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RECETTE DE MORUE

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L’avocat-pilote David Sarel est le héros récurrent d’une série de romans policiers écrits par Thierry Le Bras :

- Circuit mortel à Lohéac ;

- Faits d’enfer à Carnac ;

- Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans.

David apparaît aussi dans des nouvelles.

 

Comme de  nombreux gentlemen drivers, David Sarel est amateur de gastronomie et ne dédaigne pas d’accompagner les mets de choix d’un vin digne d’eux. Quoi de meilleur qu’une côte de bœuf saignante au poivre servie avec un Saumur Champigny à température ? David considère ce mariage comme un classique difficile à surpasser, fût-ce par les inventions fort intéressantes des tenants de la nouvelle cuisine.

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Une petite recette pour illustrer cette rubrique culinaire sauce polar autour de David Sarel.

 

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler d’une recette de la morue. Vous avez bien lu, je ne parlerai pas de recette de morue au sens générique du terme, mais d’une recette de l’immonde morue, c’est à dire de Soizick Pierret, la plus vieille ennemie de David Sarel.

 

Les lecteurs des Aventures de David Sarel connaissent déjà cette abominable mégère  qui épousa en secondes noces le père de David et l’acheva sans pitié après avoir capté la plus grosse part de sa fortune (1).

 

La vengeance, un plat succulent qui se déguste froid !

 

La morue est fort radine, c’est là son moindre défaut. Le poisson dont cette ancienne entraîneuse de bars à putes tient son nom (2) joue le rôle de prédateur d‘autres poissons. De fait, la morue a eu la peau de Grégoire, le père de David, que nombre de ses concurrents considéraient pourtant comme un vrai requin (3).

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Depuis la mort de Grégoire, David a décidé d’assaisonner la morue aux petits oignons et d’en faire du hachis. Il récolte patiemment mais sûrement tous les ingrédients de sa vengeance. Une agence d’enquêteurs privés l’aide dans sa quête. La famille Delgano qu’a rejointe Benjamin Boden (3) a percé la plupart des secrets de Soizick Pierret Sarel, dite la morue. Au fil de leur enquête, Mario, Ange et Benjamin ont découvert de nombreux détails dont une des pires recettes de cette femme. Nous parlons toujours recettes de cuisine bien sûr, car les recettes financières de la morue (au sens de chiffre d’affaires) s’avèrent excellentes depuis qu’elle a pêché Grégoire dans ses filets.

 

Du vivant de Grégoire, la morue dépensait le moins d’argent possible dans ses repas. Si la mère, la fille et la copine de la morue dégustaient des petits plats, en l’absence d’invités, l’abominable femme soumettait son mari à un régime d’animal domestique martyrisé.

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- Plusieurs personnes témoignent de ce qu’elle lui faisait manger, rapporte Benjamin à David après quelques interrogatoires de connaissances de la morue. Elle se vante notamment de lui avoir préparé au moins une fois par semaine un plat qui ne coûtait rien. Ta belle-mère faisait le tour des poissonniers clients des agences ou sociétés de promotion de ton père pour leur demander des têtes de poissons. Elle prétendait que c’était pour ses chats. Or, la morue n’a évidemment pas de chats. Je vois mal quel animal elle aurait pu aimer, à part des serpents et des rats. Elle faisait cuire les têtes et accommodait les morceaux de chair en une sorte de terrine en gelée. Ton père faisait mine de se régaler. « De toute façon, il me mangeait dans la main mon petit sou à la crème d’oseille », se vantait la morue.

 

- Incroyable ! s’indigne David. Avec tout le blé que lui filait mon père, cette salope lui faisait bouffer des restes récoltés dans les poubelles des poissonniers ?

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- Oui, répond Benjamin. La chasse à la morue est un sport passionnant. Je savais que je découvrirais des horreurs en enquêtant sur cette pouf, mais ce que j’ai trouvé dépasse tout que j’attendais. Franchement, de toute ma carrière dans la PJ avant de passer au privé, j’ai rarement vu des criminels aussi foncièrement pourris que cette "pléripétassienne", comme elle dirait la Mado de Nice avé l'accent chantant des gens du sud.

 

- Pourrie, la morue ? ricane David. T'as raison, on peut dire qu’elle n’est plus trop fraiche aujourd’hui. Mais son goût pour la galette, il  reste intact.

 

Les Aventures de David Sarel ne manquent ni de sel, ni de piquant. Et rassurez vous, aucune arrête ne vous restera en travers de la gorge après la lecture.

 

Note modifiée le 8 août 2012 :

Retrouvez d'autres recettes épicées à souhait dans 7 Nouvelles pimentées, mon dernier recueil de nouvelles, publié en juin 2012 chez Gaïa Village Publications.

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Chaque nouvelle est associée à un plat inscrit à mon menu de lecture du jour. David et la morue assaisonnent l’avant dernier scénario, Le délice de coca à l’herbe (fort de café), une cuisine sans concession ni artifices mais digeste pour le lecteur :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/06/06/7-nouvelles-pimentees.html

 

Thierry Le Bras

 

(1) cf Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans

(2) cf. Circuit mortel à Lohéac

(3) cf. Faits d’enfer à Carnac

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