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polars - Page 23

  • POLITIQUEMENT INCORRECT

    ALFA ST GOUENO 2005.JPGFICTION AUTOMOBILE
    Éric Trélor, personnage récurrent des Aventures de David Sarel raconte quelques souvenirs de reconnaissances de courses de côtes à son fils Fabien et à son ami Jeremy

    - Je me souviens par exemple de Plumeliau 1977 dans le Morbihan, expose le parrain de David. J’étais arrivé sur le site le vendredi soir avec Mikaël (1). La course se déroulait tout début juillet. Il faisait beau. Nous campions tous dans le parc fermé en bas du tracé. Ronnie et Luc étaient là aussi.
    - Tu avais l’Alfa à cette époque ? interroge Fabien, le fils cadet d’Éric.
    medium_ALFA_2000_GTV_2.2.jpg
    - Oui, confirme son père. Un coupé GTV 2000 groupe 1. Ronnie courait sur une Simca 1200 S groupe 3 et Luc sur une 1000 Rallye 2 groupe 1. Nous figurions tous les trois parmi les favoris de nos catégories respectives.


    medium_SIMCA_1200_S_RONNIE.jpg- Je suppose que vous avez commencé à reconnaître le vendredi soir ? demande Fabien.
    - Évidemment. Nous avons d’abord fait quelques montées avec nos voitures de tourisme.

    - Quels modèles ? questionne Jeremy, ami et navigateur de Fabien aujourd’hui. Je suppose que vous n’aviez pas des diesel qui se traînaient et sentaient mauvais.
    - Moi, j’avais un coupé Alfa 1600, Ronnie un coupé Peugeot 504 et Luc une R 16 TS. Nous amenions chacun un navigateur qui nous annonçait les notes comme en rallye. Puis au bout de quelques montées, lorsque nous connaissions par cœur, il se taisait.
    medium_504_COUPE.gif
    Mais les voitures de tourisme, même performantes, ne donnaient pas la même impression que les voitures de course préparées et équipées de slicks. En fin de soirée, il était donc fréquent que les pilotes tournent avec leurs voitures de compétition. Plaques masquées, équipées de pots d’échappement libre et de pneus lisses, les machines qui allaient en découdre le dimanche investissaient la route encore ouverte à la circulation.
    - Nous voulions préciser nos repaires de freinage, de trajectoire, préparer au mieux les montées chronométrées, précise Éric. Ce soir-là, nous nous sommes organisés conformément aux habitudes et usages. Nous montions les uns derrière les autres, nous faisons demi-tour en haut, nous redescendions la piste lentement en convoi, et nous repartions pour une nouvelle montée. Comme souvent, Luc s’est amusé à énerver Ronnie. Ils étaient très potes tous les deux, mais ils entretenaient une rivalité exacerbée. Alors, Luc se plaçait derrière Ronnie. Et au lieu d’attendre quinze secondes après le départ de la 1200 S, il démarrait juste derrière et lui montrait en le talonnant qu’il était un peu plus vite. De toute façon, les deux voitures n’étaient pas dans le même groupe.
    medium_RALLYE_2_1.jpgEn plus la Rallye 2 était un peu plus performante que la 1200 S et Ronnie sans doute légèrement moins rapide malgré un super sens de l’attaque et un cœur énorme. Voyant le jeu de Luc avec Ronnie, Jacques Dumoulin qui courait sur une Alfa 2000 GTV blanche s’est mis en tête de jouer au même jeu avec moi. Objectivement, c’est super énervant et ça multipliait les risques dans un exercice déjà dangereux.
    medium_ALFA_2000_GTV.2.jpgD’ailleurs, j’ai failli me sortir dans une grande courbe rapide. J’ai pris le bas-côté et je suis parti dans une série de travers que j’ai rattrapés par miracle. Merci Saint-Christophe. Du coup, Jacques a repris ses distances lors des montées suivantes. Ronnie par contre a fait croire à Luc qu’il s’arrêtait, puis il est reparti juste dans ses pare-chocs. Luc avait tellement peur de paraître moins bon que lui qu’il a fait des tas de petites fautes et que Ronnie a fini la montée collé à son pare-choc et persuadé qu’il allait lui coller une valise le dimanche. Ils ont parié sur leurs temps au scratch.
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    - Qui a gagné ? questionne Jeremy.
    - Luc, comme à chaque fois – ou presque - qu’il pariait sur une course ou un défi sportif avec Ronnie.



