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  • VOUS RAPPELEZ-VOUS L’ESTAFETTE GORDINI 1966 ?

    la première voiture rapide de la Gendarmerie Nationale

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     Gendarmes contre voleurs, une course éternelle qui existait déjà au cœur des sixties.

     

    Comme aujourd’hui, les forces de l’ordre se plaignaient de ne pas disposer du matériel adapté à l’appréhension des truands.

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     A chaque époque sa délinquance. Au temps vintage, les cauchemars des gendarmes s’appelaient les beaux mecs et la French Connection. Les premiers organisaient des casses. Des braquages d’envergure au cours desquels ils s’appropriaient les fonds entreposés dans les banques, les bijoux exposés chez les joailliers ou encore la paye du personnel des grandes usines, alors versée en liquide. Les seconds faisaient du trafic de drogue leur source de revenus. Les uns et les autres utilisaient des véhicules rapides lors de leurs activités illicites. Ils roulaient en DS 21, Fiat 2300, Mercedes Classe S, Jaguar Type S, Buick, Chevrolet Sedan, Opel Kapitän ou Amiral, Rambler…

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     Lorsqu’il s’agissait de courir après les voleurs, les gendarmes disposaient d’un parc de véhicules français dont les performances n’étaient pas la première qualité. Des 4L, des Estafette, quelques breaks 403 et 204, voire encore d’indestructibles Juva 4 qui refusaient de quitter le service actif. Aucune de ces voitures ne pouvait suivre les puissantes machines des bandits. L’efficacité et le moral des gendarmes en pâtissaient.

     

    L’idée du capitaine Rozadec

     

    Ce fut alors que le capitaine Guénolé Rozadec, affecté au quartier de Lorette à Saint-Malo, émit une suggestion qui allait faire son chemin : monter le moteur et la suspension de la R8 Gordini sur des Estafette ! Guénolé Rozadec aimait le sport automobile. Adolescent, il rêvait de devenir pilote ! Le destin ne lui avait pas accordé cette chance. Mais s’il ne fréquentait pas Jim Clark, Pauli Toivonen, Paddy Hoppkirk, Bruce McLaren, Dany de Suliac ou Xavier Ferrant, le capitaine suivait leurs exploits dans la presse. Il se rendait chaque année à plusieurs épreuves  choisies en fonction des dates de congés qu’il obtenait. Les 24 Heures du Mans, les 1000 kilomètres de Paris, les 12 Heures de Reims, le Grand-Prix de Pau, la Coupe des Alpes, le Tour de l’Ouest  et la Course de côte du Mont-Dore faisaient partie des courses favorites de ce solide trentenaire breton, plutôt petit mais  aux muscles taillés dans du granit et à la tête aussi dure que la charpente. Armé de son appareil photo, un Kodak Retina Reflex 4, il déambulait sans relâche au bord des pistes et consacrait la majorité de ses temps libres à tirer en chambre noire les clichés ramenés des jours de course.

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     Le capitaine Rozadec aimait conduire vite, ce qui n’était pas un problème à cette belle époque où la vitesse restait libre à peu près partout. Après avoir usé trois Dauphine, une, Export, une 1093 et une Gordini, il s’était laissé tenter par la nouvelle R8 G au printemps 1965. Les performances et la maniabilité de la petite bombe transformée par le bon sorcier Gordini lui avaient donné l’idée d’une Estafette taillée pour la course aux malfaiteurs. Sa hiérarchie choisit de le couvrir sous son entière responsabilité. Elle le laissa écrire au Général de Gaulle sans le mettre aux arrêts tant que le Chef de l’État ne se mettait pas de colère.

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     Le Général lut la lettre qui exposait le projet avec intérêt et la fit suivre à son Premier Ministre, Georges Pompidou. Ce dernier aimait l’automobile et trouva l’idée séduisante. Il demanda au ministre des armées de se mettre en rapport avec le capitaine malouin et de faire construire trois prototypes qui seraient discrètement testés en Bretagne. Les premières voitures furent livrées en mai 1966. Le capitaine Guénolé Rozadec se vit confier la responsabilité de l’organisation des essais.

     

    Premiers tours de roues

     

    Aujourd’hui avocat et grand défenseur des automobilistes face à la tyrannie autophobe, Maître Philippe Georjan se souvient d’une anecdote qui date de l’été 1966. « J’avais quatorze ans à l’époque, témoigne-t-il. Avec mon cousin Laurent qui avait le même âge que moi, nous étions fascinés par les voitures de sport et la compétition. La sœur de Laurent, ma cousine,  était un peu plus vieille que nous. »

