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Sport - Page 84

  • LES SPECTATEURS SONT SYMPAS

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    Dans une note récente, Ludovic Rougier évoquait l’aide apportée par un spectateur à Didier Pironi le soir de l’AGACI 300 1982. Au moment de quitter le circuit, Didier s’était aperçu qu’un pneu de sa Golf GTI était à plat et qu’il n’avait pas de cric. Un spectateur, lui aussi propriétaire de Golf, avait gentiment proposé de lui changer sa roue.

     

    En course auto, les spectateurs sont sympas. Ancien pilote amateur et moi-même spectateur assidu, je l’ai constaté à de nombreuses reprises. Beaucoup de gens sont franchement très gentils, et pas seulement avec les grands pilotes que tout le monde connaît.

     

    Quelques exemples pour illustrer cette affirmation qui ne relève ni des effets d’un produit euphorisant, ni d’une naïveté soudaine. Je vous assure que je sais pousser des coups de gueule quand quelque chose ou quelqu’un me révolte dans le monde du sport auto ou ailleurs.

     

    Le premier souvenir de gentillesse dans le sport auto que je citerai remonte à 1976, le jour de la Course de côte des M d’Avranches. J’ai 21 ans, je suis encore étudiant, et je suis engagé à ma troisième course. Les deux premières ont été le slalom d’Avranches et la Course de côte de Saint-Germain sur Ille auprès de Rennes. Je cours avec une Opel Ascona 19 SR groupe 1 avec laquelle je roule au quotidien. Une vraie voiture de série. Le moteur développe 90 cv. La préparation se limite à4 amortisseurs de Carbon pistes et aux accessoires de sécurité : l’arceau, les harnais, le coupe-circuit, l’extincteur, les attache-capots. Je dispose tout de même de 4 slicks que j’amène dans le coffre les week-ends de course. Une fois arrivé, je monte moi-même les jantes équipées de slicks à la place de celles chaussées de pneus de tourisme. Je n’ai pas de plateau (de toute façon, je roule et je cours avec la même voiture) et je ne me suis pas encore organisé avec les copains qui mettront en place une superbe assistance avec des moyens plus que raisonnables les saisons suivantes.

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     J’arrive à Avranches le dimanche matin. Je n’ai pas pu venir le samedi ; je passais un écrit de droit civil qui comptait pour les examens de licence. Je gare l’auto sur un parking et je commence à changer mes roues. Un gars un peu plus jeune, 18-19 ans, engage la conversation. Personne ne me connaît. Échappement et Ouest-France n’ont encore jamais parlé de moi. Avec mon Ascona, je ne risque pas d’aller chercher les Christian Galopin, Christian Rio (Alfa 2000 GTV), Fabrice Malherbe, Didier Calmels (Triumph Dolomite), qui se battront pour la victoire de groupe avec quelques autres pilotes aguerris et bien équipés. Mon interlocuteur propose spontanément de m’aider à monter mes jantes équipées de slicks. J’accepte bien sûr. Je pars aux vérifs, puis je me présente sur la ligne de départ pour effectuer mes montées d’essais. Mon interlocuteur va se placer au haut du tracé, dans les fameux M qui font le charme du tracé, un enchaînement où les pilotes prennent de gros appuis.

     

    Nous nous reverrons à midi, puis après les montées de course, car mon nouveau copain viendra me rejoindre au terme de la course pour m’aider à remonter mes pneus de route ! Je lui offrirai un pot avant de partir, mais il tiendra à remettre sa tournée. Un gars vraiment sympa dont la gentillesse totalement désintéressée m’a fait plaisir ce jour-là.

    ***

    Un autre souvenir un brin humoristique. Trois ans plus tard, je prends le départ du rallye de Touraine. Je cours en Golf GTI depuis 1977. J’ai remporté des victoires de classe en course de côte, la voiture est bien préparée, je la tracte sur un plateau, et des copains me font l’assistance. Je pense avoir bien reconnu. Seul souci, le dimanche matin, il tombe des cordes. Mon navigateur et moi sommes un peu inquiets de ce qui nous attend. Au départ de la première spéciale, j’essaie de conduire propre. Nous voyons quelques autos dans les talus et les champs, ce qui n’incite pas aux folies. Pourtant, nous revenons sur la Kadett GTE qui est partie devant nous. Je l’ai en visuel, je suis à 100 mètres, 50 mètres… Le gars prend plus de risques. Moi aussi. Si je reviens comme ça, c’est bon signe, je vais être bien au groupe, même si je ne rêve pas de taper Clarr qui va dominer les débats. Bernard, un copain mordu de sports mécaniques que j’ai connu au service militaire l’année précédente et qui monte pour la première fois dans le baquet de droite m’annonce un 90 gauche et répète l’annonce, histoire de me rappeler qu’il est temps de freiner. C’est déjà et ça restera son truc à Bernard quand il pense qu’il faut calmer le jeu. Il répète les notes. Par exemple, « droite moyen se referme, se referme beaucoup, se referme beaucoup, beaucoup … » Mais l’excitation du pare-choc arrière de la Kadett GTE et la perspective de lui faire signe d’ici un deux virages par un appel de phares bien senti que je veux passer l’emporte sur la sagesse de mon pote dans le baquet de droite.

