DOCU - FICTION
Fils d’ancien de la F1, un avantage ou non pour un jeune pilote ? L’ancien champion Freddy Vivien répond sans détour au journaliste Sébastien Ménier.
(suite du texte mis en ligne le 13 mars 2008)
Freddy et Sébastien appartiennent à un univers de fiction, celui de l’avocat-pilote David Sarel. Mais leurs propos s’appliquent aussi à la réalité.
Sébastien Ménier : la présence de la mère des pilotes te paraît-elle opportune ?
Freddy Vivien : c’est un peu compliqué. Le sport automobile comporte certains risques. Je me rappelle que la grand-mère de Kimi est venue sur une course l’année dernière et que le champion du monde 2007 n’a pas voulu qu’elle revienne sur d’autres circuits parce qu’il a considéré que c’était pénible et stressant pour elle. C’est trop dur pour une mère ou une grand-mère. Bon je parle des gentilles grand-mères. Ceux dont la grand-mère ressemble davantage à Tati Danièle qu’à Mamie Nova ou à la grand-mère qui sait faire du bon café ne se sentiront pas vraiment concernés. De toute façon, ce qui leur sert de grand-mère ne risque pas de porter beaucoup d’intérêt à leurs exploits. Mes propos s’appliquent donc aux privilégiés dont les familles fonctionnent selon des modèles harmonieux.
Sébastien Ménier : ton épouse t’accompagnait-elle lorsque tu courais en F1 ?
Freddy Vivien : ma femme, Daniéla, venait peu sur les circuits de F1. Elle disait, ça va trop vite. En plus, elle avait sa propre carrière dans le spectacle à gérer. Et aussi, surtout même serais-je tenté de dire, elle essayait de rester avec les enfants pour amortir le choc au cas où il m’arriverait quelque chose. D’ailleurs, si Aurélien vit pour la course, notre fils aîné Pascal n’a jamais voulu courir. Il a choisi le métier de sa mère. Je sais très bien qu’il a eu peur à chaque épreuve quand je courais en F1 et que maintenant, il craint pour son petit frère. Mais comme la sécurité a beaucoup évolué depuis l’époque où j’étais en F1, je m’efforce de rassurer ma femme et mon aîné. N’empêche qu’ils passeront un mauvais week-end jusqu’à l’arrivée de la course dimanche matin. La course auto, c’est un truc d’égoïste. Elle procure des plaisirs incomparables aux pilotes, mais elle fait trembler ceux qui les aiment.
Sébastien Ménier : tu t’es trouvé à plusieurs reprises sur la même piste que ton fils. Qu’as-tu ressenti ?
Freddy Vivien : et même dans la même catégorie, au Mans et dans des épreuves du championnat LMS. En 2006 (1) aux 24 Heures par exemple, je partageais une Vivia Côte Sauvage LMGT2 avec Éric Trélor et son fils Arnaud – une histoire de famille décidément - tandis qu’Aurélien courait avec Stéphane Dréan et Didier Caradec sur une voiture identique engagée par le Team Hervieux. Je crois objectivement que ma présence mettait Aurélien sous pression. Inconsciemment, il avait envie de voir ce qu’il valait par rapport à moi. Il a scrupuleusement respecté les consignes d’équipe de Denis Vaillant, son Team manager. Mais quand Denis lui a laissé la possibilité de se lâcher aux essais du mercredi soir sous la pluie, il a réalisé quelques tours d’équilibriste pour se prouver qu’il allait très fort, qu’il était un futur champion.
Sébastien Ménier : et toi, père de pilote, comment analyses-tu les qualités de ton fils et où le situes-tu dans le peloton cette saison ?
