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camping - Page 2

  • LARMOR PLAGE 1964

    des rêves automobiles, du camping et les copains

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    Le temps file plus vite que n’importe quel bolide.


    Évoquer mes  romans et nouvelles tels  7 NOUVELLES PIMENTÉES  ou VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES  ( cf. liens en fin de note), m’a ramené à cette belle époque car de nombreuses scènes s’y déroulent . Puis ma mémoire s’est évadée jusqu’au mois de juillet 1964, un été agréable à l’époque de l’insouciance de l’enfance, des rêves les plus fous, dont celui de devenir pilote automobile professionnel.

     

    Des objets roulants identifiés


    Bien sûr, je me voyais déjà au Mans, à Monaco, à la Coupe des Alpes, même si je n’avais pas encore 10 ans ! Cette année-là, Jim Clark était champion du monde en titre. L’équipage Hopkirk – Liddon sur Cooper S avait remporté le rallye de Monte-Carlo devant une Ford Falcon. Ford, justement,  n’avait pas encore triomphé aux 24 Heures du Mans au scratch, mais la Cobra de Dan Gurney et Bob Bondurant s’était imposée en catégorie GT.

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     La version coupé Daytona de la Cobra m’a toujours fasciné au point que j’en ai fait une des héroïnes de mon prochain roman, un polar vintage et gourmand dont le dénouement intervient aux 24 Heures du Mans.

     

    Ma famille vivait dans la région lorientaise. Mes parents ayant fait l’acquisition d’une petite caravane – une Pitt qu’ils tractaient avec la R8 grise de mon père, nous passâmes les premières semaines des vacances scolaires à Larmor Plage. Autant dire un paradis pour un gamin qui rentrerait en CM2 à la rentrée.

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     Au début des vacances, nos plus proches voisins étaient arrivés dans une 2 chevaux grise pas toute neuve mais bien entretenue. La 2 cv, une icône de la société française... La famille comportait un père sévère qui criait souvent sur son fils aîné, un garçon solide, doué en sport, deux ou trois ans plus vieux que moi, avec qui j’avais vite sympathisé. A dire vrai, il suscitait mon admiration car il passait des heures à foncer sur les chemins du coin avec son vélo, une superbe machine demi course bleu métallisé. A mes yeux d’enfant, il roulait au moins aussi fort qu’Anquetil et serait sans doute un jour vainqueur du prestigieux Tour de France. Il se révèlerait forcément en cyclisme plutôt qu’en sport automobile, puisque le champion en auto, ce serait évidemment moi et que ce n’était pas la peine qu’il essaie de devenir pilote pour finir tout le temps deuxième.

     

    2 roues en attendant de passer à 4

     

    D’ailleurs, le cyclisme, c’était bien aussi. Nous écoutions tous les jours les arrivées des étapes de la Grande boucle sur le transistor Philips qu’avaient acheté mes parents.

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     Le transistor, autre objet symbolique des sixties qui me permit plusieurs années durant de suivre régulièrement SLC Salut les copains ! En 1964, Sylvie Vartan était déjà la plus belle pour aller danser. Quant à Johnny, il s’efforçait de convaincre les croulants que les mauvais garçons n’étaient pas si méchants que ça.

     

    Avec le recul, j’ai réalisé que la passion de mon copain pour la vitesse sur deux roues tenait sans doute davantage du souci plus ou moins conscient d’échapper au poids de  l’autorité paternelle qu’à un conditionnement en vue de s’aligner un jour au départ du Tour de France. Qu’importe ! Il m’a fait un beau cadeau cette année-là. Sensible sans doute à mes regards envieux quand je le voyais filer comme André Darrigade, il m’a gentiment proposé de me prêter son vélo.

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     J’avais du mal à tenir dessus compte tenu de notre différence de gabarit. En plus, c’était les premières fois que je roulais sur un vrai vélo pour grands. Mais je n’étais pas peu fier qu’un grand me considère comme son copain, me laisse utiliser sa bécane et me prodigue des conseils avisés (dont j’avais grandement besoin à dire vrai). Comme toujours ou presque à cet âge-là, nous nous sommes perdus de vue dès la fin des vacances. Nos voisins de camping devaient passer nous voir sur un autre lieu de villégiature un peu plus tard, mais un imprévu – intoxication sérieuse de mon père avec des palourdes crues – nous a fait manquer le rendez-vous fixé. Je n’ai donc jamais su si mon copain de vacances avait brillé plus tard dans le cyclisme ou dans un autre sport.

