Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

polars - Page 18

  • MORUE SAUCE PIQUANTE AU MENU DU PILOTE AUTOMOBILE

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     Cuisine et course automobile font bon ménage. Je le répète une nouvelle fois car  j’ai observé que les gentlemen drivers sont souvent des gastronomes avertis. Tout comme un des plus grands espoirs du sport automobile français, Romain Grosjean. Après sa carrière en sport automobile, Romain projette d’acheter un restaurant et d’y œuvrer comme chef ! Jenson Button quant à lui a déjà inauguré son restaurant à Londres. Mettront-ils de la morue sauce piquante à leurs cartes ?

     En fin de note, vous trouverez des liens vers des vidéos de l’ouverture du restaurant de Jenson Button, d’un portrait de Romain Grosjean le montrant entre autre en cuisine, et de Jarno Trulli présentant ses vins.

     La dualité course automobile – art de vivre se trouve au cœur d’un prochain polar vintage et gourmand que je compte très bientôt publier. En attendant et pour célébrer dignement la première Fête de la gastronomie (pas moins de 2.000 festivités sont prévues le 23 septembre), je vous invite à lire une petite fiction. Elle est en parfaite adéquation avec le thème de Circuit mortel car le héros en est David Sarel, l’avocat pilote dont les lecteurs de mes romans ont déjà suivi les aventures à Lohéac, au rallye du Mans et aux 24 Heures du Mans.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     Les lecteurs des Aventures de David Sarel le savent, l’avocat-pilote lorientais doit faire face depuis son adolescence à la haine implacable et active de Soizick Pierret, la seconde épouse de son père, une aventurière sans scrupules surnommée la morue, un escroc en jupon qui a détourné toute la fortune de son époux avant « d’accélérer » sa mort (1). David s’entretient ici avec deux amis, le journaliste Sébastien Ménier et le privé Benjamin Boden, ex-lieutenant du 36 quai des orfèvres converti à la nouvelle cuisine de l’intelligence économique.

     Bon appétit de lecture. Et n’hésitez pas à mettre votre grain de sel en postant un commentaire.

     Comment naît une morue ?

     Comment Soizick Pierret, l’abominable marâtre de David était-elle née à l’état de morue ? La question intriguait Sébastien, le journaliste.

     - C’est simple, précise David. Une morue, c’est une pute bas de gamme et vulgaire. Tout Soizick Pierret, la deuxième femme de mon père. J’ai commencé à faire circuler ce doux surnom sur elle quand elle est devenue sa maîtresse. A partir de là, tout le monde l’a appelée comme ça, à part sa grande copine Valentine Sorbet, une gourde toute cabossée qui sert de boniche à la morue sans même s’en rendre compte.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     - Tu n’as pas eu envie de mettre les pieds dans le plat de morue quand tu as compris qu’elle prenait ton père pour un pigeon à rôtir ? interroge Sébastien.

     - Non, elle l’avait déjà retourné comme une crêpe. Mais j’ai quand même livré quelques plats empoisonnés à la morue. Une année, j’ai fait circuler partout un pamphlet sur elle. Je l’avais écrit en m’inspirant de Voltaire. Je m’en souviens encore très bien. Elle aussi, je pense : 

    L’autre jour le long d’un muret,

    Un serpent piqua Soizick Pierret.

    Savez-vous ce qui arriva ?

    Ce fut le serpent qui creva.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     Le pamphlet fit beaucoup rire dans le quartier de la morue comme dans les entreprises de Grégoire, le père de David. La marâtre ne brillant ni par l’amabilité, ni par la beauté, ni par l’intelligence, le pamphlet fit un tabac. Soizick Pierret devint la morue sauce piquante. Enfin sauf pour ses amants, sa copine Valentine Sorbet et le père de David. Encore qu’un doute subsiste en ce qui concerne Grégoire, feu le papa de David. Une de ses maîtresses témoigne l’avoir vu rigoler de la satire en fumant un Havane.

