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course au large - Page 2

  • DIDIER PIRONI, ALAIN COLAS, DEUX TRAJECTOIRES PARALLÈLES (IV)

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    Didier Pironi et Alain Colas, deux champions qui, à la réflexion, possèdent de nombreux points communs et connurent des trajectoires parallèles.

    Et pas seulement la notion de pilotage applicable tant aux monoplaces qu’aux voiliers de course, comme le fait observer Laurent Bourgnon qui, comme ses confrères, qualifie les multicoques de F1 des mers !

      
    RENDEZ-VOUS AVEC LA MORT

    Alain Colas et Didier Pironi étaient tous deux arrivés au sommet de leurs disciplines lorsque l'accident les frappa. A force de volonté, ils semblent vaincre le destin et gagner leur pari, redevenir des sportifs d'exception. Mais le sort s’acharne.

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    En 1976, Michel Etevenon, passionné de voile, mais aussi homme de communication et de spectacle, émet l'idée d'organiser une course transatlantique en solitaire française. Elle partira de Saint-Malo et suivra la route empruntée à partir du milieu du XVIIe siècle par les négriers qui acheminaient des esclaves jusqu'aux Antilles. Cette course sera un évènement médiatique considérable. Alain y engage son fidèle Manureva. Après dix jours de course, il est en tête et peut logiquement espérer gagner car les vents jusqu'à l'arrivée seront portants et favoriseront son trimaran par rapport à ses poursuivants les plus dangereux qui sont des monocoques. Mais le 17 novembre, sa radio reste désespérément muette. « Où es-tu Manureva » ? des paroles de Serges Gainsbourg qu’interprétera magnifiquement Alain Chamfort. « Où es-tu Manu Manuréva ? Bateau fantôme, toi qui rêvas des îles et qui jamais n'arriva Là-bas. » Personne ne le saura jamais. Le trimaran fut-il éperonné par un cargo ? Se disloqua-t-il dans la tempête ? Entra-t-il en collision avec un orque ? Ce qui est certain, c’est qu'un grand navigateur a trouvé la mort tragiquement.

    LA MER EST IMPITOYABLE

    Ma chanson préférée ? « J’ai fait l’amour avec la mer », répond Didier Pironi à Jacques Chancel lors d’une Radioscopie sur France Inter au printemps 1982. A cette époque, il est vrai, Didier partage la vie de Véronique Jannot. La chanteuse a écrit les paroles. Pierre Bachelet a composé la musique.

    Mais la mer, c’est aussi la guerre. Rage sauvage, lames sournoises, Neptune et Éole affûtent les armes qui tueront les audacieux qui osent les défier. Jalousent-ils leur gloire et les considèrent-ils comme des rivaux ? Possible, probable même à l’examen de la longue liste de leurs victimes.

    En août 1987, Didier Pironi va redevenir pilote de Formule 1 après cinq ans d’un terrible combat. Il pilotera une Larrousse-Calmels motorisée pa Lamborghini.  La mer s’y oppose. Elle guette son moindre faux-pas. Elle ne l’épargnera pas

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     Les amis de Bernard Giroux présents à la course de Poole, au large de l'île de Wight en Angleterre, trouvent le journaliste mal à l'aise avant le départ. Pourtant, la course semble débuter sous les meilleurs auspices. Un moment menacé par un concurrent italien, le Colibri se détache au virement d'une bouée. Grâce aux 1.500 chevaux de ses 2 V12 Lamborghini, il est capable d'atteindre 190 kilomètres heure dans des conditions favorables. A une telle vitesse sur l'eau, tout peut arriver. Quelques dizaines de mètres devant le bolide apparaissent deux vagues laissées par le sillage d'un cargo. Didier Pironi ne ralentit pas sa course. Il bondit sur la première vague, aborde la seconde, saute en l'air … se retourne et retombe à l'envers. Didier Pironi et ses équipiers, Jean-Claude Guénard et Bernard Giroux, sont tués sur le coup.

    A quelques années d'intervalle, deux champions ont trouvé la mort en mer dans l'exercice de leur passion. Par leur gentillesse naturelle et la façon de parler de leurs sports, ils avaient su communiquer à un grand nombre de personnes l'amour de la Formule 1, de la voile et de l'Off-Shore.

