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  • MEILLEURS VŒUX 2009

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    2009 arrive. Pour beaucoup, cette nouvelle année s’annonce sous le signe de l’inquiétude, car la crise financière sévère qui frappe le monde depuis quelques mois génère de nombreuses conséquences. La plupart craignent pour leur chiffre d’affaires, leur emploi, ou leur épargne.

     

    Loin de moi l’idée de nier la crise et ses effets. Elle frappe cruellement notre sport préféré, l’automobile. Honda renonce à la F1. L’ACO annule les essais préliminaires aux 24 Heures du Mans. Les week-ends de course du Championnat LMS seront réduits d’une journée. De nombreux teams dans toutes les disciplines n’ont pas bouclé leur budget pour la saison prochaine.

     

    Essayons toutefois de ne pas céder au pessimisme ambiant. D’autant que  la sinistrose créerait un effet endémique qui aggraverait encore la situation. Tentons au contraire de nous convaincre et de convaincre les autres que nous sortirons plus forts de cette période difficile. Notre pays possède des arguments pour défendre sa cause.

     

    En cette période de fin d’année, je tiens à remercier tous les Internautes qui ont surfé sur CIRCUIT MORTEL. J’espère qu’ils continueront à le faire en 2009 et qu’ils inviteront leurs amis sur ces blogs. Et je leur souhaite à tous une excellente année 2009, à la fois sereine, enthousiasmante et propice à la réalisation des rêves et des projets qui leur sont chers.

     

    Certains auront observé que le contenu de CIRCUIT MORTEL a évolué ces derniers mois. J’y parle peu de F1 désormais. Les thèmes relatifs à la discipline reine du sport auto ont été transférés sur RÉCITS DE COURSE, blog propulsé par FANATIC F1.

     

    CIRCUIT MORTEL se recentre sur ses origines. Le blog a été ouvert début 2006 en complément du premier roman mettant en scène un personnage de fiction que j’ai créé, l’avocat pilote David Sarel. Il contient donc de courtes  fictions dans l’univers de ce personnage. N’hésitez pas à surfer sur les archives pour les lire ou les relire. Comme je crée une nouvelle série de héros récurrents, Philippe Georjan et ses proches, il intègre aussi des fictions qui vous feront partager des tranches de leur vie. D’ailleurs, le conte de Noël qui représente l’avant dernière note sur ce blog vous les fera découvrir.

     

    Les aventures de David continuent cependant, tant en librairie que sur le net. Je travaille à une nouvelle trilogie de ce personnage que j’adore et je vous invite à le retrouver en surfantnt sur les archives.

     

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     David Sarel est un gentleman driver qui évolue dans l’époque contemporaine. Les souvenirs de Philippe Georjan se situent au cœur des sixties, dans le formidable tourbillon de cette période pleine d’espoir et d’optimisme. Philippe était adolescent à cette époque. Il croquait la vie à pleine dent. Ses histoires enchanteront ceux qui se rappellent qu’avant de devenir des adultes responsables, ils furent des adolescents turbulents. Il les fera replonger dans leur propre adolescence, un moment unique dans la vie de chacun, des années qui font généralement naître la nostalgie lorsqu’elles sont évoquées plus tard dans l’existence.

     

    Philippe Georjan  possède au moins trois  points communs avec David Sarel. La course automobile le fascine. Il n’a pas froid aux yeux. Et son tempérament allié à des concours de circonstances vont l’amener au centre de situations dangereuses de telle sorte que pour lui non plus, la vie ne se déroulera pas au rythme d’un long fleuve tranquille.

     

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     Philippe Georjan vous ramène à une sorte d’âge d’or de l’automobile. Une époque bien éloignée de celle d’aujourd’hui. Et ce contraste me conduit à d’autres vœux pour 2009, des vœux relatifs à l’automobile et à la compétition.

     

    Puisse 2009 marquer le départ d’une nouvelle histoire d’amour de l’automobile avec nos contemporains et de réhabilitation de son image.