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     Au fond, c’est peut-être lui qui m’aurait forcé à changer de catégorie ou à accepter de finir toujours deuxième si nous nous étions retrouvés en course auto. Car non seulement je ne suis jamais devenu pilote professionnel et je suis resté amateur sans chercher à en faire mon métier, mais si mon camarade s’était montré aussi brillant au volant d’une Golf GTI que je le voyais à vélo, il serait devenu meilleur que les frères Almeras  et m’aurait battu à chaque course !

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     Un peu plus tard dans l’’été, mon père remis de ses troubles gastriques et devenu - provisoirement seulement, hélas - plus circonspect devant les produits douteux, nous avons fini les vacances sur un autre site au bord de la rivière d’Étel. Une autre famille comportant plusieurs générations était installée sur un terrain voisin. Parmi ses membres, un homme d’une vingtaine d’années qui conduisait un Spyder Porsche 356 bleu. Comme celle de Ric Hochet dans les albums de Tintin à part la couleur. Comme celle avec laquelle James Dean avait débuté en compétition. J’aurais bien aimé faire un tour à vive allure en Porsche décapotable.  Hélas, le propriétaire du Speedster ne me l’a pas proposé.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 7 AOÛT 2014

     

    VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI http://bit.ly/1zmPqE6

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    LE POLAR tendance sixties à lire cet été !

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

     

    Une autre présentation de VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIEShttp://0z.fr/u88wT

     

    Bientôt un film avec Tom Cruise à l’époque de VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES http://bit.ly/LHGHst

     

    Pedro et Ricardo Rodriguez, les frères amis du sport automobile,  devraient aussi arriver sur grand écran ! http://bit.ly/1kdnVsY

     

    LE PACTE DU TRICHEUR, un autre polar automobile que j’ai écrit pour vous :http://amzn.to/1jAhsoF

     

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    Thierry Le Bras

  • VACANCES SIXTIES

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    La Mini Moke, symbole de la légèreté des étés des années 60

     

    Nous voilà au cœur de l’été, en pleine période de vacances, en principe au bord de la mer, à la montagne ou dans un lieu de villégiature. Le moment de se détendre, de reprendre des forces, de bronzer, de profiter de la vie sans stress, de retrouver l’insouciance de l’enfance et de la décennie qui symbolise la confiance en l’avenir et la joie de vivre, le formidable tourbillon des sixties. L’occasion de m’écarter un peu de la ligne habituelle de Circuit Mortel. Pas question de compétitions, de pilotes, d’épreuves contemporaines ou passées aujourd’hui. Les voitures Vintage ne sont pas oubliées pour autant, loin s’en faut.

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    Ceux qui étaient enfants ou adolescents durant les sixties vont régresser jusqu’à leurs jeunes années. Les autres vont s’imaginer téléportés à l’époque de La Baule les pins avec Nathalie Baye ou dans l’univers tropézien de Brigitte Bardot lorsqu’elle chantait  Moi je joue, C’est rigolo, La Madrague, ou encore A la fin de l’été. Au temps où France Gall recueillait la sympathie des écoliers de France avec Sacré Charlemagne, où la petite Sheila, couettes au vent, se réjouissant en constatant « L’école est finie ». Ambiance SLC Salut les copains

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    Qu’elles se soient passées à Larmor Plage, à Blois, à Annecy, à Molsheim, à La Bourboule, à Barcelonnette, à  Trifouilli les 3 canards, à La Guimorais ou à Pau, les vacances signifiaient dépaysement et rupture avec les habitudes.

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    Selon leur âge, les écoliers et les collégiens avaient lu les exploits du Club des 5, les enquêtes de Michel (le héros créé par Georges Bayard), ou la saga du Prince Éric et de son ami Christian d’Ancourt (des romans pour adolescents remarquablement écrits par Serge Dalens et encore largement diffusés durant les années 60). Ils s’étaient identifiés aux personnages de ces univers de fiction, avaient campé à leurs côtés, s’étaient joints à leurs baignades, à leurs parties de canotage, à leurs enquêtes…
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    Avec l’été arrivait l’opportunité de camper comme les plus grands et ceux dont les périples livresques faisaient rêver, tant leurs familles leur laissaient de liberté d’action.

