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Livre - Page 26

  • UN PILOTE EN PERDITION

    dans un univers en dérapage incontrôlé

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     Qu’arrivera-t-il à Jocelyn, le personnage au centre de cette note ?

     

    Une tempête de grêle s’abattit sur la Clio grise dans un déchaînement de violence.

     

    Les morceaux de glace frappaient la carrosserie et les vitres avec la rage d’un boxeur qui cogne son pushing-ball. Ils enfermèrent la voiture dans une sorte de brouillard opaque digne de paysages d’Alaska. Pourtant, la scène se déroulait certes en période hivernale, en plein mois de décembre, mais en Vendée, quelques centaines de mètres à l’Ouest de La Roche-sur-Yon.

     

    - Bordel, j’y vois rien, grommela Jocelyn, le conducteur de la voiture prise en otage par les éléments.

     

    La Renault progressait sur une départementale déserte. Il était 7 heures 30. Jocelyn était en Terminale ES au Lycée Philippe Jeantot. Dans une demi-heure, il rentrerait en classe de philo avec monsieur Ravel. Enfin, s’il arrivait jusque-là sans avoir plié la Clio dans un fossé ou contre un poteau.

     

    - D’un autre côté, si je n’y arrive pas, moi, il n’y aura pas grand monde en cours ce matin, persiffla-t-il.

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     C’était vrai. Bien qu’il n’eût que 18 ans et 3 mois, Jocelyn était un conducteur hors pair. Champion de Rallycross, une discipline dans laquelle il avait débuté à 16 ans avec une dérogation obtenue grâce à ses résultats en karting. Et sa Clio DCI était un jouet à côté du modèle Super 1600 très musclé qu’il pilotait en compétition. D’ailleurs, il avait aussi couru en circuit sur des fauves mécaniques encore plus puissants et difficiles à dompter. Grâce à Jonathan qui l’avait invité à partager non seulement le volant d’une Porsche 914/6 dans des épreuves d’endurance réservées aux VHC, mais aussi celui d’une 997 GT3 R lors de quatre manches du Challenge Blancpain. Jonathan était avocat à Paris, fraichement inscrit au Grand Tableau. Et aussi un gentleman driver doué. Il faisait partie de la garde rapprochée des supporters de l’aspirant champion.  Le plus fidèle avec Pascal, l’oncle de Jocelyn, et Alexis, le pote d’enfance qui promettait de jouer à ses côtés le rôle que Daniel Elena assuma auprès Sébastien Loeb. Jonathan avait tiré Jocelyn d’une sale affaire lorsqu’encore adolescent, il avait été suspecté de meurtre et maltraité par la police. Sans lui, il ne se serait pas sorti du piège machiavélique qui avait failli le tuer. Depuis ces événements, Jonathan était devenu un vrai grand frère pour Jocelyn.

     

    Après ce qu’il avait vécu et une préparation rigoureuse au métier de pilote, Jocelyn maîtrisait son émotivité et ne perdait pas facilement son sang-froid. Des conditions apocalyptiques, il en affronterait tous les hivers quand il serait un grand rallyman à la chasse des records établis par Sébastien Loeb. Il leva le pied et progressa en zigzaguant légèrement de droite à gauche afin de repérer les limites de la chaussée des deux côtés. Jonathan lui avait raconté que les pilotes nordiques utilisaient cette technique en rallye quand la visibilité devenait nulle. Jocelyn n’oubliait jamais une histoire de rallyman.

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     De toute façon, cette route, il la connaissait par cœur. C’était le chemin le plus agréable entre la demeure familiale et le quartier du lycée. Il l’avait parcourue des milliers de fois à vélo, à moto, et maintenant en voiture. En fait, s’il n’avait pas eu peur de causer des dommages à un autre usager, il aurait pu piloter les yeux fermés. Il avait tort de se soucier des tiers, d’ailleurs. Personne d’autre que lui ne roulait ce matin. Pas âme qui vive. Comme si le monde s’était arrêté de tourner avec les intempéries. Pourtant, il ne se souvenait pas d’une alerte météo.