Freddy Vivien : si on en croit les essais hivernaux, les Priceley semblent juste derrière les Ferrari et les McLaren et un peu mieux que les poursuivants, ou peut-être à la lutte avec les Williams, les BMW, voire d’autres voitures qui créeraient la surprise. Donc, les gros points semblent jouables rapidement. Aurélien a un caractère plus dur que moi à son âge. Je sens chez lui à la fois la hargne et la joie de piloter, un peu comme chez Nico. Ils sont tous les deux des pilotes intellos qui étaient brillants en étude et n’éprouvent aucune difficulté à mettre leurs facultés intellectuelles au service de la réussite en course. Aurélien veut tout bouffer. Moi aussi, mais je le montrais moins. Au niveau style de pilotage, c’est un attaquant, mais comme il sait réfléchir et se servir de sa tête, je suis persuadé qu’il saura se maîtriser comme il l’a fait dans les autres disciplines.
Sébastien Ménier : tu parles d’autres disciplines. Inclus-tu dans ta réflexion les courses autres que la monoplace ? Tu as en effet encouragé Aurélien à courir en GT et en proto.
Freddy Vivien : naturellement. Maintenant, la plupart des jeunes pilotes passent par les formules de promotion, font du GP2 et, pour certains, accèdent à la F1 sans avoir jamais couru dans une voiture fermée ni un proto. De mon temps, nous étions beaucoup plus éclectiques. Moi, j’ai commencé par la course de côte et le rallye et j’en ai fait jusqu’à la F2. J’ai aussi couru Le Mans en GT et en proto à cette période. J’ai retiré plusieurs enseignements de ce parcours. D’abord, gérer mes propres programmes, fût-ce avec une voiture du groupe 1 dont les budgets n’avaient rien à voir avec ceux d’écuries de F1. Ça t’aide à prendre les choses au sérieux. Pas à te prendre au sérieux, mais à réaliser que tu es responsable de prestations à servir à tes partenaires financiers, de salaires à verser à l’équipe, de frais généraux à honorer. Un pilote doit parfois penser aux intérêts de l’équipe avant les siens, à se taire quand quelque chose ne va pas, à aider son équipier à gagner dans l’intérêt de l’équipe si nécessaire. En endurance, tu te disciplines à ce niveau. Si ton équipier a placé la voiture en pole et que tu penses qu’il est inutile d’essayer de faire mieux, tu vas finir les essais sans chercher à le battre à tout prix. On ne met pas une voiture dans les rails pour satisfaire son ego. Ce serait stupide. J’ai donc favorisé la participation d’Aurélien à des courses d’endurance pour qu’il apprenne tout ça. J’avais fait la même chose avec Damien Brémant dont je suis aussi l’agent. Aurélien et Damien ont même participé à des courses de côtes quand ils avaient 19 ou 20 ans. Comme ça, ils se sont frottés à des tas d’autres pilotes, de tracés, de conditions météorologiques, ils ont parcouru des kilomètres en course, appris à se défoncer et constaté qu’ils n’étaient pas les seuls capables d’aller vite.
(1) cf Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans
A suvre ...
_____
La F1 nous offre parfois des scénarios pleins de suspense. Les enjeux financiers comme les stratégies d’investissement les plus sauvages y jouent un rôle considérable.
Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?
C’est possible, découvrez les romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel.
Pour l’instant, les titres suivants sont disponibles : « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par les Éditions Astoure (diffusées par Breizh).
- Page 3
-
-
F1 : PÈRES ET FILS (I)
DOCU - FICTION
Fils d’ancien de la F1, un avantage ou non pour un jeune pilote ? L’ancien champion Freddy Vivien répond sans détour au journaliste Sébastien Ménier.
(suite du texte mis en ligne le 12 mars 2008)
Certes Freddy et Sébastien appartiennent à un univers de fiction, celui de l’avocat-pilote David Sarel . Mais comme l’écrivit Serge Dalens, « les personnages de fiction vivent dans un monde parallèle où ils entraînent leurs lecteurs ».
Sébastien Ménier : cette année, ton fils Aurélien arrive en F1 au sein du Team Priceley. Il va y retrouver d’autres fils de pilotes, Nico Rosberg, Nelsinho Piquet, Kazuki Nakajima. Peut-on parler de phénomène dans la discipline, d’héritage d’une génération ?