    - Trois semaines après, Luc lançait un nouveau défi à Ronnie. Faire la course à vélo sur le parcours de la course de côte. Ronnie était carrossier. Luc se préparait à devenir prof de sport. Il s’entraînait comme une bête dans des tas de disciplines, faisait du vélo l’été, du vélo d’appartement l’hiver. Ronnie n’en faisait pratiquement plus depuis sa première mobylette à 14 ans. Il a fait deux ou trois sorties pour se préparer, mais c’était insuffisant. Comme en plus il était très orgueilleux, il a voulu tenir à tout prix le rythme de son adversaire au départ.
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    Il s’est essoufflé et Luc l’a explosé sur la fin du parcours. Ils m’avaient demandé de venir les chronométrer, en contrepartie de quoi, j’étais aussi invité à dîner aux frais du perdant. Je me doutais bien du résultat et je ne m’en réjouissais pas parce que j’ai toujours beaucoup apprécié Ronnie. Luc était un copain, mais Ronnie était un véritable ami, un proche même.



    - C’était bien dans le caractère de Ronnie d’accepter n’importe quel pari, commente Fabien qui a bien connu Ronnie.
    medium_RALLYE_2_ORANGE.jpg
    - Tout à fait, complète son père. Une fois redescendus, au moment de remettre les vélos sur la galerie, Luc a lancé un nouveau défi à Ronnie. Je te laisse une chance à la lutte, a-t-il proposé. Si tu gagnes, on considère que c’est moi qui ai perdu et c’est moi qui paye la bouffe tout à l’heure.
    J’ai conseillé à Ronnie de ne pas tomber dans le piège. Il était costaud, mais Luc était plus fort que lui et ils le savaient tous les deux. Ronnie ne m’a pas écouté. Je n’ai pas insisté. Après tout, ils se mesuraient à la lutte, comme les lutteurs bretons qui s’affrontent dans le respect avant de partager le mouton dans la tradition d’amitié à la fin du tournoi. Ce n’était pas un combat de boxe ni un combat de rue. Personne ne se ferait mal. Ils s’aimaient bien tous les deux et ils venaient de faire équipe aux 100 tours de Magny-Cours sur la Rallye 2.
    medium_LUTTE.jpgLuc a laissé Ronnie gagner la première manche, histoire de le mettre en confiance afin qu’il accepte d’autres défis dans l’avenir. Il était très sûr de lui à ce jeu. Il a fait durer la manche et entraîné Ronnie au bout de l’effort avant de se laisser immobiliser. A la seconde manche, il a fait toucher les épaules par terre à Ronnie après l’avoir littéralement asphyxié pendant quelques secondes. A la troisième manche, il n’y a même pas eu de combat. Après la montée à vélo et deux premiers affrontements à la lutte, Ronnie était rincé physiquement alors que Luc était encore assez frais. Ronnie s’est retrouvé immobilisé par terre, le bras tordu dans le dos, le tout à la première prise et sans avoir trop compris comment ça lui était arrivé. Il n’avait plus qu’à s’avouer vaincu. Lorsqu’ils se sont relevés, Ronnie et Luc se sont fait copieusement insulter par une petite vieille qui passait par-là à vélo. Elle les a traités de voyous, de blousons noirs de gangsters (elle prononçait gangesters), alors qu’ils ne faisaient que chahuter un peu dans un esprit sportif. Ça leur faisait de l’exercice. C’était bon pour leur santé. J’ai essayé de lui expliquer qu’ils ne se battaient pas pour de vrai, que son petit coin de paradis n’était pas envahi par une horde de barbares assoiffés de sang prêts à sortir les armes blanches, que mes camarades s’amusaient, que c’était du sport, de la lutte, que d’ailleurs tout le monde allait dîner ensemble comme après les tournois officiels. Mais elle n’a rien voulu entendre. Au contraire, elle a usé d’un vocabulaire fort étendu dans le domaine des gros mots.
    - Le mari de la vieille n’a pas débarqué avec la fourche et le fusil ? s’enquiert Fabien.
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    - Pas de danger, répond son père. Le mari, il avait cassé sa pipe à mon avis. Elle l’avait usé et enterré depuis bien longtemps. La mort est une délivrance pour les hommes capturés par cette espèce de dragons. Et comme à cette époque, ils plongeaient dans l’alcool et le tabac pour oublier leurs bourreaux en jupons, leurs corps les trahissaient assez tôt et c’était finalement une bénédiction pour eux. Ces années-là, quelques dessinateurs humoristiques croquaient les mégères. Bichette, la femme de Lariflette, comme l’épouse de Hagar du Nord, faisaient un tabac dans Ouest-France. Et n’oublions pas les mémés de Jacques Faizant, ni Bonnemine, la femme du pauvre Abracracourcix, chef du fameux petit village gaulois qui résista vaillamment à l’envahisseur. En tout état de cause, la fureur de la vieille autochtone ne nous a pas troublés. Au contraire, nous étions morts de rire. Ronnie pour sa part était tout content d’avoir sauvé l’honneur en arrachant une manche à Luc, même si au fond de lui, il avait probablement compris le manège de son copain. Nous sommes allés dîner dans la bonne humeur, aux frais de Ronnie que ni la perte du défi ni la note du repas n’avaient traumatisé. A l’époque, tu faisais un très bon dîner au restaurant pour 50 Francs par tête, apéro et vins compris, soit moins de 8 euros.
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    - N’empêche que si nous reconnaissions les courses de côtes et les rallyes comme vous le faisiez à l’époque, on aurait des ennuis avec les riverains et les flics, plaisante Fabien.
    - Tu veux dire qu’on finirait en taule, précise Jeremy.

