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superstitions - Page 4

  • COMPOSITIONS AMÈRES

    dans la cuisine de la rue des Betteraves.

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    Comme chaque année, je vous invite à célébrer la Fête de la gastronomie en dégustant des saveurs douces- amères. Votre guide, David Sarel au temps de sa jeunesse, à l’époque où se déroule mon nouveau roman, Le Pacte du tricheur, dont la sortie en e-book est imminente. Une fiction dans laquelle David tient le premier rôle…

     

    Si David avait accepté ce déjeuner dominical, c’était juste pour éviter les salades.

     

    Grégoire, son père, vivait désormais rue des Betteraves à Betton. Avec Soizick Pierret, l’employée subalterne devenue sa nouvelle épouse. David se rendait de mauvaise grâce dans la demeure où régnait sa pire ennemie. Un fruit pourri à qui il attribuait le prix citron de la convivialité. Par chance, il était rarement invité depuis que son père s’était fait retourner comme une crêpe par la croqueuse de diamants.

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     David  engagea sans enthousiasme sa moto dans l’allée du parc. Comme à chaque fois, son père se montrerait plus glacial qu’un maître d’hôtel anglais. La marâtre dégusterait les saveurs acides de l’accueil réservé par son homme. Bientôt, David serait majeur et fuirait ces corvées. Tant pis si papa en faisait un fromage.

     

    Ce fut justement une odeur de fromage fondu qui le saisit à la gorge lorsque Valentine Sorbet, grande amie de Soizick, lui ouvrit la porte. Elle exécrait David. Il la vomissait. La petite Lucrèce, fille de la marâtre, se collait à Valentine comme un chewing-gum ananas à une semelle.

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     David digérait mal que la mioche usurpât son patronyme. Il lui avait apporté une boite de pâtes de fruits suffisamment sucrées pour attaquer des dents de lait. La moutarde monterait au nez de la marâtre qui détestait qu’on gâtât le fruit de ses étreintes. David sourit en songeant que la senteur et la saveur de l’amalgame du dentiste succéderaient bientôt aux arômes de friandises dans la bouche du petit chou à son papounet officiel.

     

    Surprise. Soizick sourit aussi, tout sucre tout miel. Elle lui proposa un Gin Fizz. Elle savait qu’il repartait à moto et espérait le saouler. David ne se faisait guère d’illusions. Qu’il finisse en bière avec l’aspect et la texture d’une marmelade de fruits rouges ne liquéfierait pas ses hôtes. Il demanda un Schweppes dont le goût amer accompagnerait subtilement l’atmosphère.

     

    Justine apparut avec un plateau d’amuse-bouche. C’était la sœur cadette de Valentine. Une familière de la maison comme son aînée.

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     - Oh flûte, j’ai oublié que tu n’aimais pas le fromage, David, bava Soizick. J’ai prévu un repas de galettes et de crêpes avec des rouleaux de galettes au fromage à l’apéritif.

     

    D’où l’odeur à gerber, rumina David.

     

    - Moi, je me souviens que David n’aime pas le fromage, rattrapa Justine. J’ai préparé quelques roulés avec de la crème à la place.

     

    Les convives prirent place autour d’une table ronde, David s’assit entre les deux sœurs. Seule Justine lui adressa la parole. Une touche de cannelle dans une purée de poivrons. Elle papota avec lui pendant que Soizick et Valentine accommodaient les galettes. Bien que ne participant pas aux préparations, Grégoire et la gamine suivirent les cuisinières.

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      Des fumets alléchants flottaient jusqu’à la salle à manger. Puis les galettes arrivèrent triomphalement sur la table. D’abord accompagnées d’asperges chaudes et d’une vinaigrette au paprika, puis avec des coquilles Saint-Jacques et une sauce citronnelle. Le contraste entre la douceur des mets et les sauces piquantes qui les relevaient taquinait les papilles. David se régala mais masqua son plaisir. Pas question d’accorder une miette de contentement à la marâtre. Le dessert fut servi en milieu d’après-midi. Un gâteau glacé composé de crêpes et de cassis. Mutin, rafraichissant, croquant. L’invité résista à la tentation du champagne rosé et se retint d’accepter une seconde part de gâteau.