    ***

    Il arriva péniblement mais sans catastrophe à la place sur laquelle les lycéens motorisés garaient leurs voitures. Il s’enfonçait dans le brouillard d’un monde étrange. Ce ne fut qu’en garant la Clio qu’il remarqua que l’autoradio ne fonctionnait plus. Olivia Ruiz s’était tue. NRJ n’avait pas lancé d’autre interprète à la fin de My Lomo and Me. La grêle laissait place à des chutes de neige silencieuses qui paralysaient la cité vendéenne. Il descendit de la Clio et chercha des yeux la Fiesta d’Alexis. Son pote n’avait son permis que depuis quinze jours. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé. Peut-être s’était-il montré suffisamment  sage pour laisser sa voiture au garage. Il sortit son Smartphone de sa poche et tenta de l’appeler. Pas de tonalité.

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     Normalement, sa copine Alexandra aurait dû être là. Son  père la déposait tous les matins en allant au bureau. Un homme sympathique qui se montrait bienveillant vis-à-vis de la relation des jeunes gens. Et aussi un type qui avait avalé une montre et vivait toujours en avance. Jamais, depuis la seconde, Alexandra n’était arrivée devant le lycée après Jocelyn qui, pourtant, était lui-même ponctuel.

     

    - Son père n’aura pas voulu prendre de risque sur la route, se consola-t-il pour tromper son inquiétude.

     

    Il ne percevait pas distinctement les autres voitures garées sur le parking. Il tenta de repérer la Peugeot 208 d’Enric. Si quelqu’un d’autre que Jocelyn avait osé mettre les roues dehors sur le verglas, c’était forcément Enric. Un type qui n’avait peur de rien. Une force de la nature. Un peu plus grand et plus carré que Jocelyn, franchement blond et pas châtain clair comme lui, Enric était l’autre phénomène de la classe. A la fois un super copain, un complice  et un rival. Les deux garçons étaient incontestablement les plus forts en sport du lycée. Les aligner dans la même équipe de hand, d’athlétisme ou de natation garantissait d’écraser celles des autres sections. Les opposer promettait un spectacle d’une qualité nettement supérieure à ce qu’offrait en général le sport scolaire. Enric  et Jocelyn  entretenaient la même passion absolue des sports mécaniques. Enric avait été champion de ligue de karting l’année précédente. Il était vice-champion de France en titre et se préparait, lui-aussi, à devenir pilote automobile. Contrairement à son camarade, il visait une carrière en circuit. Si possible la F1, sinon l’endurance, le WTCC ou le DTM. Enric et Jocelyn se charriaient quotidiennement au sujet de leurs futures carrières, de leurs futures victoires, de leurs futurs salaires, de leurs futures sorties de piste, d’amères et honteuses reconversions écologiques après s’être vautrés chez les ténors. Tout en espérant au fond qu’ils atteindraient tous deux les sommets et disputeraient un jour Le Mans sur la même voiture. Dans l’atmosphère lourde et fantomatique de ce matin d’hiver, les projets comme les railleries semblaient un peu éloignées.

