d'un rendez-vous à ne pas manquer.
La course de côte du Mont-Dore – Chambon-sur-Lac est un rendez-vous incontournable du Championnat de France et du Championnat d’Europe de la Montagne. Une institution dans le monde de la course de côte. Une fête pour les pilotes et pour les spectateurs.
Le cadre est superbe. Les téléspectateurs qui ont suivi la dernière heure de l’étape du Tour de France 2011 disputée le 9 juillet entre Aigurande et Super Besse –Sancy auront pu s’en rendre compte. Le peloton empruntait le parcours de la course à l’envers. Il descendait le col de la Croix-Saint-Robert sur le versant que les pilotes montent.
Août 1977. J’ai vingt-deux ans. La vie est belle. Je viens de décrocher ma maîtrise de droit des affaires et mes premières victoires de classe dans l’Ouest à Saint-Germain sur Ille, Pouillé les Coteaux et Landivisiau. Me voilà inscrit au Mont-Dore avec ma Golf GTI groupe 1. C’est une photo de ma Golf le jour de la course qui figure en tête de la note. Et c’est notre petite équipe en train de dîner au parc fermé que vous découvrez juste ci-dessus (je suis au premier plan à droite et ce n’est pas la peine de dire que depuis, quelques kilos et quelques cheveux blancs…).
Dans le même parc fermé que Jean-Pierre Beltoise
Cinq ans plus tôt, encore lycéen, j’avais vibré en suivant à la télévision la fantastique victoire de Jean-Pierre Beltoise au Grand-Prix de Monaco. Le pilote français était engagé sur une BRM qui n’était pas la meilleure voiture du plateau, loin de là.
Mais sous la pluie, il avait piloté comme un dieu et franchi le drapeau à damier devant Ickx, Fittipaldi et Stewart. Quand j’étais gamin, mes héros, c’était les grands pilotes automobiles. Je sais naturellement que je n’atteindrai jamais le génie du pilotage de ces rois de la F1, mais ça me fait quelque chose de participer à la même course qu’un de ces champions, fût-ce avec des ambitions beaucoup plus modestes. Jean-Pierre Beltoise dispute l’épreuve sur une Porsche groupe 3 préparée par les frères Alméras. Nous ne courons pas dans la même catégorie.
La lutte sera acharnée dans tous les groupes. De nombreux pilotes de l’Ouest ont fait le déplacement. Certains figurent parmi les favoris de leur catégorie, notamment Jacky Ravenel (Commodore GSE groupe 1), Marcel Grué (Alpine 1600 SC groupe 3), Nossam et Postic (Rallye 2 groupe 2). D’autres feront le maximum mais savent qu’ils ne disposent pas de l’auto pour dominer leur catégorie, tout au moins sur le sec. Parmi eux Patrick Barthélémy dont la Kadett GTE manque cruellement de chevaux face aux Escort 2000 RS équipées des dernières homologations. L’Escort de Stenger montrera sa redoutable efficacité en poussant les pilotes de Commodore dans leurs derniers retranchements. Cette voiture intéresse tout à coup de nombreux pilotes du groupe 1. L’excellent magazine Slick illustrera d’ailleurs sa première page de couverture du numéro d’octobre avec une photo d’Escort 2000 RS groupe 1 au Mont-Dore. Slick est basé en Auvergne mais couvre toutes les épreuves de l’Hexagone. Au Mont Dore, je fais partie des pilotes arborant son logo. Ses animateurs me renverront l’ascenseur en publiant deux mois plus tard une photo de ma Golf GTI (cf le lien en fin de note vers un souvenir personnel de victoire de catégorie la même année).
Le Mont-Dore, une atmosphère à part
Le tracé est superbe. Il comprend 46 virages sur 5 kilomètres. Mais il se révèle difficile à apprendre quand on le découvre. Marcel Grué me conseille efficacement, comme toujours. Il faut reconnaître tronçon par tronçon pour se le mettre dans la tête.
Si dans la journée, tout le monde reste à peu près raisonnable, le rythme de reconnaissance s’accélère en soirée. Les pilotes garent les berlines de tourisme et montent dans les voitures de course. Nous roulons en slicks, pot piste et plaques masquées. Certaines des autos n’ont même pas de plaques en vérité. Des barquettes (donc d’authentiques prototypes) se mêlent allègrement au balai des voitures fermées qui, autorisées à rouler en rallye, ne resquillent finalement qu’un peu en prenant quelques libertés avec les réglementations routières. Ces reconnaissances sauvages seraient impossibles aujourd’hui. Le pilote qui oserait défier ainsi la réglementation routière serait immédiatement conduit en cellule et aurait bien du mal à en sortir.
