fabien.

     medium_J_AI_UN_PROBLEME_VINYLE.2.jpg- Moi, j’écoutais surtout du Sardou et du Sylvie Vartan, raconte Éric. J’aimais à peu près tout de Sardou, notamment Le France, J’accuse, Le bon temps c’est quand, Je vais t’aimer… Il possédait un répertoire très riche en fait. Il faisait un spectacle par an au Palais des sports à Rennes, et j’allais toujours le voir. J’adorais aussi Sylvie Vartan. Une femme et une chanteuse fascinante. Elle était encore mariée avec Johnny à cette époque. D’elle aussi, j’aimais tout le répertoire. De La Maritza à L’amour c’est comme les bateaux en passant par Baby Capone, J’aimais beaucoup Mon testament aussi. Sylvie l’a enregistrée sur le même 45 tours que Comme un garçon . J’ai rêvé Que sur un grand mur blanc Je lisais Mon testament A tous mes amis Je laisse bien peu L’occasion de souffrir A mes ennemis Je laisse bien mieux L’occasion de mentir C’est tellement juste comme analyse. Les paroles retracent si bien le cynisme des rapports humains. Dommage que cette chanson ne soit pas reprise aujourd’hui.

     - Et Johnny ? demande Jeremy. Mon père en était fou quand il était jeune et il va encore le voir en spectacle. Pourtant, il est devenu notaire, pas vraiment le genre à casser des fauteuils dans les salles.

     medium_GABRIELLE.jpg- Si bien sûr. Johnny, c’était déjà un mythe, et pas que pour les blousons noirs. Je l’aimais aussi. Surtout quand il chantait J’ai un problème avec Sylvie, mais pas seulement. Gabrielle par exemple, c’était irrésistible. L’été 1976, j’étais allé à un de ses concerts avec Mikaël et Ronnie qui était un vrai fan. D’abord, tout le monde était debout. Les numéros de places ne servaient à rien. Les premiers arrivés devant, les autres derrière. Heureusement que nous avions peur d’être en retard. Nous nous sommes trouvés dans les premiers rangs. Johnny se défonce en scène. Tu ne peux pas rester indifférent. Et quand la salle était bien chauffée et qu’il chantait : Dix ans de chaînes sans voir le jour, C'était ma peine forçat de l'amour Et bonne chance à celui qui veut ma place {oui ma place} Dix ans de chaîne sans voir le jour C'était ma peine forçat de l'amour J'ai refusé, mourir d'amour enchaîné Toute la salle levait les poignets comme si chaque spectateur était enchaîné. Tout le monde reprenait « mourir d’amour enchaîné » avec lui. C’était comme un sort sur la foule, une communion totale entre l’artiste et ses fans. Tu ne pouvais pas faire autrement.

     medium_VINYLE.gif- Ma mère aimait beaucoup Claude François, ajoute Jeremy. Elle a gardé précieusement ses vieux vinyles et racheté les nouveaux supports CD et DVD de ses chansons et spectacles. Mais mon père n’en parle pas trop en bien…

     - Je n’ai jamais accroché aux chansons ni aux spectacles de Claude François non plus, reconnaît Éric. Il était travailleur, exigeant, novateur, mais en matière de variétés comme dans toute discipline artistique, il existe un feeling qui passe ou pas avec ce que fait l’artiste. Je suis comme ton père. Je n’aimais pas vraiment. De toute manière, je crois que c’était surtout les filles qui l’adoraient

    . - Vous aviez un point commun avec ces artistes, lance Jeremy. La passion des bolides.

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    - Oui, c’est vrai, on peut dire ça, répond Éric. Johnny adorait les voitures puissantes et rapides. Il en a possédé pas mal, notamment une Lamborghini Miura. Durant leurs tournées, Michel Sardou, Johnny et Sylvie Vartan utilisaient souvent des Rolls parce qu’elles étaient confortables et sûres. Quelquefois de grosses américaines aussi. Quelques mois plus tard, Michel Sardou se laisserait tenter par une petite bombe, la Golf GTI, pour ses déplacements en région parisienne. Johnny quant à lui avait déjà participé à pas mal de courses dont le  Rallye de Monte-Carlo sur une Ford Mustang.

