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  • ROBERT MANZON, témoin d’une autre époque

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    Robert Manzon sur Simca Gordini 1500 au GP de Pau 1950

     

    Doyen des pilotes français ayant participé au Championnat du monde de F1, Robert Manzon, né en 1917, suscite soudain un intérêt médiatique qu’il n’aurait pas imaginé au départ de sa première course, le Rallye des Alpes 1946. Il pilotait alors une Simca 8 strictement de série et ignorait qu’il deviendrait bientôt un des pilotes traditionnellement associés au sorcier Amédée Gordini dans l’histoire du sport automobile.

     

    Interviewé par Stéphane Samson du Parisien – Aujourd’hui en France à l’occasion du Grand-Prix de Monaco, Robert Manzon a tenu des propos qui durent stupéfier les grands manitous de la F1 contemporaine. Car le sport automobile de l’immédiat après-guerre était aussi différent de la compétition du XXIème siècle qu’un poste de TSF d’un ipad, ce truc bizarre qui met les fans d’informatique en transe. Les courses des années 50 étaient-elles moins intéressantes pour autant ? C’est une autre question à laquelle chacun apportera sa  propre réponse.

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    Première différence significative dont témoigne Robert Manzon, l’âge des pilotes. « A 30 ans, j’ai vu une voiture de course dans une vitrine en Italie. Je suis resté une demi-heure à l’admirer, puis je suis rentré et je l’ai achetée ! Cela a changé ma vie ! » Le Marseillais omet de rappeler qu’il avait effectué le déplacement en Italie pour chercher une voiture de course. Mais il n’en reste pas moins vrai qu’il va entamer sa carrière avec une voiture payée avec ses propres deniers à un âge que les décideurs de la sacrosainte F1 estimeraient canonique de nos jours. Sébastien Bourdais, arrivé trop tard, en fit la triste expérience. Tout comme Loïc Duval qui mériterait amplement un volant en F1 - au moins autant que certains « petits protégés » des grands requins blancs du milieu - et qui, à 28 ans, a hélas bien peu de chances d’y trouver une bonne place malgré un palmarès riche de victoires et titres dans de nombreuses disciplines. Si la course automobile vintage était plus dangereuse, moins professionnelle et moins rentable, elle offrait au moins l’avantage de ne pas servir de terrain de jeu à des systèmes peu scrupuleux qui écartent de vrais champions et futurs champions de la discipline reine, construisent artificiellement d’autres carrières, et manipulent outrageusement des résultats.

     

    Les malversations étaient inimaginables à l’époque de Robert Manzon. « Je ne me souviens pas d’avoir entendu parler de magouilles ou d’histoires bizarres », assure-t-il. Il est vrai que la technologie était moins évoluée. « La mise au point n’existait pas. La voiture était comme elle était : elle dormait à Paris, j’habitais à Marseille, on se retrouvait sur les circuits. » Au moins cela cantonnait-il les pilotes à leur vrai rôle, la vitesse. Aucun n’aurait osé prétendre, les joues gonflées de prétention, que c’était lui qui apportait les solutions techniques qui faisaient de sa machine la meilleure du plateau.

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    En 1954, Robert Manzon ne courut pas sous les couleurs d’Amédée Gordini

    et pilota des Ferrari

     

    L’ambiance du sport automobile n’était pas encore polluée par l’arrogance. « Nous étions une bande d’amis qui faisaient la fête le soir de chaque course, qui se respectaient aussi sur la piste, car le danger et la mort étaient omniprésents », se souvient Robert Manzon. L’heure n’était pas aux sales gosses capricieux et trop gâtés. Je précise d’ailleurs que ces derniers termes ne sauraient s’appliquer à certains pilotes d’aujourd’hui qui sont des gentlemen, à commencer par Jenson Button, le Champion du monde en titre, Kimi Räikkönen, le Champion 2007 et Nico Rosberg, qui a la décence de se réjouir de vivre à fond son rêve de pilote de F1. Mes propos peu élogieux ne concernent d’ailleurs pas davantage Sebastian Vettel, Vitaly Petrov, Jarno Trulli, Heikki Kovalainen, Felipe Massa ni Mark Webber.

     

    « On se faisait plaisir, tout simplement, déclare sans complexe l’ancien pilote Gordini. En fait, ce n’étaient pas des Grands-Prix, c’était la foire… » De quoi donner des crampes à l’estomac à Bernie, Briatore, Mosley et quelques autres.

     

    D’autant que Robert Manzon ne fut pas un pilote de fond de grille. Il courut pendant 10 saisons, signa des podiums en Championnat du monde, et se fit aussi remarquer en endurance avec Gordini.