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     L’esprit de Jocelyn quitta La Roche-sur-Yon. Une Ferrari blanche et noire se garait avenue Montaigne à Paris, devant l‘immeuble qui abritait le cabinet où Jonathan travaillait avec son père. La bête grossissait, grossissait, se transformait en cheval géant, telle un robot de film d’horreur. Elle se cabrait sur ses pattes arrière. Les sabots de ses pattes avant défonçaient  la façade de l’immeuble. Jonathan ne pouvait ni fuir, ni résister. Les sabots meurtriers accomplissaient leur sinistre besogne  avec l’efficacité des mixeurs d’une boucherie chevaline. Le massacre glaça Jocelyn d’horreur. Il se méfiait des chevaux. La faute d’une expérience désastreuse lors d’une leçon d’équitation la dernière année d’école primaire. Une chute douloureuse, une épaule endolorie, le rire moqueur de la jolie Marielle, cavalière émérite dont il souhaitait attirer l’attention d’une manière plus valorisante… Jocelyn n’aurait pas fait de mal à un cheval, mais il se tenait éloigné d’eux. S’il était contraint d’exécuter un numéro de cirque, il préférerait entrer dans la cage aux lions plutôt que monter un cheval paisible. D’autant qu’il adorait les félins, du chat de gouttière au roi du monde animal et au divin Jaguar. Jonathan aussi entretenait une relation distante avec la plus belle conquête de l’homme. Le jeune avocat possédait un véritable don avec les chiens. Aucun ne lui résistait, même pas ceux dressés à la défense. Mais les chevaux, il les préférait à la télé. Tout au moins tant qu’il ne rencontrait pas un gentlehorse aussi raffiné que Joly Jumper, ce qui pouvait demander un certain temps.

     

    Ni Jonathan ni Jocelyn n’aimaient beaucoup Ferrari non plus.

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     - Il n’y a aucune raison pour qu’une Ferrari finisse devant nous, répétait inlassablement le premier lorsqu’ils faisaient équipe en VHC et en Blancpain. Une Aston, une McLaren, une BMW, une Mercedes, une Lamborghini, une Audi ou une autre Porsche, ça me gonfle déjà, mais une Ferrari, ça non alors.

     

    Très érudit en matière d’histoire de la course automobile, Jonathan associait la marque italienne à des trahisons envers ses pilotes les plus méritants. Par exemple le coup de poignard dans le dos du grand John Surtees au Mans 1966. Et aussi quelques autres plus récemment…

     

    - Plus un, approuvait le second. Moi aussi, j’ai une dent contre eux. Un canasson cabré, c’est pas franc du collier. Un jour ou l’autre, ça envoie son cavalier mordre la poussière. (1)

     

    A ce stade, je crains que le lecteur se demande si Jocelyn ne divaguait pas après avoir consommé à son insu ou de son plein gré un produit interdit. Non. Jocelyn ne touchait pas aux stupéfiants. Pas même un pétard les soirs de teuf. Il n’avait pas davantage abusé de la Téquila, du Gin ni de la Vodka. Il tenait trop à son permis pour prendre des risques avec l’alcotest. Le garçon n’était certes pas un saint, mais il ne s’évadait pas dans les paradis artificiels. Sa came, c’était le pilotage et rien que le pilotage.

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     Tout à coup, une nouvelle vision d’horreur. Enric courait vers lui. Un flot de sang  coulait de son crâne sur son anorak gris clair. Un cheval géant galopait à sa poursuite. Un frère du tueur fou de l'avenue Montaigne ? Il lui ressemblait en tout cas.

     

    Enric non plus n’était pas ferrariste. Il détestait les artifices imposés au second pilote de la Scuderia, tantôt pantin planté dans le décor, tantôt agneau égorgé sur l’autel des intérêts du locataire du premier baquet. Mais il n’avait pas peur des chevaux mal lunés. Et il n’excluait pas de piloter un jour pour les Rouges. Dans une autre composition du Team. Ce serait un rêve d’apprendre la discipline reine aux côtés de Nico Hülkenberg, un futur très grand qui, avec Sergio Perez, faisait partie de ses idoles.

     

    Enric n’était pas du genre à fuir. Jonathan se souvenait d’une violente bagarre l’année précédente, quand ils étaient en première. Alexis et lui s’étaient fait prendre à parti à la sortie par quatre teignes. Leur bande n’était pas trop populaire au bahut. Les résultats sportifs d’Enric et Jocelyn créaient des haines terribles. Ceux qui croient naïvement qu’apparaître en photo dans les journaux ainsi que dans des vidéos valorisantes sur le web attire l’amitié de ses voisins et suscite leur admiration se trompent lourdement. La jalousie ravage le monde.