Freddy Vivien : la liste des pilotes qui embrassent la carrière de leurs pères est longue. Nous pourrions y ajouter Nicolas Prost, bien qu’il ne soit pas en F1, le fils de Patrick Tambay qui fait partie de l’équipe de France FFSA, et d’autres qui ne me viennent pas à l’esprit sur l’instant et à qui je demande par avance de m’excuser, mais ce n’est pas un phénomène si nouveau. Jacques Villeneuve, Damon Hill, s’illustrèrent aussi en course auto. Sébastien Bourdais est le fils d’un gentleman driver qui réalisa de belles performances. Pensons aussi aux filles de pilotes, Vanina Ickx par exemple qui, si elle n’a pas touché à la F1, possède un sacré coup de volant et brille dans d’autres disciplines. Je crois que l’héritage des enfants de pilotes, c’est surtout la passion d’une atmosphère découverte dès leur plus jeune âge.
Sébastien Ménier : est-ce un privilège de côtoyer le milieu très jeune ? Une chance supplémentaire d’y percer ?
Freddy Vivien : être fils de pilote n’apporte pas un millième de seconde au tour. Donc, celui qui arrive en F1 le doit avant tout à ses qualités. Maintenant, il faut reconnaître que la course automobile paraît inaccessible à beaucoup. A cause du coût financier, des embûches qui rendent le parcours aléatoire, des facteurs incontrôlables tels que les opportunités de baquets dans des équipes valables, et ce dès les formules de promotion. Là, être fils de pilote aide sûrement à y croire. Pour un enfant, son père n’est pas la star inaccessible, c’est quelqu’un comme tout le monde, donc, ce qu’il fait lui paraît naturel. En plus, quand un pilote gagne bien sa vie, il peut aider son fils ou sa fille à progresser. Il sait aussi à qui s’adresser, à quelles portes frapper, avec un peu plus de chances de succès que celui qui ne connaît personne. Il serait hypocrite de le nier. Mais c’est tout aussi vrai dans d’autres activités que la F1, que la course automobile en général.
Sébastien Ménier : l’implication des parents dans la carrière de leurs enfants te paraît-elle positive ? Ne risque-t-elle pas de paralyser l’évolution du sportif ?
Freddy Vivien : tout dépend des rapports familiaux en fait. Tu as raison d’évoquer les risques. Toutes les familles ne sont pas des paradis où tout le monde s’aime, loin s’en faut. Quelques schémas présentent des risques particuliers. Dans les familles recomposées, il arrive – pas tout le temps, mais très souvent – que les enfants du premier lit deviennent objet de haine et de jalousie pour la marâtre, donc des hommes et des femmes à abattre. Si la marâtre influence son mari, ce dernier prendra ses premiers enfants en grippe et manifestera plus ou moins consciemment une volonté de leur nuire. Le père d’un pilote de mon entourage déclarait qu’il avait un peu honte de ses sentiments, mais qu’il se disait souvent, notamment à chaque fois qu’il voyait un article de presse sur ce fils, que ce serait bien si cet enfant né de son premier mariage mourait. Parce que ça ferait plaisir à sa nouvelle femme, tout simplement.Sébastien Ménier : constat glaçant mais hélas trop souvent réaliste. Mais d’autres types de relations ne présentent-ils pas également des dangers, les parents possessifs par exemple ?