    Ils étaient tous deux parfaitement conscients des risques qu'ils encouraient. Plus sans doute que leurs concurrents en raison des épreuves qu'ils avaient déjà traversées.

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    De la mort, Didier Pironi dit: : "elle est omniprésente entre mes parents et moi autour de la table ; nous n'en parlons jamais. Ils ont très bien compris que j'étais heureux de ma vie et n'ont rien fait pour l'entraver. Ils savent que mes passions sont un accomplissement merveilleux. Atteindre ses limites, oui, c'est merveilleux. L'unique chose qui me choque profondément en imaginant la mort, c'est le fait de manquer à quelqu'un, de ne plus être auprès de mes proches, de les rendre tristes".

    Quelques jours avant le départ de la Route du Rhum, Alain Colas répond à un journaliste : "on assume sa part de risque quand on part au large On embarque un certain nombre d'équipements de sécurité précisément parce que l'on a envisagé à tête reposée le genre de dangers qu'on peut rencontrer. On a donc le sentiment de côtoyer un certain nombre de dangers réels. Mais on les assume fort bien et je crois que c'est cette capacité à assumer qui fait la dignité de l'homme".

    La mort affiche parfois cruellement le prix de la passion.

    Teura, la femme d’Alain Colas, lui avait donné trois enfants. Catherine Goux, la compagne de Didier Pironi, était enceinte des jumeaux qui ne connaîtraient jamais leur père. Les médias couvrent les accidents pendant quelques jours, puis l’actualité reprend ses droits. D’autres stars, d’autres drames focalisent l’attention. La vie se monte impitoyable. Le public oublie très vite. Pourtant, au-delà de l’événement médiatique, il reste des familles qui souffrent. Difficile de combler le vide laissé par les disparus. Je ne crois pas que la célébrité calme la douleur. Didier et Alain étaient des compagnons, des fils, des frères, des pères (ou futur père), des hommes de qualité qui aimaient leurs proches et que leurs proches aimaient. Ceux qui ont suivi leurs carrières, qui se sont réjouis de leurs performances, qui ont pensé à eux et à leurs familles dans les moments difficiles, ne les oublient pas.

    Thierry Le Bras

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    Pour des informations complètes sur Didier, rendez-vous sur :
      
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    Didier Pironi, le petit prince de la vitesse, le site de Jan Möller, très intéressant, très complet, très bien illustré :
    http://www.didierpironi.net/index2.htm


    Je signale dès à présent que Jan est aussi l’auteur d’un ouvrage de référence sur Didier :
    Didier, Dreams and NightmaresÉditions Mercian
    (cet ouvrage est écrit en langue anglaise – il est disponible en France à la Librairie du Palmier)

    Je mettrai en ligne la semaine prochaine une bibliographie complète concernant Didier.
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    Les fictions dans l’univers à la fois passionnant et cruel du sport automobile vous passionnent ? Retrouvez les dans les romans de Thierry Le Bras qui racontent les aventures de l’avocat-pilote David Sarel. Didier Pironi est cité dans les deux ouvrages dont les références suivent car il représente pour le personnage principal une référence et un modèle à suivre :
    « Circuit mortel à Lohéac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » sont publiés aux Éditions Astoure (diffusées par Breizh).
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  • DIDIER PIRONI, ALAIN COLAS, DEUX TRAJECTOIRES PARALLÈLES (III)

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    Didier Pironi et Alain Colas, deux champions qui, à la réflexion, possèdent de nombreux points communs et connurent des trajectoires parallèles.

    Et pas seulement la notion de pilotage applicable tant aux monoplaces qu’aux voiliers de course, comme le fait observer Laurent Bourgnon qui, comme ses confrères, qualifie les multicoques de F1 des mers !


    LA FORCE DE LA VOLONTÉ

    Didier Pironi et Alain Colas vont se battre. Ils portent en eux de grands projets auxquels ils ne renonceront jamais.

