Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Livre - Page 40

  • UN MONDE VINTAGE

    vintage,fictions,romans vintage

    « Les personnages de fiction vivent, non seulement dans l’esprit de leur créateur, mais aussi dans un monde parallèle où ils entraînent les lecteurs », écrivit Serge Dalens. Philippe Georjan, le personnage principal d’une nouvelle série de romans « Vintage » que je prépare, existe donc bien. J’en suis certain et je compte bien vous en convaincre en rapportant quelques épisodes de sa vie sur ce blog !

    vintage,fictions,romans vintage

    Philippe était adolescent au cœur des sixties. Il rapporte ici un temps fort de sa vie, sa première voiture. Des souvenirs qu’il associe naturellement au contexte automobile « Vintage ».

    « Ma première voiture, raconte Philippe, j’en rêvais depuis … Depuis toujours en fait, ou tout au moins depuis l’époque où j’avais commencé à faire vroum vroum avec des petites voitures au 1/43ème. Les petites voitures, c’étaient mes jouets préférés si j’en crois ma mère, ma jolie cousine Christina de six ans mon aînée, et aussi mon cousin Laurent qui a mon âge, qui a toujours été comme un vrai jumeau pour moi, et que j’ai entraîné dans ma passion de l’automobile et de la compétition.

    vintage,fictions,romans vintage

     « Nous étions en 1970. Laurent et moi avions tout juste 18 ans. Bac et permis de conduire en poche, nous découvrions un sentiment formidable, celui de la liberté que procure la possession de sa propre voiture. J’avais choisi une Mini Austin 1000 rouge à toit blanc avec deux bandes blanches sur le capot avant. Pourquoi ? Pour reproduire le look des Cooper S qui avaient remporté le Rallye de Monte-Carlo en 1965 et 1967 bien sûr. Je voulais faire de la course auto et le plus tôt possible. Ce ne serait pas avec une Cooper S comme j’en rêvais au collège. Le modèle  n’était plus assez compétitif dans sa catégorie et je le regrettais beaucoup. Mais avant de choisir la voiture qui me permettrait de remporter mes premières coupes en course de côte, en circuit et en rallye (discipline où Laurent serait naturellement mon navigateur), je voulais à tout prix rouler en Mini.

    COOPER.jpg

     « Mon Austin de 1970 n’avait pas grand-chose à voir avec les Cooper d’aujourd’hui, à part l’allure générale sympathique et craquante. La Mini d’époque était beaucoup plus petite, bien moins confortable, et elle faisait beaucoup plus de bruit à chaque coup d’accélérateur. Une Mini en ce temps-là, ça se conduisait à coups de pied. Compte tenu du manque de souplesse de l’accélérateur, la pédale d’accélérateur ne connaissait que deux positions, « on » ou « off ». D’autant qu’avec son gabarit, la Mini se faufilait partout dans le trafic et qu’à part les stops et les feux rouges, rien ne l’arrêtait. Bon, d’accord, j’en rajoute un peu dans la caricature. Mais vous n’allez pas m’en vouloir de conserver le meilleur de mes souvenirs !

    vintage,fictions,romans vintage

    « Bien sûr, le volant un peu à plat comme sur les camions surprendrait le conducteur aseptisé siglé XXIème siècle, tout comme le dossier du siège qui ne remontait pas bien haut dans le dos. Mais c’était une autre époque, plus ludique, plus originale dans ses créations mécaniques, une époque formidable en vérité. Ce n’est pas pour rien que les objets « Vintage » ont conquis la mode. Ils nous replongent dans la douce réalité de décennies d’enthousiasme et de bonheur. Un paradis embelli par l’insouciance de notre jeunesse, il est vrai, mais aussi la nostalgie d’un contexte général optimiste contrastant singulièrement avec la sinistrose et le défaitisme contemporains.

    fiat_850_spider.jpg

    « Laurent avait choisi une première voiture originale lui-aussi. Il s’agissait d’un spider Fiat 850 jaune.

    17 copie.jpg

    « Quant à Christian, notre meilleur ami, il roulait dans une NSU 1000 dont la couleur orange célébrait l’engagement du modèle 1200 TT en compétition.