     

    Après un café corsé, le soulagement de prendre congé arriva enfin. Grégoire et Lucrèce se gavaient de pâtes de fruits en riant dans la canapé. Ils dirent au-revoir du bout des lèvres. David s’en réjouit. Embrasser la petite Lucrèce lui provoquait les mêmes hauts le cœur que la perspective d’avaler un chèvre-chaud. Les trois femmes accompagnèrent David sur le perron.

     

    - Les choses ont tourné au vinaigre entre nous, mais je me mets en quatre pour adapter mes menus au rituel de notre famille recomposée, ironisa Soizick.

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     La réponse gicla comme une tarte aux framboises dans la poire.

     

    - Une famille recomposée ou décomposée ? Des effluves plus amères que douces, non ?

     

    Le visage de Soizick vira couleur groseille tandis que la Sorbet fondait en larmes saumâtres et que Justine buvait du petit lait.

    ***

    David avait besoin de décompresser. Le déjeuner à Betton lui restait sur l’estomac. Il fit vrombir le moteurs de sa moto sur les petites routes de campagne jusqu’à Saint-Germain sur Ille. Puis il revint à Betton le cœur plus léger. Charles Calloc’h, un de ses meilleurs copains de lycée, l’avait invité à dîner. Un gars solide physiquement et mentalement dont la solidarité lui était acquise. Ceinture noire de judo, Charles avait toujours affirmé à David que la morue tomberait dans ses propres excès de méchanceté. Elle finirait en sushis ou en accras. C’était une question de temps. Les Calloc’h habitaient la même commune que la nouvelle famille de Grégoire Sarel, mais dans un quartier où les prix de l’immobilier ne gonflaient pas encore comme un soufflé au moment de servir.

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      Le jeune homme accepta de bon cœur le kir pétillant offert par le père de Charles. Le goût amer de la liqueur d’orange qui le relevait contribua à l’atmosphère joyeuse. Ici, personne ne voulait le passer au hachoir  ni le voir aplati comme une crêpe après un accident. De toute façon, il ne conduirait plus sa moto avant le lendemain. Le menu de la fin du week-end prévoyait qu’il reste dormir chez son ami. Les pâtes au saumon de madame Calloc’h lui parurent un festin de roi et il les digéra comme une salade estivale. Le far breton aux pruneaux fut avalé avec appétit. La bonne humeur enchantait la cuisine familiale !

     

    - Les pruneaux, un ingrédient dont je trufferais volontiers la morue qui bouffe mon père, ricana David en fin de soirée.

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     - De la morue aux pruneaux, voilà une recette originale mais ne l’imprime pas, trancha Charles. Elle t’amènerait des pépins et tu te ferais assaisonner par les poulets !

     

    - Je sais, soupira David. J’éviterai les fausses notes au piano. Un jour, ce sera la morue qui finira au placard.

     

    - Il restera Lucrèce, de la graine de poison.

     

    - Oh, un déchet comme la mère. Une fois qu’elle ne sera plus très fraiche, la petite peste finira recyclée auprès d’une poire dont elle pourrira l’existence…

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Soupe à la grimace pour  David et Charles en Auvergne http://0z.fr/U10ZB

     

    Au Rallye des Vins de Touraine, David goûte l’ivresse de la course http://bit.ly/17ZTQTh

     

    Cerise sur le gâteau pour Ronnie http://0z.fr/DwoeM

    (après des salades et avoir failli finir en bouillie…)

     

    Chronique d’une haine agissante, une autre bataille de la guerre impitoyable entre David et la morue http://0z.fr/PgIf4

     

    Le site officiel de Yoann Bonato, rallyman de talent qui brille cette année en Opel Adam Cup et préface Le Pacte du tricheur

    http://www.yoann-bonato.com/

     

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    Thierry Le Bras

  • PREMIER SCRATCH AU RALLYE DES VINS DE TOURAINE

    un temps fort vécu par David Sarel l’année de ses 17 ans

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    Le Coupé Vivia 2.0 Turbo groupe A avança jusqu’à la ligne de départ. Dans une minute, son pilote la propulserait dans la première épreuve spéciale du rallye.