    Hospitalisé au C.H.U. de Nantes, Alain Colas subit une opération chirurgicale de 7 heures. A peine sorti de l'anesthésie, il déclare à son frère Jeff et à leurs proches: "Je vais expliquer ce qui est arrivé. Après, on ne parlera plus de l'accident. Dans un an, c'est le départ de la Transat et j'y serai avec le grand bateau. Une seule chose compte, réaliser ce projet". Il transforme sa chambre d'hôpital en bureau et s'efforce de ne rien laisser paraître qui puisse trahir la gravité de son état. Ses partenaires lui conservent toute leur confiance.

    Alain sera bien au départ de la Transat 1976.. Il vit une course terrible, car les concurrents essuient 5 fortes dépressions consécutives si fortes qu’Éric Tabarly fait demi-tour, avant de décider quelques heures plus tard de reprendre la route de Newport. Le pied blessé d’Alain le fait horriblement souffrir. A quelques centaines de milles de Newport, il est en tête, mais il ne le sait pas. Il capte un message radio erroné sur la position de Tabarly et, se croyant vaincu, fait escale 36 heures à Terre-Neuve pour remplacer les voiles. Malgré le temps perdu, il franchit la ligne d'arrivée seulement 7 heures 28 minutes derrière le vainqueur. Le retour était presque gagnant.

    Après son terrible accident, Didier Pironi manifeste le même acharnement à réaliser son projet, redevenir pilote de Formule 1. Ses blessures sont encore plus graves que celles d'Alain Colas. Leur guérison demandera donc plus de temps. Après les premiers soins à l’hôpital d'Heidelberg, il est soigné par le professeur Letournel dont il devient un ami. Il subit 35 interventions chirurgicales, 6 greffes osseuses, et passe plus de 100 nuits à l'hôpital. Le traitement de sa jambe droite, la plus touchée, s'échelonnera sur une durée de 4 ans.

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    Il ne renoncera jamais à l'intention de revenir en Formule 1 dans une écurie de pointe. Dès qu'il peut marcher, il commande à Tico Martini un pédalier de monoplace dans le but de s'entraîner aux mouvements qu'un pilote doit accomplir. A plusieurs reprises, il s'essaye secrètement au pilotage de monoplaces. Ce sera d'abord au volant de voitures appartenant à un collectionneur, avant de piloter une A.G.S. au Castellet en août 1986 et une Ligier à Dijon en septembre de la même année. « Il avait conservé sa vision de pilote d'exception », témoigne Gérard Larrousse. De sérieux contacts seront engagés avec l'écurie McLaren pour la saison 1987. Ils n'aboutiront pas, pour des motifs étrangers à la volonté des principaux contractants. Des raisons qui s’appellent le veto d’un certain Prost. Mais au mois d'août 1987, Didier Pironi a un contrat de Formule 1 en poche pour l'année 1988. « Quelques jours avant sa disparition, il s’est mis d’accord avec l’équipe Larrousse-Calmels pour laquelle il a servi de pierre angulaire pour la motorisation Lamborghini », rapporte Christian Courtel.

    En attendant de revenir à la formule reine du sport automobile, Didier s'engage dans le championnat d'Europe d'Off Shore. Dans cette discipline, il peut piloter sans se servir de ses jambes en cours de rééducation.

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     Début 1987, il se fait construire un bateau révolutionnaire en carbone monolithique. Il le baptise Colibri. Didier Pironi calque l'organisation de son équipe sur celle des teams de Formule 1 et se fixa un objectif: devenir champion du monde de Off Shore. L'engin est propulsé par deux V12 Lamborghini qui développent 1.500 chevaux.
     
    Comme Alain Colas avec son monocoque géant, Didier Pironi choisit la voie de la difficulté. Le Colibri, que Bernard Giroux, son navigateur, qualifie de « véritable obus », est un bateau étroit, léger, qui menace toujours de se coucher sur le côté ou de s'envoler. Dangereux certes. « Plus encore que la F1 », reconnaît Didier. Mais il représente une arme de compétition redoutable entre les mains de son pilote. D’ailleurs, après quelques courses de mise au point, Didier remporte l'épreuve de championnat d'Europe organisée en Suède. Didier Pironi a démontré la force de son équipe, la justesse de son choix et ses talents de pilote sur mer. Il croit à ses chances de remporter le Championnat du monde devant les Italiens, jusqu'alors spécialistes incontestés de la discipline.

