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F1 SENSATIONS

Au cœur de l’action avec un champion du monde

f1,fiction

« Les personnages de fiction vivent, non seulement dans l’esprit de leur créateur, mais aussi dans un monde parallèle où ils entraînent les lecteurs », écrivit Serge Dalens. Ce que le pilote français Freddy Vivien rapporte au journaliste Sébastien Ménier est donc vraiment arrivé.

 

Freddy Vivien, un des héros de Circuit mortel à Lohéac, et Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans, fut un des pilotes de Formule 1 les plus brillants de sa génération (il est né en 1952 et remporta plusieurs titres de Champion du monde). Le lecteur observera que héros  de fiction issus du Clan Vivia et pilotes réels se mêlent dans l’univers des aventures de David Sarel. Freddy répond ici une nouvelle fois aux questions du journaliste Sébastien Ménier, un personnage qui joue un rôle important dans les plusieurs épisodes des Aventures de David Sarel.

 

SM : Freddy, que ressent-on au volant d’une Formule 1 ?

FV : C’est dur à décrire. Piloter une F1, ça ne se raconte pas, ça se vit. Un champion de rallye a dit un jour que la seule chose qui pouvait donner autant de sensations que le pilotage d’une voiture de course, c’était l’orgasme. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne la F1.

 

SM : Qu’est-ce qui rend les sensations si fortes ?

FV : une F1 se propulse de 0 à 200 en 5 secondes. Au début des années 80, nos voitures étaient équipées de jupes latérales coulissantes qui créaient un effet de sol. L’adhérence était incroyable, mais la voiture pompait et vibrait en permanence. La brutalité des réactions était absolument inouïe. Mais cela procurait aussi beaucoup de plaisir.

 

SM : Le pilotage se révèle donc éprouvant ?

FV : Plus encore que tu ne le crois. Piloter une F1, c’est affreux au plan physique. Cela soumet ton corps à une vraie torture. Tu encaisses 4 à 5 G latéraux dans les courbes rapides. Dans un freinage violent au bout d’une longue ligne droite, la moitié du sang que contient ton corps descend dans les jambes. Le tout par une température de plus de cinquante degrés dans le cockpit.

 

SM : Dans quel état finis-tu la course ?

FV : Fatigué, surtout si il a fait chaud. Dans ces cas-là, tu as pu perdre trois ou quatre kilos. Tu les reprends très vite. En deux jours au maximum. La température du corps d’un pilote monte parfois jusqu’à 39,5° pendant une course. On a vu des gars au bord du malaise à l’arrivée. Avant les Grands Prix les plus caniculaires, notamment l’Argentine et le Brésil, nous nous préparions à supporter la chaleur en jouant au tennis en plein midi avec des combinaisons de pilotes. Autant te dire qu’on transpirait bien.

 

SM : Et le cœur ?

FV : Il est solide, sinon tu fais de la pétanque. Les pulsations cardiaques montent à 180 au moment du départ, dans certains dépassements et en cas de sortie de piste.

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SM : Comment te préparais-tu physiquement ?

FV : En faisant de la musculation, du tennis, de la natation. En fait, rien ne permet de préparer parfaitement ton corps aux contraintes spécifiques de la F1, à part l’enchaînement de tours au volant d’une F1. Au cours de ma première saison dans la discipline, j’ai pris 2 centimètres de tour de cou. Pourtant, je faisais déjà beaucoup de sport avant. Daniéla (NDLR : Daniéla Merle, la célèbre comédienne qui est l’épouse de Freddy) plaisantait en me disant qu’il fallait que j’achète des chemises neuves. Pendant l’hiver, j’avais même fait de la musculation et tourné en kart avec un casque sur lequel j’avais fait souder une altère. Ce n’était pas encore suffisant pour reproduire l’effort du cou dans une F1.

 

SM : Et les bras ?

