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fiction - Page 2

  • RECETTE DE CRIME PARFAIT

    le pilote prépare l’addition (salée) de la morue

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     Voici venue l’époque de la seconde Fête nationale de la gastronomie.

     

    Circuit Mortel a toujours souligné le goût des gentlemen drivers et des amoureux du Vintage pour les plats de choix, les restaurants conviviaux et l’humour exquis qui marient le vocabulaire gourmand avec celui de la compétition automobile.

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     L’occasion rêvée de vous offrir une courte fiction épicée où l’avocat-pilote  David Sarel, héros récurrent de plusieurs romans et nouvelles, va très vite suspecter le crime parfait perpétré contre son père par sa seconde épouse, Soizick, une créature cupide qui fait des salades et ne saurait recevoir sobriquet mieux approprié que « morue à la sauce piquante ».

     

    Dur à digérer


    Cette année-là, le Championnat d’endurance auquel participait le Team Vivia comprenait une épreuve de 6 heures à Imola au mois de Mai. Bien que le circuit soit conforme aux normes de sécurité, il conserve une mauvaise réputation depuis le terrible week-end du 1er mai 1994 où Ayrton Senna y perdit la vie.

     

    - Tous les pilotes y pensent lorsqu’ils roulent ici, avait avoué David quelques heures plus tôt à son ami Sébastien Ménier, journaliste au groupe GPMLP.

     

    L’interview se déroulait par téléphone. Sébastien appelait depuis le siège de Total Infos à Paris. Les propos de David passeraient au JT de 20 heures avec pour illustration une photo de lui installé dans le baquet de la Vivia Super GT dont il partageait le volant avec ses équipiers Denis Grenier et Yvonnick Le Squernach.

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     Sébastien n’avait pas trouvé David dans son assiette lors de leur conversation. Nick Vareski, le meilleur ami de David, l’accompagnait à Imola. Lui-aussi avait observé que David semblait moins heureux que d’habitude sur le circuit. Le pilote avait reconnu se sentir un peu fatigué. Sans doute les conséquences de l’emploi du temps démentiel qu’imposait la compétition à un haut niveau tout en continuant à exercer son métier d’avocat.

     

    Nick était très ouvert aux concepts de communication de pensée, de prémonition, de pouvoirs de l’esprit que la science ne permet pas encore de maîtriser bien qu’elle reconnaisse que les humains n’exploitent sciemment qu’une faible partie des potentialités de leur cerveau. Il redoutait confusément  que le week-end ne s’annonçât pas sous les meilleurs auspices.

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     Le vendredi après-midi, les pilotes participaient à une séance d’essais libres. Les qualifications auraient lieu le lendemain et la course le dimanche. Les trois pilotes se relayaient au volant pour parfaire la mise au point de leur GT avec laquelle ils comptaient bien bouffer les Corvette, Aston et autres Maserati. Lorsqu’il montait dans l’auto, David confiait son téléphone portable à Nick.

     

    Nick décrocha avec une pointe d'angoisse mais sans méfiance particulière lorsque l’appareil sonna.

     

    - Maître Sarel ? interrogea une voix molle et gênée.

     

    - Non, mais je peux prendre un message répondit Nick en imaginant un interlocuteur aussi énergique qu’un plat de nouilles cuites à l’eau sans le génie des cuisiniers italiens.

     

    - C’est délicat. Vous pouvez me le passer ?

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     Nick expliqua que c’était impossible. La participation de David à des compétitions automobiles n’était pas secrète. Au contraire, l’avocat l’utilisait subtilement comme un vecteur de communication afin de mettre en avant sa combativité et son sang-froid, qualités précieuses chez un avocat. Faire appel à Maître Sarel, c’était s’assurer le talent d’un chef qui cuisinait l’adversaire avant de le servir en hachis à ses clients assoiffés de vengeance.

     

    - Je suis maître Lâne, notaire, se répandit le plat de nouilles. Je voudrais que maître Sarel me rappelle dès que possible. Si vous pouviez faire arrêter sa voiture…

     

    - Hors de question ! répliqua Nick. Dites-moi ce qui se passe et je le préviendrai dès son retour au stand si c’est urgent.

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     - Monsieur Grégoire Sarel, son père, est décédé, lâcha Lâne. La délicieuse madame Sarel, sa veuve, organise les obsèques religieuses lundi. Je suis chargé de régler la succession. Malgré l’inexistence de relations entre eux, madame veuve Sarel m’a chargé de prévenir son fils et de le convier à la cérémonie.

     

    Nick savait tout des relations difficiles entre David et ce père maintenant disparu. La manière dont Grégoire avait été retourné comme une crêpe par l’ex entraîneuse de bar à putes, surnommée la morue, qui lui servait de seconde femme, la façon dont il avait chassé de sa vie  tous ses proches, y compris son fils David, pour satisfaire l’appétit d’argent insatiable de la pilleuse de patrimoine, les tentatives d’assassinat (1) commanditées par l’horrible mégère contre David, ses manipulations, son manque total de respect de son mari, ses amants… La dernière madame Sarel ne méritait pas l’appréciation « délicieuse » employée par son interlocuteur. Ah non alors. Elle était pourrie jusqu’à la moelle, la bestiole.

