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nouvelles - Page 7

  • LA LOTUS ELAN DANS L’UNIVERS MECANIQUE DE PHILIPPE GEORJAN

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    « J’ai conduit de nombreuses voitures dans ma vie, certaines très puissantes,  raconte Philippe Georjan, héros récurrent d’une nouvelle série de romans que prépare Thierry Le Bras. J’ai piloté en course des autos considérées à juste titres comme emblématiques dans leurs catégories, des R 12 Gorde, des Ford Escort 2000 RS, des Golf GTI, des Sierra Cosworth et bien d’autres, jusqu’à une Focus WRC. Mais si je devais choisir celle qui m’a le plus enthousiasmé, je dirais sans hésiter  la Lotus Elan. »

     

    Cela se passait en 1966. J’étais adolescent à l’époque où je l’ai découverte en réalité et un concours de circonstances (1) dont je n’aurais même pas osé rêver m’avait permis de sympathiser avec un jeune pilote de 21 ans, Xavier Ferrant, qui courait alors en F3 et débutait en endurance. Or, Xavier roulait justement en Lotus Elan au quotidien.

     

    Elan de passion

     

    Je me rappelle la Lotus Elan comme une petite bombe très agréable, très vive,  dotée d’une tenue de route extraordinaire, une voiture franchement ludique et passionnante. Je conserve des souvenirs impérissables de virées cheveux au vent sur les routes côtières de la région de Saint-Malo.  L’aiguille du compte-tours grimpait à la vitesse de l’éclair jusqu’à la limite de la zone rouge, La vitesse procurait un plaisir formidable, magnifiquement orchestré par les hurlements du moteur rageur et quelques crissements de pneus. Il faut dire que son groupe  propulseur d’origine Ford d’une cylindrée de 1.594 centimètres cubes développait 115 chevaux et propulsait la petite bombe qui pesait moins de 700 kilos à 180 kilomètres heure. A l’intérieur, le bois du tableau de bord et du volant associé au cuir des sièges et des garnitures créait une atmosphère à la fois chaleureuse et dynamique.

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    La Lotus Elan de Xavier possédait un plus par rapport à ses sœurs sorties des mêmes ateliers. Mon copain pilote sortait avec une speakerine de l’ORTF qui adorait le 5 de Chanel. Ce parfum sensuel et somptueux l’accompagnait dans tous les instants de sa vie. Ses effluves délicieuses imprégnaient le cuir de l’intérieur du cabriolet. C’était très agréable, envoûtant.

     

    Cours de conduite en Lotus !

     

    Comble de plaisir, Xavier me permettait de conduire sa Lotus Elan sur des petites routes. Il serait mon moniteur de conduite particulier et m’apprendrait d’entrée comment placer mes mains sur un volant, rétrograder en faisant le talon-pointe, choisir les bonnes trajectoires, adapter ma conduite aux revêtements et aux conditions d’adhérence. Bien sûr, un adolescent qui apprend à piloter sur route ouverte au volant d’un petit bolide sans double commande, ça paraît fou aujourd’hui...

     

    Mais c’était une autre époque. Il y avait moins de voitures sur les routes. Et nous choisissions tout de même des itinéraires dégagés. D’ailleurs beaucoup de jeunes apprenaient à conduire de cette façon. La seule différence, c’était qu’au lieu de le faire avec un de mes parents sur une 2 cv, une R8 ou une 404, je découvrais la conduite au volant d’une Lotus avec un pilote professionnel.

     

    Une voiture insolente...

     

    L’Elan était une voiture dans l’air du temps, celui de la légèreté, de l’enthousiasme, des chansons d’époque. Dans ma mémoire, je me vois encore écouter I get around avant de monter dans la Lotus, ou Johnny chantant « Les mauvais garçons » en la quittant. Car, si comme l’idole des jeunes, nous ne nous sentions pas méchants, nous avions le sentiment de provoquer la réprobation lorsque Xavier exploitait la vivacité de  la petite Elan pour doubler et laisser sur place des 2 cv, 4L,  R 16, 404 ou autres DS et Mercedes. La Lotus était si basse que capote installée, sa hauteur ne dépassait pas le bas de la vitre des berlines familiales. Mais avec l’insolence et l’insouciance de la jeunesse, nous imaginions les bobonnes d’au moins quarante ans – un âge qui nous semblait absolument canonique - installées à côté de leurs maris tourner la tête d’un air méprisant. Quant à leurs compagnons bedonnants, ils   nous traitaient sûrement de blousons noirs. Sans compter ceux que les feux de la politique dévoraient – le Parti communiste était très puissant à cette période – qui devaient nous qualifier de sales bourges er de fils à papa et nous vouer à une villégiature forcée dans les camps sibériens. A dire vrai, nous n’en avions cure.

