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CIRCUITMORTEL - Page 91

  • LE RETOUR DE GORDINI ?

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    Le moyen-âge redoutait les sorciers et leur prêtait des intentions et pouvoirs maléfiques. Notre époque se passionne au contraire pour les bons sorciers. Lorsqu’Elisabeth Montgomery interpréta le rôle de Samantha Stephens, elle donna leurs lettres de noblesse aux pouvoirs surnaturels en bougeant son joli petit nez. Elle nous entraîna avec enthousiasme dans l’univers magique de Ma sorcière bien aimée. Plus récemment, les 3 belles filles de Charmed se battirent contre les forces des ténèbres afin de protéger le monde des démons les plus maléfiques. Quant à Harry Potter, il a suivi le cycle complet de l’École des sorciers de Poudlard et s’est posé en rempart contre les soldats du mal.

     

    Mais bien avant ces héros de fiction, un homme assura la transition entre les sorciers nuisibles  et les sorciers protecteurs. Je veux parler du sorcier Amédée Gordini, celui sans qui nous autres, pauvres moldus, aurions été privés d’objets magiques tels que la R8 et la R12 Gordini.

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    Pour ceux qui se souviennent d’un temps où les radars ne persécutaient pas encore les automobilistes , le nom Gordini évoque des saveurs aux épices d’émotions remplies de plaisir et de temps forts. Rien ne prédisposait pourtant le petit Amadéeo à entrer dans l’histoire. Enfant pauvre, il commença à travailler chez un forgeron à l’âge de 10 ans. Les années passèrent et le don de la mécanique s’épanouit chez Amédée.

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    En 1930, nous le retrouvons en France comme pilote d’une Simca-Fiat préparée par ses soins, Il gagne des courses. Simca lui fait confiance. Il prépare les Simca 5 et les Simca 8 qui représentent la marque en compétition.

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    Aux 24 Heures du Mans 1939, il remporte sa catégorie et la 10ème place au général. En 1945, Gordini remporte la première épreuve de l’après-guerre au volant de sa vieille Simca 8. Simca lui renouvelle sa confiance. D’autres triomphes viendront, notamment avec ses monoplaces qui tiennent la dragée haute aux Ferrari et Maserati.

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     En 1952, Jean Behra et sa Gordini battront même les Ferrari à Reims. La monoplace bleue sortie du chapeau du sorcier porte haut les couleurs de la France en compétition.

     

    Mais le monde change. Gordini n’est pas un homme d’affaires.  Il ne parvient pas à trouver les moyens de continuer à rivaliser avec Ferrari et Mercedes. Les monoplaces bleues quittent les circuits. Le Sorcier met sa magie au service de Renault. Sa magie produira la Dauphine Gordini, la R8 Gordini, la R12 Gordini, la R17 Gordini ainsi que les mécaniques qui équiperont les Alpine en rallye comme en circuit.

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     Le sigle Gordini pourrait réapparaître bientôt sur des modèles sportifs de la marque au losange. Une bonne idée dans une période où le Vintage fait fureur. BMW avec sa mini, VW avec sa nouvelle Coccinelle, Fiat avec sa 500, et Citroën avec les séries DS ont su surfer sur cette tendance. Lancée en mars dernier par Stephen Norman, la nouvelle a été reprise le 3 octobre 2009 par Aujourd’hui en France – Le Parisien, partenaire de Renault en F1 et défenseur à ce titre de l’image de l’écurie comme d’autres médias influents, notamment TF1 et Europe 1.

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    Après le Crash Gate organisé par Briatore au service de  son pilote préféré dont il gère aussi une partie des intérêts, la marque au losange a besoin de redorer son blason. Dommage que monsieur Briatore ait confondu ses intérêts personnels et ceux des pilotes qu’il manageait avec ceux du Losange. Dommage aussi que son aversion des pilotes français nous ait privés de voir des garçons comme Franck Montagny, Loïc Duval ou Sébastien Bourdais dans le baquet d’une Renault. Dommage encore que des gougnafiers d’Enstone aient terni par ricochet l’image des ateliers de Viry-Châtillon qui savent fabriquer des moteurs de tout premier ordre et les mettre au service de pilotes qui n’ont pas besoin de tricher pour monter sur les podiums comme l’ont brillamment démontré Sebastian Vettel et Mark Webber cette année. Mais il est trop tard pour réécrire ce triste chapitre de l’histoire sportive de Renault. Mieux vaut se souvenir de pages plus éloignées dans le temps et se tourner vers le futur.