     

    - Comment Grégoire Sarel est-il mort ? questionna Nick, malgré tout ému par la nouvelle et conscient  qu’une fois de plus, ses mauvais pressentiments ‘étaient pas vains.

     

    Le plat de nouilles pataugeait dans la choucroute. En outre, les hurlements rageurs des bolides déboulant devant les stands rendaient la conversation difficile. « Putain, David avait raison, songea Nick. Cette salope a fini par coller le bouillon de onze heures à son vieux mari pour s’en débarrasser. » Ce plat de soupe ne va rien me dire. De toute façon, pour avoir été choisi par la marâtre, c’est forcément un fruit pourri. Il va m’envoyer me faire cuire un œuf. Mais contrairement à ses craintes, le fossoyeur d’intérêts des héritiers légitimes ne le laissa pas mariner.

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     - Cancer du fumeur, finit-il par répondre, soulagé au fond de ne pas avoir à servir directement le plat amer à Maître Sarel. Ainsi, celui-ci aurait digéré la nouvelle s’il le rappelait et la conversation serait moins pénible.

     

    - Je ne peux pas vous en dire plus, ânonna Lâne. Je dois tout de même réserver la primauté de certaines informations à Maître Sarel. Vous croyez qu’il tiendra le coup ? Ce serait bête, n’est-ce pas, qu’il ait un accident sur un circuit ce week-end et se tue juste après la mort de son père.

     

    - Ne vous en faites pas pour lui, c’est un dur à cuire, maugréa Nick, toujours convaincu avec raison qu’un conseiller de l’ignoble morue ne pouvait être par définition qu’un ennemi mortel de son ami David. Tout le monde sait à quel point votre cliente aimerait voir son beau-fils aller sucrer les fraises, mais attendez-vous plutôt à ce qu’il lui serve un de ces jours sa spécialité, la vengeance, un plat succulent quand il se mange froid.

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     Après que Nick eût raccroché, Lâne s’envoya un Gin Tonic derrière la cravate. Le menu promis ne lui disait rien qui vaille. Il pressentait l’indigestion d’emmerdements.

     

    Des salades pour l’avocat

     

    Nick ne demanda pas à Yves Taden, chef mécanicien de la voiture de David, de faire arrêter la GT avant la fin de la série de tours prévue. Cela n’aurait servi à rien. Il était trop tard pour Grégoire Sarel parti vers un autre monde. Il laissa même son ami enlever tranquillement son casque, boire un peu d’eau et s’éponger le visage avant de l’entraîner derrière le stand.

     

    - Je ne savais même pas qu’il était malade, soupira David. Il ne m’a pas prévenu. Personne de son entourage ne l’a fait non plus. Les familles recomposées nouveau modèle social ? Tu parles, des familles décomposées oui… Enfin, sans doute pas tout le temps non plus, mais au moins quand une trainée sortie du caniveau pêche un mec qui a réussi dans ses filets et le conditionne à sa sauce.

     

    - Qu’est-ce que tu vas décider pour les obsèques ? s’enquit Nick. On y va tous avec nos femmes et nos amis ou tu boycottes ?

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     - Des obsèques religieuses, c’est une provoc à gerber ! s’indigna David. Moi, je suis croyant, mais n’oublie pas que Grégoire était athée. Les églises, c’était pas son truc. Tout le monde le sait. La morue veut insulter sa mémoire et lui infliger une humiliation de plus, fût-ce post-mortem. Comme quand elle l’avait amené à la Cathédrale de Rennes à la messe de minuit, juste histoire de montrer à toute la bourgeoisie du cru comme il lui mangeait dans la main. Si je ne me retenais pas, lundi, c’est des châtaignes que j’irais leur coller dans la poire, à elle et aux petits gorets qu’elle a sortis de ses entrailles depuis qu’elle a harponné mon père.

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     Quelques minutes plus tard, l’entretien téléphonique entre David et le notaire de sa marâtre fut agité. Comme la vinaigrette avant de la servir. L’avocat pilote reprocha vertement les salades qu’avaient préparées le vieux crabe et sa mandante. Le rond de cuir fit monter la mayonnaise. L’ébauche de la carte du notaire quant au menu de la succession, officiellement  aussi légère qu’une crème 0%,  confirmèrent  les magouilles que David prévoyait depuis toujours. Soizick, l’escroc en jupon, avait trouvé un aide de cuisine successorale complaisant pour mijoter ses malversations à petit feu.

     

    Mais la colère monta au nez de David comme de la moutarde forte quand le notaire laissa filtrer d’un ton badin une information qui n’avait rien d’anodin.

     

    - Rassurez-vous, votre père ne passera pas par l’église. Il a été incinéré. A l’heure qu’il est, ses cendres ont été dispersées dans une rivière des Côtes d’Armor. Je ne sais plus laquelle…

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     - Sans que j’aie été consulté ! rugit David d’un ton qui fit pressentir à son interlocuteur qu’un jour ou l’autre, il se trouverait sur le grill. C’est intolérable et je saurai m’en souvenir, n’en doutez pas. Grégoire s’est fait rouler dans la farine par ce monstre qui vous pétrit à sa façon, balança-t-il au plat de nouilles qui l’écoutait, désormais rouge comme une tomate. Elle l’appelait mon petit sou à la crème d’oseille et il n’en faisait même pas un fromage. Moi c’est différent, je vous préviens; Je n’avale pas n’importe quoi. Comme vous l’a annoncé mon ami Nick, j’adore la vengeance, ce plat exquis qui se déguste froid, quand certains tentent d’oublier qu’il reste au menu.