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    Un jour, nous avons rattrapé une Simca 1000 beige au niveau de l’Anse Le Guesclin entre Saint-Malo et la Pointe du Grouin. Un chien dodelinant la tête était installé sur la custode et donnait aux propriétaires l’impression de faire partie des français moyens parfaitement respectables. Avant que les hauteurs respectives des deux véhicules nous dissimulent l’intérieur de la Simca, nous avons eu le temps d’apercevoir que monsieur portait un béret et que madame, beaucoup plus large que lui,  arborait une permanente qui durerait au moins six mois avant de défriser. Quand la Lotus est passée devant, le klaxon de la Simca 1000 s’est bloqué, ses pleins phares de sont allumés. Je me suis retourné et j’ai aperçu une tête de mégère sortir pas la vitre droite du véhicule dépassé. Le masque semblait aussi agité que disgracieux. Je ne l’ai pas vu longtemps. Quelques secondes suffirent à faire disparaître la Simca 1000 loin derrière. Je jouissais déjà du plaisir de sentir la Lotus en appui, à la limite du dérapage, bondissant d’un virage à l’autre dans un enchaînement sinueux qui aurait trouvé sa place dans un tracé de course de côte.

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    Une autre fois, nous avons doublé ma grand-mère maternelle sur la route de Rothéneuf. Je ne crois pas qu’elle ait eu le temps de me reconnaître. Nous roulions au moins à 120. Elle ne devait pas dépasser le 60, et encore, avec sa Fiat 1500 blanche. En fait, elle conduisait comme d’habitude, droite comme un I, dos décollé du siège, sa tête à manger des gâteaux secs – expression que j’emprunte à Fernand Reynaud tant elle s’applique bien à celle que j’évoque - fixant craintivement la route. Elle tenait le volant du bout de ses doigts alourdis par le poids de l’or, des diamants  et autres pierres précieuses offertes par mon pauvre grand-père qui avait passé l’arme à gauche six ans plus tôt. La grand-mère prétendait que son mari aurait vécu plus longtemps s’il avait moins aimé le whisky, la bonne chair, le tabac et les autres femmes. Je prétendais quant à moi que c’était elle qui l’avait tué tant elle était foncièrement mauvaise et nuisible. Mes propos faisaient beaucoup rire ma cousine, mon cousin, mon père et mon oncle. Beaucoup moins ma mère et ma tante, je l’avoue. Ma mère et sa sœur levaient les yeux au ciel et assuraient que leur père – c'est-à-dire mon grand-père – devait se sentir seul là-haut et se rendre compte à quel point sa femme était importante. Elles semblaient convaincues qu’il l’attendait avec impatience. Je ne disais rien pour ne pas envenimer la situation. Mais je plaisantais souvent à ce sujet avec mon cousin Laurent et ma cousine Christina. Nous pensions d’abord qu’il n’existait aucun risque que ma grand-mère aille polluer l’avenir de notre grand-père outre-tombe. Lui était un très brave homme qui méritait le paradis. Elle, était une sale peste qui, si les dieux du ciel possédaient un peu de bon sens, passerait l’éternité aux tréfonds des enfers. Nous souhaitions à notre grand-père la compagnie de femmes douces, gentilles, compréhensives, ressemblant à Brigitte Bardot, Sylvie Vartan, France Gall, Marie Laforêt ou Claudine Coster. Si notre abominable grand-mère réussissait à resquiller et à le rejoindre, nous espérions qu’il la virerait sur le champ. Nous avions de toute façon fait le serment que s’il ne le faisait pas – il avait très bon cœur, je l’ai déjà dit -, le premier d’entre nous arrivé là-haut chasserait la grand-mère sans pitié et l’enverrait à une distance infinie. Ça, nous n’en parlions pas devant nos parents. Nous étions en 1966. Déjà aujourd’hui, de telles idées – qui ne nous ont pas quittés – passeraient moyennement. Alors, imaginez à l’époque.

