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  • MEILLEURS VŒUX POUR 2013

    une année que nous espérons très heureuse mais pressentons dangereuse

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     2012 est passée à la vitesse d’un bolide.

     

    Et nous voici sur la ligne de départ d’une nouvelle saison dans la compétition de l’existence.

     

    Cette année 2013, je vous la souhaite :

    très audacieuse,

    très enrichissante,

    très ambitieuse,

    très enthousiasmante,

    très harmonieuse.

     

    Elle ne sera pas une longue piste tranquille. Alors, comme des pilotes automobiles, efforçons nous de placer nos aspirations sur la meilleure trajectoire et de nous donner les moyens de monter sur le podium.

     

    Pour réussir, copions les méthodes des meilleurs teams

     

    L’automobile est non seulement un formidable symbole de liberté individuelle fondamentale, celui de se déplacer où nous le souhaitons, quand nous le souhaitons, avec qui nous souhaitons, mais aussi un vecteur de progrès technique et un facteur d’emploi.

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     L’automobile contribue largement aux progrès en matière de rendement énergétique, d’aérodynamique, d’ergonomie et d’autres technologies. Elle emploie de nombreux salariés, pas seulement chez les constructeurs, mais encore chez les sous-traitants, les fournisseurs de pièces détachées, de pneus, de carburants, de services liés à sa diffusion,  à son utilisation, aux passions qu’elle suscite. Sans oublier le secteur des matières premières. Comment peut-on s’attaquer à l’automobile tout en prétendant protéger l’emploi et des activités comme les hauts-fourneaux dont la possible fermeture entraîne la désapprobation des Français ? Un minimum de logique et d’intelligence s’impose, surtout en période de crise. Il serait démagogique et irresponsable de promettre tout et son contraire, à savoir le désamour de l’automobile c’est-à-dire la décroissance dans le but de faire plaisir aux verts, et la préservation de l’emploi qui est la condition impérative de la vie digne et assortie d’une minimum de plaisirs à laquelle ont légitimement droit nos concitoyens. Le nivellement par le bas n’apporte que tristesse et malheur. Il serait déplorable de continuer à copier la promotion de la haine qui a suivi 1789 et créé les conditions de la terreur.

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    C’est sans doute un vœu pieux, mais souhaitons une année 2013 raisonnable, apaisée, tolérante, sans vindicte. L’actuel locataire du Palais a fait de la lutte contre le GP de France un marqueur de son mandat. En réalité, c’est tout le sport automobile qui est visé. Le maire de Paris s’en prend quant à lui à l’automobile plaisir en souhaitant interdire la circulation dans la capitale aux voitures anciennes. Stigmatiser bagnole et  compétition n’apaisera pas l’atmosphère lourde qui pèse sur la France. Seul le redressement économique est de nature à rendre le sourire au plus grand nombre. Pour ce faire, suggérons aux  pouvoirs publics de s’inspirer d’une méthode de travail, celle des écuries automobiles. Elle suppose l’amour de l’effort, de la compétition, la remise en cause des solutions qui ne marchent pas, la mise en place d’organigrammes logiques compte tenu des compétences plutôt que d’influences « affectives » et de dogmes passéistes. Bien sûr, il faut encourager le talent plutôt que l’incriminer, il faut séduire les jeunes les plus doués  - appelés à bien gagner leur vie, et aussi à servir de moteurs aux autres - plutôt que les effrayer et les pousser vers Londres ou d’autres capitales, il faut apprendre à garder son sang-froid malgré les contrariétés, il faut respecter l’autre et ne pas l’insulter publiquement, il faut comprendre pourquoi on n’est pas en tête du championnat plutôt que couper, fût-ce médiatiquement,  des têtes pour les balader au haut de pics verbaux.

     

    Quelques suggestions complémentaires

     

    Un peu de pragmatisme s’impose. Un soutien au Grand-Prix de France serait  un premier pas positif. Renault dont les moteurs brillent au plus haut niveau recueillerait des retombées bénéfiques. Ses salariés s’en féliciteraient.