    - Sans doute, convient Éric. C’était une autre vie, une autre approche de l’automobile. Malgré nos folies, les riverains nous accueillaient bien, à part quelques exceptions comme la vieille sorcière. Certainement parce que les épreuves amenaient du monde sur les sites, faisaient fonctionner le commerce et créaient une atmosphère de fête. J’avais à peu près 22 ans à l’époque. Ronnie un an de plus, et Luc un an de moins. Nous étions un peu fous, insouciants, totalement inconscients du danger. Ronnie encore un plus que les autres, d’ailleurs. Luc et lui restaient un peu gamins, bien qu’intellectuellement et culturellement, ils étaient l’un et l’autre d’un bon niveau et qu’avec les filles, ils savaient y faire. Je ne conseillerais pas aux jeunes pilotes d’imiter nos comportements sur route ouverte, naturellement. Mais il faut reconnaître que nous avons vécu des moments complètement dingues et inoubliables, une belle jeunesse dans un temps où même « les un peu plus de vingt ans » pour parodier Aznavour ne se faisaient pas trop de soucis et ne doutaient de rien.
    - La fin des trente glorieuses ? intervient Jeremy.
    medium_PORSCHE_G_4.jpg- Oui, à peu près. Tout nous paraissait possible et beaucoup de choses l’étaient. C’était une très belle époque pour les gars qui en voulaient. Pas de problèmes avec les heures sup ni les primes au mérite. Des tas de gars qui exerçaient des jobs d’employés ou d’ouvriers arrivaient à courir. Ils n’étaient pas bloqués par des histoires de 35 heures ni le manque de travail. Du boulot et de l’argent pour ceux qui voulaient vraiment y arriver, c’était possible. Sale temps pour les feignasses, il faut bien l’avouer, mais une société ouverte et sympa pour les vrais battants. Nous nous sommes tous construit de belles vies à cette période. Je ne crois pas que nous pourrions réussir de la même façon aujourd’hui. Le coût de l’énergie, les contraintes de toutes sortes ont grippé beaucoup de mécanismes. Sans compter l’obsession des politiques pour une monnaie forte alors qu’un peu d’inflation a toujours boosté l’économie et la croissance. Sans oublier non plus les prétendues valeurs baba-cool qui commençaient à attirer la vindicte sur les plus actifs, ceux qui font marcher l’économie. Des non-valeurs qui produisirent des générations qui regardent ceux qui veulent réussir comme des illuminés nocifs.
    medium_DE_TAMASO.jpg- C’est sûr que les temps ont changé, soupire Fabien. Au lycée, il ne fallait pas faire part de ses ambitions professionnelles et sportives sous peine d’être mal vu. Même en fac, la plupart rêvent d’un job qui ne bousculera pas trop leur petite vie personnelle… Pour certains, donner le meilleur de soi-même, se battre dans le but de faire partie des meilleurs, c’est vouloir écraser les autres. Nous sommes dans la société des limitations de vitesse à tous les niveaux, celle qui pénalise et sanctionne les plus rapides, se moque de ceux qui veulent réaliser quelque chose qui sorte de l’ordinaire, qui prône l’alignement sur le plus mauvais, qui érige la médiocrité en valeur intrinsèque.
    - Vous avez l’air de considérer que les pilotes ont réussi mieux que les autres, constate Jeremy.
    medium_CAMARO_NOIRE_GDE.jpg- Pas tout à fait, corrige Éric. Je dis simplement que la société des sixties et des seventies offrait de vrais possibilités aux battants et que réussir en sport automobile, ça a toujours été dur, même à l’époque. Ceux qui avaient la force mentale de s’imposer parmi les bons dans ce sport étaient capables de réussir aussi très bien dans la vie professionnelle. Ce fut d’ailleurs le cas de Ronnie et Luc.
     (1) Mikaël Mermant, navigateur d’Éric en rallye

