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rallye - Page 21

  • LES SPECTATEURS SONT SYMPAS

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    Dans une note récente, Ludovic Rougier évoquait l’aide apportée par un spectateur à Didier Pironi le soir de l’AGACI 300 1982. Au moment de quitter le circuit, Didier s’était aperçu qu’un pneu de sa Golf GTI était à plat et qu’il n’avait pas de cric. Un spectateur, lui aussi propriétaire de Golf, avait gentiment proposé de lui changer sa roue.

     

    En course auto, les spectateurs sont sympas. Ancien pilote amateur et moi-même spectateur assidu, je l’ai constaté à de nombreuses reprises. Beaucoup de gens sont franchement très gentils, et pas seulement avec les grands pilotes que tout le monde connaît.

     

    Quelques exemples pour illustrer cette affirmation qui ne relève ni des effets d’un produit euphorisant, ni d’une naïveté soudaine. Je vous assure que je sais pousser des coups de gueule quand quelque chose ou quelqu’un me révolte dans le monde du sport auto ou ailleurs.

     

    Le premier souvenir de gentillesse dans le sport auto que je citerai remonte à 1976, le jour de la Course de côte des M d’Avranches. J’ai 21 ans, je suis encore étudiant, et je suis engagé à ma troisième course. Les deux premières ont été le slalom d’Avranches et la Course de côte de Saint-Germain sur Ille auprès de Rennes. Je cours avec une Opel Ascona 19 SR groupe 1 avec laquelle je roule au quotidien. Une vraie voiture de série. Le moteur développe 90 cv. La préparation se limite à4 amortisseurs de Carbon pistes et aux accessoires de sécurité : l’arceau, les harnais, le coupe-circuit, l’extincteur, les attache-capots. Je dispose tout de même de 4 slicks que j’amène dans le coffre les week-ends de course. Une fois arrivé, je monte moi-même les jantes équipées de slicks à la place de celles chaussées de pneus de tourisme. Je n’ai pas de plateau (de toute façon, je roule et je cours avec la même voiture) et je ne me suis pas encore organisé avec les copains qui mettront en place une superbe assistance avec des moyens plus que raisonnables les saisons suivantes.

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     J’arrive à Avranches le dimanche matin. Je n’ai pas pu venir le samedi ; je passais un écrit de droit civil qui comptait pour les examens de licence. Je gare l’auto sur un parking et je commence à changer mes roues. Un gars un peu plus jeune, 18-19 ans, engage la conversation. Personne ne me connaît. Échappement et Ouest-France n’ont encore jamais parlé de moi. Avec mon Ascona, je ne risque pas d’aller chercher les Christian Galopin, Christian Rio (Alfa 2000 GTV), Fabrice Malherbe, Didier Calmels (Triumph Dolomite), qui se battront pour la victoire de groupe avec quelques autres pilotes aguerris et bien équipés. Mon interlocuteur propose spontanément de m’aider à monter mes jantes équipées de slicks. J’accepte bien sûr. Je pars aux vérifs, puis je me présente sur la ligne de départ pour effectuer mes montées d’essais. Mon interlocuteur va se placer au haut du tracé, dans les fameux M qui font le charme du tracé, un enchaînement où les pilotes prennent de gros appuis.

     

    Nous nous reverrons à midi, puis après les montées de course, car mon nouveau copain viendra me rejoindre au terme de la course pour m’aider à remonter mes pneus de route ! Je lui offrirai un pot avant de partir, mais il tiendra à remettre sa tournée. Un gars vraiment sympa dont la gentillesse totalement désintéressée m’a fait plaisir ce jour-là.