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     « Elle possédait une Triumph Spitifire qu’elle conduisait pieds nus, comme Françoise Sagan, afin de mieux sentir sa machine. Un après-midi de juillet, elle nous a amenés à Port Mer, une plage près de Cancale. Nous roulions sur la route côtière. La Triumph était décapotée. A trois dans la Spitfire, nous étions un peu tassés mais ce n’était pas grave. Soudain, une Estafette de gendarmerie nous a doublés en trombe dans la  descente juste avant la Plage Duguesclin. Nous étions surpris parce que ma cousine roulait déjà vite. Elle a encore accéléré pour ne pas se laisser larguer par l’Estafette. Un kilomètre plus loin, nous avons atteint une enfilade de virages assez serrés sur une portion de route qui montait. Et là, surprise. L’Estafette enroulait les courbes d’un appui sur l’autre en glissant des quatre roues !  La roue arrière intérieure levait en offrant le même spectacle qu’une Cooper S dans une épingle en course de côte. Nous avions du mal à en croire nos yeux. Comment une fourgonnette de près d’une tonne équipée d’un moteur de 45 cv pouvait-elle rouler comme ça ? Franchement, ce jour-là, nous avons cru que Renault testait des éléments d’une future grosse voiture style Super R16 sous  la carrosserie d’une camionnette déguisée en voiture de gendarmerie… » En vérité, il s’agissait bien de tests, mais de ceux du nouveau bolide de la gendarmerie piloté par le capitaine Guénolé Rozadec. L’Estafette qui tapait les Triumph était équipée d’un moteur 1255 cm3 développant 88 chevaux, d’une boite 5 vitesses et de combinés ressorts amortisseurs développés pour le rallye.

     

    L’Estafette Gordini en service actif

     

    Quarante Estafette Gordini furent livrées à la Gendarmerie française entre l’automne 1966 et la fin de l’année 1970. Seul digne distinctif, un sigle G pour Gordini sous la marque Renault à l’arrière et en bas de la calandre.

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     L’expérience se révéla moins concluante qu’espéré. Même revue par Gordini, l’Estafette restait juste en performances pures. Son mauvais CX, celui d’une camionnette utilitaire, la pénalisait au niveau de la vitesse de pointe. Son moteur ne développa jamais plus de 115 chevaux (et encore dans les dernières évolutions dont la cylindrée avait été portée à 1440 cm3 mais qui restaient bridées dans les versions routes). Bien que plus agile, plus nerveuse et plus rapide qu’un modèle de base, l’Estafette Gordini peinait à suivre des gangsters en BMW, Fiat 130, Lancia ou Mercedes.

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      Son centre de gravité trop haut la rendait délicate à conduire pour le gendarme de base. Tous ses conducteurs suivaient un stage organisé à Montlhéry par le commandant Rozadec (promu après sa brillante idée) et des moniteurs de pilotage. Mais une fois en liberté sur les routes, beaucoup mirent les Estafettes dans le décor ou  sur le toit. Qu’importe, l’idée novatrice du commandant Rozadec avait fait évoluer la Gendarmerie Nationale. Des Matra Jet, Alpine Berlinette et A 310 ainsi que des Citroën SM succédèrent aux premières Estafette dans les missions de chasse aux brigands. Tel un corsaire malouin, Rozadec avait conçu ses vaisseaux destinés au service des nouveaux Monarques de la République.

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      Désormais à la retraite comme ses chères Renault Gordini, Guénolé Rozadec s’est installé à Saint-Germain – sur – Ille, là où fut longtemps organisée une fameuse course de côte. Il consacre ses journées à scanner  ses vieilles photos de course automobile afin de les partager sur des forums spécialisés.  Sa femme Marie-France à qui il a communiqué son amour de la performance et de Gordini l’assiste dans ses tâches. Grâce à cette passion commune, le couple ne s’ennuie jamais. D’ailleurs, le temps passe vite car Guénolé écrit également un livre sur les véhicules à moteur Gordini qui ont servi l’État dans des missions de Gendarmerie. Guénolé et Marie-France se rendent encore sur quelques circuits et visitent volontiers des musées automobiles. Devinez quelle voiture ils utilisent au quotidien ? Une Twingo Gordini bien sûr ! Le seul regret de Guénolé, s’être vu refuser une démonstration par ses supérieurs et les organisateurs des 24 Heures du Mans. En juin 1967, Guénolé Rozadec aurait voulu présenter l’Estafette Gordini en prologue des 24 Heures du Mans. Son rêve, effectuer deux tours du fameux circuit à grande vitesse afin de démontrer les capacités du nouveau véhicule d’élite des forces de l’ordre. Une Estafette Gordini pilotée par Guénolé Rozadec en trajectoire dans les Esses du Tertre rouge, ça aurait eu de la gueule ! La démonstration lui fut refusée… L’État a sa raison que le cœur d’un Gendarme fou de vitesse et de Gordini ne connaît pas.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Tout ou presque sur la R8 Gordini

    http://www.r8gordini.com/

      

    Citroën et la DS, de la route aux spéciales des plus grands rallyes http://bit.ly/1nR7R3i

     

    Des superstitions de pilotes au cœur d’un polar ! http://0z.fr/JHYvp

     

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    Thierry Le Bras

  • LES ALPINE DE MARCEL GRUÉ

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    Marcel Grué fait partie des grandes figures du sport automobile dans l'Ouest. En 1998, il comptait 34 saisons de course automobile et s'était aligné au départ de plus de 500 courses...