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     C’est le sentiment le mieux partagé dans toutes les classes sociales, toutes les catégories d’âge et toutes les zones géographiques de la planète. Entendant des condisciples ricaner de la volée qu’allait encaisser  le champion de Rallycross, Enric avait abandonné sa moto qu’il s’apprêtait à démarrer et s’était précipité vers le champ de bataille tel un taureau boosté par la boisson énergétique qui donne des aillles... Il était entré dans la joute. Sa présence rééquilibrait  le combat. Il eût tôt fait de mettre KO l’un des agresseurs d’Alexis. A un contre un, personne au lycée n’osait se battre contre Enric et Jocelyn. Les trois types encore valides s’étaient barrés la queue entre les jambes. Le quatrième, à moitié dans les vapes, s’était vu promettre qu’en cas de récidive, ses compères et lui visiteraient les bassins du port des Sables d’Olonne. Pas à l’occasion du départ du Vendée Globe. Avant, pour nourrir les crabes…

     

    Aujourd’hui, Enric ne pouvait pas lutter. Un coup de sabot lui arracha la moitié du crâne. Il chancela. Jocelyn voulut se précipiter vers son ami. Ses pieds restaient collés dans la neige. Il n’avait plus de force. Dans un dernier effort avant de s’effondrer et de se faire piétiner, Enric lui fit signe de fuir.

    ***

    Jocelyn hurla. Il était en nage, ne comprenait rien à ce qui se passait. Une main douce et excitante caressa l’intérieur de sa cuisse nue.

     

    - Qu’est-ce que tu as ? gémit une voix encore ensommeillée.

     

    Jocelyn alluma la lampe de chevet et regarda le radioréveil. Il était 6 heures 40.

     

    - Rien. Juste un cauchemar.

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     L’image d’Enric lui enjoignant de fuir restait imprimée dans son cerveau. Elle lui rappelait l’histoire de Levegh au Mans 1955 à l’instant où, conscient qu’il allait percuter une autre voiture et perdre la vie, l’héroïque pilote leva la main pour prévenir Fangio qui arrivait derrière lui. Levegh avait eu l’ultime réflexe et le formidable courage de sauver son camarade avant de mourir.

     

    Jocelyn  se leva et se dirigea vers le salon avec son Smartphone. Les choses reprenaient place dans son cerveau. Hier soir, il était allé au repas de classe traditionnel avant les vacances de Noël. Sa mère était en déplacement. Le temps de son absence, il disposait de la maison avec Miss Tigri, une adorable chatte blanche avec qui il entretenait une relation sans tâche. Jocelyn avait ramené Alexandra chez lui. Alexis dormait à côté dans une chambre d’amis avec Vera. Enric s’était installé dans le canapé du bureau en compagnie de Clémentine.

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    Ils avaient bu un kir pétillant et un verre de Lambrusco chacun à la Pizzeria Valle Carmonica. Puis une bouteille de champagne en rentrant. A six, pas de quoi se mettre minables. Jocelyn ne sentait pourtant pas dans son assiette. Il fit défiler son répertoire et sélectionna le numéro de Jonathan. Il avait besoin de lui parler et savait que son frère de cœur ne lui reprocherait pas l’heure matinale.

     

    - J’te réveille ? s’excusa-t-il lorsque son interlocuteur décrocha.

     

    - Non, en fait, je préparais le café. J’ai mal dormi. Bon, ça ira mieux quand le jour sera levé.

     

    - Moi aussi. J’ai fait des cauchemars. Il grêlait, il neigeait. J’avais l’impression de rester le seul vivant dans un monde glaciaire.

     

    Jocelyn évita de raconter toute l’horreur de son cauchemar.