     La morue sauce piquante n’est pas un met recherché

    - Tu oublies des qualificatifs à son sujet, complète Benjamin. Durant mon enquête sur elle, j’ai aussi entendu vieille poule, pintade, dinde, joues de coche en gelée. Un petit excité rouge comme du Beaujolais qu’elle prend pour un ami m’a affirmé qu’elle faisait du lard depuis qu’elle était débarrassée de ton père. Il se dit choqué qu’elle ne lui ait jamais accordé une miette d’affection alors que lui, il la gavait d’oseille. Une de ses voisines avoue qu’elle espère bien que la morue se fera prendre la main dans le pot de confiture et que ce sera le début de sa déconfiture. Elle est bien cuite. En plus, avec les derniers indices que j’ai récoltés, on va lui mettre une marmite, l’aplatir comme une galette, en faire de la marmelade.  

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie 

    - D’autres la traitent de boudin, persifle cruellement David. Tout le monde se moque ouvertement de son QI d’huitre ou ironise sur sa tête de vache prête à être accommodée sauce vinaigrette, Sa famille reproche à cette peau de vache de garder tout le gâteau pour elle et de ne jamais filer un radis aux autres.

     - Jusqu’à présent, ça a été la fête de la morue, regrette Sébastien. Elle a engrangé tout le blé et elle a envoyé ton père bouffer les pissenlits par la racine.

     - Pas faux, admet David. Elle s’est sucrée au passage la bestiole. L’addition est salée pour moi et pour Florent, le fils caché que mon père a eu avec une nana bonne pâte. C’est sans doute ce qu’on appelle un mélange sucré-salé. Une nouvelle recette de pâtisserie financière à l’arôme de morue. Quand je pense que mon père adorait la pêche et qu’il a mordu à la ligne de cette prédatrice. Au fond, il s’est fait pêcher par une morue qui a fait des tas de salades.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     - Donc, il est grand temps de faire sa fête à la morue, intervient Benjamin… Il va falloir l’assaisonner parce qu’elle n’est pas bien appétissante.

     - Quand les flics la mettront au frigo, je ferai monter la mayonnaise prévient Sébastien. Les canards où je bosse et ceux de mes potes vont  faire leurs choux gras de ses déboires. En pimentant judicieusement l’histoire sur  les réseaux sociaux, ce qui fait partie de la cuisine médiatique traditionnelle, on servira la soupe au grand public. De la bouillabaisse à la morue bien sûr ! Ce sera le plat du jour des Internautes.

     Morue, patates et sorbet

     La morue serait-elle indigeste, même bien accompagnée ? C’est ce pensent en tout cas Sébastien et David.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     - Quand on parle de plat du jour, poursuit Sébastien, celui du bistrot en face des bureaux vendredi dernier, c’était de la morue aux patates. Je me suis dit que le chef avait cuisiné la morue et sa famille. J’ai préféré commander un steak frites. Même avec un Podere Castorani  en provenance du vignoble de Jarno Trulli, ça craignait. Je n’avais pas envie de récolter  une intoxication alimentaire.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     - Sa copine Valentine Sorbet fondrait en larmes si elle t’entendait, s’esclaffe David. Mais tu as bien fait de te méfier. Moi-aussi je suis suspicieux quand je vois de la morue au menu. Je n’en mange que si j’ai entièrement confiance dans le chef et la traçabilité de la marchandise. La morue pas fraiche, c’est tout flasque, ça pue et c’est trop toxique. Peut-être que je me laisserai tenter si j’en vois au Victus, le restaurant que Jenson Button vient d’ouvrir à Harrogate, dans le North Yorkshire. Jenson est un ambassadeur de la nourriture saine et c’est quelqu’un de foncièrement honnête. Zéro risque quant  à la qualité des produits servis dans un restaurant auquel il s’est associé.

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     - Elles sont gratinées celles-là, enchérit Benjamin.