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    Partagez une des plus grandes de joies de Ronnie dans une vie et une carrière sportive qui ne ressemblèrent pas à un long fleuve tranquille, malheureusement pour lui : http://0z.fr/DwoeM

    NOTE MODIFIÉE LE 27 DÉCEMBRE 2014

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

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    LE PACTE DU TRICHEUR, un polar automobile que j’ai écrit pour vous avec Éric et son filleul David au Rallye des Volcans d’Auvergne :http://amzn.to/1jAhsoF

     

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    Thierry Le Bras

  • COURSE EN FÊTE (4)

    medium_SARDOU_AU_DAKAR.jpgMichel Sardou au Dakar

    1978 : un vent d’aventure souffle sur notre société. La Route du Rhum et le Rallye - Raid Paris - Dakar voient successivement le jour à quelques mois d’intervalle.

    Leurs promoteurs, Thierry Sabine et Michel Étevenon, apportent une part de rêve à un public amateur d’horizons lointains auquel les richesses matérielles de la société de consommation ne suffisent plus.

    Ils ne savent pas encore que ces événements deviendront de véritables mythes, des compétitions que les meilleurs voudront voir figurer à leur palmarès, mais aussi des rendez-vous qui fascineront les foules et mobiliseront tous les médias.
     
    medium_FLORENCE_ARTHAUD_RR_1978.jpgFlorence Arthaud au départ de la première Route du Rhum sur Xperimental. Elle se classera 11ème

    C’était il y a presque trente ans. Un autre siècle, une autre vie, une époque plus insouciante, plus avide d’aventure, de dépassement de soi-même que la société aseptisée qui tente de s’imposer depuis lors.

    1978 est aussi une date significative dans l’univers du Clan Vivia où évolue David Sarel, un des principaux héros récurrents de mes romans. Car si le premier tome des Aventures de David Sarel est sorti en 2005, les personnages de son univers ont un passé et, j’espère, un avenir. Or, dans ce passé de fiction, 1978 consacre l’engagement en compétition de la première Vivia, pilotée par Éric Trélor, le parrain de David. L’histoire passionnante des Automobiles Vivia est d’ailleurs largement évoquée dans « Circuit mortel à Lohéac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans », deux de mes thrillers. Des skippers de talent apparaissent dans ces aventures aux côtés des avocats-pilotes qui mènent l’histoire au rythme de courses folles contre des ennemis aussi sournois qu’impitoyables.

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    Laurent Bourgnon remportera deux fois la Route du Rhum, en 1994 et en 1998. Il s’illustrera aussi au Dakar

    Thierry Sabine ne le savait pas encore en 1978. Mais son épreuve attirerait des concurrents venus de tous horizons, y compris des animateurs de la course au large. Parmi eux, Laurent Bourgnon, deux fois vainqueur de l’épreuve, et Philippe Monnet, qui renouera avec ses premières amours, la voile, après s’être laissé séduire pendant plusieurs saisons par le rallye-raid.