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    Mais voilà, sur la route que pluie et boue rendent glissante comme une patinoire, je perds l’avant au freinage. Je tire tout droit dans une entrée de champ. J’enclenche la marche arrière, j’accélère, et il ne se passe rien, si ce n’est que les roues motrices s’enfoncent dans le sol… Pas longtemps. Trois costauds arrivent en courant. Avant que nous n’ayons eu le temps de dire quoi que ce soit, ils sont devant la voiture et la poussent vers la route. Et là, je fais une bêtise. Avant d’être sorti du champ, alors qu’un autre spectateur me fait signe que la voie est libre, j’accélère, et je projette un nuage de boue sur nos sauveurs. Aucun signe de mauvaise humeur de leur part, au contraire, ils rigolent et nous font signe de foncer.

     

    Lorsque nous repasserons à ce virage de la spéciale, nous verrons que leurs cirés sont couverts de boue, mais ils nous applaudiront et nous adresseront des signes d’encouragement. Encore des gars super-sympas !

    ***

    Dernier exemple pour aujourd’hui, la Course de côte de Saint-Germain sur Ille 1980. A cette époque, il existait une tradition avant cette épreuve. De nombreux pilotes, dont moi, venaient rouler sur le tracé avec les voitures de course un soir de la semaine précédant la course. La coutume enchantait certains riverains car elle générait une belle animation. Elle excédait quelques grincheux obnubilés par le bruit et la sécurité routière. Tout se déroulait pourtant dans le souci de la sécurité optimale car les riverains du circuit faisaient la circulation, indiquant à l’entrée des virages si nous pouvions passer à l’attaque et en trajectoire ou s’il fallait ralentir à cause de voitures de tourisme arrivant en sens inverse.

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    Le soir où je suis allé tourner, une bande de jeunes de la commune est venue me voir au moment où je descendais ma voiture du plateau. Ils aimaient la compétition et ils s’y connaissaient en course de côte car le frère de l’un d’eux courait dans cette discipline sur une Simca 1000 Rallye 2 groupe 2. Je les ai amenés comme passagers chacun à leur tour durant ces essais que je qualifierai de « libres ». Puis ils ont tenu à m’offrir un pot avant que je ne reparte. Le dimanche, jour de la course, ils sont revenus me voir et je les ai sentis supporters sincères et enthousiastes. Encore un souvenir sympa qui conforte ce qu’affirme Jean-Luc Pailler, « on n’a que de bons souvenirs en course automobile » !

     Thierry Le Bras

  • MEILLEURS VŒUX POUR 2010

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    Le temps passe vite, très vite, souvent trop vite. Un vrai bolide qui, contrairement aux aspirations de Lamartine, ne suspend jamais son vol.

     

    2010 arrive. Puisse cette nouvelle année allumer l’étincelle de chance qui, alliée à vos efforts, vous permettra de foncer vers la satisfaction de vos finalités en entraînant les vôtres dans votre aspiration.

     

    Au plan du sport automobile, 2010 s’annonce à la fois comme une année pleine de promesses, mais également de difficultés liées à la crise, et encore d’inquiétudes. Car si le championnat du monde de F1, le championnat WRC, les épreuves d’endurance et les disciplines les plus relevées s’annoncent disputés et donc pleins de suspense, beaucoup de pilotes, de  teams privés et d’amateurs rencontreront des soucis pour boucler leurs budgets. Lorsque des grands constructeurs se retirent de la compétition, il serait vain de nier les problèmes financiers qui frappent les sports mécaniques comme l’ensemble de la société. Espérons que l’économie mondiale trouvera très rapidement un nouveau souffle propice à l’emploi, à l’enthousiasme, à l’éclosion des grains de folie qui rassemblent les pilotes, les propriétaires de voitures-passions et les spectateurs dans la communion de la belle automobile et de la compétition.