     - Tant qu’elles ne retombent pas comme un soufflé, conclut Sébastien…

     Que va-t-il arriver dans le duel à mort qui se prépare entre David et la nageuse en eau trouble ? David rêve de réduire sa vieille ennemie en tartare de morue. Il va la mettre sur le grill. Qu’elle soit dure à cuire ne le dérange pas. David est patient et s’amuse à la faire mijoter à petit feu. Il se battra comme un samouraï, avec autant de rage que Kobayashi, fils d’un cuisinier japonais, sur les pistes de F1. La morue peut se faire du sushi. Bon, magnanime, il ne prévoit pas de faire de l’huile avec son foie. L’ignoble grognasse le traite d’avocat marron et elle aimerait le transformer en chair à saucisse. Un duel à suivre dans les prochains thrillers mettant en scène David Sarel et son clan !

     DES LIENS GASTRONOMIQUES ET AUTOMOBILES A SUIVRE

    Jenson Button inaugure son restaurant, le Victus

    http://skiddplayer.com/video/42016/jenson-button-opens-the-new-vi

     Romain Grosjean, chef pilote et cuisinier

    http://videos.tf1.fr/auto-moto/sport-romain-grosjean-bientot-de-retour-en-f1-6662102.html

     Jarno Trulli présente ses vins à Francorchamps

    http://ma-tvideo.france2.fr/video/iLyROoaf2ehn.html

     Gare à la main du diable, mon dernier roman : il ne s’agit pas cette fois d’un scénario mijoté avec David Sarel. Le diable dans cette histoire, ce n’est pas la morue. Ce sont forcément des forces obscures qui ont distillé cette créature imbuvable et il n’existe aucune chance qu’elle bonifie en vieillissant car elle n’a vraiment rien d’un grand cru, mais elle ne saurait figurer à tous les menus. A défaut de morue sauce piquante, les lecteurs de Gare à la main du diable étancheront leur soif d’angoisse avec une autre mauvaise femme qui pourrait être l’amie de la morue, une certaine mademoiselle Bistro

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-g-83517093.html

    david sarel,jenson button,retaurant victus,jarno trulli,romain grosjean,kobayashi,recettes de morue,podere catsorani,fictions,polars,fête de la gastronomie

     La course, ça coûte bonbon, alors parmi ses premiers sponsors, le Team Vivia pour lequel pilote David Sarel avait trouvé un fabriquant de… galettes ! Une anecdote rapportée dans Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans (1), polar qui relate aussi comment la morue ne fit qu’une bouchée de son pigeon rôti, le père de David  http://www.endurance-info.com/article.php?sid=2844

     

    66, cuisine sympathique

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/09/06/66-cuisine-sympathique.html

     

    Une recette de morue

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/01/22/recette-de-morue.html

     

    Thierry Le Bras 

  • UN WEEK-END AGITÉ A SAINT-GOUËNO

    le bras028.jpg

    Un week-end de course automobile n’a rien d’un long fleuve tranquille. Tous les pilotes vous le diront, des amateurs aux champions de Formule 1. Olivier Panis me l’a confirmé lorsque je travaillais à la rédaction de sa biographie. A Saint-Gouëno 1977, jeune pilote de course de côte, j’allais vivre un week-end sauvé sur le fil.

    le bras017.jpg

    En tant que Rennais à cette période, je tiens tout particulièrement à faire quelque chose à Saint-Gouëno. La course se déroule fin août. C’est une côte où je suis déjà allé comme spectateur équipé d’un appareil photo. La saison se passe plutôt bien (j’ai remporté ma classe à Saint-Germain sur Ille, Pouillé les Coteaux, Landivisiau) et je tiens à démontrer ce que je vaux sur ce tracé difficile. La course compte pour le championnat de France, il y aura du beau monde. J’ai passé le week-end précédent à reconnaître, et tant pis si les pneus arrière de ma vaillante Ascona SR sont quasiment transformés en slicks alors qu’ils n’ont pas six mois.. Il faut dire que l’Ascona, cette brave monture avec laquelle j’ai commencé la compétition l’année précédente, me sert à rouler tous les jours, à effectuer des reconnaissances rapides, et à tracter la Golf GTI groupe 1 de course en course, Ceux qui ont vécu cette époque se souviennent que les amateurs de sport automobile reconnaissaient les tracés à un rythme que je qualifierai pudiquement de soutenu. Sur la route, nous ne roulions pas non plus en pères de famille. Les limitations de vitesse nous paraissaient comme un abus de pouvoir intolérable nuisant gravement à nos libertés individuelles. Il n’était bien sûr pas question de les respecter. Le frein à main nous servait parfois à nous garer et à prendre les virages en épingle sans perte de temps. Je peux bien l’avouer maintenant. Il y a prescription depuis le temps.