     

    Durant les sixties et les seventies, automobile signifiait liberté, plaisir, élégance, beauté, vitesse, performances, personnalité. Les jeunes rêvaient du permis, de leur première voiture, d’une plus belle voiture. L’automobile était associée à tous les temps forts de l’existence.

     

    Bien sûr, les conditions de circulation ont changé et de nouvelles normes – bien trop sévères en ce qui concerne la vitesse – se sont imposées.

     

    Des politocards démagogues ont fustigé l’automobile, l’ont accusée de tous les maux de notre société. L’automobile est devenue symbole de danger, alors que ce sont certains utilisateurs qui représentent le véritable péril. Elle s’est vue accusée de cristalliser les inégalités sociales, alors que d’autres attributs bien plus discrets de la fortune  passent inaperçus parce que justement, personne ne les voit. L’automobile pollue ? Certes, mais moins que les troupeaux de vaches, ça été prouvé par des études scientifiques.

     

    L’automobile représente des emplois, ce qui n’est tout même pas négligeable par les temps qui courent.

     

    L’automobile passionne encore des femmes et des hommes de goût. Elle sait se muer en œuvre d’art, que ce soit par sa beauté naturelle ou par l’intervention d’artistes décorateurs comme Calder, Stella ou encore Chantal Thomass.

     

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    L’automobile de course fait vibrer ses amoureux en leur offrant de somptueuses symphonies en Vroooaaaaarrrrrr majeur, d’élégants  ballets de glisse sur neige ou terre, des marathons sur le bitume ou dans les étendues désertiques. Souhaitons que les pilotes et les teams qui s’engagent dans toutes les disciplines que nous aimons, de celles que pratiquent les purs amateurs jusqu’aux plus prestigieuses trouvent des budgets leur permettant de boucler leurs programmes.

     

    Puisse l’amour renaître en 2009 entre l’automobile et le grand public. Que 2009 apporte à l’automobile ce renouveau qui offrira entre autres cadeaux des emplois aux êtres humains malgré leur ingratitude, leur jalousie et leur cynisme !

     

    Pour ma part, je m’efforcerai dans la mesure de mes modestes moyens d’entretenir la flamme des amoureux de sport automobile er de belles mécaniques qui me font l’amitié de venir sur mon site. Au programme, outre quelques histoires où apparaîtront mes héros récurrents, des photos de course auto, des évocations de « voitures passions », quelques souvenirs personnels de courses auxquelles j’ai participé, des nouvelles des pilotes que j’apprécie et des anecdotes. J’espère que ces notes vous combleront.

     

    En attendant,

     

    BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2009 POUR VOUS ET LES VÔTRES

     

    Et à très bientôt,

     

    Thierry Le Bras

     

  • NOËL PRÉMONITOIRE

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    UN CONTE DE NOËL SUR FOND DE COURSE AUTOMOBILE

     

    Je m’appelle Philippe Georjan. Je suis né de la plume de Thierry Le Bras, avec mon cousin Laurent et les autres personnages des romans où nous allons apparaître. Comme le pensait  l’écrivain Serge Dallens, nous existons vraiment, dans un monde parallèle dans lequel nous allons vous entraîner à partir d’aujourd’hui.

     

    Le premier roman dans lequel nous racontons nos souvenirs épiques  s’intitule « Vengeance glacée au coulis de sixties ». Il est sorti en 2014 (eBook).

     

    Le conte de Noël qui suit se déroule quelques semaines avant cette aventure, en 1965. Nous avions un peu plus de 13 ans. Vous aimez la Nouvelle Vague, les idoles des années 60, les voitures de sport un peu folles de cette époque ? La douce nostalgie de cette période d’insouciance vous envahit parfois ? Vous vous rappelez qu’avant de devenir un adulte responsable, vous avez été un adolescent turbulent ? Ce conte et le roman annoncé  vous combleront.