     

    « Nos petites autos d’alors ne suivraient sans doute pas une bête Clio Diesel sur un parcours Saint-Malo – Le Mans, surtout en passant pas les quatre voies et l’autoroute. Elles n’affichaient pas des performances exceptionnelles, loin s’en faut. Mais à 130 (compteur) au volant de l’Austin Mini, je me croyais à la Coupe des Alpes. Et dans le spider Fiat 850 décapoté, cheveux au vent et lunettes noires sur le nez, nous nous prenions pour des stars lorsque nous roulions le long de la plage du sillon à Saint-Malo.

    LAMBORHINI MIURA.jpg

    Les filles ne nous auraient pas davantage regardés si nous avions roulé en Lamborghini Miura comme Johnny Hallyday et Jean-Marie Périer.

    ***

    « La conduite ne me posait aucun problème. J’avais déjà parcouru pas mal de kilomètres sur route avant le permis. Ce n’était pas très légal, mais en ce temps-là, les contrôles routiers étaient moins nombreux. En roulant sur des petites routes, les risques de se faire arrêter par la maréchaussée étaient faibles. Bien avant l’auto-école, j’avais appris à conduire avec Xavier Ferrant, un pilote professionnel qui avait sept ans de plus que moi. J’avais eu la chance de sympathiser avec lui quatre ans plus tôt, en 1966. Xavier était devenu comme un grand frère pour moi. Il m’avait aidé à grandir plus vite que la plupart des copains. Et il m’avait initié à la conduite – je devrais même dire au pilotage – avec ses voitures de tourisme successives.

    65-lotus-elan-sprint.jpg

    Mon moniteur particulier m’avait donc formé. D'abord   au volant d’une Lotus Elan.

    vintage,fictions,romans vintage

    Puis avec ses voitures suivantes, une Alfa Romeo 2600,  des Porsche 911 et  914/6.

    OPEL REKORD COUPE.jpg

    J’avais aussi conduit les Triumph Spitfire de ma cousine Christina ainsi que de temps en temps  la Ford Taunus 20 M TS et le Coupé Opel Rekord successivement possédés mon père à cette période.

    BREAK 204.jpg

    De quoi rendre jaloux les camarades qui se contentaient de manœuvrer les 2 cv ou les 204 familiales dans le jardin.

     

    « Mais pas notre ami Christian. Son père, garagiste spécialisé dans les VO récents, lui faisait essayer tout ce qu’il trouvait intéressant dans le stock

    MUSTANG SEVENTIES.jpg

    De la Mustang à la Jaguar

    404 COUPE.jpg

    en passant par les BMW, DS, Coupé Peugeot 404

    SIMCA 1200 S RONNIE.jpg

     Simca 1200 S,

    MATRA 530.jpg

    R8 Gorde, Matra 530, Coccinelles, Daf, Cabriolet Mercedes 280 SL, Coupé Volvo (le modèle du Saint dans la série télé),

     

    18 copie.jpg

    Alfa Roméo, Opel Kadett Rallye,

     

    1.jpg

    Cabriolet Fiat 124,

     

    Honda-S800-211.jpg

    Honda S 800,

     

    Christian avait conduit un joli pourcentage des modèles figurant dans l’Annuel Salon de l’Auto-Journal bien avant l’obtention du précieux papier rose légalisant ses essais.

     

    « Nos excursions routières n’étaient pas si dangereuses. Deux preuves à l’appui de mon affirmation. D’une part, aucun d’entre nous n’a connu de problèmes lors de cet apprentissage sauvage. D’autre part, le législateur a inventé depuis la conduite accompagnée qui s’apparente à ce que nous faisions en toute illégalité. Quand j’ai découvert cette mesure, j’ai beaucoup ri en constatant que Xavier n’aurait pas pu, de toute façon, être mon accompagnateur officiel. Il était pilote professionnel et faisait ce qu’il voulait avec une voiture entre les mains. Mais il aurait été trop jeune pour m’éduquer légalement dans le cadre de la conduite accompagnée ! Christina aussi d’ailleurs. Dans notre petit groupe, seul Christian aurait pu entrer dans ce système avec son père.