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    Souhaitons aussi qu’en Formule 1, tous les pilotes soient traités équitablement et qu’aucun jeu sournois ne fausse la compétition quelle qu’en soit l’origine, interne ou externe aux écuries. Le sport représente une microsociété et un exemple dont tous ou presque apprécieront qu’ils restent sains, y compris au plus haut niveau. Impossible de ne pas s’inquiéter de l’équité entre pilotes dans cette discipline entachée par de récents scandales et où les maîtres du jeu ne se préoccupent que de danser au son du dollar sans plus aimer la musique des moteurs ni la compétition au sens strict. Il serait par exemple dommage que des garçons comme Felipe Massa et Nico Rosberg soient moins bien servis que leurs équipiers et que leurs carrières en pâtissent. Il serait tout aussi insupportable que le pouvoir sportif sanctionne à nouveau des pilotes à tout va, en tout premier lieu Lewis Hamilton, pendant que d’autres acteurs de la discipline jouissent d’une totale impunité, parfois clairement affichée, parfois déguisée en sanctions si lourdes et si peu conformes aux principes généraux du droit qu’il est évident qu’elles seront inévitablement annulées après quelques semaines de pénitence. Il serait encore navrant que des artifices visent à fausser une superbe compétition entre dix ou douze pilotes susceptibles de remporter des Grands-Prix pour la transformer en duel médiatique limité à deux concurrents dont la rivalité serait montée en épingle et exacerbée au point de les présenter en caricatures d’eux-mêmes au nom du dieu audimat. Sur ces derniers points, l’arrivée de Jean Todt à la tête de la FIA donne des raisons d’espérer. Elle amènera certainement plus de clarté et de justice, Dieu merci. Mais il faudra certainement beaucoup de courage à Jean Todt pour préserver les intérêts sportifs face aux grands argentiers.

     

    Et comment ne pas terminer ces lignes consacrées à la F1 par l’appel à un retour du Grand-Prix de France ? Qu’on nous rende au moins Magny-Cours en attendant une solution plus conforme aux vœux de monsieur Ecclestone ! D’autant que réunir un consensus autour de la construction d’un nouveau circuit semble encore plus compliqué que prévu. Opposition systématique et hystérique des lobbies écologistes, réunion des fonds, approbation des riverains, accord des collectivités publiques, voilà un parcours du combattant qui tuera définitivement le Grand-Prix de France à défaut de solution transitoire sur un circuit existant déjà. Que les Super VIP demandeurs d’hôtels 5 étoiles se logent à Paris et viennent en hélicoptère le jour de la course. Personne ne le leur reprochera. Nous, les vrais amoureux des exploits des pilotes, marcher dans la campagne ne nous dérange pas. Nous le faisons bien au Mans, au bord des routes de rallye, des pistes de course de côte et de rallycross. Alors, pourquoi pas à Magny-Cours le week-end du Grand-Prix ? Il suffit de mettre des tennis et un jean, plus pratiques que le smoking et le nœud papillon en de telles circonstances.

     

    Et vous, heures propices !

    Suspendez votre cours :

    Laissez-nous savourer les rapides délices

    Des plus beaux de nos jours !

     

    Les heures propices en 2010, ce seront bien sûr celles passées aux côtés des êtres chers, mais aussi celles vécues au bord des circuits et au cœur de manifestations automobiles qui constituent autant de fêtes tout au long de l’année !

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    Sur Circuit Mortel, je m’efforcerai modestement de partager avec vous quelques souvenirs, photos, recherches historiques, fictions dans les univers de la course automobile Vintage comme contemporaine, sans oublier quelques nouvelles de pilotes que j’apprécie particulièrement, stars confirmées, espoirs ou simples amateurs.

     

    Je souhaite sincèrement que la lecture des notes à venir comme les séances de surf sur les archives de Circuit Mortel vous apporteront quelques moments de douceur en vous immergeant dans les univers dont nous partageons la passion.

     

    Bonne année 2010 à vous et aux vôtres !

     

    Thierry Le Bras

  • DURES LOIS DU CROSS

    Une histoire de moto qui déroge un peu aux usages sur ce blog. Je ne résiste pas à l’envie de vous raconter l’histoire de ce texte. Il fut ma première publication en 1973. Lorsque le livre dans lequel il est paru est sorti, je préparais le bac.

     

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