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     A l’inverse, continuer à traiter l’automobile comme une ennemie signifie mépriser et insulter les classes populaires françaises qui,  à partir des années 50 et 60, ont considéré les voitures abordables telles que les 4 cv, 2 cv, Dauphine et autres R8 ou Simca 1000 comme un authentique progrès social source de bonheur. L’autophobie persistante serait une faute politique et morale ainsi qu’une régression synonyme de volonté d’appauvrissement et d’asservissement de l’ensemble de la population. Après l’ENA, les politiques qui n’ont pas fait leurs preuves dans le privé ni dans la compétition ne devraient-ils pas effectuer un stage obligatoire auprès de coachs de sportifs ou de patrons d’écuries, d’équipes, de champions ? Une idée qui mérite réflexion.

     

    Sébastien Loeb, un Français, parmi les meilleurs du monde

     

    Au plan sportif, 2012 aura été une belle année. A part hélas quelques disparitions dont celles de Philippe Bugalski et de Gareth Roberts (disparu le 15 juin à la Targa Florio). Nous ne les oublierons pas. Ils resteront présents dans nos cœurs comme dans ceux de leurs proches. Philippe a contribué à la construction du triomphe de Citroën avec Sébastien Loeb. Gareth rêvait certainement d’une carrière auprès de son ami Craig Breen comparable à celle de Daniel Elena au côté de Sébastien Loeb.

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     Sébastien, sportif préféré des Français, a conquis son 9ème titre mondial. Un palmarès qui sera difficile à égaler. Sebastian Vettel a remporté un 3ème titre particulièrement mérité. Il s’est imposé sans artifices, sans manipulations contestables faussant  des paris sportifs au préjudice de joueurs dans le monde entier, avec une voiture manquant de fiabilité et qui, si elle devint excellente en fin de saison, avait évolué grâce à ses capacités à l’adapter à son style. En outre, il dut composer avec la rivalité d’un autre champion, Webber, qui défend ses chances  et ne joue pas les valets serviles. Voici Sebastian à égalité de titres avec des grands comme Brabham, Stewart, Lauda, Piquet, Senna. D’autres titres sont possibles, vraisemblables, même si la concurrence s’annonce rude. Autres satisfactions, les victoires de Kimi Räikkönen, qui aurait sans doute pu jouer le titre jusqu’au bout avec une gestion plus avisée du patron du Team Lotus, et de Nico Rosberg qui entra dans le club très select des vainqueurs de GP. Schumacher aurait lui-aussi mérité une victoire avant de partir. Il en était capable à Monaco. Mais ce jour-là, il y avait Grosjean, qu’il n’est pas la peine d’accabler davantage que le font les excellentes caricatures de Fiszman. Mais si le Franco-Suisse a beaucoup de chance que son agent soit le patron du team qui l’emploie, la saison aura apporté de belles  satisfactions côté français. Charles Pic a réalisé une première année remarquable dans une écurie de second plan et Jean-Éric Vergne a montré un beau potentiel.

     

    Quelques souhaits pour 2013

     

    Chacun nourrit des espoirs et souhaite voir ses préférés au plus haut niveau.

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     Pour ma part, une victoire de Loïc Duval au Mans me comblerait. J’attends aussi de grandes choses de Nico Rosberg, Kimi Räikkönen, Jenson Button, Nico Hülkenberg et Sergio Perez. J’éprouve beaucoup de sympathie envers Charles Pic et Vitaly Petrov et je suivrai leur progression chez Caterham avec attention. Dans les formules de promotion, je suis convaincu que Paul-Loup Chatin fera un pas de plus vers la F1 et que Jordan Perroy confirmera les qualités montrées en 2012. J’aimerais que Craig Breen trouve un bon volant en WRC et qu’Evgeny Novikov remporte ses premières victoires en Championnat du monde. Comment ne pas vouloir aussi des victoires de Sébastien Loeb en GT avec ses nouvelles McLaren ? Sans oublier James Nash en WTCC.