Outre les rois de la montagne, les Mieusset, Debias, Pignard, Duby, Nesti, Bos, Jean-Marie et Jacques Alméras, Haldi, Fischaber, Göring, Alain Hérault, La Torche, Evrard, Delaloye, Pohlmann, Rossi (Giovanni), Chalus, Giroud, Poutot et d’autres encore, de jeunes pousses montrent les dents au volant de Rallye 2. Parmi ces espoirs de la discipline, Henri Vuillermoz et Francis Dosières. Le premier est sponsorisé par Haribo, la marque de confiserie. Non content d’afficher les couleurs de son partenaire sur sa voiture, il distribue des bonbons Haribo avant la course. Un moyen original de communiquer et de sensibiliser le public. Les amateurs de sport automobile et plusieurs pilotes peuvent remercier Henri car Haribo a été tellement satisfaite de son expérience avec lui qu’elle a accru son effort en sport automobile. Pour mémoire, Didier Pironi a porté la marque Haribo sur son casque en Formule 1 ! Moi aussi, je peux remercier le pilote marseillais. Son partenariat avec Haribo m’a inspiré des anecdotes dans un roman policier sur fond de course automobile (cf en bas de note le lien vers texte raconte le partenariat historique entre la biscuiterie Ker Etel et Éric Trélor, pilote historique du Team Vivia). Une fois en piste, pas de trêve des confiseurs pour Henri et Francis. Le second nommé l’emportera finalement de 5 dixièmes au terme des deux montées de course. La Rallye 2 a permis à des jeunes pilotes de s’illustrer. Francis et Henri en sont de beaux exemples. Ils feront l’un et l’autre partie des rois de la montagne pendant plusieurs décennies.
D’autres possesseurs de Rallye 2 se feront remarquer. Moins en vue à cette époque, le tout jeune Daniel Rossi débute en compétition. Je crois que c’est sa première saison. Il habite tout près du tracé de la course. La passion ne l’a jamais quitté. En 2011, il était encore au départ, dans le baquet d’une Rallye 3 groupe F ! A noter enfin la présence au volant d’une Rallye 2 du vétéran Maurice Trintignant, dont le palmarès s’enorgueillit notamment d’une victoire au prestigieux GP de Monaco de F1 1955 !
Quelques vedettes du Star Racing Team participent aussi au spectacle. Claude Michy organise une animation originale à laquelle il les a conviées. Il s’agit d’une course de côte à vélo sur les 5 kilomètres de l’épreuve. Bouttier, Marchand, Bertrane, Fouroux, Romeu, Michy sont venus en découdre avec des pilotes de notoriété, Ickx, Darniche et Depailler. Les trois pilotes monopoliseront le podium. Le rallyman s’imposera devant le multiple vainqueur des 24 heures du Mans et le pilote de Formule 1.
A suivre…
Remerciements
A Alain Hérault qui m’a adressé les scans des extraits de pages d’ Échappement mis en ligne dans cette note. Je reparlerai bientôt de son Alpine. Ce sera début 2012, à l’occasion de la sortie de l’ouvrage d’Enguerrand Lecesne sur la Berlinette. Un livre dont Alain Hérault est un des sujets par ses victoires au volant d’Alpine et moi un des (modestes) apporteurs de photos d’illustration. Au Mont-Dore 1977, Alain remporta la classe 1600 – 2000 cm3 du groupe 5 avec sa Berlinette verte en photo ci-dessus.
NOTE MODIFIÉE LE 9 AOÛT 2014
La course de côte du Mont-Dore m’a inspiré un polar dans l’univers de la course automobile. L’histoire s’intitule LE PACTE DU TRICHEUR. Elle se déroule en Auvergne. La course emprunte le tracé de la route du Col de la Croix Saint-Robert.
Après la fiction, des annexes abordent la question des superstitions des pilotes en se fondant sur des anecdotes véridiques mettant en scène des pilotes d’hier et d’aujourd’hui.
Le livre est disponible en cliquant sur http://amzn.to/1jAhsoF
Je vous invite également à lire (gratuitement) cette courte histoire illustrée qui se déroule pendant une édition de la course de côte du Mont-Dore Chambon-Sur-Lac http://0z.fr/U10ZB
QUELQUES LIENS QUE JE VOUS SUGGÈRE
Un souvenir personnel de victoire de catégorie en course de côte la même année
A cette époque, je ne me doutais pas que j’interviewerais Jean-Pierre Beltoise au sujet d’une de ses apparitions à Lohéac, ni que je participerais 11 ans plus tard aux 24 Heures de Paris qu’il organiserait sur son circuit de Trappes, ni que je le verrais un jour en course au volant d’une Golf
http://circuitmortel.hautetfort.com/tag/jean-pierre%20beltoise
Pas besoin de retourner le patron de la biscuiterie Ker Etel comme une crêpe pour le convaincre de soutenir Éric Trélor, pilote historique du Team Vivia. Ker Etel, c’est un peu le sponsor fiable et durable dont tout gentleman-driver a rêvé. La nouvelle qui suit est en fait un bref extrait de Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans, un de mes romans policiers. Ce partenariat m’a été partiellement inspiré par celui conclu par Henri Vuillermoz avec Haribo
http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/05/16/histoire-d-un-partenariat.html
Une des présentations de Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans sur le Net
http://www.endurance-info.com/article.php?sid=2844
D’autres histoires de voitures et de bateaux de course
http://polarssportsetlegendes.over-blog.com
L’excellent site de Jean-Claude Besse, très riche en histoires et photos sur la course automobile en Auvergne : http://club-3ascollection63.blog.fr/
Thierry Le Bras