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    Nous, les R8 G et les R12 Gordini, nous avons adoré. Tout comme l’époque des exploits des pilotes dirigés par Jacques Cheinisse et Gérard Larrousse. Et aussi comme les fous furieux qui pilotent leurs Clio groupe N, groupe A, Super 1600 ou R3 à la limite en rallye, en rallycross, en circuit ou en course de côte.

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    Alors, que des Renault Gordini viennent nous rappeler de belles heures de Renault en course auto, on en redemande. J’ai récemment consacré une petite fiction en 4 chapitres à la R8 Gordini qui permit à de nombreux pilotes de se révéler en compétition (cf. les 4 notes Clin d’œil à la R8 Gorde dans les notes récentes).

     

    Impossible de conclure cette note rendant hommage à Gordini sans vous inviter à surfer sur le portail R8 Gordini : http://www.r8gordini.com

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    Vous y trouverez des infos, des news, des explications techniques, des photos, des pages d’histoire, des rubriques qui nourriront voluptueusement votre amour de la R8 Gordini et d’autres modèles ultra-sportifs nés à Dieppe ou dans les ateliers du Losange. Vous voyagerez avec les Gordinistes au gré des manifestations ouvertes aux amateurs de la marque. Le voyage vous conduira jusqu’en Finlande, en compagnie d’un passionné de R8 Gorde qui connaît bien le Champion du monde de F1 2007, Kimi Räikkönen.

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    Et j’oserai une petite suggestion. Messieurs les décideurs de chez Renault. si vous nous ressuscitiez aussi des Alpine ? Une descendante à la Berlinette nous ravirait. Et dans cette époque Vintage, votre équipe marketing trouverait bien le moyen de rentabiliser le projet.

     

    Thierry Le Bras

  • CONFIDENTIEL PADDOCKS

      

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     Le Web permet à des passionnés de sport auto de raconter leurs expériences, qu’elles soient d’hier ou d’aujourd’hui, de mettre en ligne des photos qui évoquent des temps forts, de réveiller des souvenirs ou/et la curiosité de ceux qui surfent sur la toile.

     Je vous invite aujourd’hui à découvrir CONFIDENTIEL PADDOCKS, le nouveau blog ouvert par le Québecois Patrice Dusablon.

    http://confidentielpaddocks.over-blog.com

     

    CONFIDENTIEL PADDOCKS couvrira  la course automobile en général. Contrairement aux sites spécialisés, par exemple F1-Live ou Nascar.com, CONFIDENTIEL PADDOCKS se veut un blog qui traite d'une multitude de disciplines, même si la F1 et la Nascar y sont particulièrement à l'honneur. En outre, vous y retrouverez des récits de courses historiques et des tranches de vie  d'anciens pilotes. Enfin, vous y découvrirez également des fictions dans l'univers de la course.

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     Le traitement à chaud de l’actualité est l'apanage des sites spécialisés, Ceux qui travaillent sérieusement et apportent une info réelle et de première main sur ce créneau disposent d’une rédaction importante ainsi que  des accords avec des agences de presse qui se déplacent sur tous les Grands-Prix et sont en contact permanent et personnel avec les principaux acteurs de la F1. CONFIDENTIEL PADDOCKS privilégie une autre approche. Les rédacteurs ont leurs sources et leurs contacts, bien sûr, mais ils ne vivent ni officiellement ni officieusement de leurs interventions sur quelque sites ou forums F1 que ce soit. Ils ne se relaient pas 24 heures sur 24 comme des veilleurs  pour passer des messages partout. Mais leur indépendance financière par rapport aux intérêts d’acteurs de la F1 garantit justement leur honnêteté intellectuelle et leur indépendance. Cette situation ne leur permet donc pas d’annoncer les scoops à la vitesse de l’AFP ou de CAPSIS International, mais CONFIDENTIEL PADDOCKS ambitionne plutôt d’apporter un vrai plus en fournissant à ses lecteurs des analyses inédites et des éditoriaux réfléchis sur le sport automobile. Conformément à cette philosophie, vous trouverez sur ce blog des sujets ciblés assortis d’analyses approfondies sur notre sport favori. Bref, un contenu inédit et surtout varié qui permettra aux fans de course automobile de partager leurs passions avec d'autres internautes dans un environnement où la diversité d'opinion est la bienvenue et, surtout, où le respect est la règle d'or.