    ***

    Aussi loin que je me souvienne, mon cousin Laurent et moi avons toujours été liés comme des frères jumeaux.  Nés à quelques jours d’intervalle à l’automne 1952, nous avons été élevés ensemble, il est vrai. Nos pères étaient  frères et s’étaient associés au sein d’une clinique privée à Saint-Malo. Ils avaient épousé deux sœurs qui exploitaient une librairie-papèterie à Saint-Servan.  Nous habitions dans la même maison dans le quartier du Rosais. Le dernier étage de la maison sous les toits était notre domaine. Un espace que nous partagions avec Christina, la sœur aînée de Laurent jusqu’à ce qu’elle obtienne son bac et parte suivre ses études à La Sorbonne.

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    Christina était déjà une belle femme. Très brune comme Laurent et moi, une peau mate, des cheveux longs et épais qu’elle faisait voler et tourbillonner avec une aisance de star. Contrairement à mon cousin et à moi qui étions plutôt sportifs et musclés pour notre âge, elle avait hérité d’un corps et de membres très fins. J’avais observé plusieurs fois les regards lubriques des copains lorsqu’ils croisaient Christina. Ma cousine ne laissait pas les garçons indifférents. Je faisais partie de ses admirateurs, conscient hélas que nos six ans et demi de différence d’âge et notre lien familial rendaient tout espoir impossible. Elle conduisait sa Triumph Spitfire à toute allure et pieds nus en imitant ce que faisait Françoise Sagan avec sa Jaguar. Nous étions très fiers lorsque de passage à Saint-Malo, elle nous amenait dans sa décapotable.

     

    Nous vivions une double insouciance. Celle du début de l’adolescence d’abord. Tous nos rêves deviendraient réalité. Nous en étions certains. L’ambiance de l’époque nous entretenait dans ce bonheur. Si j’évoque une période révolue, je ne remonte pas à l’âge de pierre non plus. Je ne vous parle tout de même pas du temps avant que Michel Drucker fasse de la télévision ! Le formidable tourbillon des sixties apportait un enthousiasme formidable. Demain serait meilleur qu’aujourd’hui, le doute n’était pas permis. La croissance économique règlerait tous les problèmes sociaux. La guerre au Vietnam s’arrêterait bien vite. Nous étions au cœur des trente glorieuses, fascinés par les perspectives de conquête de la lune, fous de vitesse, de voitures qui foncent en rugissant sur les routes de campagne et en faisant crisser leurs pneus à chaque virage. Les rejets de CO 2 ? Nous ne savions même pas ce que c’était. Et c’était bon de ne pas savoir.

     

    Pourtant, contrairement à la plupart de nos camarades, nous nous étions déjà heurtés à de vrais soucis d’adultes et nous avions été contraints d’agir vigoureusement pour protéger notre famille (1). Nous n’étions pas des saints et nous étions prêts à nous battre jusqu’à la mort pour préserver une existence qui nous convenait parfaitement.

     

    Nous avions compris que bien travailler au collège et ne pas poser de problèmes particuliers à la maison nous donnait tous les droits. Nous en usions sans trop abuser car nous respections tout de même des valeurs de base, mais nous profitions bien du fait que nos parents étaient trop occupés par leurs activités professionnelles  respectives pour s’occuper de nous.

    ***

    Noël 1965 arrivait.

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    Comme chaque année, certains avaient reçu leurs cadeaux en avance. Jim Clark devenait Champion du monde des conducteurs après avoir remporté six victoires durant une saison où John Surtees, Graham Hill et Jackie Stewart lui avaient fourni une superbe réplique. Non content de ses triomphes en Formule 1, le pilote écossais ajoutait les 500 miles d’Indianapolis à son palmarès. Pour conquérir cette dernière victoire, le pilote Lotus et son patron, Colin Chapman, n’avaient pas hésité à faire l’impasse sur le prestigieux Grand-Prix de Monaco qui se déroulait le même week-end que la course américaine.

     

    J’admirais énormément Jim Clark et je considère toujours qu’il fait partie des plus grands pilotes de l’histoire de la Formule 1.