Freddy Vivien : si, naturellement. Je pense d’abord aux parents qui ne sont pas contents de voir leurs enfants réussir. Par exemple, certaines mères qui ne trouvent pas leur place dans une famille qui atteint des objectifs professionnels et sociaux élevés. Elles vivront la réussite sportive d’un de leurs enfants comme une mauvaise action à leurs dépens. Elles ne supporteront pas que les voisins, les commerçants ou les amis s’intéressent à ses performances. Elles se persuaderont que la réussite du fiston s’effectue dans le but de les embêter et des les rabaisser parce que les autres ne leur parlent plus assez d’elles et ne s’intéressent plus qu’à celui qui brille dans une discipline sportive. Elles s’efforceront de faire peser une culpabilité terrible sur leur progéniture et cela nuit au moral du compétiteur. Attention aussi aux parents incompétents. Que Keke Rosberg gère la carrière de son fils, je suis persuadé que c’est un bien pour Nico. Je pense que Nelson Piquet, qui est un homme intelligent lui-aussi, apporte de précieux conseils à son fils. Mais attention aux incompétents, aux parents de bonne volonté qui ne connaissent ni les codes du milieu, ni les arcanes des affaires. Certains ruinent leur progéniture. Un schéma qui n’existe pas que dans le sport, mais aussi dans le show-bizz. Je ne m’étendrai pas sur les parents escrocs. Il y en a tout de même peu, mais il en existe. Certains mineurs dont les gains étaient gérés par leurs parents se sont retrouvés sans le sou une fois leur majorité ou leur fin de carrière venues. Imprudence, incompétence ou confusion entre leurs revenus et ceux de leurs enfants ? Il appartient à la justice de se prononcer sur chaque cas d’espèce, mais c’est dramatique pour la victime.
Sébastien Ménier : au-delà du plan financier, la présence des parents des pilotes sur les circuits te paraît-elle une bonne chose ?
Freddy Vivien : je ne crois pas qu’il existe une réponse unique. Certains sportifs ont besoin de leur entourage familial et ça les aide à se transcender. Je pense à Brian Joubert, par exemple. La présence de sa mère dans les gradins constitue un facteur équilibrant pour lui. Donc, il faut qu’elle vienne parce que c’est bon pour Brian. Dans d’autres cas, des enfants qui aiment pourtant leurs parents ressentent une pression supplémentaire. Je me rappelle que lors de mes premières courses de côtes avec une NSU 1200 TTS en 1971, je n’osais pas le lui dire, mais ça me stressait que mon père vienne me voir. J’avais peur de le décevoir, en fait. Puis très vite, j’ai été content à chaque fois qu’il venait. Deux ans plus tard, quand j’ai commencé à courir avec l’Alfa 2000 GTV groupe 1, j’aurais considéré comme un affront, pire, comme une vraie trahison, qu’il ne vienne pas à Plumeliau, à Landivisiau, à Saint-Germain sur Ille et au Rallye d’Amor. Plus tard en F1, j’aurais mal vécu qu’il rate le Grand-Prix de France, Monaco et au moins un autre Grand-Prix européen. Au Mans aussi, j’aimais qu’il soit là. Pourtant, je sentais qu’il stressait et ça me mettait un peu mal à l’aise, mais j’étais un peu égoïste.
A suivre
_____
La F1 nous offre parfois des scénarios pleins de suspense. Les enjeux financiers comme les stratégies d’investissement les plus sauvages y jouent un rôle considérable.
Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?
C’est possible, découvrez les romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel, pour l’instant « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par les Éditions Astoure (diffusées par Breizh). -
F1 : PRONOSTICS 2008
DOCU-FICTION
La saison commence dans quelques heures. Comme l’an dernier, l’ancien champion Freddy Vivien livre ses pronostics au journaliste Sébastien Ménier.
Certes Freddy et David appartiennent à un univers de fiction, celui de l’avocat-pilote David Sarel (1). Mais comme l’écrivit Serge Dalens, « les personnages de fiction vivent dans un monde parallèle où ils entraînent leurs lecteurs ». Surtout quand ils évoquent des personnages réels, serais-je tenté d’ajouter.
Sébastien Ménier : que t’inspire le lancement prochain de la saison 2008 de F1 ?
Freddy Vivien : la course automobile a été inventée pour représenter une grande fête de l’automobile et du sport. Je souhaite donc d’abord deux choses, et je les souhaite vraiment très fort. D’abord, tolérance zéro pour le racisme, ensuite tolérance zéro pour l’espionnage. Les insultes racistes dont a été victime Lewis Hamilton sont aussi odieuses que méprisables.