     

    - Il fait un temps bizarre depuis quelques semaines, reprit Jonathan. Des ciels de plomb, des orages, des déluges de pluie, de grêle. Une atmosphère lourde, pesante. Au palais, l’ambiance est encore plus électrique que d’habitude.

     

    - Sans doute les Autolib’ de Delanoë qui polluent l’atmosphère en déchargeant de l’électricité dans l’air, lança Jocelyn pour essayer de plaisanter.

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    Les deux garçons raccrochèrent après avoir échangé quelques phrases. A son tour, Jocelyn mit la cafetière en route. Il tambourina  aux portes des pièces où dormaient ses amis. Il était 6 heures 55. Il n’’y avait pas de temps à perdre. Ils avaient cours à de philo à 8 heures avec monsieur Ravel. Puis il entra dans la salle de bains et rejoignit Alexandra sous la douche.

     

    Soudain, une averse de grêle tonna sur le toit en ardoises. Jocelyn frissonna malgré l’eau chaude et les caresses envoutantes de sa copine. Il se rappela le calendrier. C’était le vendredi 21 décembre. Avait-il fait un rêve prémonitoire de la fin du monde, avec juste quelques approximations  quant au déroulement de l’apocalypse dans son environnement ?

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

     

    Vous pouvez bien sûr attendre le 22 décembre pour acheter vos cadeaux de Noël. En tout état de cause, je vous suggère mes derniers livres en version ePub :

    7 Nouvelles pimentées

    http://sebsarraude.tumblr.com/post/28291502256/7-nouvelles-pimentees

     

    et Gare à la main du diable, un titre de circonstance, non ?

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-a-la-main-du-diable-disponible-en-format-e-pub-111556271.html

     

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    A bientôt, peut-être…

     

    Thierry Le Bras

     

    (1) Jocelyn devrait devenir un personnage de futurs romans et nouvelles. Enfin, si nous passons le cap du 21 décembre. Dans ce cas, je vous raconterai un de ces jours pourquoi il a une dent contre la Scuderia. Que les fans de la Scuderia se rassurent, son hostilité n’a rien à voir avec l’écurie de F1. C’est une raison très personnelle…

  • AU FOUR ET AU MOULIN

    pilotes automobiles et cuisiniers se retrouvent

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    Et ils ne font pas de salades…


    Les gentlemen drivers se révèlent fréquemment fins gourmets. J’ai eu l’occasion de le constater à l’époque où je courais. Mes camarades et moi agrémentions volontiers nos week-ends de compétition par la découverte de restaurants aux cartes alléchantes. Sans oublier qu’une victoire ou une bonne performance se célèbre dignement avec de bons petits plats et… ce qui va avec. Tout au mois s’il ne faut pas reprendre la route immédiatement après la remise des prix.

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     Auteur d’ouvrages et de nouvelles dans lesquels le vocabulaire gourmand pimente la matière première constituée par une intrigue à la sauce cynique, je ne pouvais pas ne pas servir ce plat au menu du blog Circuit Mortel. Une mise en bouche avant Vengeance glacée au coulis de sixties, un roman vintage et résolument gourmand sur fond de course automobile.

     

    Des pilotes qui savent faire avancer leurs cantines


    L’univers culinaire inspire le monde automobile. Tout est bon dans le cochon. En 1971, Porsche engagea au Mans une 917 Pink Pig avec une décoration « charcutière » des diverses parties d’un porc sur fond rose. L’idée fut reprise 35 ans plus tard par Prospeed Competition qui créa une 911 GTR RS Pink Pig pour les 24 Heures de Zolder (photo en tête de cette note). Elle était confiée à l’équipage Rudi Penders, Franz Lamot, Kurt Dujardyn et Karl Jacobs.

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     Plusieurs pilotes courent au four et au moulin. Tel est le cas d’Yves Jouanny, le patron de La Remise, restaurant associé depuis plusieurs décennies aux reconnaissances du Monte-Carlo. A force de côtoyer les pilotes, l’aubergiste ne se contenta pas de leur servir des bons petits plats et des tartes aux pommes. Il est d’abord monté dans le baquet de droite, puis il s’est sanglé au poste de pilotage. Le voici à l’édition 1984 au volant d’une Opel Kadett GTE groupe A préparée par le Simon Clarr Racing.