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     Beaucoup de ceux qui  s’intéressent  non seulement à la course Vintage mais aussi aux épreuves contemporaines et notamment à la F1 auront observé qu’il existe sur certaines plateformes des agressions systématiques des supporters de certains pilotes, particulièrement Lewis Hamilton et Kimi Räikkönen. Des actions de lobbying de grande envergure et d’une violence verbale inouïe ont été entreprises pour tenter de les discréditer et de décourager les amateurs de F1 qui les estiment d’intervenir sur les sites, blogs et forums. Les plus connaisseurs auront reconnu des méthodes dignes d’un lynchage médiatique de Lewis et de Kimi. Une chasse à courre malhonnête, perfide, ignoble, qui a découragé et dégoûté beaucoup d’intervenants sur le Net. Sur CONFIDENCES PADDOCKS, les supporters de ces pilotes et des autres peuvent s’exprimer sans crainte. L’administration du blog les protégera des agressions qu’ils ont pu constater ou subir ailleurs.

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     Compte tenu de l’orientation de Circuit Mortel, les visiteurs de mon blog y recherchent  des sujets sur la course et l’automobile Vintage plus que des actualités. Ils trouveront des chroniques er des images historiques qui leur feront plaisir sur CONFIDENTIEL PADDOCKS. Je prêterai en effet ma plume, ou plutôt mon clavier à ce nouveau blog dont l’approche et la philosophie m’ont séduit.

     Les lecteurs de mes romans (1) connaissent déjà Éric Trélor, le parrain de David Sarel, un de mes principaux héros récurrents, ainsi que Freddy Vivien. Mais Ronnie n’est apparu jusqu’à présent que dans quelques nouvelles sur le Net. Pourtant, lui-aussi est un personnage attachant dont des tranches de vie méritent d’être rapportées. Ce sera le cas régulièrement sur CONFIDENTIEL PADDOCKS. Ronnie est un pilote au gros cœur, mais surtout un type simple, sain et généreux qui rappellera à chaque lecteur un bon copain qu’il a connu dans le sport automobile ou ailleurs. Une histoire le mettant en scène est déjà ne ligne.

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     Elle se déroule en 1964. Outre le cadre de la fiction, vous trouverez des Peugeot 403 et 404, une belle brune qui ne compte pas pour des prunes, un départ de course très chaud et un premier virage source d’incidents de course, des images d’Aston Martin, de Jaguar Type E, de Volvo 122 S, d’une Matra…

    http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-36659346.html

      

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    Ronnie est toujours resté proche d’Éric et de Freddy mais il n’a jamais voulu devenir pilote Vivia car il entendait montrer à tous, à commencer par ses meilleurs amis, qu’il pouvait réussir tout seul en sport automobile. Dominique a partagé ses aventures automobiles et lui fit l’assistance lors de toutes les courses auxquelles il participa sans en manquer une seule. Je me ferai le plus fidèlement possible l’interprète de Freddy, Éric et Dominique pour vous raconter Ronnie.

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    Le concept de ces fictions rédigées pour CONFIDENTIEL PADDOCKS intègrera à chaque fois la présence d’une jolie fille et une référence historique. Je vous laisse découvrir la jolie brune qui compte pas pour des prunes en cliquant sur le lien ci-dessus. Et pour vous y inciter un peu plus, je vous donne un indice sur le point d’histoire. Dans cet épisode de la vie de Ronnie, le dernier tiers du texte retrace la vie et la carrière d’un grand champion disparu, Mike Hatwhorn. Le prochain épisode évoquera largement une jolie brune aux yeux d’émeraude qui s’impriment dans la mémoire ainsi que l’Alfa Roméo Giulia TZ 1965.

     

    CONFIDENTIEL PADDOCKS vous accueillera avec convivialité. Alors n’hésitez pas à le visiter et à y intervenir.