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    Dans le domaine des variétés, la charmante France Gall faisait partie des enfants gâtés de l’année. Lauréate du Prix de l’Eurovision avec « Poupée de cire, poupée de son », une chanson de Serge Gainsbourg, elle voyait ses ventes de disques s’envoler. France concourait pour le Luxembourg. Nous l’aimions beaucoup. Elle irritait nos professeurs à cause d’un de ses succès précédents, « Sacré Charlemagne ». Le corps enseignant supportait mal qu’elle ait osé y qualifier l’invention de l’école d’idée folle. Nos mères ne l’aimaient pas vraiment, peut-être parce que nos pères la regardaient avec attendrissement lorsqu’elle passait à la télé. Nous nous en moquions et nous écoutions ses 45 tours , des petites galettes en vinyle noir qu’il convenait de manier avec précautions pour ne pas les rayer. Nous réglions le son aussi fort que le permettait le brave électrophone dont le haut-parleur vibrait à la limite de l’explosion.

     

    Nous adorions la sublime Sylvie Vartan qui s’était mariée avec Johnny, l’idole des jeunes, le 12 avril précédent. Johnny effectuait son service militaire en Allemagne. « La plus belle pour aller danser », « Les mauvais garçons », « Le pénitencier », « Quand tu es là » faisaient partie de nos disques préférés. Avec certaines musiques des Beatles, comme « Help », Yesterday », « Money ».

     

    Christophe chantait Aline pour qu’elle revienne. Nous plaisantions à son sujet à chaque fois que la chanson passait à la radio. « Toujours pas revenue, Aline », lançait inévitablement un de nous.  Christophe ne l’a d’ailleurs  pas encore retrouvée apparemment puisqu’il interprète toujours ce titre.

    ***

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    Nous avions passé l’âge de l’émerveillement de l’enfance. Le sapin ne nous paraissait plus immense comme ceux des premiers Noël que nous conservions en mémoire. Tout simplement parce que nous avions grandi.

     

    Nous en croyions plus au Père Noël depuis longtemps. Le 24 décembre au soir,  nous n’attendrions pas que le gentil monsieur à barbe blanche gare son traineau rouge aux rennes cabrés au-dessus de notre cheminée.  

     

    Mais Noël restait tout de même une période agréable, celle des décorations festives, des cadeaux, de vacances agréables après le premier trimestre scolaire.

     

    Cette année-là, Noël nous procurait une joie supplémentaire. Notre grand-mère maternelle ne viendrait pas. Or, nous détestions notre grand-mère. Toujours en train de critiquer nos pères et d’essayer de semer la zizanie dans les couples de nos parents Toujours mauvaise avec nous. Objectivement, nous le lui rendions bien. Mais c’était elle qui avait commencé et nous n’étions pas du genre à nous laisser marcher sur les pieds. Alors, nous nous enorgueillissions de ne jamais baisser notre garde une fraction de seconde et de toujours la traiter avec une politesse glaciale aussi exquise que blessante.

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    En décembre 1965, la maman de nos mamans était partie en croisière sur le France avec un vieil ami. Nos mères culpabilisaient car la vieille taupe avait réussi à les convaincre qu’elle se sacrifiait en passant Noël loin de ses filles chéries tant nos pères et nous étions méchants avec elle.  Nous ne comprenions pas comment son ami pouvait la supporter. Ma cousine Christina avait suggéré une explication. Elle pensait que sentant l’heure du jugement dernier approcher, le vieil homme s’infligeait l’enfer afin d’expier ses péchés et d’obtenir le pardon de Dieu. Il aspirait à gagner ainsi sa place au paradis. Christina prétendait en outre avoir rencontré Jaques Faizant dans une soirée parisienne. Le dessinateur réalisait des dessins humoristiques féroces sur des vieilles dames qu’il appelait ses Mémés. Lors de la soirée en question, il aurait raconté avoir reçu une lettre très agressive d’une habitante de Saint-Malo qui lui aurait reproché de la connaître et de s’inspirer d’elle dans ses dessins. Cette femme aurait porté le même prénom que notre grand-mère. Elle aurait réclamé un partage des droits d’auteur de l’artiste en prétendant qu’elle lui fournissait la matière de ses dessins. Ma cousine assurait que c’était forcément un coup de  notre grand-mère. Info ou intox ? D’un côté, nous savions Christina malicieuse. Mais d’un autre côté, nous considérions notre mamie grincheuse capable de ce genre d’intervention malveillante et ridicule. Le caractère énorme de l’info la rendait crédible.