     

    La recette du crime parfait cuisinée par un QI d’huître

     

    Nick et David partageaient la même chambre à l’Hotel Cavalieri Viaggiatori, un établissement proche du circuit.

     

    David ne trouvait pas le sommeil. Nick et lui discutèrent jusque tard dans la nuit.

     

    - Quelque chose m’interpelle, confia David. Grégoire meurt mercredi et je suis prévenu aujourd’hui, c’est-à-dire deux jours plus tard. Le notaire a prétendu qu’il avait eu du mal à me joindre. C’est me prendre pour un lapin de six semaines. D’accord, il n’avait pas forcément mon 06 en mémoire, mais s’il avait appelé le cabinet en arguant d’un problème familial grave, j’aurais été prévenu sur le champ. Il pouvait me joindre immédiatement, mais il ne voulait pas m’avertir plus tôt.

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     L’avocat pilote appelait toujours son géniteur Grégoire ou mon père. Il était incapable de prononcer le mot papa.

     

    - J’y ai pensé aussi, dit Nick. J’attendais un peu avant de t’en parler. Je crois que je devine ton raisonnement.

     

    - Clair comme de l’eau de roche, reprit David. D’accord, avec son cancer, Grégoire était cuit. Mais d’après ce qu’a laissé échapper le notaire, il travaillait encore dans sa chambre d’hôpital une heure avant son décès et il n’avait jamais eu de perte de connaissance.

     

    - Tu penses que…

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     - La morue a usé de son instinct de prédateur. Elle a voulu l’empêcher de mener des opérations auxquelles il tenait avant sa mort, sans doute une donation à mon demi-frère pour le mettre à l’abri de sa sœur et de sa mère, peut-être aussi quelque chose à Justine (2) pour qu’elle veille sur lui. La morue est si cupide qu’elle n’aura pas supporté de voir le moindre euro lui échapper. Elle lui a collé une overdose de calmants ou elle l’a étouffé pour l’empêcher d’exécuter ses projets.

     

    - L’hôpital a laissé passer…

     

    - Évidemment. Ils ont probablement eu des doutes. Mais ils se sont dit que Grégoire s’était suicidé avant la fin ou que sa femme l’avait aidé à partir avant la fin. Et surtout, ils ont eu peur du scandale. Un meurtre dans leurs murs, ça aurait fait désordre. Mieux valait couvrir une criminelle que risquer une enquête et des emmerdements avec des héritiers.

     

    - Et tu n’y crois pas…

     

    - Pas une seconde. La crémation expresse et la dispersion immédiate des cendres dans la foulée, c’est un aveu de culpabilité. Si la morue n’avait pas eu peur que je déclenche une autopsie ou une analyse des cendres, elle n’aurait pas pris la peine de me faire prévenir juste au moment où je ne pouvais plus provoquer l’intervention d’un médecin légiste ni de la police scientifique.

     

    - Qu’est-ce que tu vas faire ? interrogea Nick.

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     - Faire mijoter la morue aux petits oignons. Me venger à petit feu. En toute légalité. Je vais recueillir des preuves, en utiliser quelques-unes, en conserver d’autres en réserve. Et tout à coup, au moment où elle s’y attendra le moins, lui servir ma vengeance, un plat qui se mange froid. Là, je mordrai comme un cobra. Je l’enverrai au placard et elle n’aura plus de blé, plus un radis. Le pire qui puisse lui arriver. Elle va déguster.

     

    - Tu te sens en état de piloter ce week-end ?

     

    - Oui, ne t’en fais pas. Michèle Mouton a pris le départ d’un rallye du championnat du monde alors que son père venait de s’éteindre. Bien, sûr, la disparition de Grégoire me fait de la peine. Mais je sais comment il était, comment il utilisait tout le monde et n’agissait que dans l’intérêt de la morue. Même ses meilleures copines, il les manipulait. Il faisait mariner des pauvres filles qui fondaient d’amour pour lui jusqu’au moment où elles se rendaient compte qu’elles comptaient pour du beurre et servaient d’ersatz à la morue … Je sais aussi que si c’était moi qui étais mort, juste après la surprise, sa première pensée aurait été « ma petite Soizick chérie va être contente ». Il n’aurait eu aucun scrupule à sabler le champagne avec elle pour fêter ça.

     

    - Quand même pas, objecta Nick.

     

    - Si, hélas, soupira David. Je ne dis pas qu’il n’aurait pas été attristé, mais je suis sûr qu’il aurait fait ce que voulait la morue, y compris fêter ma disparition et qu’au fond de lui-même, il se serait dit « Soizick est contente, donc tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles ».

     

    Nick n’insista pas. Il savait que Grégoire, ensorcelé par la morue, avait été capable du pire. Cette créature démoniaque avait transformé un homme plutôt généreux à l’origine en authentique diablotin. Il préféra aborder un autre sujet.