     

    L’histoire Gordini vous passionne ? Pour découvrir quelques secrets du sorcier qui transforma tant de voitures en bêtes à gagner, n’hésitez pas à cliquer au plus vite sur un excellent portail :

    http://www.r8gordini.com

     

    Texte :

    Thierry Le Bras 

  • DES GT, DES RALLYES ET DES MYSTERES

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    La réglementation des rallyes met  désormais en avant les modèles WRC, S 2000, Super 1600 rebaptisées Junior WRC et F 2000 qui sont, surtout pour les deux premières catégories, des quasi-prototypes gardant une apparence proche des modèles de série. Les grands constructeurs rentabilisent ainsi plus facilement leurs investissements dans la discipline.

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    Mais nous pourrions très bien envisager des rallyes spectaculaires disputés avec des voitures de Grand-Tourisme. Cette solution a été retenue à certaines époques. Des rallyes comme le Tour de France Auto ont même ouvert leurs inscriptions à des prototypes et à des voitures de la catégorie Sport comme la Ford GT 40 ou la Ferrari 512 S.

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    Quant aux Ferrari 308, elles ont disputé de nombreuses épreuves du championnat d’Europe et des championnats nationaux. Une 308 participa même au Rallye de Monte-Carlo.

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    Quant aux Porsche issues du modèle 911, elles ont brillé sur toutes les routes du monde pendant plusieurs décennies.

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    Des championnats accueillant les GT seraient-ils plus chers que les formules actuelles ? Sans doute  pas. D’autant qu’il existe aussi des GT d’un coût raisonnable comme la Berlinette Hommel ou la Lotus Seven.

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    De 1982 à 1986, les voitures du groupe B alliaient la beauté des GT avec des performances de prototypes conçus pour rouler sur les routes étroites et sinueuses des spéciales de rallyes. Elles étaient si monstrueuses qu’aux dires  de Walter Röhrl, seuls Henri Toivonen et lui arrivaient encore à les piloter en trajectoire sur le goudron. Elles étaient très dangereuses aussi. Pour preuve l’accident de Henri Toivonen et Sergio Cresto au Tour de Corse 1986.

    http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-henri-toivonen-prince-des-rallyes-49541064.html

     

    Les plus puissantes voitures du groupe B furent écartées des rallyes à la fin de cette saison. Pour Walter Röhrl, la fédération se soucia moins de sécurité que de protéger la sacrosainte Formule 1 de la concurrence d’une discipline fort spectaculaire qui faisait vibrer le public. Le champion allemand considère qu’il existait des solutions pour rendre les magnifiques machines du groupe B plus sûres et maintenir leur présence sur les routes de rallye.

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    Il faut reconnaître qu’une belle Groupe B dans le cadre majestueux de la route du Col de la Croix Saint-Robert qui sert de tracé à la célèbre Course de côte du Mont-Dore, cela ne manque pas d’allure !

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    Tout comme une vaillante Berlinette Alpine à l’attaque sur une spéciale disputée dans la belle campagne bretonne.

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    Les spectateurs et les commentateurs qualifient souvent les bolides de bêtes de course. Ils ajoutent qu’elles rugissent avec rage. Ils entretiennent le mythe d’une sorte de mystère autour de la performance. Il faut dire que le sport automobile, rigoureux à l’extrême dans la préparation des pilotes et des machines, se montre extrêmement superstitieux et très ouvert aux légendes traditionnelles. Comme tous les univers où le danger reste plus présent, plus menaçant, que dans les sociétés sécurisées et aseptisées. Le chat noir fait partie de ses superstitions les plus courantes. A titre d’exemple, Alberto Ascari, champion du monde en 1952 et en 1953 les redoutait terriblement. Au point de rester devant la porte de sa maison pendant des heures s’il trouvait un « gros minet » de cette couleur sur le paillasson. Jamais il n’aurait osé chasser le mistigri de crainte que cet acte lui porte malheur. Quant à la voiture avec laquelle James Dean trouva la mort, elle fut l’actrice de tant de drames qu’il est permis de se demander si la main du Diable ne l’utilisa pas comme une arme funeste.

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    Non contente de frayer avec l’irrationnel, la course automobile sert aussi de théâtre à d’incroyables affaires d’espionnage et de trucage. Le Stepney Gate et le Crash Gate, ça vous rappelle quelque chose ? Sans oublier la disparition d’un précieux joyau dans l’univers des stars à Monaco :

    http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-l-affaire-du-diamant-monegasque-50387283.html

     

    Ces affaires ne sont guère stupéfiantes compte tenu des intérêts financiers et technologiques qui rodent autour du monde de la course.

     

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    Des GT de rêve aux  lignes félines, des sites aussi envoûtants que mystérieux comme les volcans d’Auvergne ou les landes bretonnes, des enjeux de nature à attirer des personnages moins recommandables que les pilotes qui, à quelques rares exceptions près, sont des sportifs sains et loyaux, avouez que tous les ingrédients sont réunis pour que certains scénarii de courses dérapent sur les pistes sinueuses et glissantes d’autres mystères.

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    D’autant que des stars venues d’autres milieux viennent parfois se mêler au jeu. Françoise Sagan faillit ainsi piloter une Ferrari lors d’une course routière. "Ma mère conduisait vite mais bien, rapporte le fils de l’écrivaine. Un peu à la manière d'un ambulancier, sans à-coups. Elle a failli courir une épreuve de mille miles en Italie. Son ami Enzo Ferrari l'y poussait. Mais la course a été annulée cette année-là ".