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    Mon grand-père me manquait/ J’aurais aimé pouvoir lui offrir un tour en Lotus avec Xavier. J’étais certain qu’il aurait accepté et qu’il se serait bien amusé. D’ailleurs, il avait manifesté des velléités d’acheter un cabriolet Mercedes deux ans avant sa mort. Mais la grand-mère avait fait un tel scandale qu’il avait renoncé à son projet et s’était rabattu sur une berline. Il paraît que la décapotable, c’était un piège à trainées… Enfin, selon qui vous devinez.

     

    La Lotus Elan symbolisait la jeunesse, une pointe d’arrogance et un défi aux trop bien pensants. Ce n’est pas par hasard qu’Emma Peal apparaîtrait au volant de ce joli petit monstre dans « Chapeau Melon et bottes de cuir ».

     

    Après l’Elan, Xavier choisirait des Porsche 911, une 914/6 aussi, voiture mésestimée qui méritait bien mieux que la carrière commerciale et sportive qu’elle reçut. La 914/6, c’était une sorte de Lancia Stratos avant l’heure au niveau de la conception. Mais ça, c’est une autre histoire.

     

    Les Lotus Elan de Jim Clark

     

    La Lotus Elan représenta une étape marquante dans la vie de Colin Chapman. Elle consacra le passage de Lotus de l’artisanat à l’industrie. Sa tenue de route extraordinaire et sa vivacité la prédestinaient à la compétition. Colin Chapman avait homologué le modèle 26 R qui développait 178 chevaux pour 580 kilos. Une arme redoutable parfois freinée toutefois par des soucis de fiabilité.

     

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    Jim Clark a possédé au moins une Lotus Elan. « Je conduis ma Lotus Elan par plaisir, pas parce que j’en ai besoin », déclarait le champion écossais.  J’ai lu que peu avant son accident à Hockenheim, il l’avait offerte à son ami Gérard Crombac chez qui il résidait lorsqu’il séjournait en France. La voiture a été récemment vendue aux enchères avec d’autres voitures de la collection de Gérard Crombac.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 3 AOÛT 2014

    VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI http://bit.ly/1zmPqE6

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    C’est dans ce polar que Philippe, le narrateur, fait la connaissance de Xavier, son moniteur particulier de conduite sur Lotus, l'ami qui va l'aider à grandir plus vite.

    Thierry Le Bras

  • POLITIQUEMENT INCORRECT

    ALFA ST GOUENO 2005.JPGFICTION AUTOMOBILE
    Éric Trélor, personnage récurrent des Aventures de David Sarel raconte quelques souvenirs de reconnaissances de courses de côtes à son fils Fabien et à son ami Jeremy

    - Je me souviens par exemple de Plumeliau 1977 dans le Morbihan, expose le parrain de David. J’étais arrivé sur le site le vendredi soir avec Mikaël (1). La course se déroulait tout début juillet. Il faisait beau. Nous campions tous dans le parc fermé en bas du tracé. Ronnie et Luc étaient là aussi.
    - Tu avais l’Alfa à cette époque ? interroge Fabien, le fils cadet d’Éric.
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    - Oui, confirme son père. Un coupé GTV 2000 groupe 1. Ronnie courait sur une Simca 1200 S groupe 3 et Luc sur une 1000 Rallye 2 groupe 1. Nous figurions tous les trois parmi les favoris de nos catégories respectives.


    medium_SIMCA_1200_S_RONNIE.jpg- Je suppose que vous avez commencé à reconnaître le vendredi soir ? demande Fabien.
    - Évidemment. Nous avons d’abord fait quelques montées avec nos voitures de tourisme.