FV : Soumis à rude épreuve eux-aussi. Mais c’était plus facile de travailler la musculation des bras que celle du cou. A l’époque où je courais, les monoplaces n’avaient pas de direction assistée. Il fallait tirer fort sur le volant. Si tu regardes des photos du début des années 80, tu remarqueras que des gars comme Didier Pironi, Keke Rosberg, Alan Jones, Jean-Pierre Jarier ou moi étions plutôt costauds. Au bout du bras, la main droite souffrait également. Nous changions encore les vitesses avec un levier. Il était précis mais très dur. Sur les circuits les plus sinueux, tu changeais de vitesse plusieurs centaines de fois pendant la course. A l’arrivée, la paume de ta main droite était en sang. Pas question de faire du tennis les jours suivants.

 

SM : Felipe Massa a évoqué les termes de KO tous les quarts d’heure en commentant le déroulement  des qualifications. Qu’en penses-tu ?

FV : Si Felipe compare la F1 à la boxe, je suis d’accord. La F1, c’est violent comme une bagarre de rue. Tu entres dans le milieu en poussant un autre pilote hors du ring, tu t’y maintiens en tenant ceux qui veulent piquer ta place à distance, et tu gagnes les courses et les championnats soit aux points, soir par KO. En qualifications, tu conquiers désormais ta place sur la grille par éliminations successives. Comme la voiture te secoue autant qu’un sparring-partner, la comparaison avec la boxe me paraît très pertinente.

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SM : As-tu des anecdotes à nous raconter sur les contraintes physiques d’une F1 ?

FV : J’en ai une effectivement. Une fois, au Grand Prix d’Angleterre, j’étais second à deux tours de l’arrivée. Mes pneus se dégradaient. La voiture vibrait de partout. Elle faisait un bruit infernal. Ma vision devenait floue tant les vibrations étaient violentes. Mon stand m’a demandé de rentrer parce que le team manager craignait que cela devienne dangereux, qu’un pneu éclate à 320 à l’heure. Je ne l’ai pas écouté. Puis la radio s’est déréglée à cause des vibrations. A l’entrée du dernier tour, je rattrape une autre voiture. Tout vibrait tellement que je n’ai distingué qu’une espèce de masse avec du bleu, du jaune et du rouge. J’ai cru revenir sur un attardé. Je me colle en aspiration et je déboîte. Le gars essaie de résister. Nos pneus se touchent au freinage. Je suis à l’intérieur. Il est obligé de me laisser passer. Je me dis que ce mec est gonflé d’essayer de m’empêcher de passer alors que je lui prends un tour et que je vais monter sur le podium. Je franchis le drapeau à damier. Je ralentis, les vibrations s’atténuent. Je commence à revoir le monde qui m’entoure plus distinctement. Le gars que j’ai doublé me rattrape et se place à mon niveau. Il me fait un signe, pouce en l’air, pour me féliciter. Là, je le reconnais. C’était le leader de la course jusqu’à ce que je le dépasse. Je réalise que je viens de remporter le Grand Prix d’Angleterre. Mon rival aussi commençait à avoir des problèmes de pneumatiques. Il avait ralenti et n’avait pas imaginé que je reviendrais dans ses roues et que j’oserais l’attaquer alors que son stand l’avait informé que mes pneus étaient en lambeaux. Quant à moi, ma voiture vibrait tellement que je ne voyais qu’une masse de couleurs et que je ne l’avais pas reconnu en me battant avec lui !

 

Note modifiée le 07 septembre 2012

 

QUELQUES LIENS A SUIVRE

 

Les personnages de fiction vivant dans un univers, ils ont un passé, comme vous et moi. Ainsi, vous pouvez retrouver ces personnages de fiction à d’autres époques de leur vie dans mes polars et nouvelles

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 En 1964, Freddy Vivien était collégien et impliqué dans une histoire où un de ses meilleurs copains était en danger de mort. L’histoire est fidèlement rapportée dans une des nouvelles qui composent 7 Nouvelles pimentées, mon dernier ouvrage. Dans une autre histoire de ce livre, Sébastien Ménier enquête quant à lui auprès de David Sarel, un de mes héros récurrents

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/06/06/7-nouvelles-pimentees.html

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 Adolescent, Seb se mit aussi en danger pour tenter de découvrir la vérité sur les incidents et accidents qui s’abattaient sur un skipper avec qui  il avait sympathisé. J’ai raconté l’affaire dans un polar jeunesse. : http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-nouveaute-polar-81824882.html

Thierry Le Bras

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