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  • SOUVENIRS DU MANS : 1968 (9)

    « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,

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    la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, est disponible en librairie. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. En attendant de le lire, retrouvez certains personnages de l’univers de David Sarel qui évoquent sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.

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    Suite des textes mis en ligne depuis le 7 novembre

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                - Fin septembre, la nuit tombe plus tôt qu’en juin, reprend Éric. C’est une évidence. Vers 21 heures, il commençait à faire très frais et la luminosité devenait très faible. Gand-père Victor nous amena dîner dans un restaurant installé sous un chapiteau. Bien que la cuisine n’ait sûrement pas égalé d’autres établissements où nous étions allés auparavant, les terrines de volaille et les steaks - frites nous semblèrent délicieux. Tout comme les éclairs au chocolat servis en dessert.

                « Nous sommes revenus au bord du circuit vers 22 heures 30. Frappées par des problèmes techniques, les Porsche 908 rétrogradaient. Les Ford GT 40 bleu et orange de John Wyer pointaient en tête du classement, devant la surprenante Matra V 12 de Henri Pescarolo et Johnny Servoz-Gavin. Les moteurs des Ford et de la Matra produisaient des sons très différents. Le V 8 Ford, directement issu de la série, émettait un bruit assez grave. Le V 12 français, conçu pour la course, montait en régime dans un hurlement plus aigu, un son absolument unique qui enchanterait toute une génération d’amoureux de course automobile.

                « Mon grand-père et Régine restèrent une heure dans la tribune couverte avant de décider d’aller se reposer dans la DS 21 dont les sièges mis en couchettes autorisaient un sommeil confortable. Je pris de nombreuses photos en pause B, l’appareil installé sur un pied fixe. L’obturateur ouvert pendant 4 à 5 secondes permettait de capter sur la pellicule la trajectoire des phares et des feux arrière des bolides. Ces clichés constitueraient d’excellentes images d’ambiance qui nous rappelleraient plus tard la formidable nuit mancelle.

                « Lorsque mon grand-père et Régine partirent dormir, Freddy et moi décidâmes de nous promener le long du circuit. Nous retournâmes au Esse du Tertre rouge. Le spectacle des phares déboulant dans cet enchaînement était fabuleux. Les moteurs rugissaient dans la nuit. Je fis une nouvelle série de photos, sans flash bien sûr afin de ne pas gêner les pilotes.

                « A minuit, une Ford GT 40 occupait la première place devant la Matra de Pescarolo –Servoz Gavin. Mais un coup dur frappa la voiture bleue. Son essuie-glace ne fonctionnait plus. Johnny Servoz Gavin s’arrêta au stand, jugeant impossible de rouler dans ces conditions.

                «  Henri Pescarolo le relaya. Non seulement le Grand Henri resta sur la piste, mais il parvint, sans essuie-glace, à tenir le rythme de ses rivaux. Le pilote français réalisa cette nuit-là un des exploits qui contribueraient à construire sa légende. Lorsque nous regagnâmes notre tente canadienne dans le parking à 2 heures du matin, la Matra s’accrochait à sa seconde place. Nous nous endormîmes bercés par les rugissements de la ronde infernale…

                « La Matra laisserait sa seconde place à l’Alfa Roméo de Galli à 5 heures du matin, mais elle la récupérerait au petit jour, lorsque Johnny Servoz Gavin recommencerait à relayer son camarade.

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                A SUIVRE

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    Pour tout savoir sur les Automobiles Vivia et le Team éponyme, comme sur l’histoire de la famille d’Éric Trélor et de David Sarel, son filleul, ainsi que sur la carrière de Freddy Vivien, plongez-vous, si ce n’est déjà fait, dans la lecture des romans de Thierry Le Bras parus aux Éditions Astoure :

    Circuit Mortel à Lohéac ;

    Faits d’enfer à Carnac ;

    Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans.

  • SOUVENIRS DU MANS : 1968 (8)

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    « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,

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    la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, est disponible en librairie. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. En attendant de le lire, retrouvez certains personnages de l’univers de David Sarel qui évoquent sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.

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    Suite des textes mis en ligne depuis le 7 novembre

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                - La piste était trempée et la pluie menaçait de recommencer à tomber. Stommelen est parti en tête devant trois autres Porsche 908, reprend Éric. L’Alpine de Mauro Bianchi pointait en sixième position, devant la première GT 40, celle de Mairesse. Hélas pour le pilote belge, sa course s’arrêta dès la ligne droite des Hunaudières par la faute d’une portière mal fermée qui entraîna sa sortie de route. Comme il n’avait pas bouclé son harnais, le pilote belge fut sérieusement blessé dans l’accident.