    - Quels modèles ? questionne Jeremy, ami et navigateur de Fabien aujourd’hui. Je suppose que vous n’aviez pas des diesel qui se traînaient et sentaient mauvais.
    - Moi, j’avais un coupé Alfa 1600, Ronnie un coupé Peugeot 504 et Luc une R 16 TS. Nous amenions chacun un navigateur qui nous annonçait les notes comme en rallye. Puis au bout de quelques montées, lorsque nous connaissions par cœur, il se taisait.
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    Mais les voitures de tourisme, même performantes, ne donnaient pas la même impression que les voitures de course préparées et équipées de slicks. En fin de soirée, il était donc fréquent que les pilotes tournent avec leurs voitures de compétition. Plaques masquées, équipées de pots d’échappement libre et de pneus lisses, les machines qui allaient en découdre le dimanche investissaient la route encore ouverte à la circulation.
    - Nous voulions préciser nos repaires de freinage, de trajectoire, préparer au mieux les montées chronométrées, précise Éric. Ce soir-là, nous nous sommes organisés conformément aux habitudes et usages. Nous montions les uns derrière les autres, nous faisons demi-tour en haut, nous redescendions la piste lentement en convoi, et nous repartions pour une nouvelle montée. Comme souvent, Luc s’est amusé à énerver Ronnie. Ils étaient très potes tous les deux, mais ils entretenaient une rivalité exacerbée. Alors, Luc se plaçait derrière Ronnie. Et au lieu d’attendre quinze secondes après le départ de la 1200 S, il démarrait juste derrière et lui montrait en le talonnant qu’il était un peu plus vite. De toute façon, les deux voitures n’étaient pas dans le même groupe.
    medium_RALLYE_2_1.jpgEn plus la Rallye 2 était un peu plus performante que la 1200 S et Ronnie sans doute légèrement moins rapide malgré un super sens de l’attaque et un cœur énorme. Voyant le jeu de Luc avec Ronnie, Jacques Dumoulin qui courait sur une Alfa 2000 GTV blanche s’est mis en tête de jouer au même jeu avec moi. Objectivement, c’est super énervant et ça multipliait les risques dans un exercice déjà dangereux.
    medium_ALFA_2000_GTV.2.jpgD’ailleurs, j’ai failli me sortir dans une grande courbe rapide. J’ai pris le bas-côté et je suis parti dans une série de travers que j’ai rattrapés par miracle. Merci Saint-Christophe. Du coup, Jacques a repris ses distances lors des montées suivantes. Ronnie par contre a fait croire à Luc qu’il s’arrêtait, puis il est reparti juste dans ses pare-chocs. Luc avait tellement peur de paraître moins bon que lui qu’il a fait des tas de petites fautes et que Ronnie a fini la montée collé à son pare-choc et persuadé qu’il allait lui coller une valise le dimanche. Ils ont parié sur leurs temps au scratch.
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    - Qui a gagné ? questionne Jeremy.
    - Luc, comme à chaque fois – ou presque - qu’il pariait sur une course ou un défi sportif avec Ronnie.



    - Trois semaines après, Luc lançait un nouveau défi à Ronnie. Faire la course à vélo sur le parcours de la course de côte. Ronnie était carrossier. Luc se préparait à devenir prof de sport. Il s’entraînait comme une bête dans des tas de disciplines, faisait du vélo l’été, du vélo d’appartement l’hiver. Ronnie n’en faisait pratiquement plus depuis sa première mobylette à 14 ans. Il a fait deux ou trois sorties pour se préparer, mais c’était insuffisant. Comme en plus il était très orgueilleux, il a voulu tenir à tout prix le rythme de son adversaire au départ.
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    Il s’est essoufflé et Luc l’a explosé sur la fin du parcours. Ils m’avaient demandé de venir les chronométrer, en contrepartie de quoi, j’étais aussi invité à dîner aux frais du perdant. Je me doutais bien du résultat et je ne m’en réjouissais pas parce que j’ai toujours beaucoup apprécié Ronnie. Luc était un copain, mais Ronnie était un véritable ami, un proche même.



