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Une photo, un flash-back (2)

Été 1977, une saison de course de côte en VW Golf GTI

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Un souvenir personnel, la réflexion avec mon père sur la chasse au chrono.

40 ans déjà à quelques jours près... Jamais je ne me serais projeté à mon âge actuel. Jamais, je n’aurais imaginé la société des années 2010, les voitures contemporaines, l’évolution de mes relations avec certaines personnes. Jamais je n’aurais pensé vous parler de tout ça sur un média personnel grâce à une technologie accessible aux ignares en informatique comme moi.

1977, année fantastique, année où tout a commencé, développe le magazine hebdomadaire du Parisien – Aujourd’hui en France en supplément de son quotidien du 7 juillet 2017. Quelques bonnes nouvelles, la victoire de Marie Myriam à l’Eurovision, le premier volet de Star Wars, l’apparition de l’ordinateur personnel Apple, la première liaison Paris – New-York du Concorde... Et des événements peu réjouissants, la collision de deux Boeing 747 à Tenerife, la mort d’Elvis Presley, la naissance d’un certain Emmanuel Macron (toutes les conséquences ne sont pas encore mesurées ni peut-être même envisagées)...

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1977, Laurent Voulzy chante Rockollection, Boney M Ma Baker, Sylvie Vartan Petit Rainbow, Michel Sardou interprète Le France et Je vais t’aimer à chacun de ses concerts. En octobre, il sortira l’album La java de Broadway sur lequel est aussi enregistré Mon fils.... « Je m'en vais quelque part, Essayer de refaire ma vie, Je penserai à toi souvent, Je te verrai de temps en temps... » Au cinéma, Alain Delon joue dans L’homme pressé et Mort d’un pourri. Oui, il arrive que certain(e)s pourri(e)s meurent jeunes, mais pas toujours, je le pressens déjà. Carlos Monzon débute au cinéma dans El Macho, un western. Carlos fut un des meilleurs boxeurs de tous les temps. Sa prestation d’acteur n’affiche pas le même punch, il faut bien l’avouer.

1977, une année significative pour moi. Obtention de ma maîtrise en Droit des affaires, premières victoires de classe en course automobile, et début du service national à l’automne. Je ne sais pas encore que Michel Sardou disputera deux Dakar avec Jean-Pierre Jabouille, ni qu’un bébé dont on change alors les couches sera élu président 40 ans plus tard, ni qu’une employée subalterne assez médiocre que mon père parlait de virer quelques mois plus tôt obtiendrait des promotions jusqu’à celle de nouvelle épouse et mettrait fin à notre belle complicité. « Rien d’humain n’est éternel », chante Sardou...

Une saison de courses de côtes

1977, une belle saison de courses de côtes. Christian Debias remportera le championnat sur sa Ralt BMW. Il a chassé le moindre gramme inutile jusqu’à percer des trous dans les pédales de frein et d’accélérateur ! Jimmy Mieusset se classe second avec une Martini BMW, devant le premier proto, la Chevron Roc de Michel Pignard.

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De superbes bagarres en groupe 2 avec des BMW très spectaculaires, à commencer par la 2002 de Evrard et la 30 CSL de « La Torche ». Bien qu’ils ne soient pas là à toutes les épreuves, Jacques et Jean-Marie Almeras font parler la poudre dès qu’ils engagent leurs Porsche groupe 4 et groupe 5. Le plus rapide des pilotes de voiture de tourisme, c’est Jacky Ravenel, dominateur du groupe 1 à peu près partout, y compris au Mont-Dore malgré l’opposition de la Ford Escort 2000 RS officielle de l’Allemand Stenger. A noter l’arrivée en groupe 6 de Jean-Philippe Grand sur un proto Lola, un garçon qui fera parler de lui, comme pilote d’abord, comme patron d’écurie plus tard. Une pensée aussi pour Marcel Grué, invincible en côte avec sa Berlinette Alpine groupe 3. Un gentleman driver à tous les sens de l’expression, amateur, mais terriblement rapide et toujours solidaire des autres pilotes.