    A la Route du Rhum 1998, Philippe entend s’entraîner sur l’Atlantique en conditions de course en vue d’un grand défi : effectuer un tour du monde en solitaire et sans escales dans le sens inverse du parcours du Vendée Globe, c’est à dire contre les vents dominants, dans les conditions les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Des périples extraordinaires, Jean-Louis Schlesser, Champion du monde 1998 de rallye-raid, en a connus beaucoup lui-aussi au cours de sa carrière de pilote automobile. Il tient à assister au départ de la Route de Rhum et vient soutenir son vieux complice Philippe Monnet qui l’a navigué - c’est à dire guidé - durant plusieurs années sur des milliers de kilomètres de pistes africaines dont celles du Dakar.

    Un voilier de course moderne se pilote, comme une voiture de compétition. Peut-être ce parallèle explique-t-il l’attirance de ces deux univers l’un pour l’autre.

    Mais parmi ses acteurs issus d’autres horizons, le Dakar n’a pas conquis que des skippers. Les vedettes du show-bizz sont aussi venues y chercher leurs doses d’adrénaline. Tout le monde se souvient encore de la participation de Johnny Hallyday secondé par René Metge. Johnny ira au bout malgré les difficultés. « Un vrai mec », témoignera son prestigieux équipier.

    Michel Sardou, l’autre monstre sacré de la chanson française, participa aussi à l’épreuve en qualité de navigateur de Jean-Pierre Jabouille en 1984 et 1985. Michel apprécie la vitesse, la compétition et l’ambiance bivouac. Il a fait les deux écoles, celle du spectacle comme celle du co-pilotage, et il n’a rien oublié. A sa première participation, il connaît la satisfaction d’une course dans le peloton de tête. La Lada Niva de l’équipage Jabouille – Sardou est quatrième lorsque le moteur casse. L’année suivante, Michel renouvelle l’expérience au côté de Jean-Pierre. Mais une nouvelle fois, la mécanique du pays de Vladimir Ilitch fait des siennes. Le temps d’une spéciale se sera écoulé, il aura passé pour rien. Puisqu’aucun Dieu du ciel ne s’intéresse à la Lada, Niva ne se relèvera pas, ses bielles sont devenues folles… Où sont passés les chemins de l’espoir ? Pas sur les pistes du Dakar 1985 en tout cas. Michel et Jean-Pierre rentrent à Paris. Quelques jours plus tard, le 26 janvier, Michel fête son anniversaire à Megève. Interviewé durant une émission télévisée sur ses impressions du Dakar, il répondra avec l’humour qui le caractérise :
    - Je dois être le seul concurrent du Dakar à être rentré du rallye en pleine forme, pas fatigué du tout !

    Michel Sardou ne reviendra pas sur le Dakar. Il tâtera toutefois des sensations fortes que procure un autre sport mécanique, le Off-shore. Il s’initiera à la discipline avec Didier Pironi et achètera un bateau à son professeur de luxe. Mais lorsqu’il apprendra la mort de Didier aux commandes du Colibri, Michel décidera de renoncer au off-shore et il mettra immédiatement son bateau en vente.

    En 2008, le concurrent issu d’une autre discipline que le public attendait avec impatience était le sympathique Brahim Asloum ( cf. http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/12/11/brahim-asloum-a-du-punch.html )

    medium_BRAHIM_ASLOUM.2.jpg« Je suis dégoûté, commente Brahim Asloum. Ce devait être mon premier Dakar et j’en attendais beaucoup en termes de sensations et d’expérience. En même temps, il faut rester raisonnable. Je pense surtout à tous ceux qui doivent être encore plus dégoûtés que moi. Beaucoup d’amateurs ont galéré pour boucler leur budget au dernier moment en investissant leurs économies. Pour eux, c’est une véritable catastrophe. »

    Mais aujourd’hui, la fête du Dakar s’est achevée. Les fans de Brahim ne le verront pas passer au volant de son 4x4 Nissan. Ils n’assisteront pas davantage aux exploits des autres pilotes. Ni les professionnels qui jouent la gagne, ni les amateurs qui se battent jusqu’à limite de leurs forces dans la réalisation du défi de leur vie. L’édition 2008 s’arrête au départ à Lisbonne. Les coups de boutoir conjoints des activistes islamistes, des écologistes radicaux, des autophobes inconditionnels, des indécrottables paresseux qui vilipendent le dépassement de soi, des imbéciles, atteignent un de leurs objectifs, tuer une des plus belles épreuves du monde.