    - C’était bien dans le caractère de Ronnie d’accepter n’importe quel pari, commente Fabien qui a bien connu Ronnie.
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    - Tout à fait, complète son père. Une fois redescendus, au moment de remettre les vélos sur la galerie, Luc a lancé un nouveau défi à Ronnie. Je te laisse une chance à la lutte, a-t-il proposé. Si tu gagnes, on considère que c’est moi qui ai perdu et c’est moi qui paye la bouffe tout à l’heure.
    J’ai conseillé à Ronnie de ne pas tomber dans le piège. Il était costaud, mais Luc était plus fort que lui et ils le savaient tous les deux. Ronnie ne m’a pas écouté. Je n’ai pas insisté. Après tout, ils se mesuraient à la lutte, comme les lutteurs bretons qui s’affrontent dans le respect avant de partager le mouton dans la tradition d’amitié à la fin du tournoi. Ce n’était pas un combat de boxe ni un combat de rue. Personne ne se ferait mal. Ils s’aimaient bien tous les deux et ils venaient de faire équipe aux 100 tours de Magny-Cours sur la Rallye 2.
    medium_LUTTE.jpgLuc a laissé Ronnie gagner la première manche, histoire de le mettre en confiance afin qu’il accepte d’autres défis dans l’avenir. Il était très sûr de lui à ce jeu. Il a fait durer la manche et entraîné Ronnie au bout de l’effort avant de se laisser immobiliser. A la seconde manche, il a fait toucher les épaules par terre à Ronnie après l’avoir littéralement asphyxié pendant quelques secondes. A la troisième manche, il n’y a même pas eu de combat. Après la montée à vélo et deux premiers affrontements à la lutte, Ronnie était rincé physiquement alors que Luc était encore assez frais. Ronnie s’est retrouvé immobilisé par terre, le bras tordu dans le dos, le tout à la première prise et sans avoir trop compris comment ça lui était arrivé. Il n’avait plus qu’à s’avouer vaincu. Lorsqu’ils se sont relevés, Ronnie et Luc se sont fait copieusement insulter par une petite vieille qui passait par-là à vélo. Elle les a traités de voyous, de blousons noirs de gangsters (elle prononçait gangesters), alors qu’ils ne faisaient que chahuter un peu dans un esprit sportif. Ça leur faisait de l’exercice. C’était bon pour leur santé. J’ai essayé de lui expliquer qu’ils ne se battaient pas pour de vrai, que son petit coin de paradis n’était pas envahi par une horde de barbares assoiffés de sang prêts à sortir les armes blanches, que mes camarades s’amusaient, que c’était du sport, de la lutte, que d’ailleurs tout le monde allait dîner ensemble comme après les tournois officiels. Mais elle n’a rien voulu entendre. Au contraire, elle a usé d’un vocabulaire fort étendu dans le domaine des gros mots.
    - Le mari de la vieille n’a pas débarqué avec la fourche et le fusil ? s’enquiert Fabien.
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    - Pas de danger, répond son père. Le mari, il avait cassé sa pipe à mon avis. Elle l’avait usé et enterré depuis bien longtemps. La mort est une délivrance pour les hommes capturés par cette espèce de dragons. Et comme à cette époque, ils plongeaient dans l’alcool et le tabac pour oublier leurs bourreaux en jupons, leurs corps les trahissaient assez tôt et c’était finalement une bénédiction pour eux. Ces années-là, quelques dessinateurs humoristiques croquaient les mégères. Bichette, la femme de Lariflette, comme l’épouse de Hagar du Nord, faisaient un tabac dans Ouest-France. Et n’oublions pas les mémés de Jacques Faizant, ni Bonnemine, la femme du pauvre Abracracourcix, chef du fameux petit village gaulois qui résista vaillamment à l’envahisseur. En tout état de cause, la fureur de la vieille autochtone ne nous a pas troublés. Au contraire, nous étions morts de rire. Ronnie pour sa part était tout content d’avoir sauvé l’honneur en arrachant une manche à Luc, même si au fond de lui, il avait probablement compris le manège de son copain. Nous sommes allés dîner dans la bonne humeur, aux frais de Ronnie que ni la perte du défi ni la note du repas n’avaient traumatisé. A l’époque, tu faisais un très bon dîner au restaurant pour 50 Francs par tête, apéro et vins compris, soit moins de 8 euros.
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    - N’empêche que si nous reconnaissions les courses de côtes et les rallyes comme vous le faisiez à l’époque, on aurait des ennuis avec les riverains et les flics, plaisante Fabien.
    - Tu veux dire qu’on finirait en taule, précise Jeremy.

