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MEMOIRES DE VIVIA (2)

Objets inanimés, avez-vous donc une âme, écrivit Lamartine ?

Oui, répond cette Vivia 1.600 S née en mille neuf cent soixante-dix huit qui rapporte ici ses souvenirs, ses grandes joies, ses triomphes, ses peines, ses angoisses et sa retraite dorée.

Suite du texte mis en ligne le 22 juin 2006

Chapitre 2 :

            J’ai d’abord servi de voiture d’essai et de reconnaissances. Entendez par là que la société Vivia m’a confié à des journalistes essayeurs. Ce fut une période riche en émotions. Chaque semaine ou presque, un journaliste et un photographe venaient me chercher à l’usine de Kervignac. Ils m’essayaient sur les routes de Bretagne, me photographiaient dans des sites exceptionnels, mesuraient mes performances et ma consommation, me photographiaient sous toutes les coutures.

            Une vie plutôt agréable en fait. Je me rappelle des photos devant le Mont Saint-Michel, la Baie de Morlaix, la pointe de la Varde, sur la plage de Penthièvre aussi,(un des endroits préférés des photographes automobiles) ainsi que sur le port de La Trinité. Belle, rutilante, agressive, je jouais les stars.

            Je faisais rugir mon moteur sur les petites routes de campagne et sur les tronçons de quatre voies. Je montrais à mes essayeurs qu’avec mon petit moteur de 1600 cm3, j’étais capable de terrasser des voitures de 3 litres et plus. Si je ne cite ni marque ni modèle, c’est pour ne vexer personne.

            Les journalistes automobiles se révèlent généralement de fameux conducteurs. Ils me donnaient du plaisir. Et si certains m’ont fait quelques frayeurs à l’occasion de dépassements un peu courts ou d’amorces de travers, je me remettais très vite de mes émotions.

            Après chaque essai, je passais entre les mains de Michel, l’ingénieur maison, qui vérifiait tous mes réglages et me préparait en vue de la prestation suivante. C’est que mon statut de véhicule d’essai comportait une grande responsabilité. Les médias jugeaient les automobiles Vivia au vu de mon comportement. Une bonne prestation signifiait des commandes. Une panne ou une défaillance aurait impliqué des articles négatifs, peut-être la fin de la marque.

            Les mois passaient très vite. D’autant que le week-end, je partais souvent sur les pistes de rallyes et de courses de côtes avec Éric Trélor et Mikaël Mermant, son navigateur. Comme Éric courait sur une Vivia groupe 3 cette année-là, il reconnaissait les parcours à mon volant. Le rythme augmentait encore par rapport aux essais des journalistes. Déjà sur la route, Éric conduisait très vite. Et dès que nous arrivions sur les parcours des épreuves, il exigeait que je délivre toute ma puissance. A cette époque, les pilotes reconnaissaient à des vitesses hallucinantes. Le schéma était parfaitement rodé entre Éric et Mikaël qui le naviguait depuis ses débuts en compétition. Au premier passage, Éric dictait les notes à Mikaël. Au second, il les vérifiait à vitesse raisonnable. Puis à partir du troisième, il attaquait de plus en plus sous la dictée de Mikaël. Là, le pilote freinait tard, balançait la voiture dans les virages, sortait en glisse des quatre roues. Un régal. Sur les pistes de courses de côtes, Mikaël arrêtait de dicter les notes au bout de quelques passages puisque Éric effectuerait la course tout seul dans la voiture. Avant les rallyes, il annonçait toujours, comme il le ferait durant l’épreuve.

            Nous vivions un âge d’or. Nous nous amusions beaucoup. Les riverains nous accueillaient chaleureusement. Les hystériques autophobes étaient encore rares à cette époque. Les habitants des régions où se déroulaient les épreuves y voyaient une source d’animation et de commerce. Ils nous faisaient souvent la circulation quand nous nous entraînions avant la fermeture de la piste. Je crois que de telles scènes, si elles se déroulaient aujourd’hui, amèneraient les pilotes, leurs navigateurs et les riverains derrière les barreaux. De nos jours pour les politiques et les juges, il vaut mieux faire des petits trafics et tout démolir dans certaines zones résidentielles que de commettre un excès de vitesse qui ne gêne personne…

(à suivre le 26 juin 2006)

Si les automobiles Vivia jouent un rôle non négligeable dans les roman de Thierry Le Bras, le héros principal en est toute de même un être humain, David Sarel.. Plongez-vous sans attendre dans l’atmosphère de ses premières aventures parues aux Éditions Astoure (cf : http://astoure.site.voila.fr ) , notamment « Circuit mortel à Lohéac » et « Faits d’enfer à Carnac ».

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