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  • LOÏC DUVAL L’A FAIT

    avec ses équipiers Tom Kristensen et Allan McNish, il a remporté les 24 Heures du Mans 2013 !

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     « Il s’agit de l’un des plus grands moments de ma carrière », témoigne Loïc Duval.

     

    Le Mans, c’est une des plus belles courses du monde avec le GP de Monaco, le Rallye de Monte-Carlo et les 500 Miles d’Indianapolis. Celui qui remporte cette épreuve inscrit son nom dans l’histoire de la compétition automobile.

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     « Gagner Le Mans, une course si importante, y’a rien de comparable, hormis un titre en F1 », ajoutait le pilote Chartrain.

     

    Réserve et dignité

     

    Gagner, c’est une sensation unique, extraordinaire, une extase. Tous les pilotes qui se sont imposés en compétition le savent, que leurs heures de gloire soient des victoires de catégorie en course de côte, les premières marches sur les podiums des GP de F1 les plus prestigieux du monde ou celui des 24 Heures.

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     Malgré ce bonheur intense qui récompense tous les efforts consentis pour construire une carrière de pilote au plus haut niveau, Loïc Duval s’est montré mesuré et très digne au moment de célébrer la victoire. Comme l’ensemble de l’équipe Audi d’ailleurs. Loïc n’a pas oublié qu’un de ses confrères, Allan Simonsen, avait perdu la vie en début de course. Il a exprimé sa « retenue par rapport à la perte d’un pilote. Un papa, un mari, un ami… » Allan était danois, comme Tom Kristensen, désormais nonuple vainqueur des 24 Heures du Mans, un record qui n’est pas près d’être battu. L’émotion était d’autant plus forte chez les vainqueurs que le pilote disparu était un ami de Tom et que ce dernier avait perdu son père au début de l’année.

     

    Audi avait mijoté une recette pimentée…

     

    sous l’influence de Tom Kristensen. Car c’est le champion danois qui avait exprimé dès l’arrivée des  24 Heures 2012 le désir d’intégrer Loïc à l’équipage qu’il formait avec Allan McNish. La pointe de vitesse de Loïc a fait merveille. Après un début de course assez prudent de Tom, l’Audi N° 2 a relayé la N° 1 en tête de la course lorsque celle-ci a rencontré un problème d’alternateur. De son côté, la N° 3 perdit du terrain après une crevaison de telle sorte qu’au début de la nuit, la 2 était en tête devant les Toyota. Plus de triplé Audi en perspective et pour les pilotes de la 2, la responsabilité entière des chances de victoire de la marque aux anneaux.

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     La course ne fut pas simple. D’abord, les Toyota se montrèrent des rivales compétitives et valeureuses. Nicolas Lapierre, le copain de Loïc Duval, réalisa un beau début de course et sembla pendant quelques kilomètres capable de lutter avec les R18 e-tron quattro. Anthony Davidson signa lui-aussi une course solide. Nous sommes d’ailleurs ravis de le voir revenu à ce niveau après son accident de l’an dernier sur le circuit de la Sarthe. Les Toyota finissent finalement secondes et quatrièmes. Certes, à part en tout début de course, elles n'ont jamais été en mesure de rouler au même rythme que les vainqueurs. Mais en ravitaillant moins souvent, elles sont restées menaçantes jusqu’au bout. Et avec les conditions météorologiques délicates qui ont régné sur ces 24 Heures, l’équipage Duval – Kristensen – McNish a dû réaliser la course parfaite pour l’emporter. « Ça a été dur, reconnaissait objectivement Loïc à l’arrivée. Mais c’est encore meilleur quand c’est compliqué ».

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     La recette de l’équipage Audi vainqueur en 2013, c’est l’association d’un jeune pilote particulièrement rapide, Loïc, à deux briscards toujours performants, Tom et Allan. Elle  m’a rappelé une autre association détonante dont la victoire m’avait aussi réjoui en son temps. C’était en 1978, l’année où le jeune Didier Pironi gagnait avec « papy » Jaussaud. Quand de tels talents unissent leurs efforts, les résultats sont là.

