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  • SOUVENIRS DU MANS : 1968 (2)

    « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,

    la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, sera disponible le 15 novembre. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. Dès à présent, les personnages de l’univers de David Sarel vont évoquer sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.

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    SUITE DU TEXTE MIS EN LIGNE LE 7 NOVEMBRE

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                - L’été passa comme un éclair, se souvient Éric. Les journées se déroulaient au rythme des baignades, des jeux avec notre canot pneumatique, des parties de ballon sur la plage. Nous étions adolescents. Nos hormones commençaient à nous travailler. Nous mettions beaucoup d’ardeur à épater les filles. Je me rappelle qu’il y en avait une qui me plaisait particulièrement. Elle s’appelait Viviane, comme la fée. Un visage d’ange, des beaux cheveux blonds qui flottaient sur ses épaules, des yeux verts limpides… Nous nous embrassions sur la bouche. Je crois que Freddy est allé plus loin avec sa sœur aînée. Ils avaient deux ans de plus que nous. A cet âge là, ça compte.

    « Ghislaine et Daniéla me pardonneront sûrement l’évocation de ces souvenirs lointains. Il y a prescription maintenant.

                « Nous vivions l’insouciance de la jeunesse. Bien sûr, nous étions conscients qu’il se passait des choses graves autour de nous. Les assassinats de Martin Luther King et de Bob Kennedy ne nous laissaient pas indifférents, pas plus que le débarquement des chars soviétiques à Prague. Nous savions aussi que des jeunes Américains à peine plus vieux que nous tombaient sous les balles et périssaient atrocement dans les pièges de l’ennemi au Vietnam. A dire vrai, nous n’avions pas une conscience politique très développée et nous nous projetions dans l’avenir avec un optimisme infini. Quiconque aurait prévu la montée des nouvelles formes du terrorisme nous serait apparu comme un prophète sinistre et illuminé à l’image de Cassandre.

                « Objectivement, l’événement qui nous marqua le plus cette année-là fut la disparition de Jim Clark dans une course de Formule 2 le 7 avril à Hockenheim. Pour nous, Jim Clark était un véritable héros. Il représentait le pilote parfait, à la fois rapide, intelligent, et gentleman. Deux fois champion du monde de F1, vainqueur à Indianapolis en 1965, auréolé d’une quantité impressionnante de victoires dans toutes les disciplines, il nous paraissait immortel comme tous les grands champions. L’avenir se chargerait de nous apprendre que nous nous trompions lourdement sur ce point.

                « La mort de Jim Clark nous ayant bouleversés, Freddy et moi avions décidé d’adresser nos condoléances à sa famille. Nous avons rédigé notre lettre et l’avons traduite en anglais. Comme nous n’étions pas très sûrs de notre traduction, je l’ai faite corriger par ma prof d’anglais. C’était une femme charmante et je crois qu’elle était contente. Pas du décès de Jim Clark bien sûr, mais que nous nous rendions compte de l’utilité de faire un effort pour utiliser une langue étrangère. Nous avons adressé notre lettre à un grand magazine de sport automobile en demandant aux journalistes d’avoir la gentillesse de la faire suivre à la famille du pilote écossais. Ils l’ont fait, et quelques semaines plus tard, nous avons reçu des photos dédicacées de Jim Clark jointes à une lettre de remerciements des siens. Nous en fûmes très émus.

                « Je me rappelle encore que durant l’été 1968, les radios diffusaient souvent « Si j’avais des millions », le dernier tube de Dalida.

    Si j'avais des millions

    Tchiribiribiribiribiribiriboum

    Tout le jour à Bidibidiboum

    Ah si j'étais cousu d'or,

                Chantait la ravissante chanteuse.

                Pour notre part, Freddy et moi savions parfaitement ce que nous ferions si nous étions cousus d’or. Le programme tenait en trois points, réalisables après l’obtention de nos permis de conduire. D’abord, nous suivrions les cours d’une école de pilotage. Ensuite, nous achèterions une GT avec laquelle nous nous engagerions en équipage dans les courses d’endurance. Enfin, nous lancerions la fabrication de la petite voiture sur les plans de laquelle nous planchions depuis deux étés. Une petite voiture deux places ultra-sportive à moteur avant et propulsion arrière qui ferait souffrir les Alpine, les Porsche et autres Cooper S, Alfa Roméo ou Lancia sur les routes de rallye.