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     Je n’évoquerai pas ici toutes les disciplines car ce serait fastidieux. Et je  conclurai sur une note positive, en contradiction totale avec l’autophobie que nos gouvernants tendent maladroitement à promouvoir. Avez-vous remarqué le nombre de véhicules anciens qui circulent le dimanche ? De la 2 cv à la Mercedes 280 SL en passant par la 404, la Triumph GT6 et tant d’autres, nous avons l’impression de voyager dans le temps, de revenir à notre adolescence, à notre enfance. Parallèlement, les montées historiques sur les sites de courses de côtes se multiplient, comme ce fut le cas en 2012 à Saint-Germain sur Ille. La preuve que l’amour de l’automobile n’est pas mort, que nous ne sommes pas prêts à supporter les dictats de l’uniformisation et de la banalité, que nous aspirons encore à la liberté, au plaisir. Les moteurs n’ont pas fini de vrombir. Les pilotes amateurs ou professionnels continueront longtemps à donner le meilleur d’eux-mêmes sur des tracés excitants devant des photographes et des spectateurs en extase.

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     En 2013, je vous mijoterai avec passion de nouvelles  tranches du succulent gâteau de la course automobile à travers le temps. Et je vous promets en outre quelques romans et nouvelles où vous retrouverez cette atmosphère qui nous est chère, celle des moteurs qui rugissent, des dérives dans les grandes courbes, des freinages tardifs, de l’engagement sec du train avant en entrée de virage et du survirage en sortie ! Dans quelques jours, des photos de la montée historique de Saint-Germain-sur-Ille serviront d’amuse-gueule à cette nouvelle saison !

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Polars, sports et légendes, un blog qui traite souvent de  livres et nouvelles dans l’univers des sports mécaniques

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    Suivez-moi sur Twitter https://twitter.com/ThierryLeBras2

    Et pourquoi pas sur Facebook ?

    http://www.facebook.com/thierry.lebras.18

     

    Thierry Le Bras

  • UN PILOTE RETROUVE LA PÊCHE

    et se prépare pour les fêtes

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    En Vendée, Jocelyn est arrivé à bon port

     

    Dans la précédente note, nous avions laissé Jocelyn en pleine angoisse. Il sortait d’un cauchemar terrifiant. Une météo d’apocalyptique créait une atmosphère de fin du monde. D’abominables chevaux géants issus de la transformation de Ferrari massacraient ses amis. Un de ces monstres tueurs allait le réduire en bouillie…

     

    Le réveil ne l’avait pas débarrassé de son malaise. Alors que sa copine Alexandra le caressait tendrement sous la douche, une violente averse de grêle s’était abattue sur la maison, lui faisant redouter que son pire cauchemar soit en réalité un rêve prémonitoire.

     

    Heureux de s’être trompé

     

    Vous lisez cette note. C’est la preuve que le monde ne s’est pas arrêté le 21 décembre. La terre continue à tourner. Moins vite qu’un moteur de F1, avec quelques cafouillages, des réglages à parfaire, ni mieux ni plus mal qu’avant-hier. Elle ne s’est pas retournée comme une crêpe. Elle n’est pas partie dans le décor, même si ses pilotes ont bien du mal à la maîtriser.

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     Il ne s’est rien passé d’extraordinaire le 21 décembre au matin. Les trois couples de jeunes ont pris leur douche et avalé un petit déjeuner sur le pouce avant de partir au lycée. Seul bémol, compte tenu du temps de chien qu’il faisait dehors, de la route glissante et des ralentissements à l’entrée de La Roche sur Yon, ils ne sont arrivés au Lycée Philippe Jeantot qu’à 7 heures 55, quelques minutes plus tard que d’habitude. Alexis n’a pas pris sa voiture. Moins rompu à la conduite que ses amis pilotes, il a volontiers accepté l’invitation de Jocelyn quand il a proposé de les amener, lui et Vera. Monsieur Ravel est arrivé avec 10 minutes de retard. Il a dispensé son dernier cours de philo de l’année à la classe de Terminale ES.

     

    Jocelyn n’a raconté son cauchemar à personne. Pas par crainte du ridicule. Pour éviter de rapporter des scènes d’horreur où ses proches souffraient, disparaissaient, périssaient. A dire vrai, il ne s’est senti pleinement rassuré qu’après le lever du soleil le samedi 22 décembre. C’était le premier jour des vacances de fin d’année et elles s’annonçaient plutôt bien. Il mangera des coquilles Saint-Jacques, du homard et de la langouste pendant les fêtes, et tant pis si les crustacés ont été pêchés par un bateaux qui porte le nom d’une écurie dont il n’est pas le plus grand supporter.