     A son volant, Éric Trélor, un gentleman driver breton expérimenté et éclectique qui courait régulièrement en rallye, en course de côte et même aux 24 Heures du Mans. S’il ne faisait de la course son métier, Éric pilotait pour devancer ses adversaires. La douceur de vivre qui règne sur la Touraine ne calmait pas sa soif de victoires.

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     Dans le baquet de droite, David, seize ans et demi. Le jeune homme était le filleul et le neveu du pilote. Il courait déjà en kart et entendait  s’installer le plus vite possible au volant d’une auto de course. A son âge, c’était impossible. Par contre, depuis son dernier anniversaire, il avait le droit de jouer le rôle de navigateur en rallye. Mickael, le coéquipier habituel d’Éric depuis ses débuts, lui cédait gentiment sa place jusqu’à ce qu’il réalise son rêve de piloter lui-même. David profitait pleinement de cette faveur. Le Rallye des vins de Touraine était sa deuxième course après La Ronde de Guérande.

     

    Dans la cour des grands

     

    Cette année-là, le calendrier de la saison faisait bien les choses. La course tombait en plein milieu des vacances de Pâques. David  avait pu effectuer les reconnaissances avec Éric sans jongler avec les cours, devoirs et travaux personnels liés à sa vie  de lycéen. Une existence plutôt douce par rapport  à ce qui l’attendait mais ça, il n’en avait pas encore conscience. C’était tant mieux d’ailleurs, car à chaque âge suffit sa peine. Si David paraissait favorisé, il subissait son lot de problèmes parmi lesquels une marâtre à la haine active, un père hypocrite et lâche dans sa vie personnelle qui le rejetait, une grand-mère hostile depuis sa naissance  et une mère qui ne l’avait jamais compris ni tout à fait accepté. Aucune complicité n’avait existé avec ses parents. Au point qu’il lui arrivait de se demander si c’était sa faute, si quelque chose en lui faisait qu’il ne méritait pas qu’on l’aime et qu’on souhaite le voir content.  Heureusement qu’Éric le traitait comme un fils et qu’il avait des amis auxquels il était attaché, à commencer par Nick, lycéen parisien qui grandissait également dans un cadre familial peu épanouissant. Éric accueillait David et Nick chez lui pendant la plus grande partie des vacances. David était fier de disputer  cette course devant son meilleur ami.

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     L’enjeu était de taille. L’épreuve comptait pour le Championnat de France des rallyes 2ème division.  Face à la Vivia d’Éric et de David, des BMW M3, Lancia Delta et Sierra Cosworth, affûtées parmi lesquelles celle de Marion et Margo Martinet, deux sœurs qui ambitionnaient de suivre les traces de Michèle Mouton et Françoise Conconi. Blondes, minces, aussi gracieuses que Claudia Schiffer, les deux jeunes femmes ne laissaient pas  David et Nick indifférents. Pas au point d’oublier la course cependant. David portait une lourde responsabilité et les jalousies que suscitait son intégration au sein du Team Vivia s’exprimeraient sans retenue en cas d’erreur de sa part. Il le comprenait. Mais il se sentait fort psychologiquement. Sa situation familiale l’avait mûri et habitué aux environnements hostiles. Il était déterminé à se montrer à la hauteur de la situation.

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     Plus que 30 secondes avant le départ de cette première ES, la seule de la journée du samedi. Elle était courte, 4,9 km, et ne servirait qu’à déterminer l’ordre des départs le lendemain. Claquer un chrono n’assurerait pas un  avantage significatif sur  les adversaires. Psychologiquement toutefois, les plus rapides annonceraient la couleur et enverraient un message aux autres : nous sommes là pour jouer la gagne !

     

    Action

     

    Pilote et copilote étaient sanglés dans leurs baquets, équipés des combinaisons et des casques qui font ressembler les rallymen à des extra-terrestres, des êtres dotés de pouvoirs surnaturels que le commun des mortels n’ose pas imaginer.