    DES HOMMES D’AFFAIRES AVISÉS

    Didier ne chôme pas durant sa rééducation. Il met son intelligence et son énergie au service du monde des affaires.

    Il s’occupe de la société familiale avec sa mère et son demi-frère José, d’une exploitation forestière dont il est propriétaire dans la région de Rambouillet, d’une société de distribution de cassettes vidéo. Il devient chroniqueur et commentateur pour L’Équipe Magazine, pour TF1, pour Canal +.

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     Mais il lui fait un challenge plus excitant. Il le trouve en devenant l’importateur exclusif des bateaux Lamborghini. Et il rachète à Saint-Tropez un chantier qui vend, loue, répare et assure le gardiennage de off-shore. Pour ce faire, il constitue une société avec José comme associé. Elle s’appelle Leader. Pourquoi Leader ? Clin d’œil à Jean Graton, le créateur des albums de Michel Vaillant. Didier apparaît souvent dans les aventures du pilote français et ses liens d’amitié avec Michel sont régulièrement évoqués. Parmi les clients de cette société figurera un autre Michel, Michel Sardou, qui s’initiera au off-shore avec Didier, lui en achètera un, puis le revendra immédiatement après la mort du pilote, trouvant l’engin trop dangereux.

    Gageons en outre que le rôle que Didier s’apprêtait à jouer chez Larrousse – Calmels aurait dépassé celui d’un simple pilote.

    Pour sa part, Alain Colas est sans doute le premier skipper à comprendre qu’au plus haut niveau, l’engagement d’un voilier de course est une entreprise. Lorsqu’il prépare son tour du monde en solitaire sur Manureva, il innove en matière de communication. Il ne cherche pas de sponsors au sens strict, mais des partenaires auxquels il apportera une prestation en contrepartie de l’argent reçu. Son talent de narrateur assurera le succès de l’opération. Il obtient la confiance de trois organes de presse. Une chaîne de télévision achète le film qu’il tournera lui-même durant son périple. RTL diffusera sur les ondes les interviews qu’il communiquera au moyen d‘un radio-téléphone, et le journal Tintin publiera régulièrement le récit de son voyage. Au retour, après 168 jours de mer, il enchaîne inlassablement les conférences et travaille à son grand projet, la mise en chantier de son monocoque géant qui mesurera 72 mètres.

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    Un des arguments qui servira à convaincre les partenaires sera la prise de conscience de la crise de l’énergie. Le voilier géant ne sera pas qu’un monstre programmé pour gagner des courses. Parmi les énergies de substitution au pétrole figure le vent, totalement gratuit. Et le clipper des temps modernes qu’imagine Alain Colas bénéficiera d’une capacité de transport supérieure à celle d’un Boeing 747 ou de nombreux cargos. Il faudra beaucoup d’argent pour construire le bateau. Alain obtient grâce à l’aide de Gaston Deferre des espaces publicitaires gratuits dans le presse du Sud-Est. Au printemps 1975, le financement est bouclé. Gilbert Trigano se laisse convaincre. Il y voit un outil de communication fantastique pour le Club Méditerranée.

    Après sa défaite à la Transat anglaise 1976, Alain ne se laisse pas abattre. Il conçoit immédiatement de nouveaux projets pour le Grand bateau. Sa popularité est énorme. Il est réclamé partout. « Je suggère d’organiser une tournée du bateau dans les ports, témoigne son ami et collaborateur Maurice Hérat. L’idée enthousiasme Alain. L’opération se met en place. Elle s’appellera « Bienvenue à bord. » La tournée s’organise comme celle d’une star du show-bizz. Europe 1 s’y associe. L’arrivée de Club Méditerranée sera annoncée sur les ondes plusieurs fois par jour. Nous vivons à un rythme d’enfer, mais l’argent rentre. »

    Lorsqu il disparaîtra en mer le 16 novembre 1978, certains journalistes insinueront qu’il a mis en scène sa disparition pour fuir ses créanciers. « Vengeance, rétorque Maurice. Alain gérait personnellement ses rapports avec les médias et leur vendait des reportages et des images. Certains journalistes ne le lui ont jamais pardonné. »