    - Quand je participe à une course, avoue Fabien, j’aime bien entendre des musiques que j’aime, même si ce n’est pas que « toute la musique que j’aime » avant le départ. Et toi ?

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    - Pareil. La sono diffusait souvent des bandes musicales avant la course ou avant les essais. En côte par exemple, les montées de course commençaient souvent vers 14 heures le dimanche après-midi. Quand j’entendais du Sylvie Vartan ou du Sardou à ce moment-là, je me disais que c’était de bon augure pour le résultat. En plus ça me détendait, car lorsqu’on est dans la file de voitures en bas du circuit en attendant que l’épreuve commence, on se sent quand même un peu stressé.

     - C’est à peu près le moment où tu as connu Yannick, non ? questionne Fabien.

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    - Absolument, répond son père. Yannick était un fan absolu de Johnny. Il ne roulait pas en Rolls, ni en Lamborghini, ni en Mustang, mais dans une vieille 4L orange. Il travaillait souvent sur les tournées de Johnny et de Sylvie. Il se coiffait comme Johnny, portait des blousons de cuir noir et des tiags, un gros médaillon et un ceinturon… C’était – et c’est resté - un type très sympa. Je venais de finir mes études et je commençais à travailler comme avocat stagiaire. Daniéla (2) le connaissait et me l’avait adressé parce qu’il n’arrivait pas à se faire payer son cachet par un producteur véreux pour qui il avait tourné un rôle secondaire dans un film. Bien que parisien, Yannick venait souvent à Larmor Plage parce que sa grand-mère s’y était retirée. Donc, lorsqu’il avait quelques jours de congés l’été, nous le voyions débarquer. Quand il faisait la fête avec nous, la soirée se terminait invariablement par ses exercices d’imitation de Johnny. Il possédait un charisme réel et avait parfaitement assimilé la gestuelle de l’idole.

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    Il nous avait confié que si un jour il devenait une vedette, il chercherait une Lamborghini Miura, comme celle qu'avait possédée Johnny. A défaut d'en faire une star, un copain qui exploitait un restaurant grill à Larmor Plage lui demandait d’animer la salle en fin de soirée quand il venait dans le coin. Lorsque notre Yannick-Johnny se défonçait sur le dernier couplet de J’ai oublié de vivre, A force de courir sur les routes du monde Pour les yeux d'une brune Ou le corps d'une blonde A force d'être enfin sans arrêt le coupable, Le voleur, le pilleur, le violent admirable J'ai oublié de vivre, j'ai oublié de vivre, Oui, j'ai oublié de vivre, j'ai oublié de vivre. Quand, en sueur, il s’agenouillait, qu’il lançait la tête en arrière et que ses yeux dirigés vers le ciel exprimaient un désespoir intense, qu’il cherchait sa respiration comme un boxeur sonné après la dernière note du disque original sur lequel il effectuait sa prestation, il souffrait vraiment comme son modèle. D’ailleurs, Ronnie, notre spécialiste es-Johnny, le décrétait tout à fait crédible. Yannick-Johnny n’est jamais devenu une star du rock. Mais il a tout de même fait carrière comme animateur ensuite. Sa passion a guidé sa vie professionnelle.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    NOTES MODIFIEE LE 16 MAI 2015

    QUELQUES  LIENS A SUIVRE :

    (1) Un polar dans l'univers de cette nouvelle, au bord d'une piste de Rallycross  http://bit.ly/29fHooI

    Flash-back dans l’univers un peu fou de jeunes pilotes des seventies  http://bit.ly/2bAFnbr

    Mon interview sur Monsieur Vintage http://bit.ly/1w6ZleA

     

    1964, une autre époque avec des voitures tellement plus attachantes et une vie tellement plus simple… http://bit.ly/1iY1Yfh

     

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    Thierry Le Bras

     (1) Daniéla Merle, personnage récurrent des Aventures de David Sarel. Elle exerce le métier de comédienne et est l’épouse de l’ancien pilote de Formule 1 Freddy Vivien, autre personnage récurrent de cette série de thrillers.

