Jimmy Mieusset fou de joie
Plus ça va, mieux c’est, avait titré un journaliste d’Échappement au sujet d’une de ses nombreuses victoires.
Jimmy Mieusset portait les couleurs de Norev, le fabricant de voitures miniatures. Norev, la voiture de nos rêves, pensèrent plusieurs générations de petits et de grands enfants. Solido, Dinky Toys, Corgi Toys et Norev sont à l’origine de nombreuses passions et vocations automobiles. Combien d’aspirants champions n’ont-ils pas rêvé lorsqu’ils étaient en culottes courtes de triompher un jour au Mans, à Monte-Carlo, à Spa ou à Indianapolis au volant d’une Cooper, d’une Lotus, d’une Gordini, d’une Maserati, d’une Jaguar, d’une Vanwall, d’une Mercedes, d’une Alfa Roméo, d’une Ford ou d’une Ferrari 43 fois plus grande que celles qu’ils poussaient sur le parquet ?
A dire vrai, je ne crois pas que ce soit la perspective de voir sa Ralt F2 reproduite au 1/43ème qui illumine le visage de Jimmy Mieusset ci-dessus. C’est plutôt la saveur exquise de la victoire qu’il vient de remporter avec sa toute nouvelle Ralt !
La course aux sponsors
J’avais eu la chance de visiter l’usine Norev à Villeurbanne l’année de mes 10 ans. Resté collectionneur de voitures miniatures au fil des années, j’avais adressé des dossiers de proposition de sponsoring à tous les fabricants de voitures miniatures en 1976 et 1977.
Norev m’avait répondu fort courtoisement, mais négativement. Mon Ascona puis ma Golf ne feraient pas partie de ses vecteurs de communication. En matière de sponsoring, ce sont rarement les fabricants de produits auxquels un concurrent songe en premier lieu qu’il parvient à convaincre. D’abord, parce qu’il contacte les entreprises qu’il a envie de séduire avant (ou concomitamment dans le cas d’espèce) celles qu’il pense avoir une chance de décrocher grâce à un raisonnement marketing élaboré.
Que ce soit comme pilote ou comme consultant en communication pour des pilotes ou skippers, j’ai conclu des partenariats avec des compagnies d’assurance, des transporteurs, des garages, une société de jeux, des sociétés de production, une société de nettoyage, une société de mareyage, des acteurs du secteur informatique, des sociétés de presse, un réseau de coiffure, des distributeurs de matériels… mais jamais avec un fabricant ni un distributeur de voitures miniatures. Cela ne m’a pas empêché d’acheter de nombreuses Golf GTI miniatures, notamment des Norev et des Solido dans les couleurs de mes Golf de course (grise métallisés, puis blanche).
Le Mont-Dore récompense les meilleurs
Le Mont-Dore n’est pas un circuit miniature. C’est un tracé pour grands garçons, parsemé de pièges. En 1977, plusieurs pilotes de premier plan sortiront de la route. Giovanni Rossi détruira sa Commodore GSE au virage Rouveyran, le passage qui avait été fatal à Daniel Rouveyran en 1973. Le pilote de Lédignan voulait faire gagner sa March Formule 1 en course de côte. Sa monoplace avait heurté la falaise et il n’avait pas survécu. Giovanni Rossi eut plus de chance. Sa Commodore GSE était plus solide qu’une F1. En plus, elle est sortie du côté droit de la piste, en contrebas dans un champ, et pas contre les rochers à gauche.
Delaloye aussi partira dans un champ avec sa Toyota Celica groupe 2. Moins durement que Rossi, mais assez sérieusement pour perdre toute chance de victoire. Même Jacques Alméras se fera une frayeur et bloquera les roues au freinage du gauche après la passerelle.
