Quand rugby et sport auto mènent le même combat...
La Coupe du monde de rugby s’est ’achevée. Les Néo-Zélandais l’ont emporté. Les Bleus se sont bien battus et soignent leurs bleus à l’âme…
Avez-vous remarqué que le sport automobile et le rugby utilisent souvent des langages comparables ? Normal, l’un et l’autre sont des sports où règne une violence certaine, fût-elle cadrée par des règles strictes. Regardez le départ d’un peloton de F1 ou d’une manche de Rallycross. N’avez-vous pas l’impression d’une mêlée où les gros bras poussent très fort pour marquer des points ? Les équipes de rugby et les écuries automobiles possèdent leurs piliers. La vivacité, la solidité et la force sont des qualités communes aux deux sports.
Michel Vaillant a donné l’exemple très tôt
La course automobile est un sport où les concurrents se battent. Le rugby aussi.
Jean Graton, le créateur de Michel Vaillant, le plus titré et le plus éclectique des pilotes français, avoue un faible pour le rugby. Il intégra d’ailleurs l’ovalie dans le programme des pilotes qui suivaient la formation Vaillante. C’était dans Le 8ème pilote, un album paru en 1965. En leur faisant pratiquer le rugby, Michel Vaillant entendait inculquer l’esprit d’équipe à ses élèves. Car si l’automobile paraît plus individualiste que le rugby, aucun pilote ne peut prétendre gagner sans une équipe à ses côtés.
L’équipe rend plus fort et plus déterminé au moment des mano à mano, des affrontements musclés (jeu musclé, pilotage musclé…), des regards de défi avant l’engagement total, des passes d’armes. Ces expressions traduisent des temps forts du sport, des combats qu’il implique. Elles existent dans le rugby comme dans la course auto.
De la guerre à la 3ème mi-temps
Les pilotes sont des guerriers. L’expression fut souvent employée par un des commentateurs des GP sur TF1 en 2002 et 2003 lorsqu’il évoquait les pilotages de Michael Schumacher, Kimi Räikkönen et Juan Pablo Montoya. Les rugbymen méritent aussi cette qualification. Ils la reçoivent d’ailleurs régulièrement.
Rugby et sport auto appelèrent parfois des commentaires plus nuancés quant à la noblesse de leurs pratiquants. Le rugby serait-il un sport de voyous pratiqué par des gentlemen ? Certains se sont inspirés de cette formule pour définir une des disciplines du sport automobile, le Rallycross. Il s’agirait d’un sport de paysans pratiqué par des garagistes… En tout cas, ces expressions qui se veulent un peu hautaines n’ont pas empêché le rugby ni le Rallycross de conquérir le cœur des foules.
Certaines voix se sont levées depuis longtemps dans les médias français pour faire vibrer le public en le plongeant au cœur des mêlées du rugby et du sport auto. Souvenons-nous d’années devenues Vintage. Ceux dont l’enfance ou l’adolescence remonte au tourbillon des sixties se souviendront de Roger Couderc, reporter supporter toujours derrière l’équipe de France avec son inoubliable Allez les petits ! A la même époque, Tommy Franklin nous transportait au bord des pistes du Mans, de Monaco, de Reims ou de Rouen avec une chaleur et un enthousiasme extraordinaires. L’un et l’autre ont fait naître bien des passions et des vocations.
Sur la piste, c’est souvent la guerre, comme sur la pelouse. « Tu peux te chiffonner avec un adversaire sur la piste et faire la fête avec lui le soir », explique Jean-Luc Pailler, le plus titré des pilotes de Rallycross français. Car le sport automobile possède une tradition commune avec le rugby, celle de la 3ème mi-temps. Une victoire mérite d’être fêtée ! D’autant que, comme le soulignait Daniel Herrero dans ses commentaires avant la Finale, le respect est essentiel sur la pelouse. L’affrontement peut être rude. Tant qu’il y a du respect entre les joueurs, il n’y aura pas de débordements. Le même constat s’applique parfaitement à la course automobile. Alors Vive les affrontements rudes, vive le respect, et vive les 3èmes mi-temps !