    Cadeaux de Noël

     

    Le Père Noël existe-t-il ? Certains n’y croient plus depuis longtemps. D’autres espèrent qu’il passera de temps en temps. Pas forcément le 24 décembre. Il n’entrera peut-être pas  par la cheminée. Qu’importe qu’il emprunte  la porte ou la fenêtre, pourvu qu’il apporte le cadeau qu’ils attendent. Jocelyn, Alexis et Enric font partie de cette catégorie.

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     Les deux premiers sont convaincus qu’un jour pas trop éloigné, ils fonceront sur les routes du championnat du monde des rallyes à la poursuite des records de Sébastien Loeb et Daniel Elena.

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     Le troisième croit fermement qu’il arrivera en F1. Sera-t-il l’équipier de Nico Rosberg, de Sebastian Vettel, de Sergio Perez, de Charles Pic, de Vitaly Petrov ou de Nico Hülkenberg ? Il tentera de saisir les opportunités en espérant que le team qui l’engagera lui fournira une voiture plus évoluée que celle ci-dessus, une monoplace Formule Libre de 1975 dont il a trouvé par hasard la photo sur un forum consacré à l’histoire du sport automobile dans l’Ouest.

     

    Leurs copines respectives s’inquiètent. Sils réalisent leurs rêves et restent avec elles, elles auront peur tout le temps. S’ils les quittent, elles sont persuadées qu’elles ne pourront pas vivre sans eux. S’ils échouent, elles sentent qu’ils considéreront avoir raté leur vie et perdront l’estime d’eux-mêmes, l’étincelle qui les anime, le grain de folie qui fait leur charme. La vie ne suit jamais une piste paisible.

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     Il va falloir patienter quelques années avant que les magazines et sites automobiles nous apportent des réponses sur les éventuelles futures carrières de Jocelyn, Alexis et Enric Je ne suis que leur biographe, comme celui de mes autres personnages de fiction. J’ignore  ce qui va leur arriver et ce qu’ils accepteront de me confier pour que je témoigne. Patience donc… Dans quelques mois, vous saurez déjà pourquoi Jocelyn n’aime pas Ferrari et comment il s’est trouvé accusé de meurtre.

     

    Et en attendant, JOYEUX NOËL et bonne trêve des confiseurs !!!

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Et si vous offriez des livres pour Noël, en ebooks ou sur papier, Quelques suggestions :

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com

     

    Des idées de cadeaux pour fans de la course automobile

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/12/15/cadeaux-de-noel-pour-pilotes-de-l-ouest-et-d-ailleurs.html

     

    Un conte de Noëlle (et ce n’est pas une faute d’orthographe)

    http://0z.fr/r8RvN

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    Un conte de Noël automobile et Vintage

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2008/12/20/noel-premonitoire.html

     

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    @ThierryLeBras2

     

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    Thierry Le Bras

  • UN PILOTE EN PERDITION

    dans un univers en dérapage incontrôlé

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     Qu’arrivera-t-il à Jocelyn, le personnage au centre de cette note ?

     

    Une tempête de grêle s’abattit sur la Clio grise dans un déchaînement de violence.

     

    Les morceaux de glace frappaient la carrosserie et les vitres avec la rage d’un boxeur qui cogne son pushing-ball. Ils enfermèrent la voiture dans une sorte de brouillard opaque digne de paysages d’Alaska. Pourtant, la scène se déroulait certes en période hivernale, en plein mois de décembre, mais en Vendée, quelques centaines de mètres à l’Ouest de La Roche-sur-Yon.

     

    - Bordel, j’y vois rien, grommela Jocelyn, le conducteur de la voiture prise en otage par les éléments.

     

    La Renault progressait sur une départementale déserte. Il était 7 heures 30. Jocelyn était en Terminale ES au Lycée Philippe Jeantot. Dans une demi-heure, il rentrerait en classe de philo avec monsieur Ravel. Enfin, s’il arrivait jusque-là sans avoir plié la Clio dans un fossé ou contre un poteau.