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1977, après le début de l’apprentissage sur quatre courses sur Opel Ascona SR en 1976, me voilà au volant d’une VW Golf GTI groupe 1. Les deux premières courses ne se passent pas trop bien. Je dispute Hébecrevon avec l’auto strictement de série. Je n’ai même pas d’amortisseurs course. Et surtout, je pars avec des pneus de route, les slicks n’étant pas arrivés à temps. Puis je découvre Corcoué. On m’a conseillé un écart de pression des pneus entre l’avant et l’arrière qui rend l’arrière anormalement baladeur sur une traction... Nous le réduisons le dimanche et je commence à me sentir mieux. Mais je ne suis pas en confiance après les chaleurs de la veille. Je me fais nettement taper dans la classe par Buchet – bon, pas déshonorant – et un jeune pilote qui a trouvé le mode d’emploi de l’auto avent moi. Ironie du sort, si je m’étais engagé en groupe 2, j’aurais remporté la catégorie des 1301 – 1600 cm3 devant une R12 Gordini ! J’aurais dû y penser. A l’époque, j’ai vu des pilotes de Porsche partir tantôt en groupe 3, tantôt en groupe 4 et j’imagine que la concurrence expliquait les choix.

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A partir de Saint-Germain – sur – Ille, tout ira mieux. Je remporte ma première victoire catégorie. Au total, je gagnerai 7 fois la classe sur 11 départs cette saison-là. Piloter et gagner, c’est encore mieux que dans les rêves les plus fous. L’extase totale. Rien ne vaut la sensation qu’éprouve un pilote au volant de sa machine. Des moments forts, si extraordinaires qu’il faut se trouver de sacrés défis pour garder le sentiment de vivre en dehors des moments de pilotage. Bon, on y arrive quand les années passent et que le pied soulage naturellement l’accélérateur un peu plus tôt. Et les souvenirs restent merveilleux, même si certaines photos vieillissent comme celle d’un retour au parc à Pluméliau (photo ci-dessus) après une montée d’essai le samedi (devant la R12 Gordini de mon ami Philippe Paviot et, je pense, la barquette HM de Joël Moullé).

Ce qui a existé a existé, quoi qu’il arrive plus tard

« Dans la cohue du temps qui passe, les souvenirs les plus tenaces, ce sont trois notes de musique, entrainantes ou mélancoliques », chanta Michel Sardou. Je pourrais adapter ce couplet aux vrombissements de moteurs. Car de « De la coqueluche à la retraite » (enfin, à son approche), plusieurs scènes imprimées de manière indélébile dans mes neurones se sont jouées avec mon père. Il y eut d’abord les reportages radiophoniques de Tommy Franklin aux 24 Heures du Mans et lors d’autres épreuves. Rodriguez, Gendebien, Shelby, Frère, Hill... des noms qui sonnaient à mes oreilles comme un jour de fête. Sans oublier John Simone, dit le colonel Simone en raison de son passé glorieux dans l’US Air Force durant la seconde guerre mondiale. Le colonel, qui avait piloté lui-même en course au début des années 50, engageait des Maserati au Mans avec l’objectif d’y remporter la victoire. Mon père écoutait tous les reportages de Tommy Franklin. Ces moments restent associés à mon enfance.

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Si j’ai oublié certains contes populaires qui m’ont été racontés comme à tous les enfants (de toute façon, ils tournent le plus souvent autour d’une abominable marâtre qui veut asservir ou tuer les enfants du premier lit du nouveau mari dont elle tire profit), je me rappelle très bien des histoires d’hommes remarquables rapportées par mon père avant d’allant me coucher. Celle de Louis-Rosier, vainqueur des 24 Heures avec son fils sur une Talbot. Une histoire qu’adorait mon père, et moi un peu moins, parce que le fils n’avait roulé que quelques tours, son père monopolisant le volant pendant presque toute la course. Celle de Jean-Pierre Wimille, deux fois vainqueur dans la Sarthe, engagé en résistance avec des amis également pilotes (Robert Benoist et William Grover-Williams). Il reviendrait en compétition après le conflit et trouverait la mort au volant d’une Simca Gordini en 1949 à Buenos-Aires.