    ***

    « Aujourd’hui encore, notre ami Christian évoque ces modèles avec nostalgie quand il nous raconte l’ennui de l’essai  préalable à la vente d’un monospace Diesel équipé d’une boite automatique (et d’un régulateur de vitesse) par un client dont l’intérêt se limite au volume habitable et au taux du crédit avec assurance chômage au cas où... Un monospace gris ou beige bien sûr, une couleur qui ne se remarquera pas sur le parking de l’hyper ni dans le sous-sol des bureaux de la firme qui lui donne son chèque mensuel en attendant que le fonds de pension qui rachètera la boite un jour ou l’autre n’entende optimiser la valorisation de l’EBE et le vire parce qu’il gagnera trop au goût des financiers en costumes sombres qui ignoreront tout de son métier et des talents qu’il met au service de l’entreprise.

     

    dyn006_original_600_423_pjpeg_2555102_d0d4bb585fed7fbd48b2554fe5553246.jpg

    « Mon Austin Mini, le spider Fiat 850 de Laurent, la NSU de Christian, les américaines qu’affectionnait son père, la Triumph Spitfire de Christina, la Lotus et les Porsche de Xavier, l’Opel Rekord de mon père, la DS 23 de mon oncle, ces voitures que nous appelons désormais « Vintage », possédaient quelque chose en commun : leur diversité. Pas de recette unique, pas de design uniformisé, banalisé.

    INTERIEUR ELAN.jpg

    Certaines voitures sentaient bon le cuir. La chaleur du bois verni égayait quantité d’habitacles. Aucun pot catalytique n’étouffait le son magique des moteurs qui rugissaient en bandant leurs muscles avant de bondir vers les promesses envoûtantes et excitantes de routes sinueuses à souhait. Et tant pis si avec les suspensions de nos modèles préférés, nos vertèbres jouaient des castagnettes au moindre gravillon sur la route. Nous avions des muscles dorsaux pour amortir les inégalités des revêtements. Nous étions jeunes, sportifs, heureux de vivre. Nous aimions les voitures pleines de vie, pas les canapés  feutrés montés sur roues, des objets stupides dans lesquels on s’ennuie à mourir.

    PX AC COBRA.jpg

    « Les experts expliquent souvent le succès de la littérature fantastique par le besoin de nos contemporains de s’évader d’une société  triste et affligeante  où l’individu a perdu le contrôle de son destin. Et si la mode du « Vintage » ressortait du même phénomène ? Le « Vintage » ne permet-il pas de s’échapper d’un monde aseptisé et insipide pour plonger avec enthousiasme dans un univers passionnant et propice à l’épanouissement de sa personnalité ? »

     

    NOTE MODIFIÉE LE 2 OCTOBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    vintage, sixties, seventies, nouveles, gictions, romans, polars

    Vous voulez partager de bons moments avec Philippe, Laurent, Christina, Christian, Christina et les autres ? C’est possible. Ils sont les personnages principaux de VENGEANCE GLACÈE AU COULIS DE SIXTIES, un polar vintage, automobile, humoristique et gourmand à consommer sans modération au prix très light de 3,55 €  http://amzn.to/1nCwZYd

    vintage,sixties,seventies,nouveles,gictions,romans,polars

    Les joies du camping à Larmor Plage en 1964  http://bit.ly/1iY1Yfh

     

    L’auto-école en Lotus Elan, ça vous dit ?  http://bit.ly/1sucixL

     

    Une dame, un chapeau, une Dauphine qui n’a rien d’une perdante  http://0z.fr/r8RvN

     

    Suivez-moi sur Twitter  https://twitter.com/ThierryLeBras2

     

    Et pourquoi pas sur Facebook ? http://www.facebook.com/thierry.lebras.18

     

    Propos recueillis par :

    Thierry Le Bras

    Le créateur des personnages, où plutôt celui qui croit en être leur créateur et se laisse en réalité conduire par lesdits personnages qui mènent l’histoire au gré de leur volonté…

  • LES HUMORISTES ET L’AUTOMOBILE

    2 CV SOEUR FERAND RAYNAUD.jpg

    L’automobile étant un phénomène de société considérable, elle ne pouvait pas échapper à la morgue des humoristes. Quant à la compétition, compte tenu des passions qu’elle suscite, de l’argent qu’elle draine et de l’ego de certains de ses acteurs,  comment serait-elle passée au travers des flèches décochées par des viviers de talents  tels que les Guignols de l’Info ou Nicolas Canteloup ?