    Saint-Gouëno est un tracé difficile à apprendre. Les enfilades du bas du circuit, à l’aveugle, se ressemblent beaucoup. Seulement, certains virages se referment en sortie, tandis que d’autres s’ouvrent. La confusion se traduit au mieux par une demi-seconde perdue d’un coup et au pire par une caisse. En principe, j’ai suffisamment reconnu pour ne pas me tromper.

    image002.gif

    J’arrive sur le tracé le vendredi après-midi. J’effectue quelques montées de reconnaissance pour me rassurer. C’est bon, je connais bien le tracé. Ma petite équipe me rejoint le soir. Nous montons les tentes et nous partons dîner à Lamballe. Au retour, nous réveillons involontairement l’équipe de Stragliatti, pilote de Rallye 2 groupe 2, qui a installé son campement à côté de nous. Les filles rient trop fort… Ce n’est pas très grave. Stragliatti et ses amis sont de l’Écurie Bretagne comme nous. Nous n’allons pas sortir les fusils. On leur paiera une bolée dimanche après la course pour nous faire pardonner.

    le bras027.jpg

    La course précédente, c’était le Mont-Dore qui se déroulait le second wee-end d'août  ! (photo ci-dessus)

    Le samedi matin par contre, l’inquiétude me gagne. Il pleut, et pas qu’un peu. Or, je n’ai pas de pneus pluie. S’il pleut un peu, les slicks sont quasiment aussi vite que des pneus pluie. Mais s’il y a des flaques ou des rigoles, il faudra monter les seuls pneus rainurés dont je dispose, des pneus de série, autrement dit des savonnettes. Pour évaluer la situation er profitant que la route n’est pas encore fermée, je décide de faire une montée de reconnaissance en slicks avec la Golf, histoire de voir. Mon ami Guénaël qui me fait l’assistance se sangle dans le baquet de droite. Pour moi, ça va. C’est « « «« moins pire » » » que je le craignais. Deux ou trois amorces d’aquaplaning quand même, mais pas de grosse chaleur. Enfin, pour moi. Pour Guénaël, ça aura été la pire reconnaissance de la saison selon ses aveux au resto le soir. Je n’ai pas fait vraiment gaffe, mais en arrivant sur le tracé, nous sommes passés devant des gendarmes qui nous ont regardés d’un œil sombre. Il faut dire que les slicks sont des pneus lisses, que les plaques d’immatriculation de la Golf sont masquées, et que nous roulons en pot piste. Nous repassons devant eux pour nous rendre aux vérifications techniques qui se déroulent au village de saint-Gouëno. Je ne peux pas prétendre qu’ils soient hypocrites et sournois comme ceux qui cachent des radars avec l’envie de nous piquer nos permis. Non, ceux-là ne dissimulent pas que regarder des pilotes rouler sur route ouverte entre le parc fermé avec les voitures de course, ça ne les branche pas trop. J’accélère franchement afin qu’ils n’aient pas le temps de réfléchir et de m’arrêter. Le moteur rugit. Les pneus cirent un peu sur le bitume mouillé. Les gendarmes sont vite hors de vue. Les vérifications se déroulent sans problème. Nous reprenons la route du parc fermé. Il ne pleut plus. La route sèche. Les gendarmes ont dû partit depuis le temps. Je roule un peu vite… et je tombe nez à nez avec nos porteurs de képis qui ont changé de place mais sont restés dans les parages. Évidemment, ce coup-là, ils m’arrêtent. La discussion s’engage. Finalement, je promets que je vais être plus raisonnable et ils me laissent repartir. Objectivement, je pense que le fait que Guénaël soit sous-officier dans l’armée a joué un rôle aussi important dans leur soudaine clémence que mes talents de conviction et de communication dans leur soudaine clémence. Il ne reste plus qu’à attendre les essais l’après-midi.