    Maurice dément aussi les difficultés financières. « Cette thèse est aussi fausse que méprisable. D’ailleurs, si Alain avait été poursuivi par les créanciers, son Manureva que tout le monde savait à Saint-Malo avant le départ de la première Route du Rhum aurait fait l’objet de mesures de saisies conservatoires. »

    L’entreprise d’Alain tourne bien. Quant à l’exploitation du grand bateau, coûteuse certes, elle s’équilibre grâce à une location au profit du Club Méditerranée en Polynésie. C’est d’ailleurs à cause de ce contrat qu’Alain prend le départ de la Route du Rhum avec Manureva et pas avec son monocoque géant.

    Mais comme Didier, Alain ne fait pas l’unanimité parmi ses pairs. Leurs qualités suscitent mesquineries et jalousies. Trop intelligents, trop cultivés, trop élégants, trop bien élevés, trop doués dans tous les domaines, le sport, leur métier de coureurs, la communication. Trop aimés du public aussi.

    Thierry Le Bras
    A suivre
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    Didier Pironi, le petit prince de la vitesse, le site de Jan Möller, très intéressant, très complet, très bien illustré :
    http://www.didierpironi.net/index2.htm



    medium_COUV_LIVRE_JAN.2.jpgJe signale dès à présent que Jan est aussi l’auteur d’un ouvrage de référence sur Didier :
    Didier, Dreams and Nightmares
    Éditions Mercian
    (cet ouvrage est écrit en langue anglaise – il est disponible en France à la Librairie du Palmier)

    Je mentionnerai à la fin de cette série d’articles une très bibliographie complète concernant Didier.

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    Les fictions dans l’univers à la fois passionnant et cruel du sport automobile vous passionnent ? Retrouvez les dans les romans de Thierry Le Bras qui raconte les aventures de l’avocat-pilote David Sarel. Didier Pironi est cité dans les deux ouvrages dont les références suivent car il représente pour le personnage principal une référence et un modèle à suivre :
    « Circuit mortel à Lohéac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » sont publiés aux Éditions Astoure (diffusées par Breizh).

  • COURSE EN FÊTE (4)

    medium_SARDOU_AU_DAKAR.jpgMichel Sardou au Dakar

    1978 : un vent d’aventure souffle sur notre société. La Route du Rhum et le Rallye - Raid Paris - Dakar voient successivement le jour à quelques mois d’intervalle.

    Leurs promoteurs, Thierry Sabine et Michel Étevenon, apportent une part de rêve à un public amateur d’horizons lointains auquel les richesses matérielles de la société de consommation ne suffisent plus.

    Ils ne savent pas encore que ces événements deviendront de véritables mythes, des compétitions que les meilleurs voudront voir figurer à leur palmarès, mais aussi des rendez-vous qui fascineront les foules et mobiliseront tous les médias.
     
    medium_FLORENCE_ARTHAUD_RR_1978.jpgFlorence Arthaud au départ de la première Route du Rhum sur Xperimental. Elle se classera 11ème

    C’était il y a presque trente ans. Un autre siècle, une autre vie, une époque plus insouciante, plus avide d’aventure, de dépassement de soi-même que la société aseptisée qui tente de s’imposer depuis lors.

    1978 est aussi une date significative dans l’univers du Clan Vivia où évolue David Sarel, un des principaux héros récurrents de mes romans. Car si le premier tome des Aventures de David Sarel est sorti en 2005, les personnages de son univers ont un passé et, j’espère, un avenir. Or, dans ce passé de fiction, 1978 consacre l’engagement en compétition de la première Vivia, pilotée par Éric Trélor, le parrain de David. L’histoire passionnante des Automobiles Vivia est d’ailleurs largement évoquée dans « Circuit mortel à Lohéac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans », deux de mes thrillers. Des skippers de talent apparaissent dans ces aventures aux côtés des avocats-pilotes qui mènent l’histoire au rythme de courses folles contre des ennemis aussi sournois qu’impitoyables.