    Mépris de l’Afrique, prétendirent certains ennemis de l’épreuve. Quelle erreur, quelle mauvaise foi, quelle déficience dans l’analyse, quelle stupidité. Quelle insulte à la mémoire de Thierry Sabine, à celle de Daniel Balavoine… Le Dakar s’est toujours associé à des actions humanitaires au profit de l’Afrique. Il a contribué à la faire connaître, à la faire aimer, notamment grâce à l’action des journalistes qui mirent leur talent non seulement au service de la couverture de la course, mais aussi à celui de la découverte d’un continent magique.

    « L’Afrique est un continent délaissé et il sera de plus en plus délaissé, même au niveau du sport, commenta Bruno Saby à l’annonce de la décision. Nous, on faisait du sport et de l’humanitaire en même temps. »

    Le pilote BMW X-Raid concluait sur un triste constat. « Plus aucun organisateur ne prendra le risque d’organiser une épreuve sur le continent africain ».

    Nous pourrions ajouter qu’aucun sponsor n’acceptera plus de participer au financement d’un concurrent, d’une manifestation sportive ou même culturelle en Afrique.

    Les ennemis du Dakar viennent d’assassiner l’organisation d’événements sur le continent africain. Honte à eux.

    Où se dérouleront les prochains rallyes-raids ? En Amérique du Sud ? En Australie ? en Russie ? Réponse dans quelques mois.

    medium_PHILIPPE_GACHE.jpg« Ça peut-être la fin de SMG (NDLR : son écurie), expose alors Philippe Gache. Le Dakar 2008 est consommé. Nous rentrons sans le sou en caisse. Je ne sais pas comment je vais m’en relever. J’ai tout investi dans mes neuf buggys, dont trois nouveaux… Je suis ruiné… Je pense mettre mes mécanos au chômage dès leur retour avant que mon entreprise ne meure, car tous mes clients vont vouloir le remboursement de leurs investissements et je suis incapable de les satisfaire… »

    Les petites équipes vont devoir affronter des difficultés juridiques et financières considérables. Toutes ne s’en relèveront pas. Celles qui financent leur activité par la location de voitures avec assistance à des pilotes perdent d’un coup leur chiffre d’affaires d’une année. Des dépôts de bilans interviendront. Des mécaniciens et des ingénieurs perdront leurs emplois. Les contrats conclus entre concurrents et sponsors seront contestés eux-aussi. Car les conventions passées avec les partenaires prévoient des obligations qu’elles ne respecteront pas, notamment au niveau de l’organisation de réceptifs à diverses arrivées d’étapes. Certes, les avocats justifieront la carence de leurs clients en invoquant la force majeure. Mais le mental des pilotes, des patrons d’écuries, des ingénieurs et des mécaniciens qui se lancent dans l’aventure, conduit le monde de la course automobile à se battre pour gagner et exécuter ses obligations, pas à demander assistance ni à chercher des excuses pour éviter d’aller au boulot !

    Les nouvelles publications de CIRCUIT MORTEL sont désormais mises en ligne sur http://circuitmortel.com

    NOTE MODIFIÉE LE 12 NOVEMBRE 2014

     

    GARE A LA MAIN DU DIABLE  un polar jeunesse ayant pour cadre une course au large en solitaire au départ de Saint-Malo http://bit.ly/1rSHgOi

     

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    Thierry Le Bras

  • DES GOÛTS ET DES COULEURS

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    La course automobile, le bonheur absolu !

    Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours considéré la course automobile comme quelque chose de très important dans ma vie. Durant mon enfance, mon héros était Jim Clark, pas une star du rock. Plus tard, j’ai suivi de très près les performances des pilotes de ma génération, notamment Didier Pironi.