                « L’année suivante, Jacky Ickx traverserait la piste en marchant, monterait tranquillement dans la voiture et attacherait son harnais avant de démarrer. Parti après tout le monde, il remporterait la course, démontrant la futilité des quelques secondes gagnées aux dépens de la sécurité des pilotes. Conscients de la nécessité de modifier la procédure de départ, les organisateurs abandonneraient deux ans plus tard le fameux départ type Le Mans au profit d’une formule moins spectaculaire mais beaucoup plus sûre.

                « Au bout d’une heure de course, les Porsche menaient toujours devant l’Alpine. Nous avons quitté la tribune et nous nous sommes dirigés vers le Esse du Tertre rouge. Le spectacle était fabuleux. Les voitures émettaient des vrombissements rageurs en soulevant des gerbes d’eau dans leur sillage. J’ai réalisé quelques photos qu’aujourd’hui encore, je suis fier de montrer à mes fils et à ceux de Freddy. Au Tertre rouge à cette époque, les spectateurs étaient placés en hauteur mais tout près des voitures. Aucun grillage ne venait gâcher la vue ni séparer les spectateurs des acteurs de la course comme aujourd’hui. Les amateurs de photo travaillaient à leur aise.

                «  Bien que plus fermes que celles d’une voiture de série, fût-elle sportive, les suspensions des voitures étaient plus souples que celles des protos ou des GT d’aujourd’hui. Elles ne restaient pas à plat dans les virages. Nous les voyions bouger et glisser. Les pilotes corrigeaient la trajectoire en conte-braquant. Lorsque nous revînmes vers la ligne droite des stands puis au ralentisseur Ford qui venait d’être aménagé, le comportement des voitures dans la succession de virages à quatre vingt dix degrés nous fit apprécier le travail des pilotes. Les voitures de cette époque-là ne restaient pas soudées à la piste. Elles exigeaient sans doute moins de leur pilote au niveau de la résistance aux G, mais il fallait en permanence corriger leur trajectoire.

                « En soirée, l’Alpine et les Porsche commencèrent à rétrograder. Les 908 n’avaient pas encore fait leurs preuves sur 24 heures. Les Alpine non plus. Les ennuis des A 220 3 litres nous consternèrent. Nous aimions beaucoup ces voitures. L’histoire de la marque nous faisait rêver. Un petit artisan fabriquait dans ses ateliers de Dieppe des prototypes capables de faire trembler les géants mondiaux de l’automobile !

                - Tu vois que tout est possible, s’exclama Freddy. Si Jean Redelé y est arrivé, pourquoi pas nous ?

                - Bien sûr approuvai-je. Quand la petite GT sera lancée, nous pourrions faire fabriquer un proto et trouver des moteurs 3 litres pour le faire courir.

                - Peut-être le V 8 Renault, enchaîna Freddy. Ford vend bien des moteurs à des écuries privées. Ils peuvent le faire aussi.

                - Et nous le monterions sur un proto très profilé, un peu comme celui d’Alan Man, mais encore plus léger, plus bas et avec un capot arrière plus long qui favorisera la vitesse de pointe dans les Hunaudières.

                - Le tout peint en bleu nuit métallisé avec des filets orange, ajouta Freddy.

                - Notre voiture aura de la gueule, ai-je conclu. Et elle marchera très fort. Si ça se trouve, dans les années qui viennent, on trouvera parmi nos copains de lycée les ingénieurs et les mécaniciens qu’il nous faudra pour faire tourner l’écurie avec nous deux comme pilotes.

                Nous en étions fermement convaincus. L’idée rajeunissait grand-père Victor qui se voyait participer là l’histoire.

                - Moi, maintenant que je suis en retraite, je pourrai faire tourner l’atelier au quotidien sans avoir besoin de salaire.

                Régine riait de bon cœur à notre rêve, sans nous ramener sur terre, heureuse de l’atmosphère magique de fête qui régnait. Elle m’a avoué depuis que ce soir-là, elle y a cru elle-aussi.

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                A SUIVRE

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    Pour tout savoir sur les Automobiles Vivia et le Team éponyme, comme sur l’histoire de la famille d’Éric Trélor et de David Sarel, son filleul, ainsi que sur la carrière de Freddy Vivien, plongez-vous, si ce n’est déjà fait, dans la lecture des romans de Thierry Le Bras parus aux Éditions Astoure :

    Circuit Mortel à Lohéac ;

    Faits d’enfer à Carnac ;

    Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans.