    Marcel Grué a piloté quantité de voitures de la Peugeot 203 à la Ford Sierra Cosworth en passant par la Dauphine 1093, la R8 Gordini, la Toyota Celica, la Ford Capri 3000, la R5 Turbo et quelques autres encore dont l'inévitable Berlinette Alpine 1600 SC.

    Ceux qui couraient ou suivaient les courses de côtes en 1977 se souviennent tous de sa fameuse Alpine blanche qu'il tractait avec une DS 21.

    Portière contre portière

    Marcel n'a jamais hésité à se frotter à la concurrence. En 1966, il dispute le Championnat des aspirants avec sa R8 Gordini. « J'étais en tête les six premiers mois, confiera-t-il une vingtaine d'années plus tard à Ludovic Bellanger, le spécialiste du sport automobile à Presse Océan. Mais ensuite, je n'avais pas les moyens de partir dans le sud de la France pour continuer le championnat et c'est Andruet qui a gagné. »

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    Marcel finit tout de même troisième et s'attaque à la Coupe Gordini l'année suivante. Parmi les grands moments de l'année figure un fameux duel avec un futur champion de F1. « A Albi, je me souviens d'une grosse bagarre avec Jean-Pierre Jarier, confiera le Nantais à Ludovic. Portière contre portière, on prenait les échappatoires, les ralentisseurs... On perdait du temps, mais on s'amusait. »

    Une expérience qui se révélera utile lorsque Marcel pilotera une Commodore GSE aux 24 Heures de Spa Francorchamps comme quand il engagera sa Capri 3 litres dans des épreuves en circuit. Et aussi en course de côte où la finesse des trajectoires joue un rôle capital. De 1973 à 1975 par exemple, Marcel court en Alfa Roméo 2000 GTV et remporte sa catégorie dans 28 des 29 courses auxquelles il participe. Puis viennent les années Alpine, de 1976 à 1978.

    L'Alpine, un choix raisonnable

    « Les gens rêvaient de ce constructeur, se rappelle-t-il. Moi, c'est une voiture que j'aimais bien, sans plus. »

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    La Berlinette va pourtant marquer une nouvelle période faste. Je me rappelle particulièrement l'été 1977. Un été meurtrier... pour les rivaux de Marcel Grué. Corcoué sur Logne, Saint-Germain sur Ille, Pluméliau, Pouillé les Coteaux, Le Mont-Dore, Saint-Gouëno, Neuvy Le Roy, Saumur Saint-Hilaire et d'autres courses encore... C'est simple, Marcel gagne partout.

    Et ça recommencera en 1978 ! Une Berlinette bleue succède à la blanche. Mais sa présence tue toujours le suspense. « Les autres n'ont qu'à aller plus vite », plaisante-t-il.

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    Chez les Grué, la course est une fête de famille. Marie-Jo, l'épouse du pilote nantais, est aussi passionnée que lui. Elle prendra même le départ d'une édition d'une édition de la course de côte de Pouillé les Coteaux au volant d'une Simca 1000 Rallye 2 d'emprunt. Quant à Nicolas, le fils, il pilotera à son tour à une époque, hélas, moins ouverte aux gentlemen drivers.

    La Berlinette blanche de Marcel Grué roule encore aujourd'hui. Patrick Bourdais (le papa de Sébastien) l'a rachetée à Marcel Grué en 1978 et il a couru en côte avec. Puis, après diverses pérégrinations, au début des années 2000, Thomas Delago, un collectionneur allemand qui roule parfois en VHC, l'a rachetée et restaurée.

    Les nouvelles publications de CIRCUIT MORTEL sont désormais mises en ligne sur http://circuitmortel.com

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    Saint-Germain sur Ille, haut lieu de la course de côte

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2011/03/10/course-de-cote-de-saint-germain-sur-ille-1973-et-1974-les-vo.html

    Un autre souvenir de 1977

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/11/17/course-de-cote-de-neuvy-le-roy-un-bon-souvenir.html

    AGO, Alpine Grand Ouest, un site Alpine à découvrir absolument

    http://www.alpine-grand-ouest.com/actu-ago/actu-alpine-grand-ouest.html

    NOTE : Les sources de ce texte sont le numéro spécial La Passion de l'Auto, écrit, réalisé et édité par Ludovic Bellanger en 1998 ainsi que des souvenirs personnels corroborés par des documents d'époque. Je profite aussi de cette occasion pour remercier Marcel Grué des nombreux conseils qu'il m'a prodigués quand je commençais la compétition.

    Thierry Le Bras