    - Sans doute, convient Éric. C’était une autre vie, une autre approche de l’automobile. Malgré nos folies, les riverains nous accueillaient bien, à part quelques exceptions comme la vieille sorcière. Certainement parce que les épreuves amenaient du monde sur les sites, faisaient fonctionner le commerce et créaient une atmosphère de fête. J’avais à peu près 22 ans à l’époque. Ronnie un an de plus, et Luc un an de moins. Nous étions un peu fous, insouciants, totalement inconscients du danger. Ronnie encore un plus que les autres, d’ailleurs. Luc et lui restaient un peu gamins, bien qu’intellectuellement et culturellement, ils étaient l’un et l’autre d’un bon niveau et qu’avec les filles, ils savaient y faire. Je ne conseillerais pas aux jeunes pilotes d’imiter nos comportements sur route ouverte, naturellement. Mais il faut reconnaître que nous avons vécu des moments complètement dingues et inoubliables, une belle jeunesse dans un temps où même « les un peu plus de vingt ans » pour parodier Aznavour ne se faisaient pas trop de soucis et ne doutaient de rien.
    - La fin des trente glorieuses ? intervient Jeremy.
    medium_PORSCHE_G_4.jpg- Oui, à peu près. Tout nous paraissait possible et beaucoup de choses l’étaient. C’était une très belle époque pour les gars qui en voulaient. Pas de problèmes avec les heures sup ni les primes au mérite. Des tas de gars qui exerçaient des jobs d’employés ou d’ouvriers arrivaient à courir. Ils n’étaient pas bloqués par des histoires de 35 heures ni le manque de travail. Du boulot et de l’argent pour ceux qui voulaient vraiment y arriver, c’était possible. Sale temps pour les feignasses, il faut bien l’avouer, mais une société ouverte et sympa pour les vrais battants. Nous nous sommes tous construit de belles vies à cette période. Je ne crois pas que nous pourrions réussir de la même façon aujourd’hui. Le coût de l’énergie, les contraintes de toutes sortes ont grippé beaucoup de mécanismes. Sans compter l’obsession des politiques pour une monnaie forte alors qu’un peu d’inflation a toujours boosté l’économie et la croissance. Sans oublier non plus les prétendues valeurs baba-cool qui commençaient à attirer la vindicte sur les plus actifs, ceux qui font marcher l’économie. Des non-valeurs qui produisirent des générations qui regardent ceux qui veulent réussir comme des illuminés nocifs.
    medium_DE_TAMASO.jpg- C’est sûr que les temps ont changé, soupire Fabien. Au lycée, il ne fallait pas faire part de ses ambitions professionnelles et sportives sous peine d’être mal vu. Même en fac, la plupart rêvent d’un job qui ne bousculera pas trop leur petite vie personnelle… Pour certains, donner le meilleur de soi-même, se battre dans le but de faire partie des meilleurs, c’est vouloir écraser les autres. Nous sommes dans la société des limitations de vitesse à tous les niveaux, celle qui pénalise et sanctionne les plus rapides, se moque de ceux qui veulent réaliser quelque chose qui sorte de l’ordinaire, qui prône l’alignement sur le plus mauvais, qui érige la médiocrité en valeur intrinsèque.
    - Vous avez l’air de considérer que les pilotes ont réussi mieux que les autres, constate Jeremy.
    medium_CAMARO_NOIRE_GDE.jpg- Pas tout à fait, corrige Éric. Je dis simplement que la société des sixties et des seventies offrait de vrais possibilités aux battants et que réussir en sport automobile, ça a toujours été dur, même à l’époque. Ceux qui avaient la force mentale de s’imposer parmi les bons dans ce sport étaient capables de réussir aussi très bien dans la vie professionnelle. Ce fut d’ailleurs le cas de Ronnie et Luc.
     (1) Mikaël Mermant, navigateur d’Éric en rallye

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    Partagez une des plus grandes de joies de Ronnie dans une vie et une carrière sportive qui ne ressemblèrent pas à un long fleuve tranquille, malheureusement pour lui : http://0z.fr/DwoeM

    NOTE MODIFIÉE LE 27 DÉCEMBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

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    LE PACTE DU TRICHEUR, un polar automobile que j’ai écrit pour vous avec Éric et son filleul David au Rallye des Volcans d’Auvergne :http://amzn.to/1jAhsoF

     

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    Thierry Le Bras

  • MONT-DORE CHAMBON SUR LAC, UNE SACRÉE COURSE DE CÔTE

    Une super épreuve

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    DOCU-FICTION

     

    « Mon père, mon cousin, mon frère aîné et des amis proches de la famille comme Freddy Vivien ont couru et courent encore bien sûr, raconte Fabien Trélor. Aussi loin que remontent mes souvenirs, je me rappelle de week-ends sur les circuits, les rallyes et les courses de côtes. Il a toujours été évident pour moi que je ferais de la compétition automobile, et c’est naturellement ce qui est arrivé. »

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    Fabien est le cousin de David Sarel, le héros de nombreux romans, nouvelles et feuilletons de Thierry Le Bras. David y apparaît à diverses époques de sa vie, depuis son adolescence jusqu’à la période contemporaine. Et comme tout personnage qui vit dans un univers, fût-il parallèle, il a des amis, une famille, des relations, des ennemis aussi. Fabien et Arnaud Trélor occupent une place particulière dans le cœur de David. Ils sont plus que des cousins, des petits frères qu’il adore. cette relation apparaît d’ailleurs clairement dans CHICANES ET DÉRAPAGES DE LORIENT AU MANS  (présenté ici http://bit.ly/1dCEZDi et disponible en version papier chez http://amzn.to/1uvUq6o )

     

    Un souvenir fort de Fabien au Mont-Dore

     

    Quelques années ont passé et Fabien a disputé de nombreuses épreuves dont Le Mont-Dore maintenant. Mais il se rappelle encore très bien l’édition 2002 de cette course magnifique.

