parce que #Charlie #NousSommesCharlie #JeSuisCharlie
Il y a 351 ans, Molière se moquait des dérives de la religion catholique par l’intermédiaire de Tartuffe.
Il n’en est pas mort. Dans ses sketchs, Popeck, vendeur de caleçons molletonnés, ironise sur certaines caricatures prêtées aux juifs. Dans les Don Camillo, Fernandel présenta une image pleine d’humour de l’église. On n’ose imaginer comment certains auraient pu réagir à la sortie de Rabbi Jacob s’ils avaient été des barbares comme les monstres assassins entrés en scène le 7 janvier 2015.
Il faut croire que la France a beaucoup régressé depuis une époque devenue vintage. Au temps des seventies, tout le monde pouvait tout dire. Aujourd’hui, une certaine classe néo-philosopho-écolo-sociologico-bobo prétend avec arrogance détenir la vérité universelle et censure au nom du fameux « politiquement correct » les opinons déviantes. Impossible d’exprimer une idée différente, des critiques ou des craintes sans s’exposer à l’hystérie de ces ayatollahs de l’expression et se faire suspecter des pires intentions vis-à-vis de la démocratie et de la dignité humaine. Les dessinateurs de Charlie continuaient à oser. Ils ne se soumettaient pas malgré une atmosphère que Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’État de François Fillon et compagne de Charb, a qualifiée de période pré-insurrectionnelle. Certains l’ont payé de leur vie. Il n’est plus possible de rire de tout. Certains se font flinguer dans les médias par des censeurs arrogants. D’autres se font descendre à leur bureau par des barbares armés de kalachnikovs. Sortirons-nous de la 3ème guerre mondiale de l’intolérance et de la barbarie ?
Plutôt que répondre à cette question angoissante et partager mon pessimisme quant à l’avenir d’une France aussi inconsciente des dangers que les armateurs du Titanic, je préfère rappeler que deux icônes de Charlie Hebdo s’étaient intéressés à notre passion commune de la course automobile.
Wolinski aimait les belles carrosseries
Si son aisance à dessiner des femmes nues a largement contribué à son succès, Wolinski s’intéressait aussi aux compétitions automobiles et aux superbes bolides qui les animent.
Sa première expérience sur cette piste remonte à 1996. II décora alors la Lamborghini de Philippe Charriol, pilote amateur passionné et fabricant de montres qui participait au Trophée des voitures de la marque italienne. Une décoration assez sage pour le dessinateur de Charlie Hebdo.
Deux ans plus tard, en 1998, Maître Hervé Poulain, célèbre commissaire-priseur, a 58 ans. Il est aussi un gentleman-driver de talent et l’initiateur des fameuses Art-cars, des voitures de course décorées par des artistes pour disputer les 24 Heures du Mans. Chaque fin de saison, il décide d’arrêter la compétition et l’année suivante, il reprend la piste. Cette fois, il fera équipe au Mans avec Jean-Luc Maury Laribière et Éric Graham. Les trois pilotes disposeront d’une Porsche 311 GT2 Type 993 engagée par Haberthur Racing. Hervé Poulain a sympathisé avec Wolinski au Festival de jazz de Juan les Pins 1967. Il demande à son vieil ami de transformer la Porsche en Art-car en respectant un thème imposé, les tuiles du sponsor esquissées au trait comme des vaguelettes.
« Mon travail sur le bolide est en adéquation avec l’événement auquel il participe, expliquera le dessinateur. Populaire et joyeux, comme la baraque foraine que Toulouse-Lautrec avait peinte pour La Goulue… Je suis un montreur de femmes… Pour le capot, je me suis inspiré d’un bois gravé de Félix Valloton, La Paresse, qui représente une femme nue alanguie sur des coussins avec son chat. La mienne lézarde sur les tuiles. Une fille prend l’air sur le toit, un galant escalade l’une des portières et ailleurs une copine dialogue avec un rouge-gorge. C’est la version littérale de l’homme couvert de femmes. »
Avant les essais, Hervé Poulain lance une plaisanterie digne de l’humour du peintre de sa voiture. Il la rapporte dans son excellent livre Le marteau et son maître, un commissaire-priseur à l’œuvre, publié chez Plon en 2010. « Mon ophtalmo Mariel Pouliquen de Linière m’a prescrit des ‘’lunettes pour freiner tard’’. Tout le paddock croit à ce canular plus sûrement que les coureurs du Tour de France à la dernière recette de dopage ».
L’équipage aux couleurs de Wolinski rejoindra l’arrivée à une très honorable 20ème place. Les gentlemen drivers s’étaient bien battus avec une machine qui ne permettait pas d’espérer mieux. Cette fois, Hervé Poulain arrêterait effectivement la compétition, tout au moins au plus haut niveau. Car il reviendrait sur le grand circuit du Mans dans le cadre du Mans Classic.
François Cavanna écrivit l’histoire des 24 Heures du Mans
Il nous a quittés le 29 janvier 2014, presqu’un an avant ses camarades. Dans un excellent tweet du 7 janvier dernier, Antoine Sire écrivit « j’espère que le paradis existe et que Cavanna ait préparé une grande assiette de bolo avec du chianti pour ses potes ».
Fondateur inoubliable de Charlie Hebdo, François Cavanna écrivit entre autres un excellent livre sur les 24 Heures du Mans avec Paul Massonnet. L’ouvrage était préfacé par Jean Behra et Maurice Trintignant. Les illustrations ont été réalisées par G. Brient (24 Heures du Mans - Librairie Charpentier - 1963).
Voici un extrait de ce qu’écrivaient alors Jean Behra et Maurice Trintignant dans leur préface : « François Cavanna est un jeune écrivain au rythme de notre temps. Il est depuis des années à la tête d’une équipe de jeunes enthousiastes, rédacteur en chef de la revue Cordées, cette courageuse et dynamique entreprise de ‘’débourrage de crânes’’ – de ’’désintoxication’’, comme elle le proclame elle-même qui, par l’entremise de ses juvéniles colporteurs, offre chaque mois au passant un bain de fraîcheur et de lucidité. Il est, aussi, directeur du journal ‘’jeune’’ Hara-Kiri. »
J’ai toujours ce livre dans ma bibliothèque. Je me le suis fait offrir par mes parents quand j’étais encore à l’école primaire. Paul Massonnet et François Cabanna avaient remarquablement décrypté et raconté l’histoire des 24 Heures du Mans, ses temps forts, ses enjeux, sans oublier ses apports à la voiture de monsieur Tout le monde et à la sécurité routière.
QUELQUES LIENS A SUIVRE
La Porsche Wolinski sur Autocult http://bit.ly/17uctnz
Hommage à la liberté de dessiner sur DesignMoteur http://bit.ly/1KoXtqd
La BMW Stella, un des Art-cars initiée par Hervé Poulain http://bit.ly/1eE4MKo
Puisqu’il faut rire à nouveau, je vous invite à goûter aux salades 0 LA SAUCE sauce Bolonié http://0z.fr/110Cx
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Thierry Le Bras