    ***

    Un autre souvenir un brin humoristique. Trois ans plus tard, je prends le départ du rallye de Touraine. Je cours en Golf GTI depuis 1977. J’ai remporté des victoires de classe en course de côte, la voiture est bien préparée, je la tracte sur un plateau, et des copains me font l’assistance. Je pense avoir bien reconnu. Seul souci, le dimanche matin, il tombe des cordes. Mon navigateur et moi sommes un peu inquiets de ce qui nous attend. Au départ de la première spéciale, j’essaie de conduire propre. Nous voyons quelques autos dans les talus et les champs, ce qui n’incite pas aux folies. Pourtant, nous revenons sur la Kadett GTE qui est partie devant nous. Je l’ai en visuel, je suis à 100 mètres, 50 mètres… Le gars prend plus de risques. Moi aussi. Si je reviens comme ça, c’est bon signe, je vais être bien au groupe, même si je ne rêve pas de taper Clarr qui va dominer les débats. Bernard, un copain mordu de sports mécaniques que j’ai connu au service militaire l’année précédente et qui monte pour la première fois dans le baquet de droite m’annonce un 90 gauche et répète l’annonce, histoire de me rappeler qu’il est temps de freiner. C’est déjà et ça restera son truc à Bernard quand il pense qu’il faut calmer le jeu. Il répète les notes. Par exemple, « droite moyen se referme, se referme beaucoup, se referme beaucoup, beaucoup … » Mais l’excitation du pare-choc arrière de la Kadett GTE et la perspective de lui faire signe d’ici un deux virages par un appel de phares bien senti que je veux passer l’emporte sur la sagesse de mon pote dans le baquet de droite.

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    Mais voilà, sur la route que pluie et boue rendent glissante comme une patinoire, je perds l’avant au freinage. Je tire tout droit dans une entrée de champ. J’enclenche la marche arrière, j’accélère, et il ne se passe rien, si ce n’est que les roues motrices s’enfoncent dans le sol… Pas longtemps. Trois costauds arrivent en courant. Avant que nous n’ayons eu le temps de dire quoi que ce soit, ils sont devant la voiture et la poussent vers la route. Et là, je fais une bêtise. Avant d’être sorti du champ, alors qu’un autre spectateur me fait signe que la voie est libre, j’accélère, et je projette un nuage de boue sur nos sauveurs. Aucun signe de mauvaise humeur de leur part, au contraire, ils rigolent et nous font signe de foncer.

     

    Lorsque nous repasserons à ce virage de la spéciale, nous verrons que leurs cirés sont couverts de boue, mais ils nous applaudiront et nous adresseront des signes d’encouragement. Encore des gars super-sympas !

    ***

    Dernier exemple pour aujourd’hui, la Course de côte de Saint-Germain sur Ille 1980. A cette époque, il existait une tradition avant cette épreuve. De nombreux pilotes, dont moi, venaient rouler sur le tracé avec les voitures de course un soir de la semaine précédant la course. La coutume enchantait certains riverains car elle générait une belle animation. Elle excédait quelques grincheux obnubilés par le bruit et la sécurité routière. Tout se déroulait pourtant dans le souci de la sécurité optimale car les riverains du circuit faisaient la circulation, indiquant à l’entrée des virages si nous pouvions passer à l’attaque et en trajectoire ou s’il fallait ralentir à cause de voitures de tourisme arrivant en sens inverse.

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    Le soir où je suis allé tourner, une bande de jeunes de la commune est venue me voir au moment où je descendais ma voiture du plateau. Ils aimaient la compétition et ils s’y connaissaient en course de côte car le frère de l’un d’eux courait dans cette discipline sur une Simca 1000 Rallye 2 groupe 2. Je les ai amenés comme passagers chacun à leur tour durant ces essais que je qualifierai de « libres ». Puis ils ont tenu à m’offrir un pot avant que je ne reparte. Le dimanche, jour de la course, ils sont revenus me voir et je les ai sentis supporters sincères et enthousiastes. Encore un souvenir sympa qui conforte ce qu’affirme Jean-Luc Pailler, « on n’a que de bons souvenirs en course automobile » !

     Thierry Le Bras

  • LA DS NE MANQUE PAS D’HUMOUR

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    Comme toutes les grandes dames, la DS ne manque d’humour.