     

    Dans les années 60 déjà, Fernand Raynaud ironisait sur les faibles capacités de sa sœur à tenir le volant de sa 2 cv. Sa sœur, vous savez, celle qui s’était mariée … avec le beau-frère de l’humoriste… Un inspecteur des platanes … Eh bien cette fameuse sœur, elle conduisait une 2 cv. Elle roulait à 60 à l’heure au milieu de la route et affirmait que si tout le monde était comme elle, il n’y aurait jamais d’accidents !

     

    Des accidents, il n’y en aurait pas beaucoup non plus avec la voiture électrique née en Poitou-Charentes et soutenue par la mademoiseeeeellle  Royal de Nicolas Canteloup. Car la vitesse de pointe de 23 km/h et l’autonomie de 20  km évoquées par l’imitateur après le passage de la Poulidorette de la classe politique (oui, oui, celle qui finit seconde à toutes les élections, même contre Martiiiiiine) entre les mains de l’excellent  Jean-Pierre Elkabbach fin mars limiteraient les collisions routières à des bousculades de youpalas. Nous plongerions en pleine ridiculitude. Mais mademoiseeeeellle  Royal a l’habitude, il est vrai.

     

    La sortie de route justement, celle qui se  termine dans un bac à graviers, fit un moment la joie des Guignols. Leur cible, Jean Alesi. On vit ainsi le pilote français au Mondial de l’Automobile durant les années 90. Lorsqu’on lui demandait comment il trouvait le nouvel Espace ou la dernière Mercedes Classe S, il répondait invariablement « cassée »  et racontait une anecdote expliquant comment il l’avait bousillée en manœuvrant dans les allées du salon. Notre pauvre « Jeannot national » se trouva aussi faisant une pub pour un circuit électrique pour enfants ne comportant qu’un virage. C’était à l’époque où Jean Alesi courait chez Benetton, écurie alors dirigée par Flavio Briatore. Évidemment dans le jeu, la monoplace sortait dans un bac à graviers dès ce premier virage et la marionnette de Jean soulignait que le jeu était très bien fait parce qu’on entendait même le patron, Flavio, crier « cretino » au moment de l’arrivée dans le bac à graviers.

     

    Lorsque Jean Alesi quitta Benetton pour Sauber, un sketch le mit en présence de PPD et de Flavio. PPD demanda s’ils allaient boire le Champagne avant de se séparer. Flavio répondit cyniquement, oh oui, parce que durant la saison, le Champagne, on n’a pas eu l’occasion d’en boire souvent. Jean répondit, « il me taquine ».

     

    Les Guignols sont bien entendu des caricatures et il ne faut pas oublier que si Jean Alesi fut un pilote instinctif et impétueux, il remporta tout de même un Grand-Prix (Canada 1995) et termina plus souvent dans les points que dans les bacs à graviers. Ceci dit, j’avoue que j’ai moi-même bien ri de ces sketchs et que j’en ai tiré une nouvelle humoristique en ligne ICI  http://0z.fr/KXy1G

     

    Alain Prost fut lui-aussi caricaturé. Le champion français se plaignit souvent de son matériel durant sa carrière. Tout le monde se souviendra qu’il qualifia en 1991 sa Ferrari de camion et que cela lui valut d’être évincé de la Scuderia. Alors, lorsqu’il arrêta sa carrière de pilote de F1 à la fin de la saison 1993, les Guignols se moquèrent de lui en le montrant dans la cuisine de son chalet en Suisse avec sa femme. Alain aidait son épouse à la cuisine et excusait d’avance la médiocre qualité de sa mayonnaise en se plaignant du batteur électrique. « J’ai fait ce que j’ai pu avec le matériel qu’on m’a donné », se lamentait-il.

     

    Récemment, c’est Fernando Alonso qui a été brocardé, sans doute à cause de l’image fort négative que laissent son implication dans le Stepney Gate et la façon dont il s’est souvent conduit avec ses employeurs. Les Guignols osent l’insolence et c’est tout leur charme. Ils ont établi un paradoxe entre deux films de Thomas Langmann. D’abord Astérix, défendu par des personnalités comme Alain Delon, Jean Todt et Michael Schumacher. Ensuite Mesrine, défendu notamment par … Mikael Jakson, Mike Tyson et Fernando Alonso !