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    Quant aux parents et aux jeunes adultes, ils préféraient la caravane si leurs moyens financiers le permettaient. Plus ou moins grande et tractée par une voiture plus ou moins sportive selon les contraintes familiales et le budget…

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    La plage c’est bien. Mais rapidement, l’appel du large se faisait sentir. Du canot pneumatique de plage pour petits enfants aux dinghies Rocca pour grands enfants, chacun trouvait chaussure, ou plutôt sandale, à son pied.

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    Sans oublier le dériveur sportif destiné à l’origine aux  adolescents. Notons qu’avec le Vaurien en bois verni, le sport ne s’arrêterait pas à la fin de l’été. Lui maintenir son aspect rutilant exigerait de nombreuses séances de ponçage, de vernissage, de nouveaux ponçages entre les couches de vernis, autant dire de l’exercice physique avant la remise à l’eau du petit voilier.

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    Pour piéger des contrebandiers ou des comploteurs comme un agent secret, pour profiter pleinement du soleil et des paysages, pour plaire aux filles, mieux valait un cabriolet rapide et sportif que l’Ami 6, l’Aronde, la 403, la R8 ou la Ford Taunus de papa. Quel Cabriolet ? Le choix ne manquait ni sur le marché de l’occasion ni sur celui du neuf. De Porsche à Mercedes en passant par Alfa Roméo, Lotus et beaucoup d’autres, les constructeurs automobiles se positionnaient sans complexes sur le créneau de la voiture de play-boy. Tout adolescent s’imagina au volant d’un de ces bolides avec une BB à son bras !!!

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    En attendant de grandir, les plus jeunes se contentaient des plaisirs de leur âge, par exemple se précipiter acheter un esquimau ou un cornet de crème glacée au marchand ambulant. Les adultes ne méprisaient d’ailleurs pas non plus la fraicheur de ce met simple et de saison. Vanille, chocolat, pistache, fraise, passion, autant de parfums associés aux vacances et au sable chaud (même sans légionnaire à vos côtés, mesdames).

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    Pas de nouvelle cuisine dans les souvenirs des années 60. Les traditions familiales variaient, comme l’appétit. Les apéros faisaient partie des vacances, au camping comme à l’hôtel ou à la villa de location. Certains adolescents restaient bloqués sur les pates, d’autres dégustaient voluptueusement les spécialités régionales, qu’il s’agisse des huitres de Penthièvre, de la Bouillabaisse associée à l’accent délicieusement chantant de Fernandel, ou du Far breton. Et tous ou presque gardent encore en mémoire les promesses d’un père certain de pêcher le brochet ou la dorade du dîner, mais rentrant finalement bredouille et vexé. Un classique qui contraignait la maîtresse de  maison transformée en chef de camp à improviser une omelette au jambon ou aux champignons. Soulignons que la mère de famille était généralement  prudente et  prévoyait une solution de secours au cas où son mari ne ramènerait pas un poisson si gros qu’avant de mordre à la ligne, il bouchait l’entrée du  port de Marseille, peuchère… ou  de celui  de Concarneau… ou de  celui  de Dieppe…

     

    Bonnes vacances si vous en prenez, bon courage si vous n’en prenez pas, et à dans quelques jours pour des images de voitures furieusement estivales accompagnées d’un autre symbole mécanique et vintage.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 7 AOÛT 2014

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI  http://bit.ly/1zmPqE6 vacances,sixties,vintage,mini moke,bb,camping,caravanes,dinghiesLE POLAR tendance sixties à lire cet été !

     

    UN LIEN A SUIVRE

    1964 à Larmor Plage, du camping, les copains, des objets d’époque, un tourbillon d’insouciance, des voitures Vintage, des rêves de jeunesse…

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2012/07/26/larmor-plage-1964.html

     

    Thierry Le Bras

  • DUEL AU SOLEIL DES COTEAUX (4/4)

    FEUILLETON AUTOMOILE

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     Suite des 3 premier épisodes en ligne ICI

    1 - http://bit.ly/1trq9Df

    2 - http://bit.ly/1vJ6dTB

    3 - http://bit.ly/1vjuSMr

    Quelques fictions en plus d’infos sur la course auto, tel est le programme du blog CIRCUIT MORTEL Bien sûr, les histoires qui se déroulent dans l’univers de David Sarel, le héros récurrent de mes romans, sont privilégiées. Éric Trélor, parrain de David Sarel, raconte ici au journaliste Sébastien Ménier une course de côte qui l’a particulièrement marqué au début de sa carrière de gentleman driver.