Le Mont-Dore ne s’offre qu’aux pilotes à la fois rapides et expérimentés. Jacky Ravenel s’imposera finalement en groupe 1 avec sa Commodore GSE. Yves Evrard remportera le groupe 2 avec sa BMW 2002. Il devancera La Torche sur un gros coupé BMW 30 CSL. Les Porschistes Jean-Pierre Beltoise, Jacques et Jean-Marie Alméras remporteront respectivement les groupes 3, 4 et 5. Le multiple champion d’Europe, Mauro Nesti, se classera premier des prototypes (groupe 6). Et la révélation de la saison en monoplace, le jeune Christian Debias, terminera second au scratch derrière le vieux roi de la montagne, Jimmy Mieusset. Une rumeur circulera selon laquelle Christian Debias aurait consenti des efforts inimaginables pour alléger sa Ralt F2, au point de percer des trous dans les pédales et dans le baquet ! Je crois qu’elle était vraie. Une telle chasse au poids n’avait rien d’illégal. Elle démontrait un souci du détail poussé à son paroxysme.
Moi, je ne suis pas content de moi. Je n’ai pas réussi une seule montée parfaite le jour de la course. A la première, j’ai eu une hésitation dans les S et j’ai levé dans une partie de l’enchainement qu’il fallait franchir à fond absolu. Après j’ai un peu bloqué les freins sur un freinage trop tardif. A la seconde, j’ai loupé une vitesse à la carrière et j’ai eu le sentiment de ne pas avoir bien conduit dans les virages suivants. A l’arrivée, je suis franchement dépité. J’ai commis trop de fautes et je mesure le chemin qui reste à parcourir avant de prétendre jouer la victoire de catégorie dans toutes les épreuves. Il me faudra plusieurs jours avant de retrouver le moral. Il reste quatre courses avant la fin de la saison. Sur la route du retour, je rumine ma revanche. Je prendrai le départ de chacune des épreuves suivantes avec le couteau entre les dents. L’objectif sera atteint. J’y signerai quatre victoires de classe, non sans m’être fait quelques chaleurs et avoir causé des frayeurs à la petite équipe qui me suit. J’ai beaucoup appris au Mont-Dore. Même si je n’ai pas atteint le résultat espéré, la semaine se sera révélée enrichissante.
A suivre…
Dans quelques jours, je vais vous parler d’une autre course automobile en Auvergne et vous surprendre.
Remerciements
A Alain Hérault qui m’a adressé les scans des pages d’Échappement mises en ligne dans cette note. Je reparlerai bientôt de son Alpine. Ce sera début 2012, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage d’Enguerrand Lecesne sur la Berlinette. Un livre dont Alain Hérault est un des sujets par ses victoires au volant d’Alpine et moi un des (modestes) apporteurs de photos d’illustration. Au Mont-Dore 1977, il remportait d’ailleurs la classe 1600 – 2000 cm3 du groupe 5 avec sa Berlinette verte ci-dessus.
NOTE MODIFIÉE LE 9 AOÛT 2014
La course de côte du Mont-Dore m’a inspiré un polar dans l’univers de la course automobile. L’histoire s’intitule LE PACTE DU TRICHEUR. Elle se déroule en Auvergne. La course emprunte le tracé de la route du Col de la Croix Saint-Robert.
Après la fiction, des annexes abordent la question des superstitions des pilotes en se fondant sur des anecdotes véridiques mettant en scène des pilotes d’hier et d’aujourd’hui.
Le livre est disponible en cliquant sur http://amzn.to/1jAhsoF
Je vous invite également à lire (gratuitement) cette courte histoire illustrée qui se déroule pendant une édition de la course de côte du Mont-Dore Chambon-Sur-Lac http://0z.fr/U10ZB
QUELQUES LIENS A SUIVRE
Quelques BMW à diverses éditions de la course de côte du Mont-Dore
http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/08/07/quelques-bmw-a-la-course-de-cote-du-mont-dore-–-chambon-sur.html
Un blog consacré aux romans policiers et autres fictions dans le sport automobile, les autres sports mécaniques et la voile (mes livres et nouvelles bien sûr, mais aussi d’autres ouvrages que j’ai aimés) : http://polarssportsetlegendes.over-blog.com
L’excellent site de Jean-Claude Besse, très riche en histoires et photos sur la course automobile en Auvergne : http://club-3ascollection63.blog.fr/
Retour en Bretagne après le Mont-Dore. La course suivante, c’est Saint-Gouëno. Pas question de perdre. Un seul mot d’ordre, l’attaque à fond ! Un week-end très, très agité http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/10/30/un-week-end-agite-a-saint-goueno.html
Thierry Le Bras