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     Plusieurs restaurateurs se sont aussi illustrés en compétition. Par exemple La Torche dont la formidable BMW 30 CSL groupe 2 enchanta les fans de courses de côtes (je me rappelle encore de ses vrombissements en 1977). Ou Christian Lefeuvre, le créateur de La Manivelle à Lohéac, performant en Rallycross comme en Rallye-raid. Romain Grosjean n’a pas précisément marché sur des œufs avec ses collègues pilotes en 2012, Ses adversaires firent parfois un fromage de ses fricassées de F1. Mais il n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier. Grosjean est un cuisinier capable de suivre le rythme d’une salle exigeante. Les projets de reconversion qui tournent dans sa tête embraient sur la restauration.

     

    De la route au fourneau

     

    Est-il possible d’être à la fois pilote de rallye, étoilé au Michelin et attributaire de 3 toques au Gault et Millaut ?

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     Oui. La preuve par Marc de Passorio, gentleman driver (en rallye), partenaire du rallyman Benjamin Hanquiez  (Twingo en photo plus bas) et exploitant de l’Hostellerie du Vallon de Valrugues à Saint-Rémy de Provence dans les Bouches du Rhône.

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     «Je gère ma cuisine comme une course, a-t-il déclaré à AUTOhebdo (cf N° 1885 du 28 novembre 2012). Je trouve beaucoup de similitudes entre ces deux milieux pourtant si différents. Dans ces deux cas, il faut savoir être précis, gérer une équipe, rester concentré, ne pas faire d’erreurs. Le rallye m’a apporté une ouverture d’esprit qui m’aide à la cuisine. D’ailleurs, je profite toujours des reconnaissances pour dénicher de nouveaux fournisseurs… »

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     Convaincu des points communs qu’il évoque, Marc de Passorio organise dans son établissement des concours de cuisine pour pilotes. Le dernier opposait Jean-Marie Cuoq, Mathieu Arzeno, Romain Salinas, Bryan Bouffier et Freddy Loix. Les 5 pilotes ont appuyé sur le champignon pour tirer le meilleur du matériel culinaire qui leur était fourni. Vainqueur, Jean-Marie Cuoq, mais tous sont sortis avec les honneurs de cette épreuve spéciale dont le parcours avait été tenu secret.

     

    Gourmand de sport automobile aux arômes gastronomiques ? Dégustez sans modération les recettes mijotées dans les liens qui suivent !

     

    NOTE MODIFIEE LE 24 NOVEMBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    L’établissement de Marc de Passorio

    http://www.restaurant-marcdepassorio.fr/

     

    Une présentation du concours culinaire réservé aux pilotes

    http://www.lesenjoliveuses.fr/tous/concours-de-cuisine-de-marc-de-passorio/

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    David Sarel, un gentleman driver amateur de Gastronomie

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/01/12/david-sarel-met-les-petits-plats-dans-les-grands.html

     Dans le roman policier Circuit mortel à Lohéac, la convivialité des réceptifs des Teams Hervieux et Vivia est mise à l’honneur : http://www.ffsa.org/article.php?comite=comite12&titre_url=-circuit-mortel-a-loheac-&id=10763

    tout comme dans Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans

    http://www.ffsa.org/article.php?comite=comite12&titre_url=chicanes-et-derapages-de-lorient-au-mans&id=13352

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    Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans, un  polar gourmand  que j’ai mijoté  pour vous   http://amzn.to/1uvUq6o

     

    Des voitures gourmandes (dont la Porsche 917 Pink Pig) http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/06/24/voitures-gourmandes.html

     

    66, cuisine sympathiquehttp://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/09/06/66-cuisine-sympathique.html