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    « J’avais 17 ans, témoigne-t-il. Je ne pilotais pas encore, mais je naviguais quelquefois mon frère Arnaud en rallye. Arnaud a cinq ans de plus que moi. Il pilotait un coupé  Vivia 2000 groupe N cette année-là et il marchait déjà très fort. Bien entendu, je l’ai accompagné au Mont-Dore. »

     

    La Course de côte du Mont-Dore / Chambon-sur-Lac se déroule traditionnellement le deuxième week-end du mois d’août, en pleine période de vacances, ce qui lui permet de faire le plein d’engagés. La lutte est acharnée dans toutes les catégories.

     

    « Nous sommes arrivés le mardi midi, raconte Fabien. Nous nous sommes installés dans un camping à la ferme tenu par de vieux amis de la famille. Leur terrain et leur auberge sont dans le Vallée de Chaudefour à quelques centaines de mètres du départ de l’épreuve. C’est sympa et pratique. Nous comptions aménager notre emploi du temps entre les reconnaissances du circuit, un peu de sport (tennis, randonnées en montage, promenades avec des VTT de location), quelques baignades et séances de farniente-bronzing sur les plages aménagées autour du Lac Chambon. Un programme bien cool. »

     

    Arnaud et Fabien  n’avaient oublié qu’une chose, les aléas météorologiques.

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    « Nous avons monté notre tente sous la pluie, reprend Fabien. Cela ne nous a pas inquiétés. Le temps change vite en montagne. Et puis nous étions début août, l’époque idéale pour trouver le soleil. Une fois notre campement installé, nous sommes allés déjeuner à la ferme auberge auprès du camping. Leur omelette au jambon de pays est un régal. Et leur tarte aux myrtilles aussi. L’après-midi, nous avons reconnu le circuit. Prudemment. Les pilotes ne reconnaissent plus comme auparavant. Mon père m’a raconté que la première fois qu’il a couru au Mont-Dore en 1977, il pilotait une Alfa-Roméo 2000 GTV. En soirée, tous les pilotes se mettaient à reconnaître avec les voitures de course. Mon père se souvient s’être fait doubler par un proto 2 litres pendant les reconnaissances alors qu’il allumait déjà fort avec l’Alfa. Si on osait faire ça aujourd’hui, on finirait  derrière les barreaux. Les temps ont bien changé… Dans un sens, c’est sans doute mieux pour la sécurité. Nous avons donc roulé en respectant presque le code de la route avec la petite Rover de série qu’utilisait mon frère au quotidien. Mais une fois les reconnaissances terminées, nous nous sommes demandés quoi faire car il pleuvait toujours. Alors, nous sommes allés boire un pot au Mont-Dore, une très jolie commune. Le soir, nous étions invités au motor-home d’une  autre équipe de Morbihannais et nous sommes rentrés assez tard au camping »

     

    Les deux frères Trélor n’étaient pas au bout de leurs surprises.

     

    « C’est le froid qui nous a réveillés le lendemain matin, poursuit Fabien. Nous avions amené des sacs de couchage assez légers. Au petit jour, il faisait très froid sous la tente. Heureusement, nous avions aussi prévu des couvertures, au cas où… Nous les avons installées. En prenant le petit déjeuner à la ferme auberge, nous avons compris pourquoi nous avions dû nous équiper plus chaudement. Il faisait cinq degrés. Une vraie température hivernale ! Notre tente igloo portait bien son nom. »

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    Les conditions météorologiques ne s’améliorèrent pas beaucoup pendant la semaine.

     

    « Le mercredi, il a plu toute la journée, commente Fabien. Au point que nous sommes allés au cinéma l’après-midi. Aucune activité de plein air n’était envisageable. Heureusement qu’Arnaud et moi, nous aimons la lecture, car le soir, nous rentrions bien vite nous mettre dans nos sacs de couchage avec un bon bouquin. »

     

    Et le jour de la course ?