     

    Si la grand-mère prenait le large, Christina passerait Noël avec nous et nous nous en réjouissions.

    ***

    J’espérais que certains des cadeaux que je recevrais présenteraient un rapport avec la course automobile, ma grande passion. Je vibrais déjà au son d’un moteur de voiture de course. Je lisais chaque mois le cahier central que le magazine L’Automobile consacrait aux compétitions. Je connaissais toutes les aventures de Michel Vaillant. Plus tard, je savais que je ferais de la compétition. Probablement pas en professionnel, mais je participerais quand même à de grandes épreuves.

     

    Laurent partageait ma passion des voitures et de la compétition. Mais il ne se voyait pas piloter. Il était donc d’ores et déjà convenu qu’il serait mon équipier en rallye. Nous commencerions avec une Cooper S, c’était décidé.

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    D’ailleurs, le Rallye de Monte-Carlo approchait. Il partirait le 14 janvier. Un superbe duel s’annonçait entre les Cooper S et les DS 21. Sans compter les velléités des pilotes de Porsche, Saab et autres Alpine A 110, R 8 Gordini, Cortina Lotus ou Ford Mustang d’arbitrer les débats. Le public s’intéresserait aussi aux Matra Jet, à commencer par celle de Henri Pescarolo et Jean-Pierre Jaussaud.

     

    Si mon cousin se voyait très bien plus tard dans le rôle de navigateur dans une Cooper S, tant que nous ne courions pas, il préférait voir les DS gagner. Il aimait les DS parce que son père, citroëniste inconditionnel, n‘envisageait même pas d’acheter autre chose que des DS 21. Une préférence qui n’était pas dans les gênes familiaux dans la mesure où le mien, frère de celui de Laurent je le rappelle, s’était converti aux voitures allemandes après sa dernière 404. A ce moment-là, il possédait une Ford Taunus 20 M TS.

     

    Le premier jour des vacances de Noël, une discussion entamée avec Laurent sur les chances respectives des Cooper S et des DS 21 dégénéra en match de catch. Presque comme à la télé avec Roger Couderc.

     

    Nous faisions du judo et nous savions tomber ce qui nous préservait en principe des blessures. De toute façon, nous n’avions pas peur de quelques bleus ni d’égratignure superficielles. Il faut se faire mal de temps en temps  pour grandir. Ce jour-là, j’ai lamentablement perdu la première manche. Laurent a réussi d’entrée un balayage du pied parfait (De Ashi Barai)  qui m’a projeté les fesses par terre sur le parquet du couloir. Là, au lieu d’essayer de m’immobiliser tout de suite, il m’a arraché  mes chaussons puis trainé  par les pieds. N’ayant aucun support auquel m’accrocher, j’ai dû subir sa domination. Arrivés au bout du couloir, il m’a lâché et j’ai essayé de me relever. Mais j’étais en chaussettes. Je glissais sur le parquet. Mon cousin en a profité pour me retourner le poignet et me plaquer contre le mur, le bras droit tordu dans le dos. Je subissais toujours, incapable d’esquisser un geste de défense efficace. Il a ouvert  la porte d’un grand  placard où nous entreposions quelques vieilleries, m’y a projeté et a fermé la  porte à clé. Il m’a laissé un quart d’heure dans le réduit obscur. Laurent ne manquait pas d’humour. Il m’a ironiquement proposé de me glisser un magazine sous la porte. Comme si je pouvais lire dans le noir.

     

    Lorsqu’il a daigné rouvrir  la porte, je lui réservais une surprise. J’avais retiré mes chaussettes et je ne glissais donc plus sur le parquet contrairement à ce à quoi il s’attendait. Je lui ai infligé une punition à la hauteur de l’offense subie.