  • POLITIQUEMENT INCORRECT

    ALFA ST GOUENO 2005.JPGFICTION AUTOMOBILE
    Éric Trélor, personnage récurrent des Aventures de David Sarel raconte quelques souvenirs de reconnaissances de courses de côtes à son fils Fabien et à son ami Jeremy

    - Je me souviens par exemple de Plumeliau 1977 dans le Morbihan, expose le parrain de David. J’étais arrivé sur le site le vendredi soir avec Mikaël (1). La course se déroulait tout début juillet. Il faisait beau. Nous campions tous dans le parc fermé en bas du tracé. Ronnie et Luc étaient là aussi.
    - Tu avais l’Alfa à cette époque ? interroge Fabien, le fils cadet d’Éric.
    medium_ALFA_2000_GTV_2.2.jpg
    - Oui, confirme son père. Un coupé GTV 2000 groupe 1. Ronnie courait sur une Simca 1200 S groupe 3 et Luc sur une 1000 Rallye 2 groupe 1. Nous figurions tous les trois parmi les favoris de nos catégories respectives.


    medium_SIMCA_1200_S_RONNIE.jpg- Je suppose que vous avez commencé à reconnaître le vendredi soir ? demande Fabien.
    - Évidemment. Nous avons d’abord fait quelques montées avec nos voitures de tourisme.

    - Quels modèles ? questionne Jeremy, ami et navigateur de Fabien aujourd’hui. Je suppose que vous n’aviez pas des diesel qui se traînaient et sentaient mauvais.
    - Moi, j’avais un coupé Alfa 1600, Ronnie un coupé Peugeot 504 et Luc une R 16 TS. Nous amenions chacun un navigateur qui nous annonçait les notes comme en rallye. Puis au bout de quelques montées, lorsque nous connaissions par cœur, il se taisait.
    medium_504_COUPE.gif
    Mais les voitures de tourisme, même performantes, ne donnaient pas la même impression que les voitures de course préparées et équipées de slicks. En fin de soirée, il était donc fréquent que les pilotes tournent avec leurs voitures de compétition. Plaques masquées, équipées de pots d’échappement libre et de pneus lisses, les machines qui allaient en découdre le dimanche investissaient la route encore ouverte à la circulation.
    - Nous voulions préciser nos repaires de freinage, de trajectoire, préparer au mieux les montées chronométrées, précise Éric. Ce soir-là, nous nous sommes organisés conformément aux habitudes et usages. Nous montions les uns derrière les autres, nous faisons demi-tour en haut, nous redescendions la piste lentement en convoi, et nous repartions pour une nouvelle montée. Comme souvent, Luc s’est amusé à énerver Ronnie. Ils étaient très potes tous les deux, mais ils entretenaient une rivalité exacerbée. Alors, Luc se plaçait derrière Ronnie. Et au lieu d’attendre quinze secondes après le départ de la 1200 S, il démarrait juste derrière et lui montrait en le talonnant qu’il était un peu plus vite. De toute façon, les deux voitures n’étaient pas dans le même groupe.
    medium_RALLYE_2_1.jpgEn plus la Rallye 2 était un peu plus performante que la 1200 S et Ronnie sans doute légèrement moins rapide malgré un super sens de l’attaque et un cœur énorme. Voyant le jeu de Luc avec Ronnie, Jacques Dumoulin qui courait sur une Alfa 2000 GTV blanche s’est mis en tête de jouer au même jeu avec moi. Objectivement, c’est super énervant et ça multipliait les risques dans un exercice déjà dangereux.
    medium_ALFA_2000_GTV.2.jpgD’ailleurs, j’ai failli me sortir dans une grande courbe rapide. J’ai pris le bas-côté et je suis parti dans une série de travers que j’ai rattrapés par miracle. Merci Saint-Christophe. Du coup, Jacques a repris ses distances lors des montées suivantes. Ronnie par contre a fait croire à Luc qu’il s’arrêtait, puis il est reparti juste dans ses pare-chocs. Luc avait tellement peur de paraître moins bon que lui qu’il a fait des tas de petites fautes et que Ronnie a fini la montée collé à son pare-choc et persuadé qu’il allait lui coller une valise le dimanche. Ils ont parié sur leurs temps au scratch.
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    - Qui a gagné ? questionne Jeremy.
    - Luc, comme à chaque fois – ou presque - qu’il pariait sur une course ou un défi sportif avec Ronnie.