     

    Heureux mais…

     

    Les lecteurs réguliers de ce blog savent que mon soutien à Loïc Duval ne doit rien à l’opportunisme. J’ai toujours cru en Loïc. Dès la première fois que je l’ai vu en kart au Master de Bercy en 2000, j’ai senti qu’il deviendrait un grand pilote. Talent, vitesse, sérieux, humilité qui induit la volonté de s’améliorer en permanence, respect de l’équipe, il possède toutes les qualités des plus grands. Il méritait une carrière dans un top team en F1. L’accès à la discipline dite reine est compliqué et ce ne sont pas toujours les qualités intrinsèques qui y assurent les carrières ni le soutien des médias. Bien que le DTN de la FFSA compare Loïc à un Jenson Button français, le pilote chartrain n’y a pas eu d’opportunité.  J’ai été heureux de le voir monter sur la plus haute marche du podium hier et concrétiser ce qu’il témoigna être un rêve d’enfant.

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     Cette victoire au Mans confirme son formidable potentiel et j’espère qu’elle lui apportera beaucoup auprès du grand public qui ne connaît pas suffisamment  les pilotes d’endurance. Chez Audi, avec des équipiers aussi fiables, j’y croyais vraiment très fort. Je l’avais mentionné sur ce blog (note précédente) ainsi que sur mes comptes Twitter et Facebook. Et je suis convaincu que Loïc enrichira son palmarès d’autres belles victoires. Ses qualités lui ont valu d’être intégré dans une équipe performante, rigoureuse, exigeante où seuls les meilleurs ont leur place.

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     Dommage que ce week-end, qui aurait dû être une grande fête, soit terni par la disparition  d’Allan Simonsen (photo ci-dessus). RIP Allan. Les larmes de peine se sont mêlées aux larmes de joie. L'accident en course automobile est toujours cruel même si tous savent que la compétition ne sera jamais sûre à 100%. Nous pensons tous très fort à la famille d’Allan Simonsen, à ses amis, à son équipe, à ses supporters. C'est si injuste que la joie extraordinaire de participer à un événement qui a demandé tant de travail, tant d'efforts, se termine mal. Merci à Jacky Ickx pour le bel hommage qu’il a rendu à Allan Simonsen avant la cérémonie du podium.

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     Et je terminerai cette note par une pensée pour Jean-Pierre Jaussaud, un grand pilote et un grand monsieur, hospitalisé après son malaise survenu au Mans en début de semaine dernière. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Ce serait bien de le revoir au bord du circuit l’année prochaine et pourquoi pas dans une voiture au Mans Classic ?

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Le site officiel de Loïc Duval : http://www.loicduval.com/

     

    Quand Loïc Duval courait en A1 GP : http://bit.ly/11VEVUP

     

    Loïc Duval faisait partie des grands favoris de la course : http://bit.ly/13Ocxbf

     

    1978, l’année de la victoire de Didier Pironi associé à Jean-Pierre Jaussaud :

    http://bit.ly/SNfJjy 

     

    2013, l’année des fictions automobiles ? http://0z.fr/1Bk2l

     

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    Thierry Le Bras

  • VICTOIRE ALPINE AUX 24 HEURES DU MANS

    c’était en 1978, avec Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud

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     Didier Pironi a déjà participé deux fois au Mans, la première sur Porsche 934, la seconde avec le proto Alpine aux couleurs Bendix qui avait servi de laboratoire à l’équipe. Cette fois, il vient pour gagner. Il fait équipe avec Jean-Pierre Jaussaud, un papy de 41 ans qui fait de la résistance acharnée.