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    A l’époque, les rencontres de catch faisaient recette à la télévision, notamment grâce à une présentation manichéenne du spectacle – un bon contre un méchant avec un arbitre un peu naïf qui ne voyait jamais les sales coups du vilain  tricheur – et aux commentaires du truculent Roger Couderc dont la voix chaleureuse et enthousiaste recréait l’atmosphère des bords des rings dans les foyers français. Grâce à lui, l’Ange blanc, le Bourreau de Béthune, Duranton et son valet ainsi que  le Petit Prince  faisaient partie des vedettes de la deuxième partie de soirée le samedi.

     

    En sortant du placard, où j’étais resté bien moins longtemps que nombre de cadres en disgrâce dans leur entreprise, je me suis précipité sur Laurent et je lui ai infligé les pires châtiments appliqués par les plus méchants catcheurs. Étranglement, massage vigoureux du cuir chevelu, massage facial, puis pour finir sauts sur la poitrine après l’avoir allongé  par terre, toutes les recettes pour faire souffrir l’adversaire y sont passées. Sans trop forcer quand même. Nos joutes sont toujours restées sportives et amicales. Nous chahutions comme tous les adolescents. J’ai d’ailleurs lu la veille du Grand-Prix du Brésil une interview de Nico Rosberg qui parlait de son ami Lewis Hamilton avec qui il courait en karting lorsqu’ils étaient adolescents. Nico rapporte que Lewis et lui partageaient généralement la même chambre d’hôtel les week-ends de course et qu’ils s’y livraient à des luttes acharnées qui m’ont rappelé mes affrontements avec Laurent.

    ***

    Chaque famille respecte certaines traditions au moment de Noël. Chez nous, il en existait deux, liées au métier de nos mères.

     

    La veille de Noël, leur librairie était prise d’assaut par ceux, toujours assez nombreux, qui achètent leurs cadeaux au dernier moment. Afin de leur éviter d’engager du personnel supplémentaire, Christina, Laurent et moi mettions la main à la pâte. Christina conseillait les clients dans le choix  des livres qui plairaient à leurs destinataires. Laurent et moi faisions les paquets cadeaux. Autant dire que personne ne chômait. La boutique fermait à 19 heures 30. Le temps de remettre un peu d’ordre et de faire la caisse, nous la quittions vers 20 heures.

     

    Dans ce contexte, il n’était pas question de réveillonner le 24. Cette année-là, Noël tombait un mardi. Nous avions travaillé de 9 heures à 20 heures le lundi en ne nous accordant chacun qu’une pause d’un quart d’heure à midi. Autant dire que nous finissions tous la journée sur les genoux.

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    Compte-tenu de cette situation, nous dînions  très simplement le 24.  Toujours une soupe de légumes, de  la viande froide avec des carottes râpées, un yaourt et des  mandarines. Nos mères affirmaient en outre que cela s’avérait bénéfique pour nos foies avant le repas de Noël, succulent mais difficile à digérer. Les libations de fin d’année constituent de violentes  agressions pour les organismes ! Le foie gras, le chocolat, le homard à l’américaine, la dinde aux marrons, la bûche de Noël (très belle mais généralement écœurante dès la deuxième bouchée)  et les autres mets associés au 25 décembre ne sont pas réputés pour leurs vertus digestives. Sans compter qu’il faut remettre ça une semaine plus tard à la Saint-Sylvestre pour célébrer dignement le passage à la nouvelle année. Encore à l’époque ne buvions-nous  que quelques gorgées de Champagne lors de ces repas pantagruéliques.  Mais une fois à l’âge adulte, lorsqu’on commence à aimer ce qui accompagne le mieux les meilleurs mets, c'est-à-dire les bons vins, les effets dévastateurs des fêtes de fin d’année s’accroissent.

    ***

    Nous n’avions pas encore fait cette expérience. Le 24 décembre 1965, nous sommes montés nous coucher d’assez bonne heure. Je n’ai pas mis longtemps à m’endormir.