     

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    Thierry Le Bras

  • MICHEL VAILLANT A VIEILLI

    dans Au nom du fils

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    Le premier tome de la saison 2 est enfin dans les bacs après 5 ans d’attente

     

    Autant dire que l’impatience des supporters de Michel et de l’écurie Vaillante était grande. D’autant que tout le monde était prévenu que la 71ème aventure du pilote français s’accompagnerait de profonds changements.  La signature des Graton avec le Team Dupuis s’est accompagnée de l’arrivée dans les stands d’une nouvelle équipe autour de Philippe Graton, fils de Jean, qui donna naissance à Michel en 1957.

     

    Désormais, les albums sont signés Graton, Lapière, Bourgne et Bénéteau. La réunion de talents incontestables qui surprendront les vieux supporters des Vaillant.

     

    Une présentation impeccable

     

    Le nouveau look des albums est réussi. Une couverture à l’aspect mat qui respire la qualité. Un dessin plus sombre, inquiétant, qui suggère une atmosphère plus lourde. 56 pages au lieu de 46. Tant mieux, le plaisir de lecture dure un peu plus longtemps.

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     Au tout début de l’album, une gravure avec quatre dessins en noir et blanc de Michel Vaillant sous des angles différents. Sur la première, Michel ressemble au sympathique Jo-Wilfried Tsonga, mais en plus vieux et moins épanoui. Sur la seconde, avec des lunettes noires, il a un air de star américaine. La troisième le représente en homme éprouvé par la vie. La quatrième rappelle son physique d’antan, mais moins heureux. L’homme a vieilli et perdu sa joie de vivre. Tout au moins est-ce que j’ai ressenti d’emblée.

     

    Difficile de réussir la mutation d’un personnage

     

    J’ai découvert Michel Vaillant en 1964, dans les pages de Tintin. J’allais sur mes 10 ans et j’adorais déjà la course automobile. En outre, à cette époque, la couverture médiatique n’était pas la même qu’aujourd’hui. Pas d’internet, une seule chaine de télévision ne diffusant que peu d’épreuves. Les reportages pleins d’enthousiasme mais trop brefs de Tommy Franklin à la radio, quelques articles dans la presse quotidienne régionale à l’occasion des plus grandes courses, et le cahier central du mensuel L’Automobile consacré à la compétition que m’offrait mon père, lui-même grand fan d’automobile à cette époque.

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     Les médias ne satisfaisaient pas la curiosité des passionnés. Nous manquions de détails sur l’atmosphère des stands, le travail des équipes, les coulisses de nos épreuves préférées. Les dessins de Jean Graton nous offraient du visuel et des anecdotes trop rares dans les médias traditionnels. La BD jouait un rôle particulier dont la prive désormais la profusion d’images, de détails et de commentaires. Outre les télévisions et sites généralistes, chaque pilote, chaque team, dispose aujourd’hui de son site, sans compter les blogs de supporters, forums, partages sur les réseaux sociaux. Nous en sommes tous ravis, mais cela nous rend certainement plus exigeants lorsque nous lisons une fiction.

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     Par ailleurs, chaque lecteur de Michel Vaillant avait son idée du nouvel  univers dans lequel il voulait retrouver les personnages. Pour ma part, je souhaitais que Michel prenne du recul avec le pilotage. J’aurais aimé le trouver manageant son fils Patrick et Dylan Montusset, son équipier et celui de Steve dans le dernier opus de la saison 1. Né un dimanche de 24 Heures du Mans, Patrick fut longtemps consigné à la Jonquière avec sa grand-mère pour ne pas faire vieillir son père trop vite. J’aurais été content de le retrouver dans une formule de promotion, soucieux de faire aussi bien que son père. Dans la deuxième saison conforme à mes attentes, Michel aurait joué auprès de Dylan et Patrick le rôle qu’assume Olivier Panis aux côtés de son fils Aurélien et de l’excellent Charles Pic.