     

    Les humoristes les plus doués savent toucher là où ça fait mal et c’est bien ça qui nous fait rire, tout au moins quand ils ne s’en prennent pas à nos personnalités préférées – ou alors, longtemps après, quand ça n’a plus beaucoup d’importance. Pourvu qu’ils continuent !

     

    NOTE MODIFIÉE LE 26 DÉCEMBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    humour,automobile,sport automobile,les guignols de l’info,ppd,nicolas canteloup,ségolène royal,jean alesi,fernando alonso,alain prost

    VENGEANCE GLACÈE AU COULIS DE SIXTIES, un polar humoristique dans le monde de l’automobile. Cliquez ici  pour découvrir l’ouvrage  http://amzn.to/1nCwZYd

     

    Vous rappelez vous l’Estafette Gordini, premier véhicule rapide de la gendarmerie française ?  http://bit.ly/1gX19TJ

    humour,automobile,sport automobile,les guignols de l’info,ppd,nicolas canteloup,ségolène royal,jean alesi,fernando alonso,alain prost

    LE PACTE DU TRICHEUR, un autre polar automobile que j’ai écrit pour vous :http://amzn.to/1jAhsoF

     

    Suivez-moi sur Twitter

    https://twitter.com/ThierryLeBras2

     

    Et pourquoi pas sur Facebook ?

    http://www.facebook.com/thierry.lebras.18

     

    Thierry Le Bras

  • LA LOTUS ELAN DANS L’UNIVERS MECANIQUE DE PHILIPPE GEORJAN

    LOTUS ELAN.jpg

    « J’ai conduit de nombreuses voitures dans ma vie, certaines très puissantes,  raconte Philippe Georjan, héros récurrent d’une nouvelle série de romans que prépare Thierry Le Bras. J’ai piloté en course des autos considérées à juste titres comme emblématiques dans leurs catégories, des R 12 Gorde, des Ford Escort 2000 RS, des Golf GTI, des Sierra Cosworth et bien d’autres, jusqu’à une Focus WRC. Mais si je devais choisir celle qui m’a le plus enthousiasmé, je dirais sans hésiter  la Lotus Elan. »

     

    Cela se passait en 1966. J’étais adolescent à l’époque où je l’ai découverte en réalité et un concours de circonstances (1) dont je n’aurais même pas osé rêver m’avait permis de sympathiser avec un jeune pilote de 21 ans, Xavier Ferrant, qui courait alors en F3 et débutait en endurance. Or, Xavier roulait justement en Lotus Elan au quotidien.

     

    Elan de passion

     

    Je me rappelle la Lotus Elan comme une petite bombe très agréable, très vive,  dotée d’une tenue de route extraordinaire, une voiture franchement ludique et passionnante. Je conserve des souvenirs impérissables de virées cheveux au vent sur les routes côtières de la région de Saint-Malo.  L’aiguille du compte-tours grimpait à la vitesse de l’éclair jusqu’à la limite de la zone rouge, La vitesse procurait un plaisir formidable, magnifiquement orchestré par les hurlements du moteur rageur et quelques crissements de pneus. Il faut dire que son groupe  propulseur d’origine Ford d’une cylindrée de 1.594 centimètres cubes développait 115 chevaux et propulsait la petite bombe qui pesait moins de 700 kilos à 180 kilomètres heure. A l’intérieur, le bois du tableau de bord et du volant associé au cuir des sièges et des garnitures créait une atmosphère à la fois chaleureuse et dynamique.

    INTERIEUR ELAN.jpg

    La Lotus Elan de Xavier possédait un plus par rapport à ses sœurs sorties des mêmes ateliers. Mon copain pilote sortait avec une speakerine de l’ORTF qui adorait le 5 de Chanel. Ce parfum sensuel et somptueux l’accompagnait dans tous les instants de sa vie. Ses effluves délicieuses imprégnaient le cuir de l’intérieur du cabriolet. C’était très agréable, envoûtant.

     

    Cours de conduite en Lotus !