    Sébastien Ménier : La tension monte avant le départ, je présume.
    Éric Trélor : Oui, forcément. Les courses de côte étaient courtes. Souvent moins de 2 kilomètres. Cela veut dire qu’une erreur ne se rattrape pas. Il faut réussir le parcours absolument parfait, à limite de ce qui est possible partout. Le stress pour moi, c’était toujours quand il restait six ou sept voitures devant. Là, je mettais ma cagoule, mes gants, mon casque, et je rentrais dans la phase finale de la concentration. Après quand il ne reste plus que deux ou trois voitures à partir avant toi, tout va bien. Tu es déjà entré dans la course. Puis on te fait signe d’avancer sur la ligne de départ. Le starter t’annonce les 30 secondes en croisant les index des deux mains, puis les dix avec les dix doigts devant le pare-brise. Tu as enclenché la première. Le starter effectue le décompte des cinq dernières secondes en repliant un à un les doigts de la main devant ton pare-brise. Tu fais monter le moteur dans les tours au rythme du décompte. Ça y est, il te libère. Tu es en course.

    Sébastien Ménier : Ton cœur bat plus vite.
    Éric Trélor : Tu ne t’en rends même pas compte. Tu montes les vitesses et tu soignes les trajectoires. A Pouillé, les deux premiers virages passaient à fond, mais il y a tout de même quelques millièmes à gagner en passant propre. Puis c’est le freinage avant le gauche. Je freine tard, je rentre une vitesse, je ré-accélère et je plonge dans l’accotement à gauche ce qui secoue un peu l’Alfa. Je sors en dérive. Je sens que l’arrière s’appuie sur les bottes de paille à l’extérieur. Je me régale au volant. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, personne ne peut aller plus vite que moi avec une Alfa. Le temps passe vite. J’arrive déjà au haut du circuit. J’ai franchi la ligne d’arrivée. Je roule jusqu’au parc d’arrivée, un simple champ. Je me gare derrière l’Alfa blanche de Jacques et je cours au panneau d’affichage. Mon temps n’est pas encore tombé. Luc m’annonce qu’il est en tête des Rallye 2. Il ajoute que Jacques a raté son freinage avant le gauche de la descente. Il a bloqué les roues au point de dégager un nuage de fumée (de la gomme brûlée) et frôlé la grosse sortie. Je vois que mon principal rival dans la catégorie des 2 litres groupe 1 a l’air déçu. Pour l’instant, Pierre Sapeur sur l’Escort 2000 RS devance Christine Verrec et sa Triumph de 3 dixièmes et Jacques de plus d’une seconde. Pierre et Christine attendent mon temps avec autant d’angoisse que moi. Il tombe enfin. Je colle six dixièmes à Pierre. Le pilote de l’Escort 2000 RS me félicite, non sans une petite pointe d’amertume. « Là, je ne suis plus, marmonne-t-il. Ça devient déraisonnable, complètement dingue. Je cours pour m’amuser moi. Je ne veux pas y laisser ma peau. » Je le laisse dire. Je crois effectivement que Pierre n’ira pas au-delà d’un certain degré de risque, mais je sais que Jacques, comme moi, est capable d’aller chercher les derniers centièmes, la limite, très, très loin. Sans prétention, ce n’est pas pour rien que nous sommes les hommes à battre dans la catégorie alors que nous n’avons probablement plus les meilleures voitures. Je n’ai pas encore gagné. Il reste une montée de course. Tout peut arriver. D’autant que la rage qu’expriment les yeux de Christine annonce qu’elle pourrait bien trouver la force mentale qui lui permettra de martyriser sa Triumph Dolomite et de venir nous disputer la victoire. Sa voiture développe tout de même 50 chevaux de plus que les nôtres. Un sacré avantage dont elle n’a toujours pas trouvé le mode d’emploi en côte.

    Sébastien Ménier : Tu nous a confié tout à l’heure qu’elle réalisait des performances en circuit. Pourquoi n’y parvenait-elle pas dans une autre discipline ?
    Éric Trélor La Triumph Dolomite exigeait un pilotage particulier. C’était une voiture brutale. Il fallait la balancer sans hésitation dans les virages, la faire glisser, faire lever les roues. Sur les routes étroites qu’empruntaient les parcours de courses de côtes, ce n’était pas très sécurisant.