     

    La note précédente évoque son passé sur route et en course. Docu-fiction dont le narrateur est un garçon de 14 ans, elle incite à rappeler une blague relevant des plaisanteries de potaches. Dans les cours des collèges, combien de fois n’avons-nous pas entendu la plaisanterie qui suit ?

    Question : qu’est-ce que le comble du mécanicien ?

    Réponse : démonter une DS pour s’en faire une ID.

     

    La DS a aussi joué plus finement des rôles qui nous ont fait rire au cinéma.

     

    Dans Fantomas se déchaîne par exemple, l’ennemi public numéro 1 échappe à Fandor (Jean Marais) et au commissaire Juve ((Louis de Funès) en s’envolant dans une DS qui s’élève dans les airs après s’être transformée en avion à réaction. Magnifique hommage à l’aspect futuriste de la voiture. Dans Les aventures de Rabbi Jacob (toujours avec Louis de Funès), la DS joue la voiture bateau. Dans Le Grand restaurant (encore avec Louis de Funès), la DS donne la réplique à l’acteur comique pour réaliser de jolis gags.

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    Mais dans le registre humoristique, une des plus belles prouesses de la DS reste à mon sens une plaisanterie réussie avec la complicité d'une femme pilote - dont je ne cite pas le nom par discrétion - lors des reconnaissances d’un grand rallye. Les victimes en furent les représentants de la maréchaussée. A cette époque, au cœur des sixties, les cinémomètres n’existaient pas encore. Mais la vitesse était tout de même limitée en agglomération (60 km/h). Il arrivait parfois que les représentants de l’ordre effectuent des contrôles au moyen d’un dispositif assez simple. Ils plaçaient à un intervalle déterminé deux fils ressemblant aux fils aujourd’hui utilisés pour le comptage des véhicules. La voiture déclenchait le chronomètre en passant sur le premier puis sur le deuxième. Le temps passé pour parcourir la distance entre les deux fils permettait de déterminer sa vitesse. Mais lors des reconnaissances d’un rallye, une pilote Citroën pila sur le premier fil pour le faire sauter, puis récidiva sur le second qui subit le même sort sous les roues presque bloquées de la DS 21. La championne fut arrêtée par des gendarmes dépités de voir leur matériel de contrôle détruit. La rallywoman qui ne manquait ni de présence d’esprit ni d’assurance leur déclara qu’elle avait cru voir des serpents sur la route et que c’était pour cette raison qu’elle avait pilé. Que pouvaient faire les gendarmes, sinon la laisser repartir ? La DS 21 redémarra en trombe à l’attaque du parcours de la spéciale.

     

    NOTE MODIFIÉE LE 1er SEPTEMBRE 2014

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    LE POLAR tendance sixties à lire, l'été au soleil ou l’hiver au coin du feu !

     

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    Pedro et Ricardo Rodriguez, les frères amis du sport automobile,  devraient aussi arriver sur grand écran ! http://bit.ly/1kdnVsY

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    LE PACTE DU TRICHEUR, un autre polar automobile que j’ai écrit pour vous :http://amzn.to/1jAhsoF

    Citroën et la DS, de la route aux spéciales des plus grands rallyes http://bit.ly/1nR7R3i

    PREMIÈRE FAN, ou la face cachée de la célébrité. Confidences d’une star du sport qui a brisé le cœur de sa plus grande supportrice. L’amour, l’amour, l’amour… http://bit.ly/1rIFFzY

     

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    Thierry Le Bras

  • RALLYE DE LA BAULE : DES ÉMOIS INOUBLIABLES

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    FICTION VINTAGE POUR LES GOURMETS

     69, année érotique, chantent Serge Gainsbourg et Jane Birkin.

     

    69, âge d’or de l’automobile aussi. Nous sommes à la fin du tourbillon des sixties. Les radars n’existent pas. La vitesse est libre sur la plupart des routes. Cela m’a donné l’idée de créer des personnages de fiction qui évoluent à cette époque. Les souvenirs de Philippe Georjan, le principal héros de ce monde Vintage, se situent au cœur des sixties et s’inspirent de cette période pleine d’espoir et d’optimisme. Philippe était adolescent. Il croquait la vie à pleines dents. Ses histoires savoureuses enchanteront ceux qui se rappellent qu’avant de devenir des adultes responsables, ils furent des adolescents turbulents. Et, cerise sur le gâteau, lls les replongeront  dans leur propre adolescence, un moment unique dans la vie de chacun, des années qui font généralement naître la nostalgie lorsqu’elles sont évoquées plus tard dans l’existence.