     

    Comble de plaisir, Xavier me permettait de conduire sa Lotus Elan sur des petites routes. Il serait mon moniteur de conduite particulier et m’apprendrait d’entrée comment placer mes mains sur un volant, rétrograder en faisant le talon-pointe, choisir les bonnes trajectoires, adapter ma conduite aux revêtements et aux conditions d’adhérence. Bien sûr, un adolescent qui apprend à piloter sur route ouverte au volant d’un petit bolide sans double commande, ça paraît fou aujourd’hui...

     

    Mais c’était une autre époque. Il y avait moins de voitures sur les routes. Et nous choisissions tout de même des itinéraires dégagés. D’ailleurs beaucoup de jeunes apprenaient à conduire de cette façon. La seule différence, c’était qu’au lieu de le faire avec un de mes parents sur une 2 cv, une R8 ou une 404, je découvrais la conduite au volant d’une Lotus avec un pilote professionnel.

     

    Une voiture insolente...

     

    L’Elan était une voiture dans l’air du temps, celui de la légèreté, de l’enthousiasme, des chansons d’époque. Dans ma mémoire, je me vois encore écouter I get around avant de monter dans la Lotus, ou Johnny chantant « Les mauvais garçons » en la quittant. Car, si comme l’idole des jeunes, nous ne nous sentions pas méchants, nous avions le sentiment de provoquer la réprobation lorsque Xavier exploitait la vivacité de  la petite Elan pour doubler et laisser sur place des 2 cv, 4L,  R 16, 404 ou autres DS et Mercedes. La Lotus était si basse que capote installée, sa hauteur ne dépassait pas le bas de la vitre des berlines familiales. Mais avec l’insolence et l’insouciance de la jeunesse, nous imaginions les bobonnes d’au moins quarante ans – un âge qui nous semblait absolument canonique - installées à côté de leurs maris tourner la tête d’un air méprisant. Quant à leurs compagnons bedonnants, ils   nous traitaient sûrement de blousons noirs. Sans compter ceux que les feux de la politique dévoraient – le Parti communiste était très puissant à cette période – qui devaient nous qualifier de sales bourges er de fils à papa et nous vouer à une villégiature forcée dans les camps sibériens. A dire vrai, nous n’en avions cure.

    65-lotus-elan-sprint.jpg

    Un jour, nous avons rattrapé une Simca 1000 beige au niveau de l’Anse Le Guesclin entre Saint-Malo et la Pointe du Grouin. Un chien dodelinant la tête était installé sur la custode et donnait aux propriétaires l’impression de faire partie des français moyens parfaitement respectables. Avant que les hauteurs respectives des deux véhicules nous dissimulent l’intérieur de la Simca, nous avons eu le temps d’apercevoir que monsieur portait un béret et que madame, beaucoup plus large que lui,  arborait une permanente qui durerait au moins six mois avant de défriser. Quand la Lotus est passée devant, le klaxon de la Simca 1000 s’est bloqué, ses pleins phares de sont allumés. Je me suis retourné et j’ai aperçu une tête de mégère sortir pas la vitre droite du véhicule dépassé. Le masque semblait aussi agité que disgracieux. Je ne l’ai pas vu longtemps. Quelques secondes suffirent à faire disparaître la Simca 1000 loin derrière. Je jouissais déjà du plaisir de sentir la Lotus en appui, à la limite du dérapage, bondissant d’un virage à l’autre dans un enchaînement sinueux qui aurait trouvé sa place dans un tracé de course de côte.