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    Sébastien Ménier : Que se passe-t-il entre les deux montées ?
    Éric Trélor : Une fois les trois litres groupe 1 passées, 5 Commodore dont 4 réaliseront un moins bon temps que moi, nous redescendons en empruntant le tracé du circuit à l’envers.. Mikaël, Stéphane et sa compagne Marianne s’étaient placés dans l’enfilade au début de la montée. Je ralentis et nous échangeons des signes. Je vois qu’ils sont très enthousiastes. Je gare la voiture en bas du circuit. Michel et André sont sur la ligne de départ. Ils contrôleront que tout va bien sur l’Alfa tout à l’heure. Luc Crillon dispose d’une moto de cross 125 que son mécano a embarquée dans son camion d’assistance. Il me propose de m’amener à l’enfilade où sont nos amis. Nous disposons d’une bonne heure et demie avant de repartir. J’accepte avec joie. Une fois rendu sur place, je rejoins Mikaël, Stéphane et Marianne. Les voitures du groupe 2 sont en train d’en découdre. Mikaël me commente la course de mes principaux adversaires. Il ne voit pas qui pourrait me battre aujourd’hui. Les concurrents du groupe 3 vont bientôt s’élancer. Parmi eux, Ronnie qui vise deux objectifs. D’une part, battre les autres coupés Simca 1200 S et Fiat X 1/9 qui s’affrontent dans sa catégorie. Et d’autre part, devancer la meilleure Rallye 2, en l’occurrence celle de Luc. Ronnie fait un complexe vis à vis de Luc qu’il croit meilleur pilote que lui. Ronnie attaque très fort, il pilote même comme une brute. C’est un bon. Mais il redoute qu’il lui manque la petite étincelle que possède Luc et qui permet de jouer la gagne dans les catégories les plus relevées. En outre, comme lui, Luc est un gars costaud, qui n’a peur de rien. Aussi brun que Ronnie est blond, Luc domine son copain dans tous les exercices. Pas facilement mais que ce soit au tennis, à vélo, au bras de fer, à la lutte, en natation, Luc finit généralement par l'emporter… Ronnie accepte tous les défis de Luc et les perd presque tous, avec souvent une bouffe dans une pizzéria à la clef. Alors Ronnie voudrait avoir sa revanche, au moins une fois. J’aimerais d’ailleurs bien qu’il y parvienne. J’apprécie beaucoup Ronnie. Je le connais depuis l’école communale. Nous étions voisins. Contrairement à Luc qui se prépare à devenir prof de sport, Ronnie a quitté l’école de bonne heure. Il est devenu carrossier et travaille dans l’entreprise qu’avait montée mon grand-père Victor. C’est d’ailleurs mon grand-père qui l’a fait embaucher par son successeur comme apprenti l’année de ses 16 ans. Mon grand-père est mort trois ans plus tard. Ronnie est resté dans l’entreprise. Je sais qu’il rêve de la racheter un jour au patron actuel, un ancien ouvrier de la boite qui est à moins de dix ans de la retraite. Je souhaite qu’il réussisse ce défi et je l’encourage dans l’objectif professionnel qu’il s’est fixé car je sens que quelque part, l’idée plairait à mon grand-père. Mais nous n’en sommes pas là. La mission de Ronnie aujourd’hui, il l’a déjà acceptée, c’est de remporter au moins la catégorie des voitures du groupe 3 de moins de 1300 cm3. Il en est capable. Quoique d’un bon niveau, la lutte dans cette catégorie est moins disputée que dans les diverses classes du groupe 1 qui est un groupe de fous furieux commente le speaker chaque week-end de course. Battre les Rallye 2 où les meilleurs jouent leurs caisses à quitte ou double à chaque virage, ce sera beaucoup plus dur. D’ailleurs, dans toutes les courses de l’Hexagone, les coupés Simca 1200 S sont derrière les meilleures Rallye 2. Mais une fois de plus, Ronnie a levé le défi de Luc avec un dîner dans une pizzéria pour enjeu.

