A la poursuite d’un titre de champion du monde.
Triste journée que le dimanche 23 août 1983. Didier Pironi, Jean-Claude Guénard et Bernard Giroux trouvaient la mort au cours d’une course de Off-shore. C’était il y a 20ans. En ce jour anniversaire, j’ai souhaité rendre hommage à Didier en lui consacrant ce portait.
NOM : PIRONI
PRÉNOM : Didier
VOITURES : Ford Capri 2600 RS, Martini FR et FRE,R12 Gordini, Porsche 934, Alpine Renault A 442 b, BMW M 1, Martini MK 22, BMW 528, Ferrari P 4, Tyrell (P 34, 008, 009), Ligier JS 11/15, Ferrari 126 (C/CK et C 2)...
Né le 26 mars 1952
Décédé le 23 août 1987
PALMARÈS : Lauréat du Volant Elf 1972, Champion Formule Renault 1974, Champion Formule Renault Europe 1975, 1er au 24 Heures du Mans 1978, 3 victoires en Grand Prix, 2ème du Championnat du monde des conducteurs 1982 …
« A 17ans, j’étais déjà passionné par la conduite d’une voiture, confiait Didier. Je voyageais très souvent avec José Dolhem et je ne perdais pas un geste de sa conduite. »
Précisons que José, pilote talentueux, était son demi-frère. Comme les deux garçons s'entendaient à merveille, Didier suivit son aîné sur les circuits et côtoya pendant son adolescence les meilleurs pilotes tels que Jim Clark. En outre, bien avant ses 18 ans, il avait parcouru des centaines de kilomètres au volant de la R 8 Gordini de José, transformé en moniteur de conduite haut de gamme.
Un pilote réfléchi
Vainqueur du volant Elf 1972, Didier fit une saison d’apprentissage dans l’équipe Trollé. L’année suivante, il monta sa propre structure et remporta le championnat. « J’ai un gros défaut, je ne fais confiance qu’à moi-même, surtout pour les choses qui me concernent », expliquait-il.
Didier était un étudiant brillant. Il appliqua son intelligence à l’apprentissage du métier de pilote. Les victoires se succédèrent. Il remporta notamment le championnat de FR Europe, une course de F 2, le GP de Monaco de F 3 1977.
« Ne prends aucune décision quant à ton avenir sans m'en avoir informé, tu recevras des propositions intéressantes pour 1978 », lui assura Jackie Stewart, proche du constructeur Ken Tyrell, le soir de sa victoire monégasque.
De fait, Didier intégra l’Écurie Tyrell. Mais en 1978, ce fut en remportant les 24 Heures du Mans au volant d’une Alpine Renault qu’il conquit le cœur du public. Charisme, bonnes manières, excellente élocution, présentation soignée, sourire ravageur, Didier possédait toutes les qualités d’une star.
Ses exploits chez Ligier en 1980 confirmèrent son potentiel. Malgré une victoire au GP de Belgique, il souhaita rejoindre une équipe plus audacieuse au plan technique. Ferrari adoptant le moteur turbo, il signa avec la Scuderia. « Depuis la saison de FRE couverte avec ma propre organisation, je ne me suis jamais senti aussi bien dans une équipe », commentait-il au moment de ses premiers essais chez Ferrari.
Vainqueur des GP d’Imola et de Hollande, Didier domina la première moitié du Championnat 1982. Hélas, le paradis se transforma en enfer. Gilles Villeneuve, qui n’avait pas supporté d’être battu par Didier en Italie, se tua aux essais du GP de Spa, furieux d’être à nouveau dominé par son équipier.
Du Paradis à l'enfer
Puis aux essais du GP d’Hockenheim, la vie de Didier bascula. Soudain, roulant à plus de 280 kilomètres heure, il rattrapa un pilote plus lent. Un nuage d'eau lui masquait Prost au ralenti (Prost a toujours eu peur sur piste mouillée). La Ferrari s'envola, puis s'écrasa en retombant sur le sol. Les jambes du pilote étaient broyées. Pourtant, coincé dans les débris, Didier Pironi trouva la force de lutter. Les médecins voulaient l'amputer sur place. Conscient malgré la douleur, il s'y opposa. Didier ne serait pas Champion du monde en 1982. Il termina 2nd du championnat - à 5 points seulement de Keke Rosberg -, quoiqu'il ait manqué les 5 derniers GP.
Didier fut soigné par le professeur Letournel dont il devint un ami. Il subit 35 interventions chirurgicales et 6 greffes osseuses. Le traitement de sa jambe droite, la plus touchée, s'échelonna sur 4 ans. En attendant de revenir en F 1, il participa aux Championnats d'Off Shore. Dans cette discipline, il pouvait piloter sans se servir de ses jambes en cours de rééducation. Début 1987, il se fit construire un bateau révolutionnaire en carbone monolithique. Il le baptisa Colibri.
Il devint très vite un des meilleurs pilotes d’Off-Shore, remporta des épreuves et visa le titre mondial. « Le Off Shore est dangereux, plus même que la F 1 », avouait Didier. Une nouvelle fois, le sort le frappa. C’était le jour de la course de Poole. Le Colibri atteignait 190 kilomètres heure sur l’eau. A une telle vitesse tout peut arriver. Quelques dizaines de mètres devant le Colibri apparurent deux vagues laissées par le sillage d'un cargo. Didier ne ralentit pas sa course. Il bondit sur la première vague, aborda la seconde, sauta en l'air, se retourna et retomba à l'envers. Didier Pironi et ses équipiers avaient perdu la vie.
. « Il avait conservé sa vision de pilote d'exception », affirme Gérard Larousse qui comptait lui faire piloter une de ses F 1 en 1988. Le sort en avait décidé autrement en invitant Dider au Paradis des pilotes aux côtés de Elio De Angelis (qui était né le même jour que lui), Jim Clark, Bruce McLaren, Patrick Depailler et tant d’autres. José Dolhem, victime d’un accident aux commandes de son avion privé, l’y rejoindrait huit mois tard.
Thierry Le Bras