    - Trois semaines après, Luc lançait un nouveau défi à Ronnie. Faire la course à vélo sur le parcours de la course de côte. Ronnie était carrossier. Luc se préparait à devenir prof de sport. Il s’entraînait comme une bête dans des tas de disciplines, faisait du vélo l’été, du vélo d’appartement l’hiver. Ronnie n’en faisait pratiquement plus depuis sa première mobylette à 14 ans. Il a fait deux ou trois sorties pour se préparer, mais c’était insuffisant. Comme en plus il était très orgueilleux, il a voulu tenir à tout prix le rythme de son adversaire au départ.
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    Il s’est essoufflé et Luc l’a explosé sur la fin du parcours. Ils m’avaient demandé de venir les chronométrer, en contrepartie de quoi, j’étais aussi invité à dîner aux frais du perdant. Je me doutais bien du résultat et je ne m’en réjouissais pas parce que j’ai toujours beaucoup apprécié Ronnie. Luc était un copain, mais Ronnie était un véritable ami, un proche même.



    - C’était bien dans le caractère de Ronnie d’accepter n’importe quel pari, commente Fabien qui a bien connu Ronnie.
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    - Tout à fait, complète son père. Une fois redescendus, au moment de remettre les vélos sur la galerie, Luc a lancé un nouveau défi à Ronnie. Je te laisse une chance à la lutte, a-t-il proposé. Si tu gagnes, on considère que c’est moi qui ai perdu et c’est moi qui paye la bouffe tout à l’heure.
    J’ai conseillé à Ronnie de ne pas tomber dans le piège. Il était costaud, mais Luc était plus fort que lui et ils le savaient tous les deux. Ronnie ne m’a pas écouté. Je n’ai pas insisté. Après tout, ils se mesuraient à la lutte, comme les lutteurs bretons qui s’affrontent dans le respect avant de partager le mouton dans la tradition d’amitié à la fin du tournoi. Ce n’était pas un combat de boxe ni un combat de rue. Personne ne se ferait mal. Ils s’aimaient bien tous les deux et ils venaient de faire équipe aux 100 tours de Magny-Cours sur la Rallye 2.
    medium_LUTTE.jpgLuc a laissé Ronnie gagner la première manche, histoire de le mettre en confiance afin qu’il accepte d’autres défis dans l’avenir. Il était très sûr de lui à ce jeu. Il a fait durer la manche et entraîné Ronnie au bout de l’effort avant de se laisser immobiliser. A la seconde manche, il a fait toucher les épaules par terre à Ronnie après l’avoir littéralement asphyxié pendant quelques secondes. A la troisième manche, il n’y a même pas eu de combat. Après la montée à vélo et deux premiers affrontements à la lutte, Ronnie était rincé physiquement alors que Luc était encore assez frais. Ronnie s’est retrouvé immobilisé par terre, le bras tordu dans