     

    15 secondes avant de rejoindre un autre univers, celui de la vitesse, de l’adrénaline, du bonheur absolu. Éric avait enclenché la première. David  était prêt à annoncer les notes, c’est-à-dire le profil de la route qui sauterait à la figure des occupants de la Vivia dès que ses 325 chevaux hurleraient rageusement  leur puissance.

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     100 mètres à fond pour bosse à fond, lança le navigateur au moment où Éric lâchait l’embrayage et écrasait l’accélérateur. Le moteur monta dans les tours. La voiture se cabra malgré sa suspension d’athlète. L’accélération colla David au dossier de son baquet quand le turbo se mit en route. Le rugissement du moteur et le sifflement du turbo n’avaient rien à envier au tonnerre d’un réacteur de Mirage. Le paysage défilait de plus en plus vite. David  adorait ces sensations physiques qu’offrait la course. La Vivia décolla sur la bosse puis retomba sur le train avant en secouant son équipage. Les deux garçons encaissèrent sans sourciller, comme des boxeurs. Éric domina l’auto, la maintint en ligne. 150 mètres à fond pour gauche 90 (NDLR : c.à.d. 90°), enchaîna David d’une voix décidée qui soutenait le rythme infernal imposé à la voiture par son pilote. 80 mètres à fond pour droite 120 dévers sur sortie. Cela signifiait un piège. La voiture risquait d’être entraînée vers l’extérieur et le fossé si le pilote se montrait trop optimiste…

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     Dans la descente qui suivait, le Coupé Vivia 2.0 T dépassa les 200 kilomètres/heure. David tenait le rythme dans l’annonce des notes. D’autres équipiers doutaient qu’il y parviendrait en raison de son jeune  âge et de son manque d’expérience. Notamment Benoît, le navigateur de Luc Crillon, engagé en groupe N sur une autre Vivia. Les jaloux n’avaient pas saisi que la passion de la course, la confiance absolue dans le pilotage d’Éric et l’insouciance de la jeunesse compensaient le défaut d’expérience. David avait été préparé et formé à ce rôle par Éric. Il se savait prêt et, contrairement à Benoît, ne pensait pas une fraction de seconde à la sortie de route lorsqu’ il se sanglait dans la voiture. Quand il était sur le bord de la piste lors d’une course de côte ou d’une épreuve en circuit, il lui arrivait de s’inquiéter pour Éric et d’autres pilotes. Jamais quand il montait dans le baquet de droite.

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     La spéciale passa comme un éclair. Nick, artiste dans l’âme, photographe et dessinateur doué, s’était positionné peu avant l’arrivée, dans une enfilade où la Vivia passerait d’un appui sur l’autre en légère dérive des quatre roues. Il suivrait ta course de spéciale en spéciale avec Ronnie, un ami et supporter d’Éric qui courait en course de côte mais pas en rallye. En constatant la vitesse à laquelle Ronnie menait sa 605 de tourisme sur les petites routes menant à l’ES, Nick lui conseilla d’envisager de faire du rallye aussi. Il devrait bien s’y débrouiller. Sur le tracé de la spéciale, Éric et David roulaient en mode attaque absolue. La  Vivia déboula devant ses supporters sur la  trajectoire la plus tendue.  Elle coupa allégrement les bordures, faisant voler un nuage de poussière dans son sillage. Éric et David avaient vérifié la veille que les bas-côtés étaient propres, qu’aucune pierre ni aucun trou dissimulé par l’herbe ne leur joueraient de mauvais tour. Quand on veut gagner, chaque détail compte.

     

    Retour sur terre

     

    Une fois la ligne d’arrivée franchie, l’équipage regagna le parc fermé par le parcours routier ouvert à la circulation. Le rôle du navigateur changeait. Le magicien qui aide le pilote à catapulter  son bolide de virage en virage  se transforme en métronome qui le guide jusqu’au point d’assistance en respectant les obligations de pointage et en prenant garde de respecter les délais impartis.