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En 1977, mon père m’accompagnerait fréquemment sur les épreuves, ravi d’être avec des acteurs de la course (fussent-ils modestes) et plus simplement auditeur ou spectateur. J’apprendrais qu’il montrait des photos de moi en course aux clients avec lesquels il entretenait des rapports amicaux et qu’il amena même à certains ma combinaison et mon casque afin de leur montrer « pour de vrai » la tenue d’un pilote. Il vivait un rêve de jeunesse par procuration. Ensuite, je l’inviterais plusieurs fois aux 24 Heures du Mans. Mon cadeau pour la Fête des pères, jusqu’à ce que je réalise qu’il valait mieux éviter dans le contexte de sa nouvelle vie qui n’était pas mon histoire. Car notre belle complicité était affectée par l’irruption d’un facteur polluant. La chair est faible. Quand les rapports avec une femme déterminée à atteindre ses objectifs passent du mode vertical aux positions horizontales, beaucoup de relations évoluent. L’isolement de la cible s’organise. Les proches de personnes célèbres ont dénoncé des situations qui les choquaient. Je pense par exemple aux affaires Jean-Luc Delarue et Helmut Kohl. Et je pourrais en citer bien d’autres car, après réflexion et en utilisant ma formation initiale de juriste, j’ai décidé d’écrire une série d’essais sur les opérations troubles au sein des familles recomposées. Un créneau porteur et surtout le besoin de combattre des injustices insupportables dont sont victimes les premières familles au profit de nouvelles épouses et marâtres cupides.

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Un ami m’a fait observer récemment que je ne parlais jamais de mon père. J’ai réalisé que c’était exact. Je corrige cette omission. Cet ami me rappela que, s’il faisait lui-même partie de ceux qui avaient pris ses distances à cause de la pièce rapportée, il conservait de lui un souvenir globalement positif. « N’oublie pas ce qu’il disait toujours de sa bonne femme, a-t-il insisté. Tu sais comment elle est... » Pas faux. J’ai entendu cette phrase souvent, moi aussi. Et d’autres confidences également, avant puis après cette union. Des anecdotes que j’aurais préféré ne pas connaître au fond, surtout celles qui confortaient des faits dont j’étais témoin. La vie éloigne des proches sans que les liens affectifs s’effacent vraiment malgré des mots prononcés ou relayés pour avoir la paix. Ce qui a existé a existé. L’histoire de mes parents, tous deux en photo ci-dessus derrière un coupé Fiat 850 dont ma mère venait de prendre livraison. Mes liens avec mon père. Une de ses amies disait toujours que nous nous comprenions et échangions sans avoir même besoin de parler. Nos ressemblances ont existé. Elles sont imprescriptibles. Comme il me l’a appris, je m’efforce généralement d’aborder chaque problématique avec un esprit de synthèse, de hiérarchiser les urgences, de ne jamais oublier les attitudes des autres envers moi. Jamais, absolument jamais, et tant pis si ça me fait paraître rancunier. Je sais où sont mes amis et ceux qui ne le sont pas et ne doivent pas approcher.

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Je me demande si, quand mon père a voulu une Alfa Romeo (baptisée ici avec toute la famille, ma mère, notre dogue de Bordeaux), il a réalisé qu’il allait rouler dans un modèle d’une marque pour laquelle son héros Jean-Pierre Wimille avait piloté ? Les performances de l’Alfa l’avaient emballé et il la trouvait formidable à conduire. Le concessionnaire faisait partie de ses amis. Ce furent vraisemblablement les facteurs principaux de son choix, avec la satisfaction pour lui qui n’avait pas eu une jeunesse facile, de se payer une voiture un peu chère, synonyme de réussite sociale. Une acquisition que j’avais trouvée excellente et opportune, naturellement !