     

    - D’un autre côté, si je n’y arrive pas, moi, il n’y aura pas grand monde en cours ce matin, persiffla-t-il.

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     C’était vrai. Bien qu’il n’eût que 18 ans et 3 mois, Jocelyn était un conducteur hors pair. Champion de Rallycross, une discipline dans laquelle il avait débuté à 16 ans avec une dérogation obtenue grâce à ses résultats en karting. Et sa Clio DCI était un jouet à côté du modèle Super 1600 très musclé qu’il pilotait en compétition. D’ailleurs, il avait aussi couru en circuit sur des fauves mécaniques encore plus puissants et difficiles à dompter. Grâce à Jonathan qui l’avait invité à partager non seulement le volant d’une Porsche 914/6 dans des épreuves d’endurance réservées aux VHC, mais aussi celui d’une 997 GT3 R lors de quatre manches du Challenge Blancpain. Jonathan était avocat à Paris, fraichement inscrit au Grand Tableau. Et aussi un gentleman driver doué. Il faisait partie de la garde rapprochée des supporters de l’aspirant champion.  Le plus fidèle avec Pascal, l’oncle de Jocelyn, et Alexis, le pote d’enfance qui promettait de jouer à ses côtés le rôle que Daniel Elena assuma auprès Sébastien Loeb. Jonathan avait tiré Jocelyn d’une sale affaire lorsqu’encore adolescent, il avait été suspecté de meurtre et maltraité par la police. Sans lui, il ne se serait pas sorti du piège machiavélique qui avait failli le tuer. Depuis ces événements, Jonathan était devenu un vrai grand frère pour Jocelyn.

     

    Après ce qu’il avait vécu et une préparation rigoureuse au métier de pilote, Jocelyn maîtrisait son émotivité et ne perdait pas facilement son sang-froid. Des conditions apocalyptiques, il en affronterait tous les hivers quand il serait un grand rallyman à la chasse des records établis par Sébastien Loeb. Il leva le pied et progressa en zigzaguant légèrement de droite à gauche afin de repérer les limites de la chaussée des deux côtés. Jonathan lui avait raconté que les pilotes nordiques utilisaient cette technique en rallye quand la visibilité devenait nulle. Jocelyn n’oubliait jamais une histoire de rallyman.

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     De toute façon, cette route, il la connaissait par cœur. C’était le chemin le plus agréable entre la demeure familiale et le quartier du lycée. Il l’avait parcourue des milliers de fois à vélo, à moto, et maintenant en voiture. En fait, s’il n’avait pas eu peur de causer des dommages à un autre usager, il aurait pu piloter les yeux fermés. Il avait tort de se soucier des tiers, d’ailleurs. Personne d’autre que lui ne roulait ce matin. Pas âme qui vive. Comme si le monde s’était arrêté de tourner avec les intempéries. Pourtant, il ne se souvenait pas d’une alerte météo.

    ***

    Il arriva péniblement mais sans catastrophe à la place sur laquelle les lycéens motorisés garaient leurs voitures. Il s’enfonçait dans le brouillard d’un monde étrange. Ce ne fut qu’en garant la Clio qu’il remarqua que l’autoradio ne fonctionnait plus. Olivia Ruiz s’était tue. NRJ n’avait pas lancé d’autre interprète à la fin de My Lomo and Me. La grêle laissait place à des chutes de neige silencieuses qui paralysaient la cité vendéenne. Il descendit de la Clio et chercha des yeux la Fiesta d’Alexis. Son pote n’avait son permis que depuis quinze jours. Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé. Peut-être s’était-il montré suffisamment  sage pour laisser sa voiture au garage. Il sortit son Smartphone de sa poche et tenta de l’appeler. Pas de tonalité.

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     Normalement, sa copine Alexandra aurait dû être là. Son  père la déposait tous les matins en allant au bureau. Un homme sympathique qui se montrait bienveillant vis-à-vis de la relation des jeunes gens. Et aussi un type qui avait avalé une montre et vivait toujours en avance. Jamais, depuis la seconde, Alexandra n’était arrivée devant le lycée après Jocelyn qui, pourtant, était lui-même ponctuel.