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     Objectif rempli. La Vivia d’Éric et de David signait le meilleur temps de la première épreuve chronométrée. Elle partirait la première le lendemain. Une fois la Vivia garée dans le parc fermé et toutes les formalités remplies, Éric et David répondirent aux questions des journalistes spécialisés ou locaux qui suivaient le rallye. David expliqua longuement les spécificités de l’épreuve à Isabelle Demange-Challet, une correspondante du Pays de Neuvy Le Roy, commune sur le territoire de laquelle avait débuté la course.

     

    - J’assure la communication pour le team, plaisanta-t-il quand Éric se moqua malicieusement de son empressement à satisfaire la curiosité de la jolie journaliste.

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     Puis ils regagnèrent le motor-home dans lequel l’équipe logeait. Ronnie et Nick les y attendaient. David avait soif. Il demanda une bouteille d’eau. Nick le déchargea de son casque pendant qu’il se désaltérait. Puis les deux garçons se dirigèrent vers la cabine qu’ils partageaient dans le motor-home. Nick posa le casque de David sur sa couchette.

     

    - Ça va  pas, non ? s’indigna Michel, l’ingénieur traditionnellement chargé de la voiture d’Éric au sein du Team Vivia.

     

    - Ben, qu’est-ce que je t’ai fait ?  s’étonna Nick.

     

    - Jamais un casque sur le lit un week-end de course ! reprocha Michel. Ça porte malheur.

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     Nick enleva prestement le casque de son ami de la couchette tandis que David haussait les épaules, irrité par l’intervention de Michel. Il ignorait encore que cinq mois plus tard exactement, lors d’un autre rallye, en Auvergne, il allait se trouver confronté à des événements stupéfiants, inquiétants, incompréhensibles, qui mettraient son esprit rationnel à rude épreuve avant de le sensibiliser aux superstitions qui hantent les paddocks depuis la naissance de la course automobile…

     

    NOTE MODIFIEE LE 18 AVRIL 2014

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    Les sports mécaniques  intègrent tous les ingrédients d’un bon roman : des personnages attachants auxquels s’identifier, du suspense, de l’angoisse, des temps forts… Ce Rallye des Volcans en Auvergne qui va faire douter David, je vous le raconte dans un roman policier au prix de 1,00 €. Pour lire gratuitement les premières pages puis le commander si vous le souhaitez,  c’est ici  http://amzn.to/1jAhsoF

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Angoisse au bord de la piste, une autre nouvelle avec David, quelques jours avant le Rallye des Volcans : http://0z.fr/U10ZB

     

    Copilote-actu, le site de Bruno J où on parle automobile, mais aussi bagnoles... du mug à la dernière expo du coin : http://www.copilote-actu.com/

     

    Le jour de gloire de Ronnie, pilote au gros cœur : http://0z.fr/DwoeM

     

    Ronnie contre la mère Poupoune : flash-back sur l’adolescence d’un pilote turbulent ! http://0z.fr/SBfWH

     

    Le site officiel de Yoann Bonato, un des meilleurs rallymen français  : http://www.yoann-bonato.com/

     

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    Thierry Le Bras

  • UN WEEK-END AGITÉ A SAINT-GOUËNO

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    Un week-end de course automobile n’a rien d’un long fleuve tranquille. Tous les pilotes vous le diront, des amateurs aux champions de Formule 1. Olivier Panis me l’a confirmé lorsque je travaillais à la rédaction de sa biographie. A Saint-Gouëno 1977, jeune pilote de course de côte, j’allais vivre un week-end sauvé sur le fil.

