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  • MEMOIRES DE VIVIA (3)

    Objets inanimés, avez-vous donc une âme, écrivit Lamartine ?

    Oui, répond cette Vivia 1.600 S née en mille neuf cent soixante-dix huit qui rapporte ici ses souvenirs, ses grandes joies, ses triomphes, ses peines, ses angoisses et sa retraite dorée.

    Suite du texte mis en ligne le 24 juin 2006

    Chapitre 3 :

                Cette vie dura une saison. A l’automne, j’avais déjà parcouru 40.000 kilomètres. Une petite sœur sortant de l’assemblage prit le relais.

                Mon premier propriétaire privé vint me chercher à l’usine de Kervignac. Il s’appelait Jean-Yves et exerçait la profession de médecin généraliste. Son allure décontractée, son visage franc et ouvert me séduisirent tout de suite. Je sentis dès le premier coup de démarreur que nous nous entendrions bien. Les premiers kilomètres parcourus ensemble me confortèrent dans cette opinion. Il conduisait rapidement, aimait les accélérations franches, et se montrait sûr de lui, comme de moi. Je serais moins sollicitée que par Éric et les essayeurs, mais je en m’ennuierais pas.

                Je compris rapidement que ma vie serait très liée à celle de mon maître. Du fait de son activité professionnelle, il devait m’utiliser plusieurs fois par jour pour visiter sa clientèle. Je me réjouissais d’ailleurs de le retrouver aussi fréquemment.

                Le soir, quand nous ne finissions pas notre journée trop tard, Jean-Yves m’amenait sur de petites routes de campagne du côté de Belz, de Bubry ou de Baud. Je pouvais exprimer ma puissance, mon agilité, et le faire profiter des joies de quelques dérapages savamment contrôlés quoique plus timides que ceux que m’offrait Éric.

                A cette époque, l’essence ne coûtait pas encore trop cher, et les cinémomètres ne sortaient pas tous les jours. Nos conducteurs pouvaient encore jouir de nos capacités sans la hantise du retrait de permis et de la note de carburant.

                Au cours des vacances précédentes, Jean-Yves avait rencontré Jacqueline, une jeune infirmière qui habitait Saint-Malo. Presque tous week-ends, lorsque nous n’étions pas de garde, nous partions rejoindre Jacqueline. Parfois, c’était elle qui descendait nous rendre visite, mais plus rarement. Il est vrai que sa petite auto italienne de 850 cm3 conçue avant tout pour la ville n’était pas prête à affronter les longs parcours rapides, comme moi.

                J’aimais ces voyages qui me permettaient d’exploiter ma vitesse de pointe et de montrer mon endurance.

                Jacqueline et moi nous montrions un peu jalouses l’une de l’autre. N’étions-nous pas les deux amours de Jean-Yves ? Dans l’ensemble pourtant, nous nous entendions bien, même lorsqu’elle me conduisait. J’étais fière de les amener au restaurant ou en boîte de nuit. Ils parvenaient toujours à me garer bien en vue, ce qui flattait ma vanité et soulignait mon standing.

                Durant les mois qui suivirent, nous avons connu des vacances de rêve. Nous partîmes d’abord en Espagne pendant l’été. Le soleil, les petites routes de montagne, la Méditerranée, que de souvenirs merveilleux ! Nous passâmes Noël et le Jour de l’An à Courchevel, dans les Alpes. Je dois l’avouer, ce voyage fut moins agréable que le précédent. Mes roues arrière motrices n’apprécièrent que modérément la neige et le verglas. Équipés de pneus à clous et de chaînes, nous nous sommes cependant initiés aux joies de la glisse. Par bonheur, la nuit, Patrick me garait dans un parking souterrain, à l’abri de la neige et du froid.

                Quelques semaines après notre retour, Jean-Yves et Jacqueline se marièrent. Mes inquiétudes vinrent plus tard, lorsque les formes de Jacqueline commencèrent à s’arrondir : elle était enceinte. J’allais devenir trop petite pour toute la famille... A regret, Patrick dut me vendre.

                Il choisit une Alfetta pour me remplacer. Elle était dotée d’une bonne suspension, d’un moteur puissant, d’une finition sympathique, mais c’était une berline quatre places.