     

    - Son père n’aura pas voulu prendre de risque sur la route, se consola-t-il pour tromper son inquiétude.

     

    Il ne percevait pas distinctement les autres voitures garées sur le parking. Il tenta de repérer la Peugeot 208 d’Enric. Si quelqu’un d’autre que Jocelyn avait osé mettre les roues dehors sur le verglas, c’était forcément Enric. Un type qui n’avait peur de rien. Une force de la nature. Un peu plus grand et plus carré que Jocelyn, franchement blond et pas châtain clair comme lui, Enric était l’autre phénomène de la classe. A la fois un super copain, un complice  et un rival. Les deux garçons étaient incontestablement les plus forts en sport du lycée. Les aligner dans la même équipe de hand, d’athlétisme ou de natation garantissait d’écraser celles des autres sections. Les opposer promettait un spectacle d’une qualité nettement supérieure à ce qu’offrait en général le sport scolaire. Enric  et Jocelyn  entretenaient la même passion absolue des sports mécaniques. Enric avait été champion de ligue de karting l’année précédente. Il était vice-champion de France en titre et se préparait, lui-aussi, à devenir pilote automobile. Contrairement à son camarade, il visait une carrière en circuit. Si possible la F1, sinon l’endurance, le WTCC ou le DTM. Enric et Jocelyn se charriaient quotidiennement au sujet de leurs futures carrières, de leurs futures victoires, de leurs futurs salaires, de leurs futures sorties de piste, d’amères et honteuses reconversions écologiques après s’être vautrés chez les ténors. Tout en espérant au fond qu’ils atteindraient tous deux les sommets et disputeraient un jour Le Mans sur la même voiture. Dans l’atmosphère lourde et fantomatique de ce matin d’hiver, les projets comme les railleries semblaient un peu éloignées.

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     L’esprit de Jocelyn quitta La Roche-sur-Yon. Une Ferrari blanche et noire se garait avenue Montaigne à Paris, devant l‘immeuble qui abritait le cabinet où Jonathan travaillait avec son père. La bête grossissait, grossissait, se transformait en cheval géant, telle un robot de film d’horreur. Elle se cabrait sur ses pattes arrière. Les sabots de ses pattes avant défonçaient  la façade de l’immeuble. Jonathan ne pouvait ni fuir, ni résister. Les sabots meurtriers accomplissaient leur sinistre besogne  avec l’efficacité des mixeurs d’une boucherie chevaline. Le massacre glaça Jocelyn d’horreur. Il se méfiait des chevaux. La faute d’une expérience désastreuse lors d’une leçon d’équitation la dernière année d’école primaire. Une chute douloureuse, une épaule endolorie, le rire moqueur de la jolie Marielle, cavalière émérite dont il souhaitait attirer l’attention d’une manière plus valorisante… Jocelyn n’aurait pas fait de mal à un cheval, mais il se tenait éloigné d’eux. S’il était contraint d’exécuter un numéro de cirque, il préférerait entrer dans la cage aux lions plutôt que monter un cheval paisible. D’autant qu’il adorait les félins, du chat de gouttière au roi du monde animal et au divin Jaguar. Jonathan aussi entretenait une relation distante avec la plus belle conquête de l’homme. Le jeune avocat possédait un véritable don avec les chiens. Aucun ne lui résistait, même pas ceux dressés à la défense. Mais les chevaux, il les préférait à la télé. Tout au moins tant qu’il ne rencontrait pas un gentlehorse aussi raffiné que Joly Jumper, ce qui pouvait demander un certain temps.

     

    Ni Jonathan ni Jocelyn n’aimaient beaucoup Ferrari non plus.

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     - Il n’y a aucune raison pour qu’une Ferrari finisse devant nous, répétait inlassablement le premier lorsqu’ils faisaient équipe en VHC et en Blancpain. Une Aston, une McLaren, une BMW, une Mercedes, une Lamborghini, une Audi ou une autre Porsche, ça me gonfle déjà, mais une Ferrari, ça non alors.

