A l’entrée en vigueur en F1 des nouvelles règles de qualification en trois phases, Felipe Massa employa les termes de KO tous les quarts d’heure, ce qui traduit l’atmosphère électrique d’un combat de boxe. Une ambiance que Claude Nougaro chanta admirablement dans « Quatre boules de cuir »
Quatre boules de cuir
Sur quatre pieds de guerre
Bombardent le plexus, boxe, boxe
L'angle du maxillaire
Quatre boules de cuir
Dans la cage du ring…
« La Formule 1, c’est comme la bagarre de rue, déclare Olivier Panis. Lorsque tu y arrives, c’est que tu as pris la place de quelqu’un. Il faut te battre pour toi et essayer d’y rester. » (1)
Avant de débuter sa seconde saison dans la discipline reine, le pourtant très policé Nico Rosberg compara le milieu de la F1 à un « parc de requins ».
En 2005, à l’arrivée du Grand Prix d’Imola, Coulthard perdit tout flegme et ignora les bases du savoir-vivre élémentaire pour s’en prendre brutalement à Felipe Massa qui l’avait doublé de manière un peu musclée à son goût. L’Écossais avait oublié l’inélégance et l’irresponsabilité dont il fit preuve en sortant son équipier Mika Häkkinen qui se battait pour le titre au premier virage d’un certain GP de Spa. Dans son altercation avec Felipe, Coulthard m’a rappelé les errances de Mike Tyson le 18 juin 1997 quand, désemparé et complètement à la dérive, il ne trouva rien d’autre à faire que mordre les oreilles d’Evander Holyfield pour tenter de dissimuler son humiliation. En agressant Felipe Massa, Coulthard interpréta avec naturel le rôle du bad boy ridicule, du compétiteur usé et impuissant qu’il avait déjà été face à la modeste Arrows du rookie Bernoldi au Grand-Prix de Monaco 2000. A sa décharge, je mentionnerai tout de même qu’il a dû beaucoup souffrir d’être laminé par ses équipiers successifs chez McLaren. Des humiliations publiques sévères et répétées qui expliquent sûrement aussi les propos mesquins et empreints de jalousie qu’il tint sur Kimi Räikkönen en 2009. Des commentaires vengeurs qui rappellent des coups bas pour rester dans l’atmosphère des boules de cuir qui tournent dans la lumière. Des comportements qui illustrent la violence guerrière du milieu de la course automobile, des propos qui rappellent des déclarations de boxeurs imprégnés de la fureur des rings.
Car des notions de combats, d’épreuves de force s’associent inévitablement au sport automobile. Ambiance Over the top garantie.
Ces rapprochements entre les sports de combat et la course automobile m’ont inspiré une fiction aux rebondissements cruels qui est en ligne sur CONFIDENTIEL PADDOCKS : http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-rounds-chocs-pour-ronnie-40060607.html
Dans ROUNDS CHOCS POUR RONNIE, le personnage principal annonce la couleur en soulignant la communauté de vocabulaire entre les deux catégories de disciplines. « Tu remportes des courses en poussant un autre pilote hors du ring, affirmait Ronnie. Tu te maintiens à niveau en tenant ceux qui veulent piquer ta place à distance, et d’ailleurs tu gagnes les championnats soit aux points, soir par KO. Sans compter les sensations dans la voiture. Une grosse auto te secoue comme un sparring-partner. Et si tu ne peux plus rien faire pour gagner, tu rends les armes, tu jettes l’éponge ».
Ronnie sait ce dont il parle. Amateur de défis physiques durant sa jeunesse, il pratiquait volontiers la lutte. Vague camarade et surtout tête de turc d’un catcheur professionnel deus fois plus gros que lui, il apprit à ses dépens les souffrances du gladiateur terrassé.
Les parallèles entre la coures auto et les disciplines de combat sont … frappants. Le pilote est un guerrier, comme le boxeur, le lutteur ou le catcheur. Les classes de cylindrées ressemblent aux catégories de poids. Les pratiquants se livrent à des bras de fer, se rendent coup pour coup, se lancent dans des mano a mano. Parfois, ils cherchent leur second souffle. Toujours, ils jettent toutes leurs forces dans la bataille. Enfin, un pilote émoussé qui se fait tourner autour par des rookies ressemble à un boxeur fini qui s’accroche en vain.
Tous ces parallèles, vous les trouverez dans le récit largement illustré vers lequel vous pilote le lien qui suit :
http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-rounds-chocs-pour-ronnie-40060607.html
Le texte se termine par une course féroce, un duel d’anthologie dans le monde du VHC entre deux Alfa Roméo Guilia TZ pilotées par des équipes de lutteurs assoiffés de victoires sur le ring du Castellet.
Une vingtaine de photos pour la plupart inédites de voitures et motos des années 60, 70, 80 illustrent cette note qui aussi de nombreuses infos sur l’Alfa Roméo GTZ, véritable bête de course !
Sans oublier un P38. Les armes ne pourraient-elles pas être de rigueur dans le milieu de la course auto où l’on flingue à tout va depuis quelques saisons ? Sans omettre non plus un hommage à Quatre boules de cuir, une magnifique chanson de Claude Nougaro.
L’histoire sur laquelle vous pilotera le lien ci-dessus constitue un véritable album illustré. Vous pouvez la lire en une ou plusieurs fois, et aussi l’imprimer, la copier autant de fois que vous le souhaitez et l’offrir à vos amis. A vos enfants également, surtout si en plus des bolides et des motos qui foncent sur le bitume, ils aiment le catch, la lutte et la boxe.
Thierry Le Bras
(1) cf. OLIVIER PANIS, Passion F1, par Thierry Le Bras, page 93, Hêtre Éditions (2003)
Préface : Mikka Häkkinen, Champion du monde de F1 1998 et 1999
Commentaires
Très intéressant ce texte, comme celui où il renvoie avec des tas de photos illustrant remarquablement les ambiances et les sentiments des personnages décrits.
Je suis tout à fait d’accord avec votre analyse. A Rome déjà, les Jeux du Cirque incluaient combats de gladiateurs et courses de chars.
C’est sympa les références aux chansons dans les textes. Ça contribue à transporter le lecteur dans l’atmosphère de l’époque. Les musiques populaires et les chansons sont les meilleurs témoins d’une société à un moment donné.
Parmi les chansons inspirées par la boxe figure aussi Tchin Tchin de Hugues Auffray. Elle est née du fameux combat du siècle, le match qui opposa Foreman à Ali. Hugues Auffray espérait la victoire d’Ali. Mais quand il a vu Foreman KO sur un coup d’Ali, il a pensé que c’était un brave mec et il a eu envie de boire un coup à sa santé. Tchin Tchin…
Toi qui ce soir as perdu, tchin, tchin, tchin
Toi qui ce soir es battu, tchin, tchin, tchin
Je veux croire mon frère, en vidant ce verre
Je veux croire encore à ton espoir…
Vivement les prochains textes et les prochaines photos qui vont avec.
Sylvain
Merci pour ce commentaire ainsi que pour l'anecdote sur Tchin Tchin que j'ignorais complètement bien que j'apprécie beaucoup Hugues Auffray.
bien vu - la course cé un ring - un comba de costaus