     

    - Toi, avocat, tu confirmes que le crime parfait existe et qu’il peut se passer tout près, à notre porte ?

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     - Bien sûr, conclut Nick. Le crime parfait, c’est celui qui ne provoque pas l’ouverture d’une enquête. Je suis convaincu qu’il s’en exécute plusieurs milliers par an, rien qu’en France. Dans l’inconscience due à son QI d’huitre, la morue a beau être bête à bouffer du foin, elle a trouvé une des recettes du crime parfait. Occire un être en état de faiblesse, un malade ou une personne âgée. Dans le doute sur ce qui s’est réellement passé et dans le souci d’éviter les complications et un scandale, le médecin délivre le permis d’inhumer sans provoquer d’autopsie. Il ne reste plus à l’assassin qu’à faire incinérer le corps et à disperser les cendres avant que les autres membres de la famille apprennent le décès. Ignoble, infâme, méprisable, vil et bas, mais efficace…

     

    - Terrifiant, se désola Nick...

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    (1) une des tentatives d’assassinat émanant de l’entourage de la morue est rapportée dans Circuit Mortel, un polar au cœur de la course automobile http://bit.ly/29fHooI

     

    (2) Justine Sorbet, amie de Grégoire Sarel. Elle est un perosnnage du Retour du père proscrit, délice de coke fort de café, une des histoires composant 7 Nouvelles pimentées,

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-nouveaute-recueil-de-nouvelles-106512895.html

     

    (3) les soupçons d’assassinat formulés par David contre sa marâtre deviendraient de plus en plus forts au fil du temps et parallèlement, la morue formerait avec un amant peu recommandable de nouveaux projets de meurtre ; Quelques scènes dans un autre polar mijoté à ma sauce rédactionnelle

    http://sebsarraude.tumblr.com/post/23431276990/chicanes-et-derapages

     

    La cuisine de la morue a toujours été indigeste

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/01/22/recette-de-morue.html

     

    Quand les pilotes automobiles s’intéressent à la gastronomie

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2011/09/13/morue-sauce-piquante-au-menu-du-pilote-automobile.html

     

    Une cuisine automobile et gastronomique sympathique au bon vieux temps vintage http://bit.ly/2cMh4XA

     

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    @ThierryLeBras2

     

    Thierry Le Bras

  • LE CLIN D’ŒIL DE PHILIPPE GEORJAN A LA R8 GORDE (4)

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    Héros d’une prochaine série de romans Vintage, Philippe Georjan est un personnage de fiction qui adore l’automobile et la compétition. Adolescent durant les sixties, jeune homme à la période des seventies, il s’avoue nostalgique de cet âge d’or de l’automobile. La R8 Gordini réveille quelques anecdotes croustillantes dans sa mémoire. Parmi elles, les pérégrinations d’un jeune amateur surdoué, Vanvan la bonne pâte, victime des malversations de l’escroc Jean Curbeau, un pilote pourri jusqu’à la moelle qui lui a vendu une R8 Gorde non conforme. Mais comme nous sommes dans un univers de fiction, tout est permis, y compris une fin morale où le pilote le plus tricheur de l’époque est puni. Donc, dans cette histoire, il n’est pas si sûr que le gibier de potence l’emporte au paradis.

    (pour découvrir le début de l’histoire, cliquez sur les 3 notes précédentes)

     

    Comme les fables de La Fontaine, l’histoire du Curbeau comporte tout de même une morale bien que son vainqueur ressemble plus à un lion qu’à un renard, à un super puissant en vérité, mais un homme qui n’avait pas oublié certaines valeurs de base.

     

    L’anti-héros que Jean Graton aurait pu intégrer aux Texas Divers dans un album de Michel Vaillant tant il était intégralement et foncièrement mauvais finit par payer ses crimes. Les sales types récidivent toujours. Et parfois, ils finissent quand même par se faire prendre, au moment ou personne n’y croyait plus.

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    Nous pensâmes un moment que la révélation au monde de la course automobile des tricheries de Curbeau avec sa R8 Gordini et de l’imposture de son palmarès sur cette voiture mettrait fin à sa carrière de pilote. Que nenni ! Aussi escroc dans les affaires que sur les pistes, Curbeau parvint de manière totalement inattendue à monter un programme avec une grosse auto pour la saison 1973. Une énorme société de promotion immobilière très en vue associa sa marque au tricheur.

     

    (NDLR : rappelons que ceci est une FICTION. Toute ressemblance avec des personnes comme avec des situations existant ou ayant existé serait naturellement le fruit du hasard. De toute façon, dans la réalité, la malhonnêteté viscérale et ignoble du Curbeau aurait probablement triomphé de tout)

     

    Nous l’ignorions encore, mais tous les ingrédients d’un nouveau scandale venaient de se mettre en place.