Ces faits sont graves, très graves. Et je suis choqué de leur minimisation par des personnes qui auraient dû au contraire les condamner avec force et user de leur influence sur les auteurs desdits propos. La bête rampante est arrivée en F1 comme en football. Elle me fait penser à une chanson &mouvantede Pierre Perret :
« N'écoutez plus, braves gens,
Ce fléau du genre humain,
L'aboiement écœurant
De cette bête à chagrin
Instillant par ces chants de sirène
La xénophobie et la haine.
Laissons le soin aux lessives
De laver plus blanc que blanc.
Les couleurs enjolivent
L'univers si différent.
Refusons d'entrer dans cette ronde
Qui promet le meilleur des mondes.
Attention mon ami, je l'ai vue.
Méfie-toi : la bête est revenue ! »
A mon sens, une seule solution pour la tuer dans l’œuf : l’application la plus rigoureuse des outils juridiques contre le racisme (avec prononcé impitoyable de peines de prison ferme), et perte de points pour le pilote et l’écurie dont les fans se livrent à de tels débordements.
Sébastien Ménier : et l’espionnage ?
Freddy Vivien : toutes les écuries s’épient un peu, c’est connu et somme toute dans les normes tant que ça ne dépasse pas un certain niveau. Mais des scandales comme celui de l’an dernier ne doivent plus se reproduire. Je ne vise évidemment pas Ron Dennis qui fut trompé par quelques salariés de luxe, ni Lewis Hamilton qui apprit aussi les choses très tard, mais l’association de malfaiteurs qui intrigua et se livra à des actes répréhensibles dans son dos. Là encore, une seule solution, l’application rigoureuse du droit pénal. De tels agissements, dans le monde de l’industrie, c’est la taule ferme, et c’est peut-être ce qui arrivera aux auteurs à la fin de l’enquête. Et l’exclusion des tricheurs du championnat pour au moins deux ans comme les dopés dans les autres sports. Le pouvoir sportif ne doit plus jamais accepter qu’une équipe qui a travaillé très fort se fasse voler ½ seconde au tour par des individus peu scrupuleux qui piratent leur know-how sans aucun scrupule. Ce serait totalement incompatible avec la morale et l’éthique sportive.
Sébastien Ménier : voilà de quoi restaurer des valeurs saines en effet. Qui vois-tu au premier plan cette année ?
Freddy Vivien : A part le Team Priceley dont je reparlerai tout à l’heure, évidemment Ferrari et McLaren. Kimi sera très fort. Il est bien installé au sein de la Scuderia maintenant. Il se sentira en confiance après son titre. Il est rapide, régulier, imperturbable, solide. Autant dire le grand favori du championnat. Il ne faudra pas oublier Lewis, un pilote exceptionnel, un petit génie du pilotage, un garçon talentueux et qui va évoluer dans une ambiance saine cette année et a acquis beaucoup d’expérience l’an dernier. Felipe est capable de coups d’éclat. C’est un garçon sympathique, loyal, très rapide sur certains tacés, mais moins régulier que son équipier et souvent en retrait dans certaines conditions difficiles, pluie, circuits qui ne lui plaisent pas comme Monaco.
Sébastien Ménier : et derrière ?
Freddy Vivien : attention à Nico Rosberg et à sa Williams. A mon sens, Nico est aussi fort que Lewis. Il ne lui manque qu’une bonne voiture pour gagner. Or, Williams semble avoir beaucoup progressé cette année. Nico est un attaquant. Il possède un grand coup de volant. C’est un pilote « intello », très intelligent et capable d’œuvrer efficacement pour faire progresser sa voiture comme pour gérer ses courses. Bien sûr, la Williams ne vaut pas les Ferrari ni les McLaren, mais je vois bien Nico en embuscade, capable de monter sur les podiums, y compris sur la première marche dans des conditions de course favorables.
Sébastien Ménier : et les BMW ?