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    Laurent Bourgnon remportera deux fois la Route du Rhum, en 1994 et en 1998. Il s’illustrera aussi au Dakar

    Thierry Sabine ne le savait pas encore en 1978. Mais son épreuve attirerait des concurrents venus de tous horizons, y compris des animateurs de la course au large. Parmi eux, Laurent Bourgnon, deux fois vainqueur de l’épreuve, et Philippe Monnet, qui renouera avec ses premières amours, la voile, après s’être laissé séduire pendant plusieurs saisons par le rallye-raid.

    A la Route du Rhum 1998, Philippe entend s’entraîner sur l’Atlantique en conditions de course en vue d’un grand défi : effectuer un tour du monde en solitaire et sans escales dans le sens inverse du parcours du Vendée Globe, c’est à dire contre les vents dominants, dans les conditions les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Des périples extraordinaires, Jean-Louis Schlesser, Champion du monde 1998 de rallye-raid, en a connus beaucoup lui-aussi au cours de sa carrière de pilote automobile. Il tient à assister au départ de la Route de Rhum et vient soutenir son vieux complice Philippe Monnet qui l’a navigué - c’est à dire guidé - durant plusieurs années sur des milliers de kilomètres de pistes africaines dont celles du Dakar.

    Un voilier de course moderne se pilote, comme une voiture de compétition. Peut-être ce parallèle explique-t-il l’attirance de ces deux univers l’un pour l’autre.

    Mais parmi ses acteurs issus d’autres horizons, le Dakar n’a pas conquis que des skippers. Les vedettes du show-bizz sont aussi venues y chercher leurs doses d’adrénaline. Tout le monde se souvient encore de la participation de Johnny Hallyday secondé par René Metge. Johnny ira au bout malgré les difficultés. « Un vrai mec », témoignera son prestigieux équipier.

    Michel Sardou, l’autre monstre sacré de la chanson française, participa aussi à l’épreuve en qualité de navigateur de Jean-Pierre Jabouille en 1984 et 1985. Michel apprécie la vitesse, la compétition et l’ambiance bivouac. Il a fait les deux écoles, celle du spectacle comme celle du co-pilotage, et il n’a rien oublié. A sa première participation, il connaît la satisfaction d’une course dans le peloton de tête. La Lada Niva de l’équipage Jabouille – Sardou est quatrième lorsque le moteur casse. L’année suivante, Michel renouvelle l’expérience au côté de Jean-Pierre. Mais une nouvelle fois, la mécanique du pays de Vladimir Ilitch fait des siennes. Le temps d’une spéciale se sera écoulé, il aura passé pour rien. Puisqu’aucun Dieu du ciel ne s’intéresse à la Lada, Niva ne se relèvera pas, ses bielles sont devenues folles… Où sont passés les chemins de l’espoir ? Pas sur les pistes du Dakar 1985 en tout cas. Michel et Jean-Pierre rentrent à Paris. Quelques jours plus tard, le 26 janvier, Michel fête son anniversaire à Megève. Interviewé durant une émission télévisée sur ses impressions du Dakar, il répondra avec l’humour qui le caractérise :
    - Je dois être le seul concurrent du Dakar à être rentré du rallye en pleine forme, pas fatigué du tout !

    Michel Sardou ne reviendra pas sur le Dakar. Il tâtera toutefois des sensations fortes que procure un autre sport mécanique, le Off-shore. Il s’initiera à la discipline avec Didier Pironi et achètera un bateau à son professeur de luxe. Mais lorsqu’il apprendra la mort de Didier aux commandes du Colibri, Michel décidera de renoncer au off-shore et il mettra immédiatement son bateau en vente.