     

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     Ce fut sur une R 12 Gorde, que le narrateur, Philippe Georjan, débuta comme pilote en compétition après quelques épreuves comme navigateur de son ami Xavier Ferrant

    Je me souviens très bien de l’affaire car elle éclata lors d’un rallye dans l’Ouest au printemps 1973 et qu’il s’agissait d’une des premières courses auxquelles je participais au volant de ma R 12 Gorde avec mon cousin Laurent comme navigateur. Inutile de préciser que nous faisions partie des irréductibles qui ne saluaient ni Curbeau ni les membres de son équipe. De toute façon, il ne cherchait pas à nous parler non plus. C’était ma première saison de compétition comme pilote. Les frères Tourquen avaient la gentillesse de nous faire partager leur expérience lors des reconnaissances et leurs mécaniciens aidaient aussi les copains qui nous faisaient l’assistance à s’organiser. Curbeau nous avait vus à plusieurs reprises avec eux et savait que nous n’intégrerions jamais le groupe des amnésiques qui l’aidaient à se réhabiliter dans le milieu.

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    l’Alpine Berlinette dans ses évolutions groupe 4 et groupe 5 fut la voiture de course préférée de Jean-Jacques Tourquen

     

    Charlène Berrisac, une jeune femme reconnue très rapide, courait cette épreuve au volant d’une Alfa Roméo 2000 GTV groupe 1. Dans une spéciale, à la suite d’une confusion après les temps d’assistance et les pointages aux CH, elle est partie trente secondes devant le gougnafier. Elle fit un tête à queue qui se termina par une légère touchette. Lorsqu’elle redémarra, le pirate de la route arrivait dans ses roues. Nullement convaincue d’être moins rapide que le triste sire qu’elle n’appréciait guère – Charlène était une amie des frères Tourquen et elle avait fait partie des signataires de la pétition en faveur de Vanvan comme de ceux du message de soutien après sa sanction -, elle ne le laissa  pas passer quoique disposant d’une voiture beaucoup moins puissante. Charlène entendait bien devenir pilote professionnelle et elle abordait chaque course comme une étape vers la finalisation de son projet. Pas question pour elle de s’effacer devant un concurrent qui ne lui montrerait pas qu’il marchait vraiment plus fort. Aussi pervers et malfaisant qu’escroc, Jean Curbeau la percuta volontairement au virage suivant, choisissant juste le moment où elle plaçait son Alfa en appui. Résultat, le beau coupé 2000 GTV partit en tonneaux dans un champ en dévers. Curbeau poursuivit sa route en riant méchamment, indifférent au sort de Charlène et de sa navigatrice. Je sais que c’est difficile à croire, mais auprès de ce sale type, Nelson, le vilain petit diablotin orange dont Télé Magazine rapporte les aventures chaque semaine serait franchement sympathique.

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     La vermine  avait oublié d’intégrer un facteur dans l’équation de la sortie de piste de la pilote de l’Alfa 2000 GTV. Charlène était la fille d’un capitaine d’industrie, un homme d’acier, déterminé à forger les destins de son entreprise et de sa famille conformément à ses aspirations, un patron entouré d’un bataillon d’avocats teigneux. Et surtout, monsieur Berrisac était un papa attentionné qui adorait sa fille et se posait comme son plus grand supporter. Il venait à toutes les courses auxquelles Charlène participait. Quand il apprit ce qui s’était passé sur la spéciale, il redevint soudain le jeune homme impétueux de 20 ans qu’il avait été 28 ans plus tôt, le garçon qui à l’armée s’était inscrit volontairement dans un stage commando afin de dépenser son trop plein d’énergie, le gamin qui n’avait pas peur de faire le coup de poing si quelqu’un le cherchait. Non seulement sa Mercedes 6,3 litres coinça la grosse auto du gougnafier entre le point d’assistance et le CH, mais il bondit du siège conducteur avec une rage qu’aurait applaudie Carlos Monzon, alors champion du monde de boxe dans la catégorie poids moyens. Le papa de Charlène  sortit le pilote-escroc de son bolide, puis cassa la gueule à ce salopard qui avait manqué de tuer sa fille.

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     Le bandit à terre et KO pour le compte, il s’en alla en lui jurant qu’il le chasserait définitivement du sport automobile.

     

    Le lendemain, l’imitateur de Satanas, authentique méchant dans le dessin animé « Les fous du volant », se présenta à ses bureaux avec les yeux au beurre noir, les arcades sourcilières raccommodées par des points de suture (comme les pommettes), un peu boitillant et plein de bleus et de bosses. Nul ne sait si son navigateur ricana comme Diabolo lorsque le pilote pervers ramassa sa raclée.

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    Arranger le portrait du démon mécanique n’avait pas suffi à apaiser l’ire du papa de la future championne. Dès le lundi matin, les avocats de l’homme d’affaires se mettaient au travail. Le bruit circula que ce même jour, le gougnafier aurait menacé son vainqueur par KO de porter plainte pour coups et blessures. Curieux hasard, la voiture de tourisme de l’ignoble individu fut empruntée ce même soir devant son domicile et retrouvée dès le lendemain matin dans une décharge publique. Les policiers observèrent qu’aucun dégât n’avait été occasionné au véhicule et ils s’étonnèrent de trouver un rat mort décapité à la place du conducteur. Le Curbeau se cassa sans doute le bec et les ailes dans son projet de plainte pour coups et blessures car aucun policier n’interrogea jamais monsieur Berrisac au sujet de la bagarre.