    1.jpg

    Je suis sanglé, casqué, concentré. Il reste cinq voitures devant moi avant le départ de ma première montée d’essais. Le tracé à cette époque commence par un 90 gauche au bout de quelques mètres (la première photo de la note). Un virage à fond absolu car les pilotes n’ont pas eu le temps de prendre de l’élan. Soudain, le moteur cafouille et coupe. J’actionne le démarreur. Le moteur tousse, mais ne repart pas. Devant, un commissaire s’impatiente. Je lui explique mon problème. Il fait passer les voitures qui me suivent. Guénaël arrive très vite avec un jerrycan. Il sait que la jauge ne fonctionne plus correctement (un simple fusible, mais nous n’en avons pas de rechange) et s’est douté tout de suite de ce qui se passait. Nous ne mettons jamais beaucoup d’essence pour ne pas embarquer de poids inutile, mais cette fois, nous avons calculé trop court. Quelques litres d’essence dans le réservoir, je me sangle à nouveau, je m’engage dans la file d’attente avec l’approbation d’un commissaire. Trois minutes d’attente. Je me concentre. Ça y est, je suis aux ordres du chronométreur. Trente secondes, quinze secondes, dix secondes… J’ai embrayé et engagé la première. Cinq secondes. Je fais monter le moteur dans les tours au rythme du décompte. Quatre, trois, deux un, je démarre aussi fort que possible en m’efforçant toutefois de ne pas perdre d’adhérence en cirant. J’attaque d’entrée. Les enfilades passent vite, mais sans prendre les bordures qui sont encore humides. J’ai fait le plus délicat. Il reste le fer à cheval, un virage serré à gauche, un droite long et le gauche de l’arrivée, des virages rapides et jouissifs au plan pilotage. Je vais arriver au point de freinage du fer à cheval, et un drapeau jaune agité m’ordonne de m’arrêter. Un autre concurrent a fait un tête à queue devant moi. Ma montée est foutue. La voiture du concurrent malheureux est dégagée. Je repars et je compte bien refaire cette première montée interrompue. Nous avons droit à deux montées d’essais. Les organisateurs nous ont fourni un ticket par montée à donner aux commissaires avant la ligne de départ. Problème. Quoique ma montée ait été stoppée, les commissaires ne veulent rien savoir. Je ne repartirai pas si je ne donne pas mon deuxième ticket. Si je ne suis pas content, je n’ai qu’à formuler une réclamation officielle auprès du directeur de course. De guerre lasse, je me sépare de mon second ticket.