    (à suivre le 28 juin 2006)

    Si les automobiles Vivia jouent un rôle non négligeable dans les roman de Thierry Le Bras, le héros principal en est toute de même un être humain, David Sarel.. Plongez-vous sans attendre dans l’atmosphère de ses premières aventures parues aux Éditions Astoure (cf : http://astoure.site.voila.fr ) , notamment « Circuit mortel à Lohéac » et « Faits d’enfer à Carnac ».

  • MEMOIRES DE VIVIA (2)

    Objets inanimés, avez-vous donc une âme, écrivit Lamartine ?

    Oui, répond cette Vivia 1.600 S née en mille neuf cent soixante-dix huit qui rapporte ici ses souvenirs, ses grandes joies, ses triomphes, ses peines, ses angoisses et sa retraite dorée.

    Suite du texte mis en ligne le 22 juin 2006

    Chapitre 2 :

                J’ai d’abord servi de voiture d’essai et de reconnaissances. Entendez par là que la société Vivia m’a confié à des journalistes essayeurs. Ce fut une période riche en émotions. Chaque semaine ou presque, un journaliste et un photographe venaient me chercher à l’usine de Kervignac. Ils m’essayaient sur les routes de Bretagne, me photographiaient dans des sites exceptionnels, mesuraient mes performances et ma consommation, me photographiaient sous toutes les coutures.

                Une vie plutôt agréable en fait. Je me rappelle des photos devant le Mont Saint-Michel, la Baie de Morlaix, la pointe de la Varde, sur la plage de Penthièvre aussi,(un des endroits préférés des photographes automobiles) ainsi que sur le port de La Trinité. Belle, rutilante, agressive, je jouais les stars.

                Je faisais rugir mon moteur sur les petites routes de campagne et sur les tronçons de quatre voies. Je montrais à mes essayeurs qu’avec mon petit moteur de 1600 cm3, j’étais capable de terrasser des voitures de 3 litres et plus. Si je ne cite ni marque ni modèle, c’est pour ne vexer personne.

                Les journalistes automobiles se révèlent généralement de fameux conducteurs. Ils me donnaient du plaisir. Et si certains m’ont fait quelques frayeurs à l’occasion de dépassements un peu courts ou d’amorces de travers, je me remettais très vite de mes émotions.

                Après chaque essai, je passais entre les mains de Michel, l’ingénieur maison, qui vérifiait tous mes réglages et me préparait en vue de la prestation suivante. C’est que mon statut de véhicule d’essai comportait une grande responsabilité. Les médias jugeaient les automobiles Vivia au vu de mon comportement. Une bonne prestation signifiait des commandes. Une panne ou une défaillance aurait impliqué des articles négatifs, peut-être la fin de la marque.

                Les mois passaient très vite. D’autant que le week-end, je partais souvent sur les pistes de rallyes et de courses de côtes avec Éric Trélor et Mikaël Mermant, son navigateur. Comme Éric courait sur une Vivia groupe 3 cette année-là, il reconnaissait les parcours à mon volant. Le rythme augmentait encore par rapport aux essais des journalistes. Déjà sur la route, Éric conduisait très vite. Et dès que nous arrivions sur les parcours des épreuves, il exigeait que je délivre toute ma puissance. A cette époque, les pilotes reconnaissaient à des vitesses hallucinantes. Le schéma était parfaitement rodé entre Éric et Mikaël qui le naviguait depuis ses débuts en compétition. Au premier passage, Éric dictait les notes à Mikaël. Au second, il les vérifiait à vitesse raisonnable. Puis à partir du troisième, il attaquait de plus en plus sous la dictée de Mikaël. Là, le pilote freinait tard, balançait la voiture dans les virages, sortait en glisse des quatre roues. Un régal. Sur les pistes de courses de côtes, Mikaël arrêtait de dicter les notes au bout de quelques passages puisque Éric effectuerait la course tout seul dans la voiture. Avant les rallyes, il annonçait toujours, comme il le ferait durant l’épreuve.