     

    En attendant de retrouver la course automobile dans des thrillers et des livres fantastiques, je vous invite à surfer sur les récits, images et fictions de Circuit Mortel. Les scénarii d’épreuves bretonnes pleines de suspense vous y attendent.

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    Et si votre appétit de découverte  des courses en Auvergne s’est trouvé aiguisé par quelques images apéritives de cette note, une visite s’impose sur l’excellent blog du Clermontois Jean-Claude Besse qui a d’ailleurs plusieurs fois évoqué Circuit Mortel,

    http://club-3ascollection63.blog.fr

     

    NOTE MODIFIÉE LE 25 septembre 2014

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    Un roman policier teinté de fantastique dans le monde du rallye automobile :  LE PACTE DU TRICHEUR  est disponible en cliquant surhttp://amzn.to/1jAhsoF

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    Un autre roman automobile et vintage sur fond de tourbillon des sixties : http://amzn.to/1nCwZYd

     

    Des émois inoubliables à La Baule en 1969  http://bit.ly/1fWbM7x

     

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    Texte et photos :

    Thierry Le Bras

  • BELLES DE COURSE

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    « Mon bateau, c’est le plus bateau de la flotte, et un beau bateau, c’est un bon bateau ». Ces propos sont extraits d’une interview que m’accorda Catherine Chabaud quelques semaines avant le Vendée Globe 2000 – 2001. Catherine, authentique marin, accorde une importance particulière à l’harmonie qui s’installe entre un skipper, sa  machine et les éléments. Les bateaux de course sont souvent qualifiés de F1 de la mer. Laurent Bourgnon affirme pour sa part qu’un voilier de course se pilote. Les comparaisons entre voiliers de course et voitures de compétition sont nombreuses.

     

    Une belle voiture de course est-elle une bonne voiture de course ? Pas sûr. Mais le fait qu’une voiture de course soit belle contribue en tout cas  à illustrer les performances de son pilote.

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    J’ai eu l’idée de mettre en ligne dans une série de notes consacrées aux « Belles de course » quelques photos de machines dont j’ai particulièrement aimé le design, la décoration, les couleurs. Le choix est subjectif bien sûr, car si un chrono établit une hiérarchie objective, l’esthétique ressort par nature d’un ressenti personnel.

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    Elio de Angelis devant sa Lotus 1980

     

    La première Formule 1 que j’ai choisi de présenter est la Lotus de 1980 qui était pilotée par Elio de Angelis et Mario Andretti. La voiture ne fut pas la meilleure du plateau puisqu’elle ne remporta pas le championnat des constructeurs. Mais dès que je l’ai vue, j’ai été séduit par ses couleurs, bleu, rouge et argent. Les deux premières photos de cette note représentent Elio de Angelis à son volant lors des essais du Grand-Prix d’Hockenheim 1980. Elio était un authentique  artiste du pilotage, « Il fut le plus beau pilote qu’il m’ait été donné d’admirer », confie Johnny Rives dans « La course aux souvenirs ». Un artiste au volant d’une œuvre d’art, un duo magique.

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    Les F1 ne sont pas les seules voitures qui causent un choc visuel. Des voitures de tourisme de sérié (groupe 1) pouvaient tout aussi bien retenir l’attention. Je pense par exemple à la Ford Escort 2000 RS que pilota Francis Dosières  de 1980 à 1982. Francis aligne toujours des voitures décorées avec goût. Son pilotage remarquablement efficace fait en outre de ses belles autos de bonnes machines de course riches d’une impressionnante collection de victoires de groupes. L’image ci-dessus a été prise à la CC de Saint-Gouëno en 1980.
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    Je terminerai cette présentation des voitures dont le look m’a causé un coup de cœur par l’Opel Ascona 19 SR groupe 1 avec laquelle j’ai commencé la compétition en course de côte au printemps 1976. Elle était strictement de série avec juste quatre amortisseurs De Carbon piste, des slicks et les équipements de sécurité obligatoires. Même pas un pont court ni un pot piste. Pas question d’aller chercher les Alfa Roméo 2000 GTV de Christian Galopin, Christian Rio, Jacques Coquet ou Philippe Bernier, ni la Triumph Dolomite de Didier Calmels. Mais j’adorais le dessin de sa carrosserie et je trouvais que sa peinture bleu métal et son toit noir la mettaient vraiment en valeur. Aujourd’hui encore, elle conserve une place particulière dans le souvenir des voitures que j’ai possédées. L’année suivante, j’ai commencé à remporter des victoires de classe avec une Golf GTI. Mais quand j’ai disputé les M d’Avranches avec  l’Ascona qui manquait cruellement de puissance sur ce tracé, j’ai rêvé d’y revenir un jour avec une Commodore GSE maxi groupe 1 bleue avec un toit noir…

     

    Thierry Le Bras