le dos, le tout à la première prise et sans avoir trop compris comment ça lui était arrivé. Il n’avait plus qu’à s’avouer vaincu. Lorsqu’ils se sont relevés, Ronnie et Luc se sont fait copieusement insulter par une petite vieille qui passait par-là à vélo. Elle les a traités de voyous, de blousons noirs de gangsters (elle prononçait gangesters), alors qu’ils ne faisaient que chahuter un peu dans un esprit sportif. Ça leur faisait de l’exercice. C’était bon pour leur santé. J’ai essayé de lui expliquer qu’ils ne se battaient pas pour de vrai, que son petit coin de paradis n’était pas envahi par une horde de barbares assoiffés de sang prêts à sortir les armes blanches, que mes camarades s’amusaient, que c’était du sport, de la lutte, que d’ailleurs tout le monde allait dîner ensemble comme après les tournois officiels. Mais elle n’a rien voulu entendre. Au contraire, elle a usé d’un vocabulaire fort étendu dans le domaine des gros mots.
    - Le mari de la vieille n’a pas débarqué avec la fourche et le fusil ? s’enquiert Fabien.
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    - Pas de danger, répond son père. Le mari, il avait cassé sa pipe à mon avis. Elle l’avait usé et enterré depuis bien longtemps. La mort est une délivrance pour les hommes capturés par cette espèce de dragons. Et comme à cette époque, ils plongeaient dans l’alcool et le tabac pour oublier leurs bourreaux en jupons, leurs corps les trahissaient assez tôt et c’était finalement une bénédiction pour eux. Ces années-là, quelques dessinateurs humoristiques croquaient les mégères. Bichette, la femme de Lariflette, comme l’épouse de Hagar du Nord, faisaient un tabac dans Ouest-France. Et n’oublions pas les mémés de Jacques Faizant, ni Bonnemine, la femme du pauvre Abracracourcix, chef du fameux petit village gaulois qui résista vaillamment à l’envahisseur. En tout état de cause, la fureur de la vieille autochtone ne nous a pas troublés. Au contraire, nous étions morts de rire. Ronnie pour sa part était tout content d’avoir sauvé l’honneur en arrachant une manche à Luc, même si au fond de lui, il avait probablement compris le manège de son copain. Nous sommes allés dîner dans la bonne humeur, aux frais de Ronnie que ni la perte du défi ni la note du repas n’avaient traumatisé. A l’époque, tu faisais un très bon dîner au restaurant pour 50 Francs par tête, apéro et vins compris, soit moins de 8 euros.
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    - N’empêche que si nous reconnaissions les courses de côtes et les rallyes comme vous le faisiez à l’époque, on aurait des ennuis avec les riverains et les flics, plaisante Fabien.
    - Tu veux dire qu’on finirait en taule, précise Jeremy.