     

    Leur voiture est équipée d’une bulle aérodynamique qui procure un léger avantage de vitesse de pointe mais qui engendre une conséquence pénible. Le soleil qui tape sur le plexiglas transforme l’habitacle en étuve, d’autant que cette édition des 24 Heures va se courir sous un soleil de plomb.

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     Jean-Pierre et Didier adoptent un rythme défini. Didier roulera en 3’35’’ au tour, et Jean-Pierre en 3’38’’. Bob Wollek, équipier de Didier deux plus tôt sur une Porsche 934 groupe 4, pilote un proto Porsche 936. Lui aussi roule dans un rythme censé l’amener dans le peloton de tête lors des dernières heures de course. Mais un pignon de boite en décidera autrement. La Porsche restera trop longtemps arrêtée au stand pour conserver des espoirs de victoire.

     

    Un tableau de marche parfait


    Après 18 heures de course, l’Alpine A 442 B N° 2 de Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud occupe la seconde place derrière l’A 443 de Patrick Depailler et Jean-Pierre Jabouille. A 10 heures 07, la voiture sœur abandonne. Didier et Jean-Pierre prennent la tête des 24 Heures du Mans. Ils comptent 8 tours d’avance sur la Porsche de Jacky Ickx et Bob Wollek.

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     Mais au Mans, tout peut arriver. Tous les pilotes le savent. En outre, il fait chaud, très chaud. Jean-Pierre Jaussaud a confié à Martine Camus ses souvenirs de cette fin de course. « Didier ne mangeait pas, ou fort peu. Par contre, il avalait des litres d’eau. Lorsque je suis monté - ou plutôt descendu – dans la voiture, j’ai eu l’impression de glisser dans une baignoire tellement le siège était trempé ! Quant au volant, preuve que le garçon était costaud et qu’il y allait fort, la forme des doigts était incrustée dans le cuir… » Jean-Pierre Jaussaud craint que la boite, qui craque, ne lâche avant l’arrivée. Il souffre beaucoup de la chaleur et n’a pas envie de remonter dans la voiture. Il demande à Gérard Larrousse d’appeler Didier par radio et de lui demander si les vitesses craquent lorsqu’il les passe et s’il se sent assez en forme pour garder le volant et le remplacer pour le dernier relais. Didier affirme que la boite ne craque pas. Et il est d’accord pour garder le volant. A 16 heures, il reçoit la récompense de ses efforts surhumains dans le cockpit surchauffé de l’A 442 B. « Chaque fois que je descendais de voiture, j’allais manger », se souvient Jean-Pierre Jaussaud.  « Un repas complet, arrosé éventuellement d’un verre de vin. J’ai malgré tout perdu 3 kg dans cette course. Pour dire à quel point ça pompait toute l’énergie. Didier, qui était mort à l’arrivée, avait fondu de 7 kg ! Incroyable ».

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     Didier Pironi titube lorsqu’il s’extrait de l’enfer du cockpit de l’Alpine. Il s’évanouit une première fois, et fera un deuxième malaise sur le podium pendant la Marseillaise célébrant la victoire de l’équipe française. Qu’importe, Didier a remporté les 24 Heures du Mans. Il s’est révélé comme un champion au grand public. Désormais, toute le monde connaît son nom et l’associe à une grande victoire.

     

    Bain de foule et foule de conséquences

     

    Le lendemain, les vainqueurs descendent les Champs-Élysées à bord de la voiture qu’ils ont menée à la victoire. Un parcours qu’ils finiront en remorque, car le moteur chauffe. Quant à Didier, une fois cette dernière cérémonie terminée, il va rendre son permis de conduire dont un radar trop bien caché le prive pour quelques jours.

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     Puis il rentre en clinique. Les conditions de course infernales dans l’habitacle surchauffé ont laissé des séquelles. Il en ressortira en pleine forme quelques jours plus tard, prêt à en découdre à nouveau dans le peloton de la Formule 1.