    Sébastien Ménier : Pari gagné ou non ?
    Éric Trélor : Objectivement, quand j’ai vu Ronnie freiner avant le gauche et placer sa voiture en appui, je me suis dit, aujourd’hui, il va y arriver. « Ben ça alors, il en a ! » a hurlé Luc. La 1200 S est partie en large dérive des quatre roues. Elle était superbe, gris clair métallisé avec des liserés orange. Mais Ronnie avait remis les chevaux un millième de seconde trop tôt. L’arrière de la 1200 S a continué à déraper sur l’herbe en faisant gicler les bottes de paille. Le pilote n’a pas levé le pied, espérant se sortir de sa situation en force, en restant soudé. Hélas, la roue arrière droite a fini par glisser dans le fossé, freinant brutalement la voiture. Du coup l’avant est venu basculer à son tour dans le fossé et le beau coupé est parti dans le champ en dévers en tonneaux par l’avant dans vacarme de tôles fracassées qui ressemblait à une série d’explosions. Trois figures plus tard, la 1200 S de Ronnie s’immobiliser sur le toit. L’attente a duré huit ou dix secondes. Compte tenu de la violence des chocs, nous étions très inquiets. Au premier tonneau, Marianne a laissé échappé un petit cri. La compagne de Stéphane connaissait bien Ronnie. Nous formions un vrai groupe d’amis. Non seulement nous nous voyions sur les circuits, mais nous nous fréquentions en dehors. « C’est de ma faute, a dit Luc d’une voix blanche. Je n’aurais pas dû le provoquer. Dès qu’il s’agit d’un pari, il ne marche pas, il court. » Luc et Ronnie étaient des têtes brûlées. Personne ne les changerait. Luc proposa de prendre la moto pour aller voir. J’allais le suivre. A cet instant, nous vîmes Ronnie sortir de sa voiture par l’emplacement du pare-brise qui avait quitté le navire, ou plutôt la caisse, au premier tonneau. Il enleva tranquillement son casque et leva la main, pouce en l’air, afin d’annoncer que tout allait bien. Nous étions soulagés.

    Sébastien Ménier : Ronnie a-t-il recommencé à courir rapidement ?
    Éric Trélor : Naturellement. Le week-end suivant, il faisait les Cent tours de Magny-Cours avec Luc sur la Rallye 2 (c’était une épreuve où les pilotes se relayaient). Quinze jours plus tard, il était au départ de la Course de côte de Landivisiau. Ronnie possédait deux caisses de réserve, déjà décorées, avec les faisceaux électriques installés. Il a remonté très vite sa voiture avec des copains qui bossaient à l’atelier de carrosserie. Ronnie était un peu comme Gilles Villeneuve une fois sur la piste. Je ne crois pas que son rythme cardiaque se soit beaucoup accéléré pendant l’accident. Nous sommes redescendus au départ pour le réconforter. Il ne semblait pas du tout affecté. Dès qu’il nous a vus, il a adressé une boutade à Luc en rigolant. « T’as encore gagné, enfoiré. Ben j’ai plus qu’à t’inviter au Don Camillo demain soir. » C’était tout Ronnie.

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    Sébastien Ménier : Et la fin du week-end pour toi ?
    Éric Trélor : Impeccable. J’ai amélioré d’un dixième dans la seconde montée. J’avais le sentiment d’avoir piloté exactement de la même manière, au millimètre près, mais je crois que le revêtement était un tout petit peu moins chaud et que le rendement des pneus s’en trouvait légèrement amélioré. Jacques s’est intercalé entre moi et Pierre, mais il restait à une demi-seconde derrière moi. Pierre était démotivé, du coup il a trop assuré et il a fait moins bien qu’à sa première montée. Quant à Christine Verrec, elle a piloté le couteau entre les dents, au point de partir en tête à queue dans l’enfilade. Elle a filé dès la fin de la course sans même venir à la remise des prix. Les Alfa 2000 GTV avaient encore battu l’Escort 2000 RS et la Triumph Dolomite. Luc a conservé la tête des Rallye 2. Lui-aussi devenait un sacré pilote.

    FIN

    NOTE MODIFIEE LE 14 AOÛT 2015

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Ronnie pourrait être un personnage de BD http://bit.ly/1fhtTYz

     

    Quelques années plus tard, Éric et Luc au cœur d’un polar automobile lors d’un rallye en Auvergne http://bit.ly/1gDZwV5

     

    Quelques sorties de route en course de côte… dont une des miennes… http://bit.ly/QIejJ9

     

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    Thierry Le Bras