    - Sans doute, convient Éric. C’était une autre vie, une autre approche de l’automobile. Malgré nos folies, les riverains nous accueillaient bien, à part quelques exceptions comme la vieille sorcière. Certainement parce que les épreuves amenaient du monde sur les sites, faisaient fonctionner le commerce et créaient une atmosphère de fête. J’avais à peu près 22 ans à l’époque. Ronnie un an de plus, et Luc un an de moins. Nous étions un peu fous, insouciants, totalement inconscients du danger. Ronnie encore un plus que les autres, d’ailleurs. Luc et lui restaient un peu gamins, bien qu’intellectuellement et culturellement, ils étaient l’un et l’autre d’un bon niveau et qu’avec les filles, ils savaient y faire. Je ne conseillerais pas aux jeunes pilotes d’imiter nos comportements sur route ouverte, naturellement. Mais il faut reconnaître que nous avons vécu des moments complètement dingues et inoubliables, une belle jeunesse dans un temps où même « les un peu plus de vingt ans » pour parodier Aznavour ne se faisaient pas trop de soucis et ne doutaient de rien.
    - La fin des trente glorieuses ? intervient Jeremy.
    medium_PORSCHE_G_4.jpg- Oui, à peu près. Tout nous paraissait possible et beaucoup de choses l’étaient. C’était une très belle époque pour les gars qui en voulaient. Pas de problèmes avec les heures sup ni les primes au mérite. Des tas de gars qui exerçaient des jobs d’employés ou d’ouvriers arrivaient à courir. Ils n’étaient pas bloqués par des histoires de 35 heures ni le manque de travail. Du boulot et de l’argent pour ceux qui voulaient vraiment y arriver, c’était possible. Sale temps pour les feignasses, il faut bien l’avouer, mais une société ouverte et sympa pour les vrais battants. Nous nous sommes tous construit de belles vies à cette période. Je ne crois pas que nous pourrions réussir de la même façon aujourd’hui. Le coût de l’énergie, les contraintes de toutes sortes ont grippé beaucoup de mécanismes. Sans compter l’obsession des politiques pour une monnaie forte alors qu’un peu d’inflation a toujours boosté l’économie et la croissance. Sans oublier non plus les prétendues valeurs baba-cool qui commençaient à attirer la vindicte sur les plus actifs, ceux qui font marcher l’économie. Des non-valeurs qui produisirent des générations qui regardent ceux qui veulent réussir comme des illuminés nocifs.
    medium_DE_TAMASO.jpg- C’est sûr que les temps ont changé, soupire Fabien. Au lycée, il ne fallait pas faire part de ses ambitions professionnelles et sportives sous peine d’être mal vu. Même en fac, la plupart rêvent d’un job qui ne bousculera pas trop leur petite vie personnelle… Pour certains, donner le meilleur de soi-même, se battre dans le but de faire partie des meilleurs, c’est vouloir écraser les autres. Nous sommes dans la société des limitations de vitesse à tous les niveaux, celle qui pénalise et sanctionne les plus rapides, se moque de ceux qui veulent réaliser quelque chose qui sorte de l’ordinaire, qui prône l’alignement sur le plus mauvais, qui érige la médiocrité en valeur intrinsèque.
    - Vous avez l’air de considérer que les pilotes ont réussi mieux que les autres, constate Jeremy.
    medium_CAMARO_NOIRE_GDE.jpg- Pas tout à fait, corrige Éric. Je dis simplement que la société des sixties et des seventies offrait de vrais possibilités aux battants et que réussir en sport automobile, ça a toujours été dur, même à l’époque. Ceux qui avaient la force mentale de s’imposer parmi les bons dans ce sport étaient capables de réussir aussi très bien dans la vie professionnelle. Ce fut d’ailleurs le cas de Ronnie et Luc.
     (1) Mikaël Mermant, navigateur d’Éric en rallye

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    Partagez une des plus grandes de joies de Ronnie dans une vie et une carrière sportive qui ne ressemblèrent pas à un long fleuve tranquille, malheureusement pour lui : http://0z.fr/DwoeM

    NOTE MODIFIÉE LE 27 DÉCEMBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

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    LE PACTE DU TRICHEUR, un polar automobile que j’ai écrit pour vous avec Éric et son filleul David au Rallye des Volcans d’Auvergne :http://amzn.to/1jAhsoF

     

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    Thierry Le Bras

  • UNE FERRARI … cassée

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    « La sortie de route, c’était le lot des voitures de sport, souligne Philippe Georjan (1). Cette Ferrari 250 GT Berlinetta 1960 a de la chance. C’est la voiture d’un collectionneur. Elle retrouvera vite le chemin des courses de véhicules historiques. J’étais adolescent à la période des sixties. Un mes copains, Christian, était fils de garagiste. Son père se spécialisait dans les VO récents et haut de gamme. Il disait toujours qu’une voiture de sport était faite pour avoir trois accidents, trois passages au marbre. Après, il fallait la vendre. Le châssis manquait de rigidité. L’assureur de mes parents émettait une opinion comparable. Il prétendait que rouler en voiture de sport, cela signifiait un accident par an. Pas forcément corporel, heureusement, mais une sortie de route.