Pas de dessert aux Kiwis cette année
Dimanche matin, jour de la Finale en Nouvelle-Zélande, des supporters français affirmaient qu’après avoir cuisiné du rosbif, puis des poireaux, la France allait terminer son menu avec un dessert aux Kiwis. Les fruits de l’hémisphère sud se sont révélés plus indigestes qu’espéré. C’est la Nouvelle-Zélande qui aura sablé le champagne français, au terme d’un match pétillant. Mais les Bleus ont participé et se sont bien battus, c’est l’essentiel. Un peu comme la Peugeot 908 Oreca de Panis, Duval et Lapierre au Mans 2010. Le dimanche en fin de matinée, Hugues de Chaunac avait demandé à Loïc Duval de tout donner pour amener l’auto sur le podium. Loïc a piloté à la limite. L’auto n’a pas tenu, mais les pilotes s’étaient bien battus. Ils rendirent les armes certes, mais avec les honneurs. Comme la France à Auckland.
Qu’une voiture privée du Team Oreca ne batte pas les Audi d’usine au Mans n’avait rien de déshonorant. Au Rugby, perdre contre les Kiwis n’a rien d’humiliant non plus. S’ils ont marqué l’histoire de l’ovalie, les Néo-Zélandais sont également les auteurs de superbes pages de celle du sport automobile. Quelle est la seule équipe à avoir régulièrement donné la réplique aux Red Bull en 2011 ? McLaren ! Et qui a fondé cette écurie au nom aussi prestigieux que Lotus, Jaguar, Matra, Alpine, Mercedes, Cooper, Lola, Maserati ou Ferrari ? Le Néo-Zélandais Bruce McLaren, né à Auckland, qui engagea ses propres monoplaces de F1 à partir de 1966, année où il remportait la victoire au Mans avec son compatriote Chris Amon. En 1968, Dennis Hulme, lui-aussi Néo-Zélandais, rejoindrait Bruce au sein du Team McLaren. Les deux hommes feraient partie des grands animateurs des championnats de F1 et de Canam. Aujourd’hui encore, 41 ans après la disparition de son fondateur, McLaren reste une des plus grandes écuries du monde. N’oublions pas qu’elle a gagné de nombreux titres et fait courir, outre ses pilotes d’origine, des seigneurs de la course tels que John Surtees, Dan Gurney, Emerson Fittipaldi, Mike Hailwood, Jacky Ickx, Jody Shekter, Niki Lauda, Keke Rosberg, Ayrton Senna, Nigel Mansell, Jan Magnussen, Mika Häkkinen, Kimi Räikkönen, Lewis Hamilton et Jenson Button. Le Français Olivier Panis y fut 3ème pilote en 2000. Et Didier Pironi devait signer avec Ron Dennis pour revenir en F1 au volant d’une McLaren. Hélas, le véto peu élégant d’un pilote du team à cette époque fit échouer ce projet. En tout cas, les Kiwis ne sont pas toujours les ennemis des Bleus. Aujourd’hui encore dans les formules de promotion, la plupart des jeunes pilotes français imaginent volontiers qu’un jour, ils piloteront peut-être une F1 portant le nom d’un Kiwi mythique, McLaren !
QUELQUES LIENS A SUIVRE
Bientôt un film sur Bruce McLaren ? http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/04/13/stars-drivers.html
Question de vocabulaire : les mots tuent parfois aussi sûrement que des balles. Mais la cuisine des mots assaisonnés aux piments des affrontements les plus rudes peut aussi faire rire, que ce soit à la sauce des pistes ou des rings
http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-question-de-vocabulaire-81262654.html
Le respect pour les pilotes
Les efforts intenses des pilotes retracés dans Sensations F1, un docufiction illustré
Thierry Le Bras