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    « Ce voyou de Curbeau est un évadé de la saga des Dalton ; il mérite le goudron et les plumes comme au bon vieux temps du far-west », grondait Jean-Jacques Tourquen. « Je suis sûr que son tout premier crime fut d’avoir fait mourir sa maman de chagrin. Tagada, tagada, voilà Jo Dalton »

     

    La crapule fut rapidement convoquée devant la commission disciplinaire de la fédération. Il perdit son sang froid, hurla, tempêta, jura, se mit à trépigner en devenant si rouge que les membres de la commission crurent à un accident cardio-vasculaire. Cela ne les empêcha pas de rigoler tant le Curbeau se montrait pitoyable dans sa déchéance sportive. Les membres de la commission éprouvèrent tout de même une sorte de compassion en réalisant que les caprices hystériques du malandrin dévoilaient ce que personne n’avait encore imaginé, sa part de déficience mentale. La lueur de pitié dans les yeux de ses interlocuteurs humilia Curbeau. Fou de fureur, il se laissa aller à des propos insultants pour Charlène et les femmes en général. Puis il fustigea la commission qu’il qualifia de Fédération des juges, traita ceux qui délibéraient sur son cas de vendus, les menaça de les retrouver plus tard s’ils lui retiraient sa licence.

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    Peut-être qu’aujourd’hui, l’Al Capone sot aurait reçu les félicitations des juges sportifs et que les instances de la course automobile auraient exercé toutes les pressions imaginables pour que les meilleurs teams lui confient leurs voitures. Peut-être même qu’une journaliste automobile « In Love Total » lui aurait jeté sa petite culotte à l’instar de ce que fit un jour Madonna et qu’elle lui aurait hurlé son amour brûlant à longueur de pages, déclenchant une course de suceurs de roues avec des consoeurs et confrères à la poursuite de la reconnaissance du vilain petit Curbeau. Mais les juges sportifs de l’époque ne trempaient pas dans des complots politico-médiatico-financiers. Ils jugèrent en droit et rendirent une décision conforme à l’équité. Le Curbeau était persuadé que les juges n’oseraient rien contre lui, qu’ils admireraient sa perfidie et son culot, qu’ils ne lui infligeraient pas un seul jour de suspension de licence. Ils le firent pourtant, pour une durée de 10 ans.

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    Le mois suivant, la grosse auto du blaireau était à vendre dans la presse spécialisée. Il n’avait plus le droit de la conduire en course et il fallait rembourser les dégâts que sa manœuvre inqualifiable avait causés à l’Alfa de Charlène. Monsieur Berrisac avait fait immédiatement réparer la voiture pour que sa fille retrouve tout de suite les chemins des rallyes et des circuits. Il n’aurait rien demandé ni reproché à un adversaire de Charlène si l’Alfa avait été détruite dans un incident de course entre deux pilotes se battant à la régulière sur la piste de Nogaro ou du Bugatti. « Les sorties de piste et les accrochages, ça fait partie des risques du métier et des aléas du sport, affirmait monsieur Berrisac. Il en faut pour grandir. On ne devient pas un champion ou une championne en s’abritant dans du coton ni sans affronter les adversaires les plus rudes. La vie et la course auto, c’est comme un combat de boxe ». Mais compte tenu des circonstances de l’accident qui n’avaient rien à voir avec une lutte normale entre pilotes qui conquièrent une place – « sur le ring, on respecte les règles édictées par le Marquis de Queensbury et on ne frappe pas sous la ceinture » - , il fallait que le Curbeau paye jusqu’au dernier centime. A défaut des lois du Noble Art,  celle du Talion trouvait à s’appliquer : œil pour œil, dent pour dent, ou tout au moins horions et pognon contre carton sur le charriot, comme certains pilotes appelaient leur caisse. Monsieur Berrisac s’estimait juste – d’ailleurs la plupart de ses employés le pensaient aussi - mais il se montrait sans pitié quand on touchait aux siens.

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    Rien ne réparerait par contre le préjudice moral de Vanvan la bonne pâte, un tout bon à qui la brave R8 Gorde avait permis de débuter en compétition sans trop d’argent et de montrer son talent naturel, mais dont un escroc du sport automobile avait brûlé les rêves. Car malgré l’insistance constante des frères Tourquen, il faudrait attendre près de 30 ans pour qu’avec les encouragements de sa femme Patricia, Vanvan se laisse tenter par quelques épreuves de Véhicules Historiques de Collection (VHC) en équipage avec son vieil ami Jean-Jacques.

     

    Thierry Le Bras

     

  • LE CLIN D’ŒIL DE PHILIPPE GEORJAN A LA R8 GORDE (3)

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    Héros d’une prochaine série de romans Vintage, Philippe Georjan est un personnage de fiction qui adore l’automobile et la compétition. Adolescent durant les sixties, jeune homme à la période des seventies, il s’avoue nostalgique de cette époque où les contraintes imposées à l’automobile et à ses conducteurs se révélaient bien plus souples qu’aujourd’hui. La R8 Gorde réveille quelques anecdotes croustillantes dans sa mémoire. Parmi elles, les pérégrinations d’un jeune pilote surdoué, Yvan Le Pat, victime des malversations d’un escroc qui lui a vendu une R8 Gorde non conforme. Le pauvre Yvan, dit Vanvan la bonne pâte, va subir les foudres de la fédération à la place du brigand et se voir entraîner dans un cercle infernal.