    le bras029.jpg

    Enfin, je suis en piste. Pas de problème particulier jusqu’au fer à cheval. Là je me dis que je peux faire un tout petit mieux au freinage. A la sortie, au moment d’attaquer la montée qui amène à l’avant dernier virage, le moteur coupe. Je n’y comprends rien jusqu’au moment où, à l’arrêt complet, je me rends compte que la jambe de ma combinaison s’est accrochée au fil de fer du coupe-circuit. J’ai déclenché le coupe-circuit sans m’en rendre compte. Il suffit de remettre le cliquet rouge en place, et c’est le feu vert pour redémarrer. Un incident idiot qui ne m’est jamais arrivé auparavant. Un coup de pince pour replier complètement le fil de fer accroché à la manette de coupe-circuit et du ruban adhésif par-dessus (deux précautions valent mieux qu’une) me mettront à l’abri d’un nouvel incident de ce genre. Seulement avec tout ça, je n’ai pas pu enchaîner une seule fois les trois derniers virages du circuit correctement. Et dire que certains prétendent qu’un fer à cheval, ça porte bonheur !!! Ironie du sort, une erreur d’affichage sur le tableau des temps me place en tète du « scratch provisoire » devant les F2, les prototypes, les Porsche groupe 4, BMW groupe 2… Avec un temps pareil malgré un arrêt dans chaque montée, je peux prendre contact avec Gérard Larrousse. Il faut absolument qu’il m’associe à Didier Pironi sur une Alpine A 442B pour les prochaines 24 Heures du Mans. C’est en tout cas l’opinion des copains dont certains ne manquent pas de me charrier en me voyant apparemment en tête malgré mes exploits du jour.

    le bras030.jpg

    Le dimanche après-midi, je prends le départ de la première montée décidé à faire oublier mes déboires de la veille. Une seule stratégie, l’attaque à donf. J’avale le premier gauche et les enfilades en sous-bois sans problème. Dans l’auto, je me dis que je suis en train de faire un temps. Alors au fer à cheval, je freine tard, très tard… trop tard. Et je comprends que je ne vais pas tourner. Une manœuvre désespérée pour placer l’auto en travers et tenter de la freiner. L’arrière va passer dans le fossé en fin de course. Mes premiers mots dans l’auto, je préfère ne pas les mettre noir sur blanc. A peu près ceux de Brian Joubert en sortant de la glace aux derniers JO, si ce n’est que dans ma bouche, le mot fer à cheval remplace « Jeux Olympiques ». Maudit fer à cheval. Les commissaires regardent l’auto. Quand j’ouvre la portière, l’un d’eux me dit, « elle doit rouler, il n’y a pas grand-chose ». Tant mieux. On m’aide à sortir l’auto du fossé. Je redémarre. Je vais essayer de prendre de beaux appuis dans les deux derniers virages, histoire d’offrir aux spectateurs le spectacle auquel ils ont droit. Sans en faire trop quand même. Je sais très bien qu’un pilote qui vient de commettre une erreur récidive souvent dans les virages qui suivent. En plus, je dois faire attention au comportement de la Golf. Là, pas de souci, rien n’a bougé. Elle reste parfaitement saine. Mais je n’ai toujours pas enchainé les trois derniers virages en condition de course. J’apprendrai quelques minutes plus tard que Joël Laplacette, speaker de l’épreuve, a rassuré immédiatement mon équipe en annonçant au micro que j’étais sorti, mais sans gravité.

    Il ne reste plus qu’une montée. Je veux gagner. Mais je n’ai plus droit à l’erreur. Alors, il va falloir assurer un peu, piloter sagement, « en vulgaire épicier » plutôt qu’avec générosité, s’inspirer de l’école de pilotage. Je ressens la pression. Je sais que mon équipe a peur que je parte à la faute. A Saint-Gouëno, c’est facile. Je ne citerai pas de noms, mais plus d’un super-pilote aguerri par l’expérience y a laissé une caisse. Je m’isole et je me concentre à fond. Cette fois, tout se passe sans problème. Mon temps ne sera pas celui que je visais, celui que j’aurais réalisé sans cette cascade d’incidents, mais il me permet quand même de remporter la classe. Après tout, c’est le principal.

    mini-TL 1977 6.JPG

    Dès la semaine suivante, j’allais conquérir une nouvelle victoire de classe avec plus de panache. Je le raconterai dans la prochaine note.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    Note modifiée le 22 mars 2014

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

    Premières victoires :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/05/10/premiere-victoire.html

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2008/09/24/thierry-le-bras-raconte-des-souvenirs-de-course-automobile.html

     