     

    Thierry Le Bras

     

    (1) Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?

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    C’est possible, découvrez  les romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel : « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par Astoure (diffusion Breizh).

     

  • LE CLIN D’ŒIL DE PHILIPPE GEORJAN A LA R8 GORDE (4)

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    Héros d’une prochaine série de romans Vintage, Philippe Georjan est un personnage de fiction qui adore l’automobile et la compétition. Adolescent durant les sixties, jeune homme à la période des seventies, il s’avoue nostalgique de cet âge d’or de l’automobile. La R8 Gordini réveille quelques anecdotes croustillantes dans sa mémoire. Parmi elles, les pérégrinations d’un jeune amateur surdoué, Vanvan la bonne pâte, victime des malversations de l’escroc Jean Curbeau, un pilote pourri jusqu’à la moelle qui lui a vendu une R8 Gorde non conforme. Mais comme nous sommes dans un univers de fiction, tout est permis, y compris une fin morale où le pilote le plus tricheur de l’époque est puni. Donc, dans cette histoire, il n’est pas si sûr que le gibier de potence l’emporte au paradis.

    (pour découvrir le début de l’histoire, cliquez sur les 3 notes précédentes)

     

    Comme les fables de La Fontaine, l’histoire du Curbeau comporte tout de même une morale bien que son vainqueur ressemble plus à un lion qu’à un renard, à un super puissant en vérité, mais un homme qui n’avait pas oublié certaines valeurs de base.

     

    L’anti-héros que Jean Graton aurait pu intégrer aux Texas Divers dans un album de Michel Vaillant tant il était intégralement et foncièrement mauvais finit par payer ses crimes. Les sales types récidivent toujours. Et parfois, ils finissent quand même par se faire prendre, au moment ou personne n’y croyait plus.

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    Nous pensâmes un moment que la révélation au monde de la course automobile des tricheries de Curbeau avec sa R8 Gordini et de l’imposture de son palmarès sur cette voiture mettrait fin à sa carrière de pilote. Que nenni ! Aussi escroc dans les affaires que sur les pistes, Curbeau parvint de manière totalement inattendue à monter un programme avec une grosse auto pour la saison 1973. Une énorme société de promotion immobilière très en vue associa sa marque au tricheur.

     

    (NDLR : rappelons que ceci est une FICTION. Toute ressemblance avec des personnes comme avec des situations existant ou ayant existé serait naturellement le fruit du hasard. De toute façon, dans la réalité, la malhonnêteté viscérale et ignoble du Curbeau aurait probablement triomphé de tout)

     

    Nous l’ignorions encore, mais tous les ingrédients d’un nouveau scandale venaient de se mettre en place.

     

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     Ce fut sur une R 12 Gorde, que le narrateur, Philippe Georjan, débuta comme pilote en compétition après quelques épreuves comme navigateur de son ami Xavier Ferrant

    Je me souviens très bien de l’affaire car elle éclata lors d’un rallye dans l’Ouest au printemps 1973 et qu’il s’agissait d’une des premières courses auxquelles je participais au volant de ma R 12 Gorde avec mon cousin Laurent comme navigateur. Inutile de préciser que nous faisions partie des irréductibles qui ne saluaient ni Curbeau ni les membres de son équipe. De toute façon, il ne cherchait pas à nous parler non plus. C’était ma première saison de compétition comme pilote. Les frères Tourquen avaient la gentillesse de nous faire partager leur expérience lors des reconnaissances et leurs mécaniciens aidaient aussi les copains qui nous faisaient l’assistance à s’organiser. Curbeau nous avait vus à plusieurs reprises avec eux et savait que nous n’intégrerions jamais le groupe des amnésiques qui l’aidaient à se réhabiliter dans le milieu.