    A SUIVRE…

  • SOUVENIRS DU MANS : 1968

    « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,

    la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, arrive dans les librairies. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. Mais en attendant de découvrir ce roman, les personnages de fiction de l’univers de David Sarel vont évoquer sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.

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                - 1968, ce fut l’année des événements, raconte Éric Trélor, le parrain de David. J’allais sur mes 14 ans au printemps. Nous entendions parler de révolution, de grèves générales. Beaucoup se demandaient ce qui allait passer. Mon grand-père Victor qui était né avec le siècle ne s’inquiétait pas. 1968 restera une révolution culturelle, prédisait-il. Elle est nécessaire pour faire reculer tous les tabous autour du sexe et d’un minimum de liberté dans information. Rien à voir avec 36, tu peux me croire. 36, c’était un mouvement ouvrier, bien différent de ce qui se passe aujourd’hui.

                « Il faut dire que grand-père Victor avait fait sa révolution personnelle depuis longtemps. Cela faisait 15 ans qu’il avait quitté ma grand-mère, une enquiquineuse un rien grenouille de bénitier toujours en train de se plaindre pour partager la vie de Régine, une belle jeune femme commerçante à Lorient qui pratiquait la course automobile. Moi, j’aimais beaucoup Régine. A celles dans la famille qui prétendaient qu’elle n’était avec Victor que pour l’argent, je répondais qu’elle le rendait heureux et que c’était le principal.

                « Mais si 1968 ne devait pas aboutir à transformer notre pays en site d’expérimentation du maoïsme revisité par les occidentaux, le printemps agité provoqua tout de même un certain nombre de perturbations, notamment dans le domaine sportif. A titre d’exemple, les grèves provoquèrent des retards dans la préparation du Pen Duick IV d’Éric Tabarly. Le marin français espérait remporter la Transat anglaise à la barre du premier trimaran conçu par ses soins. Ce bateau représentait une révolution à l’époque où les autres voiliers de course étaient tous des monocoques. Les Anglais surnommaient Pen Duick IV le court de tennis flottant. Ils avaient tort de ricaner. L’avenir le prouverait. Mais en 1968, Pen Duick IV n’était pas au point. La faute aux événements ! Éric Tabarly dut renoncer à traverser l’Atlantique et revenir au port.

                « Autre rendez-vous perturbé par les grèves, les 24 Heures du Mans ! Prévues initialement le week-end des 15 et 16 juin, elles furent décalées au mois de septembre. Une grande première dans l’histoire de l’épreuve.

                « Comme d’habitude, je passais l’été avec mon grand-père Victor. Au mois de juillet, il installa sa caravane à Larmor Plage, une vieille habitude que j’approuvais tout à fait. Et comme d’habitude, Freddy (1) et moi plantâmes notre tente canadienne à quelques mètres de la caravane. Le 5 juillet, grand-père Victor nous amena dîner au restaurant et nous annonça une grande nouvelle à l’apéritif. Il nous amenait aux 24 Heures du Mans ! En juin, cela n’aurait pas été possible, car Freddy passait son BEPC. L’année suivante, c’était foutu aussi car ce serait à mon tour de plancher devant les examinateurs. Il fallait donc profiter du décalage exceptionnel de l’épreuve pour aller admirer les bolides. Nous étions fou de joie. Tout le monde trinqua avec enthousiasme. Bon, Freddy et moi, nous nous contentâmes de Schweppes en guise d’apéro tandis que grand-père Victor dégustait son whisky 12 ans d’âge et que Régine savourait un Porto. Mais qu’importe, c’était la fête !

    (1) Freddy Vivien, futur pilote de Formule 1 et créateur des Automobiles Vivia et du team éponyme est un ami d’enfance d’Éric Trélor.

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    A SUIVRE…