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    En tant que Rennais à cette période, je tiens tout particulièrement à faire quelque chose à Saint-Gouëno. La course se déroule fin août. C’est une côte où je suis déjà allé comme spectateur équipé d’un appareil photo. La saison se passe plutôt bien (j’ai remporté ma classe à Saint-Germain sur Ille, Pouillé les Coteaux, Landivisiau) et je tiens à démontrer ce que je vaux sur ce tracé difficile. La course compte pour le championnat de France, il y aura du beau monde. J’ai passé le week-end précédent à reconnaître, et tant pis si les pneus arrière de ma vaillante Ascona SR sont quasiment transformés en slicks alors qu’ils n’ont pas six mois.. Il faut dire que l’Ascona, cette brave monture avec laquelle j’ai commencé la compétition l’année précédente, me sert à rouler tous les jours, à effectuer des reconnaissances rapides, et à tracter la Golf GTI groupe 1 de course en course, Ceux qui ont vécu cette époque se souviennent que les amateurs de sport automobile reconnaissaient les tracés à un rythme que je qualifierai pudiquement de soutenu. Sur la route, nous ne roulions pas non plus en pères de famille. Les limitations de vitesse nous paraissaient comme un abus de pouvoir intolérable nuisant gravement à nos libertés individuelles. Il n’était bien sûr pas question de les respecter. Le frein à main nous servait parfois à nous garer et à prendre les virages en épingle sans perte de temps. Je peux bien l’avouer maintenant. Il y a prescription depuis le temps.

    Saint-Gouëno est un tracé difficile à apprendre. Les enfilades du bas du circuit, à l’aveugle, se ressemblent beaucoup. Seulement, certains virages se referment en sortie, tandis que d’autres s’ouvrent. La confusion se traduit au mieux par une demi-seconde perdue d’un coup et au pire par une caisse. En principe, j’ai suffisamment reconnu pour ne pas me tromper.

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    J’arrive sur le tracé le vendredi après-midi. J’effectue quelques montées de reconnaissance pour me rassurer. C’est bon, je connais bien le tracé. Ma petite équipe me rejoint le soir. Nous montons les tentes et nous partons dîner à Lamballe. Au retour, nous réveillons involontairement l’équipe de Stragliatti, pilote de Rallye 2 groupe 2, qui a installé son campement à côté de nous. Les filles rient trop fort… Ce n’est pas très grave. Stragliatti et ses amis sont de l’Écurie Bretagne comme nous. Nous n’allons pas sortir les fusils. On leur paiera une bolée dimanche après la course pour nous faire pardonner.

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    La course précédente, c’était le Mont-Dore qui se déroulait le second wee-end d'août  ! (photo ci-dessus)

    Le samedi matin par contre, l’inquiétude me gagne. Il pleut, et pas qu’un peu. Or, je n’ai pas de pneus pluie. S’il pleut un peu, les slicks sont quasiment aussi vite que des pneus pluie. Mais s’il y a des flaques ou des rigoles, il faudra monter les seuls pneus rainurés dont je dispose, des pneus de série, autrement dit des savonnettes. Pour évaluer la situation er profitant que la route n’est pas encore fermée, je décide de faire une montée de reconnaissance en slicks avec la Golf, histoire de voir. Mon ami Guénaël qui me fait l’assistance se sangle dans le baquet de droite. Pour moi, ça va. C’est « « «« moins pire » » » que je le craignais. Deux ou trois amorces d’aquaplaning quand même, mais pas de grosse chaleur. Enfin, pour moi. Pour Guénaël, ça aura été la pire reconnaissance de la saison selon ses aveux au resto le soir. Je n’ai pas fait vraiment gaffe, mais en arrivant sur le tracé, nous sommes passés devant des gendarmes qui nous ont regardés d’un œil sombre. Il faut dire que les slicks sont des pneus lisses, que les plaques d’immatriculation de la Golf sont masquées, et que nous roulons en pot piste. Nous repassons devant eux pour nous rendre aux vérifications techniques qui se déroulent au village de saint-Gouëno. Je ne peux pas prétendre qu’ils soient hypocrites et sournois comme ceux qui cachent des radars avec l’envie de nous piquer nos permis. Non, ceux-là ne dissimulent pas que regarder des pilotes rouler sur route ouverte entre le parc fermé avec les voitures de course, ça ne les branche pas trop. J’accélère franchement afin qu’ils n’aient pas le temps de réfléchir et de m’arrêter. Le moteur rugit. Les pneus cirent un peu sur le bitume mouillé. Les gendarmes sont vite hors de vue. Les vérifications se déroulent sans problème. Nous reprenons la route du parc fermé. Il ne pleut plus. La route sèche. Les gendarmes ont dû partit depuis le temps. Je roule un peu vite… et je tombe nez à nez avec nos porteurs de képis qui ont changé de place mais sont restés dans les parages. Évidemment, ce coup-là, ils m’arrêtent. La discussion s’engage. Finalement, je promets que je vais être plus raisonnable et ils me laissent repartir. Objectivement, je pense que le fait que Guénaël soit sous-officier dans l’armée a joué un rôle aussi important dans leur soudaine clémence que mes talents de conviction et de communication dans leur soudaine clémence. Il ne reste plus qu’à attendre les essais l’après-midi.