    En 2008, le concurrent issu d’une autre discipline que le public attendait avec impatience était le sympathique Brahim Asloum ( cf. http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/12/11/brahim-asloum-a-du-punch.html )

    medium_BRAHIM_ASLOUM.2.jpg« Je suis dégoûté, commente Brahim Asloum. Ce devait être mon premier Dakar et j’en attendais beaucoup en termes de sensations et d’expérience. En même temps, il faut rester raisonnable. Je pense surtout à tous ceux qui doivent être encore plus dégoûtés que moi. Beaucoup d’amateurs ont galéré pour boucler leur budget au dernier moment en investissant leurs économies. Pour eux, c’est une véritable catastrophe. »

    Mais aujourd’hui, la fête du Dakar s’est achevée. Les fans de Brahim ne le verront pas passer au volant de son 4x4 Nissan. Ils n’assisteront pas davantage aux exploits des autres pilotes. Ni les professionnels qui jouent la gagne, ni les amateurs qui se battent jusqu’à limite de leurs forces dans la réalisation du défi de leur vie. L’édition 2008 s’arrête au départ à Lisbonne. Les coups de boutoir conjoints des activistes islamistes, des écologistes radicaux, des autophobes inconditionnels, des indécrottables paresseux qui vilipendent le dépassement de soi, des imbéciles, atteignent un de leurs objectifs, tuer une des plus belles épreuves du monde.

    Mépris de l’Afrique, prétendirent certains ennemis de l’épreuve. Quelle erreur, quelle mauvaise foi, quelle déficience dans l’analyse, quelle stupidité. Quelle insulte à la mémoire de Thierry Sabine, à celle de Daniel Balavoine… Le Dakar s’est toujours associé à des actions humanitaires au profit de l’Afrique. Il a contribué à la faire connaître, à la faire aimer, notamment grâce à l’action des journalistes qui mirent leur talent non seulement au service de la couverture de la course, mais aussi à celui de la découverte d’un continent magique.

    « L’Afrique est un continent délaissé et il sera de plus en plus délaissé, même au niveau du sport, commenta Bruno Saby à l’annonce de la décision. Nous, on faisait du sport et de l’humanitaire en même temps. »

    Le pilote BMW X-Raid concluait sur un triste constat. « Plus aucun organisateur ne prendra le risque d’organiser une épreuve sur le continent africain ».

    Nous pourrions ajouter qu’aucun sponsor n’acceptera plus de participer au financement d’un concurrent, d’une manifestation sportive ou même culturelle en Afrique.

    Les ennemis du Dakar viennent d’assassiner l’organisation d’événements sur le continent africain. Honte à eux.

    Où se dérouleront les prochains rallyes-raids ? En Amérique du Sud ? En Australie ? en Russie ? Réponse dans quelques mois.

    medium_PHILIPPE_GACHE.jpg« Ça peut-être la fin de SMG (NDLR : son écurie), expose alors Philippe Gache. Le Dakar 2008 est consommé. Nous rentrons sans le sou en caisse. Je ne sais pas comment je vais m’en relever. J’ai tout investi dans mes neuf buggys, dont trois nouveaux… Je suis ruiné… Je pense mettre mes mécanos au chômage dès leur retour avant que mon entreprise ne meure, car tous mes clients vont vouloir le remboursement de leurs investissements et je suis incapable de les satisfaire… »

    Les petites équipes vont devoir affronter des difficultés juridiques et financières considérables. Toutes ne s’en relèveront pas. Celles qui financent leur activité par la location de voitures avec assistance à des pilotes perdent d’un coup leur chiffre d’affaires d’une année. Des dépôts de bilans interviendront. Des mécaniciens et des ingénieurs perdront leurs emplois. Les contrats conclus entre concurrents et sponsors seront contestés eux-aussi. Car les conventions passées avec les partenaires prévoient des obligations qu’elles ne respecteront pas, notamment au niveau de l’organisation de réceptifs à diverses arrivées d’étapes. Certes, les avocats justifieront la carence de leurs clients en invoquant la force majeure. Mais le mental des pilotes, des patrons d’écuries, des ingénieurs et des mécaniciens qui se lancent dans l’aventure, conduit le monde de la course automobile à se battre pour gagner et exécuter ses obligations, pas à demander assistance ni à chercher des excuses pour éviter d’aller au boulot !

    Les nouvelles publications de CIRCUIT MORTEL sont désormais mises en ligne sur http://circuitmortel.com

    NOTE MODIFIÉE LE 12 NOVEMBRE 2014

     

    GARE A LA MAIN DU DIABLE  un polar jeunesse ayant pour cadre une course au large en solitaire au départ de Saint-Malo http://bit.ly/1rSHgOi

     

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    Thierry Le Bras