    Les 24 Heures du Mans représentent à mes yeux une fête bien plus importante que Noël ou le 1er de l’An.

    J’ai couru quelques saisons en course de côte, et si j’ai rangé ma combinaison malgré des victoires de classe régulières, ce fut uniquement à cause des difficultés à concilier la course avec mes obligations professionnelles et le budget de plus en en plus important qu’elle exigeait.
     
    La course avant tout

    Jean-Luc Pailler, le plus titré des pilotes de Rallycross, qui a préfacé l'édition 2005 de mon roman Circuit Mortel à Lohéac, m’a dit un jour, « on n’a que de bons souvenirs en course automobile ». C’est bien ce que je pense aussi.

    Ce n’est pas par hasard si j’ai réalisé la biographie officielle d’Olivier Panis et si plusieurs héros récurrents de mes romans, à commencer par David Sarel, évoluent dans le milieu du sport automobile.

    Mais tout le monde ne considère pas la course de la même manière. Les recettes du bonheur ne sont pas universelles. Une séance de dédicaces à la Bibliothèque du Lude m’en apporta une nouvelle preuve. Une semaine avant les 24 Heures, j’étais invité à présenter mon roman  Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans. Le scénario tourne autour de la participation d’une écurie aux 24 Heures. Le dénouement intervient pendant l’épreuve. Donc, tour naturellement, la discussion s’orienta autour de la course et des pilotes.

    Incroyable mais vrai

    Un journaliste sarthoise fit part de ses observations sur la façon dont la course était vécue par les femmes de pilotes et leurs enfants. La problématique est abordée dans mon roman dans la mesure où les comportements des épouses des pilotes de l’écurie diffèrent. Certaines acceptent très bien cette vie. D’autres en souffrent. Et mes pilotes, qui sont par définition des égoïstes comme tous ceux qui pratiquent ce sport, ne renonceront pas à la compétition. Elles le savent très bien.

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     L’intervenante nous raconta sa propre expérience. Elle n’est pas mariée à un pilote, mais fille de pilote. Et là, son opinion fut comme un choc. Son père, chef d’entreprise, connut des hauts et des bas, comme la plupart des patrons. Lorsque les affaires marchaient fort, il courait et envoyait ses enfants dans les meilleures écoles privées. Mais lorsque le commerce se ralentissait, il vendait la voiture de course et inscrivait sa progéniture à l’école publique de la petite commune où habitait la famille.

     « Nous, les enfants, nous préférions les périodes de vaches maigres à celle de vaches grasses,témoigna cette dame, par ailleurs charmante et excellente conteuse. Quand mon père n’avait pas d’argent, nous étions tous à la maison. Nous allions en classe avec nos copains. Nous passions les week-ends tous ensemble. Quand il en avait, on ne le voyait presque plus, il passait les week-ends par monts et par vaux. Un soir, je suis rentrée à la maison et j’ai vu une Ferrari dans la cour. J’étais désespérée. Ça voulait dire pension en perspective et papa parti tout le temps. »

    Moi qui aurais été si fier et si heureux que mon père fasse de la course automobile quand j’étais gamin ! J’avais du mal à en croire mes oreilles. Chacun sa vie, chacun son chemin. Mais le monde est souvent mal fait. Il apporte aux uns de prétendues satisfactions qui font leur malheur alors qu’elles auraient rendu d’autres fous de joie. Éternel problème de la réciprocité, comme en amour. Combien d’épouses d’hommes ayant bien réussi n’entendons-nous pas se plaindre qu’elles étaient beaucoup plus heureuses avant parce qu’elles voyaient davantage leur mari, qu’elles se sentaient utiles,qu’elles trouvaient leur place alors qu’elles se sentent perdues dans l’univers qu’il a conquis ?

    NOTE MODIFIÉE LE 25 JUIN 2013

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    Souvenirs de courses de côtes

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/11/17/course-de-cote-de-neuvy-le-roy-un-bon-souvenir.html

    Sensations F1, au cœur de l’action

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2006/03/12/f1-sensations.html

    Lecture automobile gratuite  http://0z.fr/MkBH9

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    Thierry Le Bras