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     Il aurait également participé à quelques épreuves historiques avec les vieux lions de l’écurie Vaillante, Steve Warson, Yves Douléac, Gabriele Von Spangenberg… Mais les scénaristes ont choisi une autre piste fort éloignée de mes aspirations.

     

    Les codes d’un feuilleton télévisé

     

    Les producteurs annoncent  la couleur dans la promotion. Nous entrons dans la saison 2, comme dans une série destinée à la télévision.

     

    Dans Au nom du fils, Patrick Vaillant vit dans une école privée suisse et ne se préoccupe guère de compétition automobile. Le clan se réunit toujours à la Jonquière. Mais contrairement à Leader, la firme n’’est plus en F1, ce qui met Henri Vaillant de méchante humeur. Surtout quand sa femme se pique d’écologie au point de vouloir faire circuler les gens à vélo et pas en voiture dans la commune.

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     Point positif cependant, Vaillante s’est mise à l’heure Vintage, la mode qui fait fureur. Jean-Michel Vaillant, le fils de Jean-Pierre, roule dans un cabriolet dont le dessin est celui de L’Ipharra, vue la première fois dans Le 8ème pilote (1962). Quant à la dernière berline de la marque, elle  s’appelle Vaillante Gil. Comme un modèle apparu dans des albums de 1969, Le Cirque infernal et KM 357,dont le sigle rendait hommage à Gil Delamare, cascadeur et acteur disparu en 1966.

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    La firme va tout de même reprendre le chemin des circuits, mais en WTCC. Pas en F1 ni en endurance. Un engagement qui montrera que Michel reste un pilote d’exception, mais prêt à tout plaquer quand survient un événement inattendu.

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     Malgré mes préjugés plus que favorables envers Michel Vaillant qui fut, avec Christian d’Ancourt, le héros de fiction préféré de mon enfance, je dois avouer que ce premier épisode m’a déçu. Je n’y ai pas retrouvé la volonté d’un clan vivant dans un but commun de victoire. Tout simplement parce que les codes de la série ont changé. La famille Vaillant traverse une crise, comme la société. Elle ne peut plus se raccrocher à ses certitudes, à ses valeurs traditionnelles, mais elle ne sait pas où elle va dans ce monde déboussolé où le buzz compte plus que la victoire. Je ne serais pas surpris que le couple de Michel et Françoise fonce vers une grosse tempête. C’est peut-être un coup de génie au plan marketing. Les adolescents d’aujourd’hui s’identifieront-ils à Patrick Vaillant ? Dans ce cas, le pari des producteurs sera gagné, même si le public traditionnel décroche. Le début de la série s’arrête sur un suspense très fort. Comme un feuilleton télévisé qui contraint le téléspectateur à attendre la suite, haletant. Vivement le prochain épisode. En espérant un scénario compatible avec quelques fondamentaux de la série… Qui sait si Patrick Vaillant ne prépare pas un coup qui rassurerait les vieux supporters, un peu comme Michel quand, au même âge, il travaillait sur un nouveau carbu en faisant semblant de jouer de la trompette ?

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Le site officiel de Michel Vaillant

    http://michelvaillant.com/

     

    Mehdi (Belle et Sébastien), de retour en 2013 avec un livre et dans le film

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-le-bon-temps-c-est-quand-112754015.html

     

    Où il est question d’Alfa Romeo 2600 et de  Christian d’Ancourt, l’autre héros préféré de mon enfance

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/10/01/les-alfa-romeo-2600.html

     

    Un de mes polars dans l’univers de l’endurance et des 24 Heures du Mans

    http://www.ffsa.org/article.php?comite=comite12&titre_url=chicanes-et-derapages-de-lorient-au-mans&id=13352

     

    Souvenirs de 1964, au temps de la découverte (en ce qui me concerne) de Michel Vaillant

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/07/26/larmor-plage-1964.html

     

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