CIRCUIT MORTEL, C’EST AUSSI LE RENDEZ-VOUS DE TOUS LES PASSIONNÉS DE VOITURES PASSIONS
Vous avez des souvenirs liés à la Porsche 914/6 ? Laissez vos commentaires !
Il existe des voitures surdouées qui passent auprès d’une grande carrière sportive. Tel fut sans doute le cas de la Porsche 914/6. Au début des seventies, Porsche s’interrogea sur son avenir en compétition. Le modèle piloté par Guy Chasseuil et Claude Ballot-Léna avait terminé sixième au scratch et gagné en GT aux 24 Heures du Mans lors de l’édition 1970 perturbée par la pluie. Pas mal pour une voiture équipée d’un petit moteur de 220 cv ! Dans des conditions difficiles, la 914/6 avait supplanté les 911 S et les Corvette qui n’appréciaient guère l’adhérence précaire.
Le Marathon de la route la même année consacra la petite nouvelle. Au bout des 86 heures de l’épreuve disputée sur le grand circuit du Nürburgring, les trois 914/6 engagées occupaient tout simplement les trois premières places.
Sa carrière bascule sur les spéciales du Monte-Carlo
Au Monte-Carlo 1971, Porsche en engagea trois, comme au Marathon. Les voitures manquaient de mise au point. Gérard Larrousse était un de leurs pilotes. Il décela un potentiel énorme mais souligna le besoin de développement et suggéra un travail sur la direction qui était trop lourde. Les ingénieurs de Porsche demandèrent à Waldegaard ce qu’il en pensait. Les bras de bûcheron du grand Bjorn ne souffraient pas du poids de la direction. Par contre, il préférait la bonne vieille 911 qu’il connaissait par cœur à sa cadette. Grand pilote sur le terrain mais moins sensible que son équipier français au développement d’une voiture, Bjorn ne sentait rien à améliorer sur la 914/6. Au Monte-Carlo, il réalisa de meilleurs temps que Gérard Larrousse, sans doute beaucoup parce que son physique lui permettait de ne pas souffrir du poids de la direction. Larrousse et Andersson abandonnèrent tous les deux sur problèmes d’embrayage. Waldegaard se classa troisième après avoir remporté 9 spéciales.
Porsche décida pourtant de revenir à la 911 S, d’autant que la 914/6 ne connaissait pas un succès énorme auprès de la clientèle. Trop carrée, trop différente du style 911, et standing cassé par l’existence d’une version 2 litres d’origine Volkswagen, tels furent les principaux handicaps de la 914/6. La clientèle traditionnelle Porsche redouta de se faire assimiler à de vulgaires utilisateurs de la populaire « VolksPorsche ».
Quand on y réfléchit pourtant, la 914/6 adoptait avec plusieurs années d’avance la structure de la Stratos qui domina longtemps les rallyes mondiaux : une GT à moteur central, construite en fonction d’un équilibre des masses idéal. Porsche a-t-il raté l’occasion de développer l’arme absolue dans la discipline ? J’en suis assez convaincu.
A défaut d’avoir construit le palmarès qu’elles méritaient, les 914/6 font désormais le bonheur des pilotes de VHC.
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Thierry Le Bras