    « A cette époque, la vitesse était libre. Les contrôles d’alcoolémie supposaient un accident ou une infraction grave. La société automobile séduisait la France et le monde. Au prix de nombreux morts sur les routes, il est vrai. Mais l’insouciance minimisait la portée des drames dans la conscience collective. L’accident, ça n’arrivait qu’aux autres, au pont d’inspirer les chanteurs de variétés.

    « En 1954, Boris Vian composa J’suis snob. La chanson serait reprise au cours des sixties et des seventies, notamment par Mouloudji et les Charlots. L’accident en voiture « classe » y apparaît comme un symbole d’appartenance à une classe supérieure, même si les paroles expriment une ironie féroce.

    J'suis snob... J'suis snob
    J'suis ravagé par ce microbe
    J'ai des accidents en Jaguar
    Je passe le mois d'août au plumard
    C'est dans les p'tits détails comme ça
    Que l'on est snob ou pas
    J'suis snob... Encor plus snob que tout à l'heure
    Et quand je serai mort
    J'veux un suaire de chez Dior !


    « L’accident n’inquiète pas davantage Brigitte Bardot lorsqu’elle interprète les paroles de Serge Gainsbourg.

    Je tiens bien moins à la vie
    Qu’à mon terrible engin,


    affirme-t-elle avant de préciser sa pensée :

    Et je me sens à feu et à sang,
    Que m'importe de mourir
    Les cheveux dans le vent !


    « Un peu plus tard, en 1975, Michel Sardou traitera l’accident sur un ton très différent

    Qu'un flic arrête les sirènes
    Et que s'en aillent les hommes en blanc.
    Pour moi, c'est mort : tout mon corps saigne,
    Mais reste-t-il un survivant ?

    J'espère que je n'ai tué personne.
    Ma vie ne vaut pas une vie.
    Mon étoile n'était pas la bonne.
    Tant mieux si ce soir, c'est fini.


    « Les esprits changeaient. L’insouciance laissait place à plus de responsabilité, mais aussi corrélativement à une société obsédée par la sécurité routière, policée, aseptisée, terne... Les prémices d'une France détestant ceux qui réussissent un peu mieux que d'autres, s'offrent un plaisir en récompense de leurs efforts et suscitent les jalousies haineuses des plus médiocres avides de basse normalité. »

    NOTE MODIFIÉE LE 16 AOÛT 2014

     

    (1) Philippe Georjan est le héros de  VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI http://bit.ly/1zmPqE6

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    LE POLAR tendance sixties à lire cet été !

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

     

    (1) Philippe Georjan est aussi le personnages  de plusieurs nouvelles (gratuites)  en ligne sur ce blog. Retrouvez  dans :

     

    La Baule les Pins, des émois inoubliables (une Porsche nerveuse, des souvenirs de BB, l’ambiance Birkin – Gainsbourg dans 69, année érotique...)

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/08/25/rallye-de-la-baule-des-emois-inoubliables.html

     

    Clin d’œil à la R8 Gordini (en 4 chapitres)

    CH1 :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/09/30/le-clin-d-oeil-de-philippe-georjan-a-la-r8-gorde-1.html

    CH 2 :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/10/02/le-clin-d-oeil-de-philippe-georjan-a-la-r8-gorde-2.html

    CH 3 :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/10/05/le-clin-d-oeil-de-philippe-georjan-a-la-r8-gorde-3.html

    CH 4 :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/10/08/le-clin-d-oeil-de-philippe-georjan-a-la-r8-gorde.html

     

    Pour mieux me connaître : http://0z.fr/T46eh

     

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    Thierry Le Bras