     

    Très érudit en matière d’histoire de la course automobile, Jonathan associait la marque italienne à des trahisons envers ses pilotes les plus méritants. Par exemple le coup de poignard dans le dos du grand John Surtees au Mans 1966. Et aussi quelques autres plus récemment…

     

    - Plus un, approuvait le second. Moi aussi, j’ai une dent contre eux. Un canasson cabré, c’est pas franc du collier. Un jour ou l’autre, ça envoie son cavalier mordre la poussière. (1)

     

    A ce stade, je crains que le lecteur se demande si Jocelyn ne divaguait pas après avoir consommé à son insu ou de son plein gré un produit interdit. Non. Jocelyn ne touchait pas aux stupéfiants. Pas même un pétard les soirs de teuf. Il n’avait pas davantage abusé de la Téquila, du Gin ni de la Vodka. Il tenait trop à son permis pour prendre des risques avec l’alcotest. Le garçon n’était certes pas un saint, mais il ne s’évadait pas dans les paradis artificiels. Sa came, c’était le pilotage et rien que le pilotage.

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     Tout à coup, une nouvelle vision d’horreur. Enric courait vers lui. Un flot de sang  coulait de son crâne sur son anorak gris clair. Un cheval géant galopait à sa poursuite. Un frère du tueur fou de l'avenue Montaigne ? Il lui ressemblait en tout cas.

     

    Enric non plus n’était pas ferrariste. Il détestait les artifices imposés au second pilote de la Scuderia, tantôt pantin planté dans le décor, tantôt agneau égorgé sur l’autel des intérêts du locataire du premier baquet. Mais il n’avait pas peur des chevaux mal lunés. Et il n’excluait pas de piloter un jour pour les Rouges. Dans une autre composition du Team. Ce serait un rêve d’apprendre la discipline reine aux côtés de Nico Hülkenberg, un futur très grand qui, avec Sergio Perez, faisait partie de ses idoles.

     

    Enric n’était pas du genre à fuir. Jonathan se souvenait d’une violente bagarre l’année précédente, quand ils étaient en première. Alexis et lui s’étaient fait prendre à parti à la sortie par quatre teignes. Leur bande n’était pas trop populaire au bahut. Les résultats sportifs d’Enric et Jocelyn créaient des haines terribles. Ceux qui croient naïvement qu’apparaître en photo dans les journaux ainsi que dans des vidéos valorisantes sur le web attire l’amitié de ses voisins et suscite leur admiration se trompent lourdement. La jalousie ravage le monde.

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     C’est le sentiment le mieux partagé dans toutes les classes sociales, toutes les catégories d’âge et toutes les zones géographiques de la planète. Entendant des condisciples ricaner de la volée qu’allait encaisser  le champion de Rallycross, Enric avait abandonné sa moto qu’il s’apprêtait à démarrer et s’était précipité vers le champ de bataille tel un taureau boosté par la boisson énergétique qui donne des aillles... Il était entré dans la joute. Sa présence rééquilibrait  le combat. Il eût tôt fait de mettre KO l’un des agresseurs d’Alexis. A un contre un, personne au lycée n’osait se battre contre Enric et Jocelyn. Les trois types encore valides s’étaient barrés la queue entre les jambes. Le quatrième, à moitié dans les vapes, s’était vu promettre qu’en cas de récidive, ses compères et lui visiteraient les bassins du port des Sables d’Olonne. Pas à l’occasion du départ du Vendée Globe. Avant, pour nourrir les crabes…

     

    Aujourd’hui, Enric ne pouvait pas lutter. Un coup de sabot lui arracha la moitié du crâne. Il chancela. Jocelyn voulut se précipiter vers son ami. Ses pieds restaient collés dans la neige. Il n’avait plus de force. Dans un dernier effort avant de s’effondrer et de se faire piétiner, Enric lui fit signe de fuir.

    ***

    Jocelyn hurla. Il était en nage, ne comprenait rien à ce qui se passait. Une main douce et excitante caressa l’intérieur de sa cuisse nue.

     

    - Qu’est-ce que tu as ? gémit une voix encore ensommeillée.

     

    Jocelyn alluma la lampe de chevet et regarda le radioréveil. Il était 6 heures 40.

     

    - Rien. Juste un cauchemar.