    (pour découvrir le début de l’histoire, cliquez sur les 2 notes précédentes)

     

    Dans ce triste contexte, le jeune pilote surdoué et enthousiaste écopa de deux ans de suspension de licence, la sanction de base en principe infligée à tout pilote qui ne respecte pas le règlement. Écoeuré, dépité, profondément atteint au moral, il décida de ne jamais revenir en compétition. Il reçut pourtant des marques de soutien. Les frères Tourquen ne le laissèrent pas tomber. Ils firent tout pour le consoler et l’encourager à reprendre la course après sa suspension. La nouvelle de la sanction infligée à Vanvan tomba juste avant le Tour auto qu’ils disputaient sur leur Alpine. Je ne pilotais pas encore, mais je participais à l’épreuve comme navigateur de Xavier qui y disposait d’une Ford Capri 2600 RS cette année-là. Je me rappelle avec fierté que Xavier et moi, nous avons été parmi les tout premiers (avec Jean-Jacques, Serge et Jean-Philippe) à signer un message destiné à Vanvan par lequel nous lui affirmions notre confiance, notre conviction qu’il n’avait pas triché, et nous lui demandions de revenir en course dès qu’il retrouverait sa licence. Les frères Tourquen  lui promirent même de l’aider et de le sponsoriser s’il peignait sa voiture aux couleurs des magasins d’électro-ménager qu’ils exploitaient dans la région mancelle.

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    Mais la mécanique était cassée. Finis, les rêves de décoration de la R8 Gorde à de nouvelles couleurs. Si Vanvan s’attendait à quelques incidents dans la pratique du sport automobile, c’était les heures de carrosserie après une touchette due à un excès d’optimisme dans l’attaque. Mais perdre sa licence pour avoir triché, c’était inconcevable dans l’esprit d’un garçon qui n’avait même pas volé un Carambar à l’école primaire et n’aurait pas imaginé de truander sa mère sur la monnaie des commissions à l’adolescence.

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    Vanvan se sentait insulté, humilié, déchu, déshonoré. Finie, l’envie d’acheter une Alpine groupe 3 la saison suivante. Le brave Vanvan avait perdu l’envie, même celle d’avoir envie. Il faut dire que son déclassement et sa suspension de licence provoquèrent des réactions en chaîne. L’affaire fit causer dans Landerneau, comme disent les Finistériens. Le journal local qui avait vanté ses mérites lors de sa première victoire se fit aussi l’écho de ses déboires. Au Bar du centre, certains  lui tournaient le dos lorsqu’il venait boire son Muscadet le dimanche midi avant d’aller déjeuner chez les parents avec sa fiancée. Parmi les faux amis figuraient quelques copains de l’école communale. La mesquinerie et la jalousie sont les vilénies les mieux partagées dans toutes les classes sociales, toutes les tranches d’âges et toutes les régions du monde. Les hypocrites rigolaient de voir traîner dans la boue  celui que le correspondant local présentait quelques mois plus tôt comme un futur champion automobile. Vanvan les entendait ricaner dans son dos lorsqu’il sortait du bar. Il finit par ne plus y venir.

     

    Pire, le patron du garage où il travaillait le vira comme un malpropre. C’était pourtant un brave homme. Mais dans les petites communes bretonnes, on ne badine pas avec les mauvaises réputations. « J’ai rien à t’reprocher mon gars, lui annonça-t-il un lundi matin à 8 heures. Mais j’peux plus t’garder. Y a des clients qui m’ont dit qu’y z ‘avaient plus confiance. Ils ont peur qu’on triche sur leurs voitures et qu’on change des pièces qui n’avaient pas besoin de réparations. Si tu restes, je vais faire faillite. » Vanvan était reparti la tête basse.

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    Il retrouva du boulot le lendemain – c’était une autre époque -, mais en s’exilant dans un garage brestois, ce qui le contraignait à parcourir 100 kilomètres chaque jour pour aller au travail et en revenir. Il vendit la R8 Gordini et acheta un break Peugeot 204 Diesel d’occasion qui faisait du bruit et sentait mauvais mais coûtait moins cher en carburant.

     

    Les parents du pauvre Vanvan vécurent sa disgrâce comme un drame. Ceux de sa promise aussi. Ils repoussèrent le mariage de leur fille avec le paria. Quant à Patricia, la pauvre fiancée qui travaillait dans un salon de coiffure, elle pleurait tous les soirs car les clientes se mêlaient de ce qui ne les regardait pas et  lui conseillaient de  quitter un voyou qui la déshonorait.

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    Alors, Vanvan et Patricia craquèrent. Ils quittèrent la petite maison où ils s’étaient installés à la sortie de la commune et aménagèrent dans une tour à Brest. Patricia, qui était bonne coiffeuse, trouva un emploi dans un salon de la ville où tout le monde se moquait que son compagnon ait été déclassé d’une course de côte. Ils se marièrent un vendredi après-midi à la mairie de Brest. Sans tralala ni cortège, avec juste les témoins et leurs conjoints qu’ils invitèrent à dîner le soir dans un bon restaurant sur la côte. Les familles le prirent très mal. La mère de Vanvan fit toute une histoire. Elle en voulut beaucoup à son fils de la priver de la grande fête dont elle rêvait avec toute la famille, y compris les cousins à la mode bigoudène.