     

    Mais je me suis réveillé à 5 heures 02. Je m’en rappelle encore. J’ai regardé mon radio-réveil et j’ai noté le rêve que je venais de faire sur une feuille de papier.

     

    Christina, Laurent, Christian – notre meilleur ami – et moi étions dans un stand aux 24 Heures du Mans. Il faisait nuit. Le duel Ford – Ferrari faisait rage sur la piste mancelle. Nous suivions la course à l’intérieur d’une équipe.

     

    Je rêvais de faire la connaissance de pilotes et de m’intégrer au plus vite dans le monde de la course automobile. Le matin du 25, j’ai raconté mon rêve à Laurent avant de descendre rejoindre nos parents.

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    - C’est bizarre que tu ais fait ce rêve une nuit de Noël, a réfléchi mon cousin. Si nous allons au Mans en juin prochain, nous pourrons réviser notre jugement et admettre que le Père Noël existe. Ne te fais pas trop d’illusions quand même. Nous irons au Mans un jour, plus tard, après le bac. Dès 1966, ce serait trop beau…

     

    Pourtant, contrairement à toute attente, nous sommes bien allés au Mans en 1966 (2). Donc, il faut croire au Père Noël. Laurent et moi en sommes convaincus depuis cette époque. Il ne peut pas gâter tout le monde tous les ans, mais il existe bien et il passe de temps en temps dans la vie de chacun.

     

    (1) un épisode inclus dans le premier roman où apparaissent Philippe et Laurent. Le lecteur y découvre qu’ils ne sont pas des saints. Et c’est tant mieux, parce que les saints, ce n’est pas drôle !

     

    (2) le dénouement de ce roman interviendra au bord de la piste mancelle au moment des 24 Heures du Mans 1966. Ce que ne devinent pas encore Philippe et Laurent, c’est qu’avant de profiter de la course, ils vont affronter des épreuves et des dangers particulièrement angoissants…

     

    Bonnes fêtes de fin d’année et à très bientôt sur CIRCUIT MORTEL !

    Les nouvelles publications de CIRCUIT MORTEL sont désormais mises en ligne sur http://circuitmortel.com

    NOTE MODIFIÉE LE 20 DÉCEMBRE 2016

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

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    Quelques mois plus tard, Philippe, Laurent et Christian allaient vivre les 24 Heures du Mans 1966 au sein d’une écurie !  L’histoire est apportée dans  VENGEANCE GLACÈE AU COULIS DE SIXTIES, un polar vintage et automobile. Cliquez ici  pour découvrir l’ouvrage  http://amzn.to/1nCwZYd

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    LE PACTE DU TRICHEUR, un autre polar automobile que j’ai écrit pour vous dans un autre univers, celui de David Sarel :  http://amzn.to/1jAhsoF

    Cooper et DS, la lutte sur les ES  des plus grands rallyes et dans l'univers de Philippe et Laurent  http://bit.ly/1nR7R3i

    Thierry Le Bras

  • GT EN FÊTE

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    Quelles sont les plus belles voitures du monde ? Les monoplaces de F1 représentent l’efficacité, la recherche de performance absolue, ce qui existe de plus extrême sur quatre roues. En ce sens, elles sont impressionnantes et il faut souhaiter que les mesures prévues par la FIA pour réduire le coût de la compétition ne portent pas atteinte à ce caractère exceptionnel de la discipline reine.

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    Mais pour ma part, je crois qu’au plan purement esthétique, au-delà du critère de la performance pure, je préfère encore les GT. Les GT sont des oeuvres d’art sur roues que nos voyons aussi évoluer sur piste dans diverses catégories. Elles offrent une splendeur magique issue de l’imagination des designers.

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    Rigueur allemande, flamboyance italienne, toutes ont leur charme.

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    Les protos déguisés en GT ne manquent pas de charme non plus.

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    Pas plus que les monstres américains dont les gros V8 grondent leur rage de vitesse en faisant vibrer la piste.

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    Thierry Le Bras