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    Je suis sanglé, casqué, concentré. Il reste cinq voitures devant moi avant le départ de ma première montée d’essais. Le tracé à cette époque commence par un 90 gauche au bout de quelques mètres (la première photo de la note). Un virage à fond absolu car les pilotes n’ont pas eu le temps de prendre de l’élan. Soudain, le moteur cafouille et coupe. J’actionne le démarreur. Le moteur tousse, mais ne repart pas. Devant, un commissaire s’impatiente. Je lui explique mon problème. Il fait passer les voitures qui me suivent. Guénaël arrive très vite avec un jerrycan. Il sait que la jauge ne fonctionne plus correctement (un simple fusible, mais nous n’en avons pas de rechange) et s’est douté tout de suite de ce qui se passait. Nous ne mettons jamais beaucoup d’essence pour ne pas embarquer de poids inutile, mais cette fois, nous avons calculé trop court. Quelques litres d’essence dans le réservoir, je me sangle à nouveau, je m’engage dans la file d’attente avec l’approbation d’un commissaire. Trois minutes d’attente. Je me concentre. Ça y est, je suis aux ordres du chronométreur. Trente secondes, quinze secondes, dix secondes… J’ai embrayé et engagé la première. Cinq secondes. Je fais monter le moteur dans les tours au rythme du décompte. Quatre, trois, deux un, je démarre aussi fort que possible en m’efforçant toutefois de ne pas perdre d’adhérence en cirant. J’attaque d’entrée. Les enfilades passent vite, mais sans prendre les bordures qui sont encore humides. J’ai fait le plus délicat. Il reste le fer à cheval, un virage serré à gauche, un droite long et le gauche de l’arrivée, des virages rapides et jouissifs au plan pilotage. Je vais arriver au point de freinage du fer à cheval, et un drapeau jaune agité m’ordonne de m’arrêter. Un autre concurrent a fait un tête à queue devant moi. Ma montée est foutue. La voiture du concurrent malheureux est dégagée. Je repars et je compte bien refaire cette première montée interrompue. Nous avons droit à deux montées d’essais. Les organisateurs nous ont fourni un ticket par montée à donner aux commissaires avant la ligne de départ. Problème. Quoique ma montée ait été stoppée, les commissaires ne veulent rien savoir. Je ne repartirai pas si je ne donne pas mon deuxième ticket. Si je ne suis pas content, je n’ai qu’à formuler une réclamation officielle auprès du directeur de course. De guerre lasse, je me sépare de mon second ticket.

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    Enfin, je suis en piste. Pas de problème particulier jusqu’au fer à cheval. Là je me dis que je peux faire un tout petit mieux au freinage. A la sortie, au moment d’attaquer la montée qui amène à l’avant dernier virage, le moteur coupe. Je n’y comprends rien jusqu’au moment où, à l’arrêt complet, je me rends compte que la jambe de ma combinaison s’est accrochée au fil de fer du coupe-circuit. J’ai déclenché le coupe-circuit sans m’en rendre compte. Il suffit de remettre le cliquet rouge en place, et c’est le feu vert pour redémarrer. Un incident idiot qui ne m’est jamais arrivé auparavant. Un coup de pince pour replier complètement le fil de fer accroché à la manette de coupe-circuit et du ruban adhésif par-dessus (deux précautions valent mieux qu’une) me mettront à l’abri d’un nouvel incident de ce genre. Seulement avec tout ça, je n’ai pas pu enchaîner une seule fois les trois derniers virages du circuit correctement. Et dire que certains prétendent qu’un fer à cheval, ça porte bonheur !!! Ironie du sort, une erreur d’affichage sur le tableau des temps me place en tète du « scratch provisoire » devant les F2, les prototypes, les Porsche groupe 4, BMW groupe 2… Avec un temps pareil malgré un arrêt dans chaque montée, je peux prendre contact avec Gérard Larrousse. Il faut absolument qu’il m’associe à Didier Pironi sur une Alpine A 442B pour les prochaines 24 Heures du Mans. C’est en tout cas l’opinion des copains dont certains ne manquent pas de me charrier en me voyant apparemment en tête malgré mes exploits du jour.