     

    Il faudrait cinq ans et la naissance du deuxième enfant du couple pour que les parents de Patricia et ceux de Vanvan pardonnent.

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    Jean-Jacques et Serge Tourquen ne perdirent jamais Vanvan de vue. Jean-Jacques était d’ailleurs son témoin à son mariage. Il essaya plusieurs fois de le ramener sur les pistes et lui proposa chaque année de disputer au moins une épreuve en circuit comme second pilote avec lui. Mais malgré ces sollicitations régulières et sincères, Vanvan ne reprit pas la compétition. Il préféra acheter un voilier de pêche-promenade sur lequel il amena sa petite famille le dimanche. Patricia, qui savait à quel point il aimait conduire, lui disait pourtant que s’il faisait quelques courses, elle ne serait pas fâchée. Mais il ne voulait plus avoir affaire aux requins qui avaient gâché son rêve.

    Vanvan la bonne pâte n’était pas de taille à se défendre contre les mensonges d’un suppôt de Satan comme Jean Curbeau. On ne se conduisait pas comme ça dans l’atelier d’ébénisterie du père, ni dans la ferme de la grand-mère, ni dans la petite entreprise de transport du beau-père. Le maître d’école, les profs du collège puis ceux du lycée professionnel, l’artisan garagiste qui lui avait appris son métier de mécanicien ne l’avaient pas préparé à mentir comme un arracheur de dents. Tous ces gens-là lui avaient répété qu’il faut assumer ses actes dans la vie. Il ne pouvait pas comprendre un magouilleur viscéral comme le Curbeau.

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    Le tricheur s’en tira bien. Vanvan conçut une grande rancœur contre lui, mais il n’était pas violent. Il n’alla pas faire de scandale aux bureaux du cabinet de placements où l’escroc en combinaison le week-end et en costume la semaine vendait des parts de sociétés immobilières dont il se faisait nommer gérant afin de plumer durablement les gogos.  Certes, Jean-Jacques Tourquen qui avait décelé le talent de Vanvan et l’avait pris en sympathie  montra par la suite une franche hostilité à celui que le capitaine Haddock aurait volontiers qualifié de bachi- bouzouk. Il organisa même une mise en quarantaine de la crapule  lors de la première épreuve où elle apparut après la suspension de Vanvan. Mais les gens ont la mémoire courte dans le milieu du sport automobile comme ailleurs. Il arrive même que des petits malins admirent l’audace de vermines qui atteignent les sommets de l’immoralité. Bien vite, la plupart des pilotes reprirent des relations normales avec celui que le sergent Garcia aurait appelé le babouin au risque d’insulter une engeance  bien plus sympathique et mieux élevée que Jean Curbeau.

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    L’adage selon lequel « le crime ne paye pas » ne se vérifie pas toujours. En l’espèce, Vanvan la bonne pâte paya au prix fort la faute impardonnable  d’un sagouin. Le sport automobile fonctionne comme une micro société. Il y existe de très belles histoires d’entraide et de solidarité. Des amitiés à vie y voient le jour. Mais des individus sordides y sévissent également, comme partout.

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    Je me suis rappelé de cette histoire lorsque Michel Sardou s’inspira de la fable de La Fontaine pour sortir  une chanson en 1994.

     

    Je pense au jeune homme imprudent

    Qui prend entre six mois et deux ans

    Pour un désordre assez minable

    Et ceux que la Loi n'atteint pas

     

    On a devant soi la Justice

    Et l'apparence de la Justice

    La nuance est indéfinissable

    Ce qui est pris ne se rend pas

     

    Selon que vous serez puissant ou misérable
    Etc. etc.

     

    Il y a la rumeur provinciale

    Qui prend l'allure phénoménale

    D'un drame humain considérable

    Multiplié par les médias

    Lorsque l'attaque et la défense

    Se risquent au jeu de l'éloquence

    Il faut des hommes irréprochables

    Ou dans le doute on s'abstiendra

     

    Selon que vous serez puissant ou misérable

    Etc. etc.

     

    Sur le très vieux chemin du vice

    Que les hommes ambitieux choisissent

    On sait des montagnes incroyables

    Des lingots d'or des chèques en bois

    Nous avons connu en France

    De ces bons vendeurs d'indulgences

    Qui ont ruiné le contribuable

    Il y a des choses qu'on n'oublie pas

     

    Selon que vous serez puissant ou misérable

    Etc. etc.

     

    Mais ce qui n'a jamais tenu

    C'est une république sans vertu

    La Fontaine écrivit sa fable

    Alors que nous avions un roi

    Selon que vous serez puissant ou misérable

    Etc. etc.

     

    La formule du dernier couplet marche-t-elle aussi si on remplace « République sans vertu » par « Fédération sans vertu » ? Pas si sûr…

     

    Thierry Le Bras

     

    A suivre …