    CABRIO ELAN.jpg

    Une autre fois, nous avons doublé ma grand-mère maternelle sur la route de Rothéneuf. Je ne crois pas qu’elle ait eu le temps de me reconnaître. Nous roulions au moins à 120. Elle ne devait pas dépasser le 60, et encore, avec sa Fiat 1500 blanche. En fait, elle conduisait comme d’habitude, droite comme un I, dos décollé du siège, sa tête à manger des gâteaux secs – expression que j’emprunte à Fernand Reynaud tant elle s’applique bien à celle que j’évoque - fixant craintivement la route. Elle tenait le volant du bout de ses doigts alourdis par le poids de l’or, des diamants  et autres pierres précieuses offertes par mon pauvre grand-père qui avait passé l’arme à gauche six ans plus tôt. La grand-mère prétendait que son mari aurait vécu plus longtemps s’il avait moins aimé le whisky, la bonne chair, le tabac et les autres femmes. Je prétendais quant à moi que c’était elle qui l’avait tué tant elle était foncièrement mauvaise et nuisible. Mes propos faisaient beaucoup rire ma cousine, mon cousin, mon père et mon oncle. Beaucoup moins ma mère et ma tante, je l’avoue. Ma mère et sa sœur levaient les yeux au ciel et assuraient que leur père – c'est-à-dire mon grand-père – devait se sentir seul là-haut et se rendre compte à quel point sa femme était importante. Elles semblaient convaincues qu’il l’attendait avec impatience. Je ne disais rien pour ne pas envenimer la situation. Mais je plaisantais souvent à ce sujet avec mon cousin Laurent et ma cousine Christina. Nous pensions d’abord qu’il n’existait aucun risque que ma grand-mère aille polluer l’avenir de notre grand-père outre-tombe. Lui était un très brave homme qui méritait le paradis. Elle, était une sale peste qui, si les dieux du ciel possédaient un peu de bon sens, passerait l’éternité aux tréfonds des enfers. Nous souhaitions à notre grand-père la compagnie de femmes douces, gentilles, compréhensives, ressemblant à Brigitte Bardot, Sylvie Vartan, France Gall, Marie Laforêt ou Claudine Coster. Si notre abominable grand-mère réussissait à resquiller et à le rejoindre, nous espérions qu’il la virerait sur le champ. Nous avions de toute façon fait le serment que s’il ne le faisait pas – il avait très bon cœur, je l’ai déjà dit -, le premier d’entre nous arrivé là-haut chasserait la grand-mère sans pitié et l’enverrait à une distance infinie. Ça, nous n’en parlions pas devant nos parents. Nous étions en 1966. Déjà aujourd’hui, de telles idées – qui ne nous ont pas quittés – passeraient moyennement. Alors, imaginez à l’époque.

    MERCEDES 190 SL.jpg

    Mon grand-père me manquait/ J’aurais aimé pouvoir lui offrir un tour en Lotus avec Xavier. J’étais certain qu’il aurait accepté et qu’il se serait bien amusé. D’ailleurs, il avait manifesté des velléités d’acheter un cabriolet Mercedes deux ans avant sa mort. Mais la grand-mère avait fait un tel scandale qu’il avait renoncé à son projet et s’était rabattu sur une berline. Il paraît que la décapotable, c’était un piège à trainées… Enfin, selon qui vous devinez.

     

    La Lotus Elan symbolisait la jeunesse, une pointe d’arrogance et un défi aux trop bien pensants. Ce n’est pas par hasard qu’Emma Peal apparaîtrait au volant de ce joli petit monstre dans « Chapeau Melon et bottes de cuir ».

     

    Après l’Elan, Xavier choisirait des Porsche 911, une 914/6 aussi, voiture mésestimée qui méritait bien mieux que la carrière commerciale et sportive qu’elle reçut. La 914/6, c’était une sorte de Lancia Stratos avant l’heure au niveau de la conception. Mais ça, c’est une autre histoire.

     

    Les Lotus Elan de Jim Clark

     

    La Lotus Elan représenta une étape marquante dans la vie de Colin Chapman. Elle consacra le passage de Lotus de l’artisanat à l’industrie. Sa tenue de route extraordinaire et sa vivacité la prédestinaient à la compétition. Colin Chapman avait homologué le modèle 26 R qui développait 178 chevaux pour 580 kilos. Une arme redoutable parfois freinée toutefois par des soucis de fiabilité.

     

    ELAN JIM CLARK.jpg

    Jim Clark a possédé au moins une Lotus Elan. « Je conduis ma Lotus Elan par plaisir, pas parce que j’en ai besoin », déclarait le champion écossais.  J’ai lu que peu avant son accident à Hockenheim, il l’avait offerte à son ami Gérard Crombac chez qui il résidait lorsqu’il séjournait en France. La voiture a été récemment vendue aux enchères avec d’autres voitures de la collection de Gérard Crombac.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 3 AOÛT 2014

    VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI http://bit.ly/1zmPqE6

    lotus elan,philippe georjan,xavier ferrant,sixties

    C’est dans ce polar que Philippe, le narrateur, fait la connaissance de Xavier, son moniteur particulier de conduite sur Lotus, l'ami qui va l'aider à grandir plus vite.

    Thierry Le Bras