    Une pige à Trappes :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/02/19/une-pige-a-trappes.html

    courses de côtes,saint-gouëno,golf gti

    Depuis cette époque, j’ai écrit un polar au cœur de la course automobile. Les légendes ainsi que les superstitions de pilotes tiennent une part importante dans le scénario. Autant vous avouer que je n’ai pas fait du fer à cheval un grigri positif. Pour  commander LE PACTE DU TRICHEUR, en version ebook, c’est simple, il suffit de cliquer sur le lien qui suit et de régler 0,98 € avec une carte de paiement :

    http://amzn.to/1jAhsoF

     

    Pour mieux connaître Yoann Bonato, l’auteur de la préface du livre

    http://bit.ly/1cG0XAA

     

    Suivez-moi sur Twitter

    https://twitter.com/ThierryLeBras2

     

    Et pourquoi pas sur Facebook ?

    http://www.facebook.com/thierry.lebras.18

     

    Thierry Le Bras

  • VACANCES SIXTIES

    MINI MOKE.jpg

    La Mini Moke, symbole de la légèreté des étés des années 60

     

    Nous voilà au cœur de l’été, en pleine période de vacances, en principe au bord de la mer, à la montagne ou dans un lieu de villégiature. Le moment de se détendre, de reprendre des forces, de bronzer, de profiter de la vie sans stress, de retrouver l’insouciance de l’enfance et de la décennie qui symbolise la confiance en l’avenir et la joie de vivre, le formidable tourbillon des sixties. L’occasion de m’écarter un peu de la ligne habituelle de Circuit Mortel. Pas question de compétitions, de pilotes, d’épreuves contemporaines ou passées aujourd’hui. Les voitures Vintage ne sont pas oubliées pour autant, loin s’en faut.

    mini-POCHETTE BB.jpg

    Ceux qui étaient enfants ou adolescents durant les sixties vont régresser jusqu’à leurs jeunes années. Les autres vont s’imaginer téléportés à l’époque de La Baule les pins avec Nathalie Baye ou dans l’univers tropézien de Brigitte Bardot lorsqu’elle chantait  Moi je joue, C’est rigolo, La Madrague, ou encore A la fin de l’été. Au temps où France Gall recueillait la sympathie des écoliers de France avec Sacré Charlemagne, où la petite Sheila, couettes au vent, se réjouissant en constatant « L’école est finie ». Ambiance SLC Salut les copains

    mini-NUAGES SUR LA GUIMORAIS.JPG

    Qu’elles se soient passées à Larmor Plage, à Blois, à Annecy, à Molsheim, à La Bourboule, à Barcelonnette, à  Trifouilli les 3 canards, à La Guimorais ou à Pau, les vacances signifiaient dépaysement et rupture avec les habitudes.

    CD5.jpg
    mini-MICHEL.jpg
    mini-CHRISTIAN ET ERIC.jpg
    Selon leur âge, les écoliers et les collégiens avaient lu les exploits du Club des 5, les enquêtes de Michel (le héros créé par Georges Bayard), ou la saga du Prince Éric et de son ami Christian d’Ancourt (des romans pour adolescents remarquablement écrits par Serge Dalens et encore largement diffusés durant les années 60). Ils s’étaient identifiés aux personnages de ces univers de fiction, avaient campé à leurs côtés, s’étaient joints à leurs baignades, à leurs parties de canotage, à leurs enquêtes…
    TENTE CANADIENNE.gif.jpg
    mini-TENTE PATROUILLE.jpg
    CAMPING ANNEES 60.jpg

    Avec l’été arrivait l’opportunité de camper comme les plus grands et ceux dont les périples livresques faisaient rêver, tant leurs familles leur laissaient de liberté d’action.

    mini-PITT + TRIOMPH.jpg
    CARAVANE 2.jpg
    CARAVANE 3.jpg

    Quant aux parents et aux jeunes adultes, ils préféraient la caravane si leurs moyens financiers le permettaient. Plus ou moins grande et tractée par une voiture plus ou moins sportive selon les contraintes familiales et le budget…

    PNEUMATIQUE DE PLAGE.jpg
    DINGHY 1.jpg
    DINGHY 2.jpg
    DINGHY 3.jpg

    La plage c’est bien. Mais rapidement, l’appel du large se faisait sentir. Du canot pneumatique de plage pour petits enfants aux dinghies Rocca pour grands enfants, chacun trouvait chaussure, ou plutôt sandale, à son pied.