  • SOUVENIRS DU MANS : 1968 (7)

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    « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,

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    la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, est disponible en librairie. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. En attendant de le lire, retrouvez certains personnages de l’univers de David Sarel qui évoquent sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.

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    Suite des textes mis en ligne depuis le 7 novembre

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                - Nous ignorions ce que l’avenir nous réservait, raconte Éric Le temps a passé depuis ces 24 Heures du Mans 1968. Les choses se sont déroulées de manière bien différente de nos projets d’adolescents. Ni mieux, ni plus mal, simplement différemment. Enfin, dans les détails, car nous avons globalement atteint nos objectifs. Freddy est devenu champion de F1 et nous avons créé les Automobiles Vivia. Pour ma part, je suis avocat et je fais encore de la course automobile. Si je n’ai pas couru en proto, j’ai bien disputé plusieurs fois les 24 Heures du Mans sur des Vivia GT avec Freddy qui a terminé sa carrière en F1 maintenant. Et je compte bien récidiver en 2007 ! (1)

                «  Bien sûr, nous avons connu des coups durs, comme toute le monde. Imposer une marque automobile et une écurie à un haut niveau crée inévitablement des hostilités. La vie n’est pas un long fleuve tranquille. Sans compter les ennemis que me vaut mon métier, ni la seconde épouse du père de mon filleul David, une morue sortie du caniveau qui rêve d’assassiner son beau-fils pour le rayer pour de bon de la liste des héritiers de l’homme qu’elle a ensorcelé. (2)

                « Mais j’ai retenu les préceptes que m’a enseignés mon grand-père Victor et je les ai transmis à mon filleul David et à mes fils, Arnaud et Aurélien. Dans la vie, il ne faut se laisser embêter - formule écrite que j’exprime parfois plus brutalement – par personne. Il ne faut pas tendre l’autre joue si on t’a giflé mais au contraire coller à l’agresseur un coup de poing qui lui retirera à jamais l’idée de recommencer. Par contre, vis à vis des gens qu’on aime, de son Clan, la solidarité ne connaît pas de limite. (3)

                «  Ce samedi 28 septembre, Freddy et moi ne savions rien des attaques qui nous attendaient dans le futur. Heureusement. Sinon l’angoisse aurait perturbé nos vies.

                « Le midi, nous nous contentâmes de sandwiches avalés prestement à une buvette. L’excitation nous commandait de gagner au plus vite la tribune couverte en face des stands où nous disposions de places numérotées. Je me rappelle du regard de fierté de mon grand-père lorsque nous marchâmes du village à la tribune. Il tenait Régine par le cou. Sa compagne portait une tenue adaptée au temps menaçant. Un ciré noir brillant protégeait son pull à col roulé rouge et sa mini-jupe en tissu écossais. Un foulard Hermès recouvrait partiellement ses cheveux blonds mi-longs avec une frange que n’aurait pas reniée France Gall et Sylvie Vartan. Ses bottes en cuir noir semblaient issues de la collection d’Emma Peel, l’héroïne de Chapeau melon et bottes de cuir.

                « La mise en place des voitures nous captiva. A cette époque, le départ s’effectuait encore avec les voitures en épi devant les stands. Placés sous les tribunes, les pilotes attendaient le départ pour courir jusqu'à leurs voitures, sauter dedans et démarrer. Cette procédure se révélait très spectaculaire mais terriblement dangereuse. D’abord, le majorité des pilotes ne prenaient pas le temps de boucler leur harnais de sécurité. Ils effectuaient donc tout le premier relais sans être attachés ! D’autre part, les voitures se jetaient dans la mêlée pour s’y frayer une place dans une fureur et un désordre où tout pouvait arriver. C’est un miracle qu’aucun accrochage sérieux ne soit intervenu au départ ces années-là. Comme quoi, les pilotes développent des réflexes de rois.

                «  A 15 heures (et non 16 heures comme les années précédentes), Giovanni Agnelli, président du groupe Fiat, baissa le drapeau à damier qui libéra la meute des concurrents…

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                A SUIVRE

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    (1) (2) Pour tout savoir sur les Automobiles Vivia et le Team éponyme, comme sur l’histoire de la famille d’Éric Trélor et de David Sarel, son filleul, ainsi que sur la carrière de Freddy Vivien, plongez-vous, si ce n’est déjà fait, dans la lecture des romans de Thierry Le Bras parus aux Éditions Astoure :

    Circuit Mortel à Lohéac ;

    Faits d’enfer à Carnac ;

    Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans.

    (3) c’est en se souvenant de ces principes que David échappera à une mort certaine dans les romans ci-dessus cités.