     

    En 1979, Porsche lui offre de piloter une 936 aux 24 Heures du Mans en compagnie de Jacky Ickx. Une superbe chance de briller à nouveau sur la piste mancelle. Mais Ken Tyrell oppose son veto. Ce sera une grande déception pour Didier.

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     Sans doute Oncle Ken n’a-t-il pas agi par malignité, d’autant qu’il entretenait une relation forte avec son pilote. Mais le patron de l’Écurie Tyrell se souvient de l’énergie dépensée par Didier l’année précédente et de son séjour à l’hôpital. Il ne veut prendre aucun risque susceptible de compromettre sa participation dans les meilleures conditions au Grand-Prix de France, quinze jours après l’épreuve d’endurance mancelle. Didier Pironi reviendra encore une fois au Mans, en 1980, au volant d’une BMW M 1

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    QUELQUES LIENS

    A chaque Alpine son défi vers les sommets http://bit.ly/1PL3ayT

    24 Heures du Mans : voyage dans le temps jusqu’à l’époque des Renault 4cv à l’assaut des Hunaudières http://bit.ly/28WBtXx

    Voyage dans le temps des pilotes d’avant  avec des Renault R8 Gordini  http://bit.ly/2h2xZV4

    Les souvenirs épiques de Philippe Georjan, grand passionné de sport automobile http://bit.ly/2h2yxul

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    Thierry Le Bras

  • RALLY CROSS DE LOHÉAC : Flash-back sur l’édition 1978 (2)

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    Bruno Saby au volant de son Alpine en 1978

     

    Bagarres intenses entre les pilotes, joies de la glisse et chances de bien figurer avec une voiture pas trop chère, tels furent les ingrédients du succès du Rallycross auprès de pilotes de notoriété.

     

    Car des pilotes déjà connus du grand public  issus de divers horizons, il n’en manqua jamais en Rallycross. Si récemment des pointures qui ont remporté des  manches du championnat du monde des rallyes, François Duval et Marcus Grönholm, sont venus en découdre sur les pistes de Rallycross, l’édition 1978 ne manquait déjà pas de stars du pilotage qui s’étaient illustrées dans d’autres disciplines.

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    1978, Bruno Saby conquiert le titre de champion de France de Rallycross

     

    Bruno Saby était de retour le week-end dernier sur le théâtre de ses exploits et il fit quelques tours de circuit en démonstration avec la superbe Berlinette Alpine qui lui permit de devenir champion de France de Rallycross. Ce titre, c’était justement en 1978 !

     

    Mais Bruno Saby n’était pas le seul pilote à s’être distingué ailleurs et à se laisser séduire par le Rallycross.

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     Jean-Pierre Jaussaud, vainqueur des 24 Heures du Mans 1978 avec Didier Pironi, pilotait une R5 Alpine groupe 2 à Lohéac en 1978

     

    Parmi les grands souvenirs de l’année 1978 en matière de sport automobile figure la victoire aux 24 Heures du Mans d’un équipage français particulièrement attachant aux commandes d’une voiture française. Le 11 juin à 16 heures, le prototype Alpine A 442 B piloté par le jeune loup débordant de talent Didier Pironi et le sage mais aussi très rapide Jean-Pierre Jaussaud affectueusement surnommé Papy recueillait les fruits d’une association qui avait fait merveille en passant sous le drapeau à damier en vainqueur. Papy Jaussaud rêvait encore de F1 et il piloterait d’ailleurs la Renault en essais privés au Paul Ricard l’année suivante avec la clé d’excellents chronos. Mais Papy n’avait pas l’âme d’une star capricieuse imbue de ses victoires. Il était avant tout un pilote éclectique qui savait aller vite partout avec n’importe quel type de voiture. Alors, il  s’engagea au Rallycross de Lohéac avec une R 5 Alpine groupe 2. Imaginez qu’aujourd’hui un des petits protégés du sieur Briatore ou du Junior Team Red Bull s’engage en Rallycross. Son boss en ferait une jaunisse. Mais les acteurs et les patrons du sport automobile de la fin des seventies possédaient des mentalités toutes différentes des faiseurs de dollars qui règnent sut la F1 aujourd’hui. Un homme comme Gérard Larrousse, alors patron de Renault Sport, avait lui-même piloté la même année cinq ou six voitures différentes. Comment n’aurait-il pas encouragé ses pilotes à conduire le plus souvent possible, surtout s’ils défendaient les couleurs de Renault ?

