Lewis Hamilton a été victime d’injures racistes lors des essais privés à Barcelone
Les pilotes de F1 sont des stars. Leurs fans se passionnent pour leurs exploits. Certains d’identifient à eux. Mais lorsque des supporters vivent leur amour de l’idole comme un phénomène religieux, attention aux dérives et aux excès. Les religions souffrent des extrémistes. Le sport aussi. Et le fanatisme risque de les conduire non seulement à bâtir des cathédrales au « dieu » vénéré, mais aussi à brûler ceux qui, à leur sens, lui portent ombrage.
C’est ce qui s’est passé à Barcelone. Loin de moi l’idée de vilipender le public espagnol. Il se conduit généralement de manière très courtoise. Jamais par exemple les supporters de Rafaël Nadal ne se sont montrés irrespectueux, même lorsque leur joueur préféré était en difficulté. Roger Federer peut venir jouer en Espagne, il sera bien accueilli. Rafa, authentique seigneur du sport, donne d'ailleurs l’exemple à ses supporters en affirmant sa sympathie et son estime pour son plus redoutable rival et en se comportant en toutes circonstances en gentleman.
Sur le circuit de Barcelone, certains prétendus amateurs de F1 ont laissé transpirer leur haine du rival. Ils l’ont exprimée de la manière la plus basse qui soit, l’arme des imbéciles, le racisme.
Les stades de foot subissent trop souvent cette abomination. Jusqu’à présent, le sport automobile y avait échappé. Lewis est, il est vrai, le premier homme de couleur à courir en F1. En plus, il s ‘affirme d’entrée parmi les meilleurs de la discipline reine au point de se battre dès sa première saison pour le titre. De quoi ennuyer certains bien sûr. Ceux-là doivent enrager cette année en voyant une femme (Hillary Clinton) et un autre homme de couleur (Barack Obama) en position d’accéder à la présidence des Etats-Unis. Qu’ils ne déversent pas pour autant leur illégitime et stupide colère sur les stades ni sur les circuits, ni ailleurs ! A défaut de comprendre que le monde change, qu’ils réfrènent au moins leurs bas instincts.
La haine, un sentiment que décrivit fort justement Michel Sardou dans une chanson poignante :
Elle a la gueule d'un centurion,
Les yeux d'Hitler ou d'Attila,
Le masque de la religion,
Le sourire de Caligula.
Elle peut sortir d'une voiture,
Le poing levé sur la fureur,
Vomissant des torrents d'injures
En arborant le bras d'honneur.
Elle a le rictus de la hyène,
La haine, la haine, la haine.
Fille bâtarde de l'amour,
De la peur, de la jalousie,
Elle a engendré à son tour
La torture et la calomnie,
La haine.
Elle met des cagoules qui font peur,
La djellaba du black mosslem,
La haine, la haine.
Pas très belles les manifestations de la haine !
Malgré l’indifférence d’une partie de la presse (une observatrice obsédée par un autre pilote ne vit qu’un seul « agitateur » et s’amusa « des banderoles caustiques et teintées d’humour s’attaquant à McLaren et Hamilton »…), malgré le peu d’intérêt de Bernie Ecclestone, la FIA réagit.
Max Mosley fut avocat avant de se consacrer à d’autres fonctions. Le respect de l’être humain est sans doute plus cher à son cœur qu’à celui du grand argentier de la Formule 1.
La FIA lancera donc le 27 avril prochain, lors du Grand-Prix d’Espagne, une campagne « Racing Against Racism », Courir Contre le Racisme.
« La F1 est un sport global et multiculturel qui n’a jamais jusqu’alors rencontré ce type de problème, a annoncé un de ses porte-parole. Et la FIA ne le tolérera plus dans le futur. Nous encourageons tous ceux qui voudront soutenir notre campagne depuis les récents champions du monde jusqu’aux jeunes espoirs. »
Souhaitons en effet qu’aucun incident comparable à ceux de Barcelone ne se produise plus. A défaut, une solution existe, comme en football. Le retrait de points au concurrent dont les adorateurs dérapent et à son écurie.
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Compte tenu de la gravité du sujet, je ne terminerai pas cette note par un renvoi vers des sites et magazines que j’aime.