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    Le dimanche après-midi, je prends le départ de la première montée décidé à faire oublier mes déboires de la veille. Une seule stratégie, l’attaque à donf. J’avale le premier gauche et les enfilades en sous-bois sans problème. Dans l’auto, je me dis que je suis en train de faire un temps. Alors au fer à cheval, je freine tard, très tard… trop tard. Et je comprends que je ne vais pas tourner. Une manœuvre désespérée pour placer l’auto en travers et tenter de la freiner. L’arrière va passer dans le fossé en fin de course. Mes premiers mots dans l’auto, je préfère ne pas les mettre noir sur blanc. A peu près ceux de Brian Joubert en sortant de la glace aux derniers JO, si ce n’est que dans ma bouche, le mot fer à cheval remplace « Jeux Olympiques ». Maudit fer à cheval. Les commissaires regardent l’auto. Quand j’ouvre la portière, l’un d’eux me dit, « elle doit rouler, il n’y a pas grand-chose ». Tant mieux. On m’aide à sortir l’auto du fossé. Je redémarre. Je vais essayer de prendre de beaux appuis dans les deux derniers virages, histoire d’offrir aux spectateurs le spectacle auquel ils ont droit. Sans en faire trop quand même. Je sais très bien qu’un pilote qui vient de commettre une erreur récidive souvent dans les virages qui suivent. En plus, je dois faire attention au comportement de la Golf. Là, pas de souci, rien n’a bougé. Elle reste parfaitement saine. Mais je n’ai toujours pas enchainé les trois derniers virages en condition de course. J’apprendrai quelques minutes plus tard que Joël Laplacette, speaker de l’épreuve, a rassuré immédiatement mon équipe en annonçant au micro que j’étais sorti, mais sans gravité.

    Il ne reste plus qu’une montée. Je veux gagner. Mais je n’ai plus droit à l’erreur. Alors, il va falloir assurer un peu, piloter sagement, « en vulgaire épicier » plutôt qu’avec générosité, s’inspirer de l’école de pilotage. Je ressens la pression. Je sais que mon équipe a peur que je parte à la faute. A Saint-Gouëno, c’est facile. Je ne citerai pas de noms, mais plus d’un super-pilote aguerri par l’expérience y a laissé une caisse. Je m’isole et je me concentre à fond. Cette fois, tout se passe sans problème. Mon temps ne sera pas celui que je visais, celui que j’aurais réalisé sans cette cascade d’incidents, mais il me permet quand même de remporter la classe. Après tout, c’est le principal.

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    Dès la semaine suivante, j’allais conquérir une nouvelle victoire de classe avec plus de panache. Je le raconterai dans la prochaine note.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/ , http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/

    Note modifiée le 22 mars 2014

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

    Premières victoires :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/05/10/premiere-victoire.html

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2008/09/24/thierry-le-bras-raconte-des-souvenirs-de-course-automobile.html

     

    Une pige à Trappes :

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/02/19/une-pige-a-trappes.html

    courses de côtes,saint-gouëno,golf gti

    Depuis cette époque, j’ai écrit un polar au cœur de la course automobile. Les légendes ainsi que les superstitions de pilotes tiennent une part importante dans le scénario. Autant vous avouer que je n’ai pas fait du fer à cheval un grigri positif. Pour  commander LE PACTE DU TRICHEUR, en version ebook, c’est simple, il suffit de cliquer sur le lien qui suit et de régler 0,98 € avec une carte de paiement :

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    Pour mieux connaître Yoann Bonato, l’auteur de la préface du livre

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    Thierry Le Bras