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    l’Alpine Berlinette dans ses évolutions groupe 4 et groupe 5 fut la voiture de course préférée de Jean-Jacques Tourquen

     

    Charlène Berrisac, une jeune femme reconnue très rapide, courait cette épreuve au volant d’une Alfa Roméo 2000 GTV groupe 1. Dans une spéciale, à la suite d’une confusion après les temps d’assistance et les pointages aux CH, elle est partie trente secondes devant le gougnafier. Elle fit un tête à queue qui se termina par une légère touchette. Lorsqu’elle redémarra, le pirate de la route arrivait dans ses roues. Nullement convaincue d’être moins rapide que le triste sire qu’elle n’appréciait guère – Charlène était une amie des frères Tourquen et elle avait fait partie des signataires de la pétition en faveur de Vanvan comme de ceux du message de soutien après sa sanction -, elle ne le laissa  pas passer quoique disposant d’une voiture beaucoup moins puissante. Charlène entendait bien devenir pilote professionnelle et elle abordait chaque course comme une étape vers la finalisation de son projet. Pas question pour elle de s’effacer devant un concurrent qui ne lui montrerait pas qu’il marchait vraiment plus fort. Aussi pervers et malfaisant qu’escroc, Jean Curbeau la percuta volontairement au virage suivant, choisissant juste le moment où elle plaçait son Alfa en appui. Résultat, le beau coupé 2000 GTV partit en tonneaux dans un champ en dévers. Curbeau poursuivit sa route en riant méchamment, indifférent au sort de Charlène et de sa navigatrice. Je sais que c’est difficile à croire, mais auprès de ce sale type, Nelson, le vilain petit diablotin orange dont Télé Magazine rapporte les aventures chaque semaine serait franchement sympathique.

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     La vermine  avait oublié d’intégrer un facteur dans l’équation de la sortie de piste de la pilote de l’Alfa 2000 GTV. Charlène était la fille d’un capitaine d’industrie, un homme d’acier, déterminé à forger les destins de son entreprise et de sa famille conformément à ses aspirations, un patron entouré d’un bataillon d’avocats teigneux. Et surtout, monsieur Berrisac était un papa attentionné qui adorait sa fille et se posait comme son plus grand supporter. Il venait à toutes les courses auxquelles Charlène participait. Quand il apprit ce qui s’était passé sur la spéciale, il redevint soudain le jeune homme impétueux de 20 ans qu’il avait été 28 ans plus tôt, le garçon qui à l’armée s’était inscrit volontairement dans un stage commando afin de dépenser son trop plein d’énergie, le gamin qui n’avait pas peur de faire le coup de poing si quelqu’un le cherchait. Non seulement sa Mercedes 6,3 litres coinça la grosse auto du gougnafier entre le point d’assistance et le CH, mais il bondit du siège conducteur avec une rage qu’aurait applaudie Carlos Monzon, alors champion du monde de boxe dans la catégorie poids moyens. Le papa de Charlène  sortit le pilote-escroc de son bolide, puis cassa la gueule à ce salopard qui avait manqué de tuer sa fille.

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     Le bandit à terre et KO pour le compte, il s’en alla en lui jurant qu’il le chasserait définitivement du sport automobile.

     

    Le lendemain, l’imitateur de Satanas, authentique méchant dans le dessin animé « Les fous du volant », se présenta à ses bureaux avec les yeux au beurre noir, les arcades sourcilières raccommodées par des points de suture (comme les pommettes), un peu boitillant et plein de bleus et de bosses. Nul ne sait si son navigateur ricana comme Diabolo lorsque le pilote pervers ramassa sa raclée.

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    Arranger le portrait du démon mécanique n’avait pas suffi à apaiser l’ire du papa de la future championne. Dès le lundi matin, les avocats de l’homme d’affaires se mettaient au travail. Le bruit circula que ce même jour, le gougnafier aurait menacé son vainqueur par KO de porter plainte pour coups et blessures. Curieux hasard, la voiture de tourisme de l’ignoble individu fut empruntée ce même soir devant son domicile et retrouvée dès le lendemain matin dans une décharge publique. Les policiers observèrent qu’aucun dégât n’avait été occasionné au véhicule et ils s’étonnèrent de trouver un rat mort décapité à la place du conducteur. Le Curbeau se cassa sans doute le bec et les ailes dans son projet de plainte pour coups et blessures car aucun policier n’interrogea jamais monsieur Berrisac au sujet de la bagarre.