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    « Le matin, des accompagnateurs du team morbihannais qui nous avait déjà invités à plusieurs reprises m’a amené au haut du circuit. Nous nous sommes installés dans un droite sympa près de l’arrivée. Comme ça, nous pouvions rejoindre facilement les pilotes que nous suivions après leurs montées. En plus, les bons prennent de gros appuis à cet endroit. Arnaud, qui bombardait fort avec sa Vivia 2000, y faisait lever nettement la roue avant droite. J’ai réussi de bonnes photos d’ailleurs. Il ne pleuvait plus. Mais la surprise, ce fut le vent et la température. Au haut du circuit, il faisait trois degrés et ça soufflait bien. J’ai eu froid toute la matinée avec mon blouson Vivia qui n’était pas un vêtement de sports d’hiver. Les VHC et les voitures du groupe F passaient avant les autres catégories dont le groupe N où courait mon frère.

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    Après la deuxième montée d’essais, je suis redescendu avec Arnaud dans la Vivia. C’était un moment sympa, d’autant qu’Arnaud s’était placé en tête de sa catégorie. Tu vois que les spectateurs scrutent les voitures pour discerner les visages des pilotes qui roulent très doucement et ne portent pas de casque. Dis donc, tu as attrapé des coups de soleil m’a fait observer Arnaud lorsque nous sommes descendus de la Vivia. Je remarquais en effet que mon visage me brûlait un peu. Deux heures plus tard, c’était pire. Les quelques rayons de soleil qui perçaient les nuages se révélaient traîtres. Heureusement que sur l’insistance de ma mère, nous avions emporté des tubes de biaphine et  de la crème solaire. Ma mère se souvenait de courses au Mont-Dore dans des conditions caniculaires, notamment de l’édition 1983 où des copains de mes parents avaient attrapé des coups de soleil sévères. Elle ne se doutait pas que sa prévoyance me servirait dans des conditions bien différentes de celles qu’elle craignait. Le lendemain, la piste était toujours sèche et quelques rayons de soleil perçaient les nuages de temps en temps. Je me suis installé à l’ombre, au bas du circuit, au virage du transformateur. Un passage délicat aussi. Arnaud m’y a gratifié de magnifiques passages en légère dérive des quatre roues. J’ai trouvé qu’il passait un peu mieux que ses principaux rivaux. J’ai redouté  de me montrer subjectif et trop optimiste. C’était mon frère.

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    « A la deuxième montée, j’ai eu encore plus peur. La course a été arrêtée une quarantaine de secondes après son départ. Était-il sorti de la route ? Non. C’était une Mégane  partie juste avant lui qui avait fait un tête à queue peu après la carrière. Rien de grave. Le pilote s’en sortait indemne et la voiture n’était pas trop abîmée.. Arnaud est redescendu et il est reparti une troisième fois puisqu’il n’avait pas pu boucler sa seconde montée. Le cœur battant, j’ai attendu le verdict du chrono. Le temps m’a paru long, très long. Pourtant j’avais l’habitude de ces situations depuis le temps que j’allais sur les circuits avec ma famille et nos amis. Le speaker a hésité. Le classement se faisait à l’addition des temps des deux montées. Oui, c’est bien ça, c’est sûr maintenant, Arnaud Trélor remporte la classe 1600 à 2000 du groupe N devant l’Italien Ricardo Valvini sur Clio Williams et l’Autrichien Hans Wallenegr sur Honda Integra Type R. Une très belle performance  pour le jeune Arnaud Trélor qui etc… Le soir, nous avons fêté ça dignement, conclut Fabien. Nous nous moquions bien qu’il ait fait mauvais toute la semaine. De toute façon, nous avons toujours adoré le Mont-Dore dans la famille et c’est une histoire d’amour qui n’est pas près de s’arrêter… »

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    NOTE MODIFIÉE LE 8 AOÛT 2014

     

    La course de côte du Mont-Dore m’a inspiré un polar dans l’univers de la course automobile. L’histoire s’intitule LE PACTE DU TRICHEUR. Elle se déroule en Auvergne. La course emprunte le tracé de la route du Col de la Croix Saint-Robert. 

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    Après la fiction, des annexes abordent la question des superstitions des pilotes en se fondant sur des anecdotes véridiques mettant en scène des pilotes d’hier et d’aujourd’hui.

     

    Le livre est disponible en cliquant sur http://amzn.to/1jAhsoF

     

    Je vous invite également à lire (gratuitement) cette courte histoire illustrée qui se déroule pendant une édition de la course de côte du Mont-Dore Chambon-Sur-Lac

    http://0z.fr/U10ZB

     

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    Thierry Le Bras