Freddy Vivien : je pense que les Priceley seront juste derrière Ferrari et McLaren, en lutte avec la Williams de Nico. J’imagine les BMW entre ces trois voitures et le reste du peloton. Nick Heidfeld et Robert Kubica se sont montrés à leur avantage en 2007. N’oublions pas toutefois qu’au Brésil, Nico leur a fait leur fête en fin de course. Nul doute qu’ils se battront pour leur équipe et il ne faudra pas les oublier. Ce sont des guerriers sur la piste. Et BMW est une très grande marque dont le savoir-faire est indéniable. Ils se rapprochent irrésistiblement des sommets en F1. Jarno Trulli se montre raisonnablement optimiste après les essais hivernaux. Si Toyota a trouvé la solution pour rendre son châssis plus efficace, nul doute qu’il saura tirer le meilleur parti de sa monoplace.
Sébastien Ménier : et Renault ?
Freddy Vivien : je suis persuadé qu’ils ont une excellente recrue en la personne de Nelson Piquet Jr. Nelsinho possède un gros potentiel. Il séduira d’ailleurs le public français, d’autant qu’il parle impeccablement notre langue et que son père saura gérer son image et en faire une bête de communication. Auprès des filles amateurs de latin-lovers et de beaux bruns, il va faire un tabac. Au volant, je crois que c’est un super bon. La vitesse à laquelle il prendra la mesure de son équipier plus expérimenté permettra d’apprécier son talent et de l’évaluer par rapport à Hamilton. Pour le reste, je ne vois pas Renault au top. Pourront-ils maintenir l’unité du team cette année dans un contexte où ils n’ont pas un matériel dominateur comme en 2005 et 2006 et où Nelson Jr n’est pas décidé à jouer les doublures comme l’accepta Fisico ? Moi, j’en doute. Leur chance, c’est une équipe technique très forte et des investissements importants dans le développement de la voiture. Mais pour l’heure, ils n’ont rien montré de transcendant en essais privés.
Sébastien Ménier : le look de leur voiture te plait-il ? L’an dernier, il a suscité des commentaires variés.
Freddy Vivien : non, la Renault ne me plait pas. Mais qu’attendre des goûts d’une marque qui utilise les Simpson dans ses spots télévisés ? Personnellement, je préfère franchement les pubs de Dolce § Gabbana. Les deux firmes ne ciblent sans doute pas la même clientèle, il est vrai. Enfin, heureusement que chez Renault, ils ont Nelsinho et Flavio pour relever un peu l’image.
Sébastien Ménier : et Sébastien Bourdais ?
Freddy Vivien : c’est un pilote qui mérite sa place en F1 depuis longtemps. Il est sérieux, très rapide. Il a le sens de l’intérêt de l’équipe. Seule interrogation, sa voiture. Toro Rosso n’est pas un top team, loin s’en faut. Mieux que Minardi dans le temps, mais pas au niveau de Red Bull, malheureusement. J’espère qu’ils vont progresser et nous surprendre agréablement. Et je suis certain que Sébastien Bourdais ne décevra pas.
Sébastien Ménier : quel commentaire ajouterais-tu à l’aube du premier Grand-Prix de l’année ?
Freddy Vivien : l’arrivée de Force India annonce l’intérêt de nouveaux acteurs pour l’univers F1. Longtemps, la F1 a été dominée par les Anglais et les Italiens, avec une participation plus ou moins active selon les périodes de Français, d’Allemands, de Japonais, de Néo-Zélandais, d’Australiens et de Sud-Américains. Avec la montée en puissance de nouvelles régions du monde au plan économique, la F1 va accueillir de plus en plus de nouveaux partenaires, de nouveaux pilotes et bien sûr de nouveaux circuits. C’est tout à fait logique et légitime.
A suivre…
_____
La F1 nous offre parfois des scénarios pleins de suspense. Les enjeux financiers comme les stratégies d’investissement les plus sauvages y jouent un rôle considérable.
Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?
C’est possible, découvrez les romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel, pour l’instant « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par les Éditions Astoure (diffusées par Breizh).