    VAURIEN.jpg

    Sans oublier le dériveur sportif destiné à l’origine aux  adolescents. Notons qu’avec le Vaurien en bois verni, le sport ne s’arrêterait pas à la fin de l’été. Lui maintenir son aspect rutilant exigerait de nombreuses séances de ponçage, de vernissage, de nouveaux ponçages entre les couches de vernis, autant dire de l’exercice physique avant la remise à l’eau du petit voilier.

    ALFA SPIDER.jpg
    MERCEDES PORSCHE CABRIO.jpg
    mini-27.JPG

    Pour piéger des contrebandiers ou des comploteurs comme un agent secret, pour profiter pleinement du soleil et des paysages, pour plaire aux filles, mieux valait un cabriolet rapide et sportif que l’Ami 6, l’Aronde, la 403, la R8 ou la Ford Taunus de papa. Quel Cabriolet ? Le choix ne manquait ni sur le marché de l’occasion ni sur celui du neuf. De Porsche à Mercedes en passant par Alfa Roméo, Lotus et beaucoup d’autres, les constructeurs automobiles se positionnaient sans complexes sur le créneau de la voiture de play-boy. Tout adolescent s’imagina au volant d’un de ces bolides avec une BB à son bras !!!

    2 CV MIKO.jpg

    En attendant de grandir, les plus jeunes se contentaient des plaisirs de leur âge, par exemple se précipiter acheter un esquimau ou un cornet de crème glacée au marchand ambulant. Les adultes ne méprisaient d’ailleurs pas non plus la fraicheur de ce met simple et de saison. Vanille, chocolat, pistache, fraise, passion, autant de parfums associés aux vacances et au sable chaud (même sans légionnaire à vos côtés, mesdames).

    HUITRES.jpg
    BOUILLABAISE.jpg
    SPAGHETTI BOLO.jpg
    FAR BRETON.jpg

    Pas de nouvelle cuisine dans les souvenirs des années 60. Les traditions familiales variaient, comme l’appétit. Les apéros faisaient partie des vacances, au camping comme à l’hôtel ou à la villa de location. Certains adolescents restaient bloqués sur les pates, d’autres dégustaient voluptueusement les spécialités régionales, qu’il s’agisse des huitres de Penthièvre, de la Bouillabaisse associée à l’accent délicieusement chantant de Fernandel, ou du Far breton. Et tous ou presque gardent encore en mémoire les promesses d’un père certain de pêcher le brochet ou la dorade du dîner, mais rentrant finalement bredouille et vexé. Un classique qui contraignait la maîtresse de  maison transformée en chef de camp à improviser une omelette au jambon ou aux champignons. Soulignons que la mère de famille était généralement  prudente et  prévoyait une solution de secours au cas où son mari ne ramènerait pas un poisson si gros qu’avant de mordre à la ligne, il bouchait l’entrée du  port de Marseille, peuchère… ou  de celui  de Concarneau… ou de  celui  de Dieppe…

     

    Bonnes vacances si vous en prenez, bon courage si vous n’en prenez pas, et à dans quelques jours pour des images de voitures furieusement estivales accompagnées d’un autre symbole mécanique et vintage.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 7 AOÛT 2014

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI  http://bit.ly/1zmPqE6 vacances,sixties,vintage,mini moke,bb,camping,caravanes,dinghiesLE POLAR tendance sixties à lire cet été !

     

    UN LIEN A SUIVRE

    1964 à Larmor Plage, du camping, les copains, des objets d’époque, un tourbillon d’insouciance, des voitures Vintage, des rêves de jeunesse…

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/07/26/larmor-plage-1964.html

     

    Thierry Le Bras