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     L’image d’Enric lui enjoignant de fuir restait imprimée dans son cerveau. Elle lui rappelait l’histoire de Levegh au Mans 1955 à l’instant où, conscient qu’il allait percuter une autre voiture et perdre la vie, l’héroïque pilote leva la main pour prévenir Fangio qui arrivait derrière lui. Levegh avait eu l’ultime réflexe et le formidable courage de sauver son camarade avant de mourir.

     

    Jocelyn  se leva et se dirigea vers le salon avec son Smartphone. Les choses reprenaient place dans son cerveau. Hier soir, il était allé au repas de classe traditionnel avant les vacances de Noël. Sa mère était en déplacement. Le temps de son absence, il disposait de la maison avec Miss Tigri, une adorable chatte blanche avec qui il entretenait une relation sans tâche. Jocelyn avait ramené Alexandra chez lui. Alexis dormait à côté dans une chambre d’amis avec Vera. Enric s’était installé dans le canapé du bureau en compagnie de Clémentine.

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    Ils avaient bu un kir pétillant et un verre de Lambrusco chacun à la Pizzeria Valle Carmonica. Puis une bouteille de champagne en rentrant. A six, pas de quoi se mettre minables. Jocelyn ne sentait pourtant pas dans son assiette. Il fit défiler son répertoire et sélectionna le numéro de Jonathan. Il avait besoin de lui parler et savait que son frère de cœur ne lui reprocherait pas l’heure matinale.

     

    - J’te réveille ? s’excusa-t-il lorsque son interlocuteur décrocha.

     

    - Non, en fait, je préparais le café. J’ai mal dormi. Bon, ça ira mieux quand le jour sera levé.

     

    - Moi aussi. J’ai fait des cauchemars. Il grêlait, il neigeait. J’avais l’impression de rester le seul vivant dans un monde glaciaire.

     

    Jocelyn évita de raconter toute l’horreur de son cauchemar.

     

    - Il fait un temps bizarre depuis quelques semaines, reprit Jonathan. Des ciels de plomb, des orages, des déluges de pluie, de grêle. Une atmosphère lourde, pesante. Au palais, l’ambiance est encore plus électrique que d’habitude.

     

    - Sans doute les Autolib’ de Delanoë qui polluent l’atmosphère en déchargeant de l’électricité dans l’air, lança Jocelyn pour essayer de plaisanter.

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    Les deux garçons raccrochèrent après avoir échangé quelques phrases. A son tour, Jocelyn mit la cafetière en route. Il tambourina  aux portes des pièces où dormaient ses amis. Il était 6 heures 55. Il n’’y avait pas de temps à perdre. Ils avaient cours à de philo à 8 heures avec monsieur Ravel. Puis il entra dans la salle de bains et rejoignit Alexandra sous la douche.

     

    Soudain, une averse de grêle tonna sur le toit en ardoises. Jocelyn frissonna malgré l’eau chaude et les caresses envoutantes de sa copine. Il se rappela le calendrier. C’était le vendredi 21 décembre. Avait-il fait un rêve prémonitoire de la fin du monde, avec juste quelques approximations  quant au déroulement de l’apocalypse dans son environnement ?

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE :

     

    Vous pouvez bien sûr attendre le 22 décembre pour acheter vos cadeaux de Noël. En tout état de cause, je vous suggère mes derniers livres en version ePub :

    7 Nouvelles pimentées

    http://sebsarraude.tumblr.com/post/28291502256/7-nouvelles-pimentees

     

    et Gare à la main du diable, un titre de circonstance, non ?

    http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-gare-a-la-main-du-diable-disponible-en-format-e-pub-111556271.html

     

    Suivre la fin du monde sur Twitter ?

    https://twitter.com/lastdays_2012

     

    En attendant, retrouvez-moi sur Twitter

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    A bientôt, peut-être…

     

    Thierry Le Bras

     

    (1) Jocelyn devrait devenir un personnage de futurs romans et nouvelles. Enfin, si nous passons le cap du 21 décembre. Dans ce cas, je vous raconterai un de ces jours pourquoi il a une dent contre la Scuderia. Que les fans de la Scuderia se rassurent, son hostilité n’a rien à voir avec l’écurie de F1. C’est une raison très personnelle…