Mon père n’est plus là aujourd’hui. Je ne pourrai plus lui poser la question de l’association d’idées avec Jean-Pierre Wimille. Plusieurs de ses amies se sont rapprochées de moi après sa disparition. C’est avec moi et pas avec sa nouvelle famille qu’elles ressentaient le besoin de parler de lui. Preuve qu’elles savaient la profondeur de notre relation nonobstant la distance « officielle ». Elles m’ont confié des moments qui m’ont rappelé l’homme que j’avais connu avant, que j’avais admiré. Aucune n’a témoigné de relations avec lui ayant dépassé une grande amitié assortie de complicité. Je n’ai pas l’indécence de leur en demander plus. Mais franchement, j’espère que mon père a franchi le pas avec certaines de ces femmes pleines de qualités humaines. Je ne leur en voudrais pas d’avoir accepté de beaux cadeaux, au contraire. Elles méritaient toutes tellement plus d’attentions qu’une certaine créature....

1977, la rencontre avec l’Auvergne qui donnera naissance à un roman

La vie tourne-t-elle en boucle à l’instar d’un pilote sur un circuit ? Peut-être après tout. En tout état de cause, je dois reconnaître que mon premier texte publié intégrait un sport mécanique, une relation père-fils, une passion partagée... Une histoire de moto éditée par Gautier-Languerau à la suite d’un concours organisé l’été de mes 17 ans. J’ai fait partie des heureux lauréats. L’ouvrage étant épuisé depuis longtemps, j’ai reproduit ce texte ICI http://bit.ly/1pzMLQz . J’évoquais plus haut la nécessité de trouver d’autres défis forts après la course automobile. Un des miens reste lié à la compétition et tourne autour de trois passions qui se rejoignent, l’écriture, la photo et... la course que je raconte désormais. Je m’efforce de participer à la mémoire du sport automobile en rapportant des épisodes de son histoire, de son actualité autour de pilotes que j’apprécie particulièrement, de chroniques sur des ouvrages et films. J’installe des fictions (romans, nouvelles et pourquoi pas un jour scenarii de BD) dans son univers. C’est un challenge qui me tient à cœur. Je veux attiser la passion des sports mécaniques et, si possible, aider des pilotes pas encore célèbres. J’ambitionne de faire plaisir aux supporters de tous les pilotes sur lesquels j’écris, contemporains ou d’hier, gentlemen drivers, futurs champions ou icônes de leurs disciplines.

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Les fictions d’un auteur s’inspirent forcément de son vécu. Un roman n’est pas une autobiographie. Par contre, les thèmes qui passionnent l’auteur se trouveront logiquement déclinés dans ses écrits. Parmi mes souvenirs forts, la course de côte du Mont-Dore - Chambon – sur – Lac en l’Auvergne. Pourtant, je n’ai pas gagné là-bas. J’étais encore un peu tendre pour une telle épreuve en 1977 malgré les conseils prodigués par Marcel Grué qui m’a beaucoup aidé à progresser rapidement.

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Le Col de la croix Saint-Robert, le Lac Chabon, Besse, la Tour d’Auvergne, les lacs de la région m’ont causé un choc. Comparable à celui que décrit Claude Nougaro dans Nougayork ? Sans doute, quelque part, car à partir de cette rencontre avec la région du Mont-Dore, j’ai toujours ressenti l’envie d’y retourner, et pas que pour la course de côte. J’y ai donc séjourné à plusieurs reprises. Et que croyez-vous qu’il arriva ? J’ai situé une des aventures de David Sarel, un de mes personnages de fiction récurrents, en Auvergne ! Le roman s’intitule LE PACTE DU TRICHEUR. Un scénario où l’équipage de la Vivia N° 4, engagé au Rallye des volcans, se confronte non seulement à la concurrence sportive, mais aussi à des ennemis maléfiques assistés d’un sorcier. Intox destinée à les impressionner ? Confirmation du bienfondé des légendes locales ? Série de hasards ? Réponse à la fin de l’histoire, peut-être http://0z.fr/b3kUa ...

QUELQUES LIENS

Première victoire de classe à Saint-Germain – sur – Ille http://bit.ly/1bddtrb

Un polar automobile sur les pentes du Mont-Dore pour 1 € (en eBook) http://amzn.to/1jAhsoF 

Une nouvelle à la Course de côte du Mont-Dore http://bit.ly/2t1xGQr

Prenons le volant d’une VW Golf GTI MKI http://bit.ly/2sDIYLh

Choisir une VW Golf GTI fin 1976 http://bit.ly/2cjhbqI

Thierry Le Bras

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