                Nous vivions un âge d’or. Nous nous amusions beaucoup. Les riverains nous accueillaient chaleureusement. Les hystériques autophobes étaient encore rares à cette époque. Les habitants des régions où se déroulaient les épreuves y voyaient une source d’animation et de commerce. Ils nous faisaient souvent la circulation quand nous nous entraînions avant la fermeture de la piste. Je crois que de telles scènes, si elles se déroulaient aujourd’hui, amèneraient les pilotes, leurs navigateurs et les riverains derrière les barreaux. De nos jours pour les politiques et les juges, il vaut mieux faire des petits trafics et tout démolir dans certaines zones résidentielles que de commettre un excès de vitesse qui ne gêne personne…

    (à suivre le 26 juin 2006)

    Si les automobiles Vivia jouent un rôle non négligeable dans les roman de Thierry Le Bras, le héros principal en est toute de même un être humain, David Sarel.. Plongez-vous sans attendre dans l’atmosphère de ses premières aventures parues aux Éditions Astoure (cf : http://astoure.site.voila.fr ) , notamment « Circuit mortel à Lohéac » et « Faits d’enfer à Carnac ».

  • MEMOIRES DE VIVIA

    Objets inanimés, avez-vous donc une âme, écrivit Lamartine ?

    Oui, répond cette Vivia 1.600 S née en mille neuf cent soixante-dix huit qui rapporte ici ses souvenirs, ses grandes joies, ses triomphes, ses peines, ses angoisses et sa retraite dorée.

    Chapitre 1 :

                Je suis née en 1978 à Kervignac en Bretagne. Ma carrosserie est de couleur marron métallisé. Du cuir beige et du bois verni décorent mon habitacle. Mon moteur, d’une cylindrée de 1.600 centimètres cubes, développe 150 chevaux. Je pèse 680 kilos. Je suis ce qu’on appelle usuellement une voiture sportive, un coupé deux places.

    Je suis née d’un rêve d’enfants. Lorsqu’ils étaient gamins, Éric Trélor (le célèbre avocat qui est aussi un pilote amateur très rapide) et Freddy Vivien (l’ancien champion du monde de Formule 1) passaient des heures à dessiner une petite voiture de sport qu’ils imaginaient sur les routes du Rallye de Monte-Carlo, du Tour de Corse ou de la Coupe des Alpes. La passion des deux garçons s’est poursuivie sur les pistes. A dix huit ans, Freddy commença à courir au volant d’une NSU TT. Il demanda naturellement à Éric de le naviguer en rallye. Ce dernier n’avait que seize ans, mais dans cette discipline, le co-pilote annonce les notes décrivant les virages à son pilote. Il ne conduit pas lui-même et peut donc participer à des épreuves avant le permis. Éric trouva le premier gros sponsor de Freddy, les montres Time O’Clock – un fournisseur de la bijouterie de ses parents - qui leur resteraient toujours fidèles. Une Alfa Roméo 2000 GTV remplaça la NSU en 1973. Puis en 1976, lorsque Freddy fut engagé en Formule 2, l’antichambre de la Formule 1 ces années-là, il confia l’Alfa à Éric avec le budget de fonctionnement fourni par les sponsors de telle sorte que ce dernier débuta en compétition avant même la fin de ses études.

    Dès qu’il accéda à la Formule 1, Freddy décida de réaliser leur rêve d’enfants. Il allait fabriquer une petite voiture de sport, la sportive à l’état pur, auprès de laquelle la Golf GTI série 1 à l’époque ressemblerait à une berline bourgeoise. Il utilisa sa notoriété de pilote de F 1 et fédéra des industriels bretons autour de l’opération. Les automobiles Vivia venaient de naître. Et qui serait l’avocat chargé de mener les opérations ? Son ami Éric bien sûr, qui commençait sa carrière comme avocat stagiaire.

                C’est ce concours de volontés et de circonstances qui m’a permis de sortir des ateliers de Vivia au début de l’année 1978. Je n’imaginai rien de l’existence mouvementée qui m’attendait.

    (à suivre le 24 juin 2006)

    Mais si les automobiles Vivia jouent un rôle non négligeable dans les roman de Thierry Le Bras, le héros principal en est toute de même un être humain, David Sarel.. Plongez-vous sans attendre dans l’atmosphère de ses premières aventures parues aux Éditions Astoure (cf : http://astoure.site.voila.fr ) , notamment « Circuit mortel à Lohéac » et « Faits d’enfer à Carnac ».