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    « Ce voyou de Curbeau est un évadé de la saga des Dalton ; il mérite le goudron et les plumes comme au bon vieux temps du far-west », grondait Jean-Jacques Tourquen. « Je suis sûr que son tout premier crime fut d’avoir fait mourir sa maman de chagrin. Tagada, tagada, voilà Jo Dalton »

     

    La crapule fut rapidement convoquée devant la commission disciplinaire de la fédération. Il perdit son sang froid, hurla, tempêta, jura, se mit à trépigner en devenant si rouge que les membres de la commission crurent à un accident cardio-vasculaire. Cela ne les empêcha pas de rigoler tant le Curbeau se montrait pitoyable dans sa déchéance sportive. Les membres de la commission éprouvèrent tout de même une sorte de compassion en réalisant que les caprices hystériques du malandrin dévoilaient ce que personne n’avait encore imaginé, sa part de déficience mentale. La lueur de pitié dans les yeux de ses interlocuteurs humilia Curbeau. Fou de fureur, il se laissa aller à des propos insultants pour Charlène et les femmes en général. Puis il fustigea la commission qu’il qualifia de Fédération des juges, traita ceux qui délibéraient sur son cas de vendus, les menaça de les retrouver plus tard s’ils lui retiraient sa licence.

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    Peut-être qu’aujourd’hui, l’Al Capone sot aurait reçu les félicitations des juges sportifs et que les instances de la course automobile auraient exercé toutes les pressions imaginables pour que les meilleurs teams lui confient leurs voitures. Peut-être même qu’une journaliste automobile « In Love Total » lui aurait jeté sa petite culotte à l’instar de ce que fit un jour Madonna et qu’elle lui aurait hurlé son amour brûlant à longueur de pages, déclenchant une course de suceurs de roues avec des consoeurs et confrères à la poursuite de la reconnaissance du vilain petit Curbeau. Mais les juges sportifs de l’époque ne trempaient pas dans des complots politico-médiatico-financiers. Ils jugèrent en droit et rendirent une décision conforme à l’équité. Le Curbeau était persuadé que les juges n’oseraient rien contre lui, qu’ils admireraient sa perfidie et son culot, qu’ils ne lui infligeraient pas un seul jour de suspension de licence. Ils le firent pourtant, pour une durée de 10 ans.

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    Le mois suivant, la grosse auto du blaireau était à vendre dans la presse spécialisée. Il n’avait plus le droit de la conduire en course et il fallait rembourser les dégâts que sa manœuvre inqualifiable avait causés à l’Alfa de Charlène. Monsieur Berrisac avait fait immédiatement réparer la voiture pour que sa fille retrouve tout de suite les chemins des rallyes et des circuits. Il n’aurait rien demandé ni reproché à un adversaire de Charlène si l’Alfa avait été détruite dans un incident de course entre deux pilotes se battant à la régulière sur la piste de Nogaro ou du Bugatti. « Les sorties de piste et les accrochages, ça fait partie des risques du métier et des aléas du sport, affirmait monsieur Berrisac. Il en faut pour grandir. On ne devient pas un champion ou une championne en s’abritant dans du coton ni sans affronter les adversaires les plus rudes. La vie et la course auto, c’est comme un combat de boxe ». Mais compte tenu des circonstances de l’accident qui n’avaient rien à voir avec une lutte normale entre pilotes qui conquièrent une place – « sur le ring, on respecte les règles édictées par le Marquis de Queensbury et on ne frappe pas sous la ceinture » - , il fallait que le Curbeau paye jusqu’au dernier centime. A défaut des lois du Noble Art,  celle du Talion trouvait à s’appliquer : œil pour œil, dent pour dent, ou tout au moins horions et pognon contre carton sur le charriot, comme certains pilotes appelaient leur caisse. Monsieur Berrisac s’estimait juste – d’ailleurs la plupart de ses employés le pensaient aussi - mais il se montrait sans pitié quand on touchait aux siens.

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    Rien ne réparerait par contre le préjudice moral de Vanvan la bonne pâte, un tout bon à qui la brave R8 Gorde avait permis de débuter en compétition sans trop d’argent et de montrer son talent naturel, mais dont un escroc du sport automobile avait brûlé les rêves. Car malgré l’insistance constante des frères Tourquen, il faudrait attendre près de 30 ans pour qu’avec les encouragements de sa femme Patricia, Vanvan se laisse tenter par quelques épreuves de Véhicules Historiques de Collection (VHC) en équipage avec son vieil ami Jean-Jacques.

     

    Thierry Le Bras