     

    La R 5 Alpine groupe  2 pouvait d’ailleurs espérer tirer son épingle du jeu sur la terre. N’avait-elle pas réussi l’exploit au Monte-Carlo en montant sur les deuxième et troisième marches du podium grâce aux talents de Jean Ragnotti et de Guy Fréquelin, deux garçons qui ne tarderaient pas à écrire eux-aussi quelques belles pages de l’histoire du Rallycross ?

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    Jean-Pierre Beltoise au volant de la Golf groupe 2 du Garage Cresson

     

    Parmi les pilotes les plus capés de l’édition 1978 figurait aussi un certain Jean-Pierre Beltoise. Véritable icône du sport automobile français, Jean-Pierre s’était mis  en valeur sur de nombreux circuits avant de découvrir le Rallycross. L’endurance, les courses de voitures  de production et les courses de côtes bien sûr, mais aussi la Formule 1. N’oublions pas que le pilote français participa à 86 Grands-Prix entre 1967 et 1974, qu’il a marqué 77 points au Championnat du monde des pilotes, qu’il a terminé 5ème de ce championnat en 1969, et surtout qu’en 1972, il a remporté le plus prestigieux des Grands-Prix, celui de Monaco. Jean-Pierre Beltoise y triompha sous la pluie, dans des conditions difficiles, avec une BRM qui n’était pas la meilleure voiture du plateau, loin s’en faut. Il a montré ce jour-là qu’il faisait indéniablement partie des grands de la Formule 1. Alors quand un pilote de ce calibre vient poser les roues de la Golf groupe 2 du Garage Cresson en Rallycross  deux ans seulement après l’arrivée de ce concept de compétition en France, on mesure le sérieux du travail des organisateurs pour créer une belle discipline et de belles épreuves.

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    Au départ, 2 Alpine A 310 contre 2 Porsche. Du spectacle e, perspective (de gauche à droite Touroul, Fassbender, Bubetz et Kruythof)

     

    S’il ne prit pas le volant, une autre personnalité du sport automobile français suivit de près tout ce qui se passa sur la piste le dimanche après-midi. Gérard Larrousse honora en effet le 3ème Rallycross de Lohéac de sa présence. Il suivit avec beaucoup d’intérêt la prestation de Jean-Pierre Jaussaud et plus généralement celles de tous les pilotes de Renault. Papy Jaussaud ne cachait pas son plaisir sur la piste. « Vraiment, j’ai découvert une discipline passionnante et si l’an prochain, Renault venait en Rallycross… » Nul doute que Gérard Larrousse pensait déjà à ce que pourraient réaliser les A 310 dans un futur proche.

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    Christian Rio pilota une R5 Alpine groupe 2 dès 1978

     

    Cette année-là, Christian Rio s’était lancé un nouveau défi. Après deux saisons exceptionnelles au volant d’une Alfa-Roméo 2000 GTV groupe 1, Christian avait vendu son coupé Bertone dépassé face aux Opel Kadett GTE et aux Ford Escort 2000 RS pour se lancer dans le Challenge Renault en rallye. Si la planche à roulettes de la régie (expression nullement ironique mais au contraire pleine de sympathie) se montrait efficace, l’autobloquant la rendait difficile à piloter. Monté sur une traction, l’autobloquant tend à optimiser l’efficacité en passant la puissance sur la roue qui ne cire pas. En règle générale, il amène la voiture vers l’intérieur du virage lorsque le pilote accélère et vers l’extérieur lorsqu’il décélère. Il favorise un pilotage propre, mais s’il est brutal comme c’était le cas sur la R5 Alpine groupe 2, il rend la tâche du pilote assez pénible et le soumet à une vraie séance de musculation des avant-bras à chaque spéciale. Christian profita de la présence de Gérard Larrousse pour l’interroger sur ce problème. Le surcroît d’efficacité justifiait-il les désagréments causés aux pilotes ? Oui, répondit Gérard Larrousse. Nous avons fait des essais avec et sans autobloquant et les pilotes vont plus vite avec. Jean-Pierre Jaussaud en disposait sûrement sur la R5 Alpine engagée pour lui par le Team hollandais Vielle.

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     L’ambiance du Rallycross vous séduit ? Vous souhaitez la trouver dans une fiction ? C’est possible. Pour en savoir plus, cliquez sur :http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/08/30/un-roman-a-lohéac.html

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    Outre David Sarel, héros de fiction récurrent, vous retrouverez quelques acteurs réels du monde automobile qui joueront les premiers rôles ce week-end, à commencer par Stéphene Dréan, le pilote du Team Hervieux et Denis Vaillant, le patron du team.

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     Avant Citroën avec ses challenges ouverts aux Saxo puis C2, avant la coupe Renault Logan, d’autres constructeurs s’impliquèrent en Rallycross, notamment Simca et Fiat. En 1978, le  Challenge Fiat se déroulait sur des modèles 127. Fiat laisserait aussi les représentants de la presse en découdre sur ses voitures. La victoire reviendrait à un certain Segolen, mandaté par Ouest-France pour l’occasion je crois. Pilote pluridisciplinaire et sociétaire de l’Écurie Bretagne, il était déjà bien connu du public breton.

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    Segolen avait entamé la saison 1978 par une participation très brillante au Rallye de Monte-Carlo. Le mardi, il pointait en effet en tête du groupe 3 (GT de série) avec sa Porsche.

    L’exploit était d’autant plus remarquable que notre Dédé Gahinet régional (dit Segolen) n’avait encore jamais piloté en course sur la neige et que le parcours commun se déroulait sur des routes fort enneigées. Dédé occupait la 14ème place du général, juste derrière les gros bras engagés par les usines et équipés de monstres du groupe 4 et du groupe 2. Parmi ceux qui le devançaient au scratch figuraient les Jean-Pierre Nicolas (futur vainqueur sur une Porsche certes privée mais tout de même engagée par les frères Almeras), Jean Ragnotti et Guy Fréquelin sur les R5 Alpine groupe 2 officielles, Walter Röhrl, Michèle Mouton, Jean-Claude Andruet, Verini, tous sur des Fiat 131 Abarth, Bachelli sur Lancia Stratos… Le lendemain, Segolen qui ne disposait pas d’un nombre suffisant de pneus neige rétrograda à la 3ème place du groupe derrière Rouget et Rouby. Largement qualifié pour le parcours final, la fameuse « Nuit du  Turini », à laquelle seuls les 100 meilleurs étaient autorisés à participer à cette époque, il se classa finalement 28ème du classement général malgré une sortie de route dans le Turini justement. Il fut le seul pilote de l’Ouest à terminer. Tous les autres, parmi lesquels l’équipage Christian Galopin – Fabrice Malherbe sur Golf GTI ou encore Alain Beauchef sur Ford Escort 2000 RS durent abandonner. De la Porsche à la petite Fiat 127, sur le goudron, la neige ou la terre, Segolen savait faire claquer les chronos avec n’importe quelle voiture pourvu qu’elle ait quatre roues et un moteur…

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     La semaine prochaine, je reviendrai une nouvelle fois sur l’édition 1978 du Rallycross de Lohéac. Au programme quelques photos de GT en pleine glisse donc des Lancia Stratos, des Porsche et des Alpine !!!

    Texte et photos

    Thierry Le Bras

     

    (à suivre …)