     

    En 69 justement, Philippe se souvient d’une émotion particulière, d’un émoi inoubliable à La Baule les Pins, juste avant le rallye. Une histoire légère, avec un discret hommage à une belle époque révolue, à Gainsbourg et Birkin, à la gastronomie française, à la Porsche 911, joyau éternel de la performance automobile et à … Baudelaire.

     

    “ Nous vivions la dernière semaine de juin 1969, se souvient Philippe Georjan. Georges Pompidou venait d’être élu Président de la République. Son épouse Claude, grande amatrice d’art, roulait en Porsche et adorait la vitesse. Le sculpteur Aslan décidait d’immortaliser Brigitte Bardot comme symbole de Marianne, figure de la République. La belle chantait qu’elle n'avait besoin de personne en Harley Davidson. Elle ne reconnaissait plus personne en Harley Davidson. Elle allait à plus de cent et elle se sentait à feu et à sang. Que lui importait de mourir les cheveux dans le vent… Dieu avait créé la femme en utilisant comme outil la main de Vadim.

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     « Moi, j’allais sur mes 17 ans. Je venais de passer mon bac de français. J’avais une confiance totale en l’avenir. Je me sentais en osmose totale ave le tourbillon des sixties, la croyance que tout irait de mieux en mieux, que rien ne me résisterait, que dans quelques années je partagerais ma vie avec une créature de rêve encore plus ensorcelante que BB.

     « Je me sentais parfaitement heureux. Et pour cause, le week-end suivant, j’allais disputer le Rallye de La Baule comme navigateur de mon ami Xavier Ferrant, pilote automobile confirmé malgré son jeune âge, 24 ans. A cette époque, les pilotes couraient encore dans toutes les disciplines. Ainsi, Xavier pilotait-il à la fois en endurance, en F1, et parfois en rallye. Nous courions à La Baule pour une raison précise. Xavier pilotait pour le team UTP (Univers Travaux Publics) créé par Mathieu Daramon. UTP faisait partie des leaders européens sur le marché des TP et de la construction. Monsieur Daramon avait décroché des marchés importants à La Baule et il en visait d’autres. Aussi voulait-il mettre son entreprise en valeur en engageant une voiture qui se battrait pour la victoire. Nous nous sommes donc retrouvés au départ dans une Porsche 911. Notre mission, tout faire pour remporter la course. » 

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     Certains s’étonneront que Philippe ait pu courir avant l’âge du permis. Pourtant, cette possibilité existe en rallye pour le co-pilote. Celui-ci ne prend pas le volant. Durant la course, son rôle consiste à annoncer à son pilote les notes sur le tracé de l’épreuve spéciale. Exactement ce que fait encore aujourd’hui Daniel Elena aux côtés de Sébastien Loeb. Daniel quant à lui possède son permis depuis longtemps. Mais il suffisait à Philippe, encore mineur, d’obtenir une autorisation parentale pour demander sa licence de navigateur à la Fédération. Cela ne lui posa aucun problème particulier. D’habitude lorsqu’il courait en rallye, Xavier faisait appel à Alain, un copain habitué à ce rôle. Mais Alain, tout jeune marié, ne souhaitait pas courir à La Baule. Une défection bien compréhensible qui faisait le bonheur du jeune Philippe.

     «  Nous disposions d’une Porsche 911 orange aux ailes magnifiquement galbées, raconte Philippe. C’était une voiture envoûtante. Sanglé dans le siège baquet du co-pilote, je sentais la fièvre monter en moi quand Xavier faisait rugir les chevaux sauvages du Flat 6 Porsche. Les dérobades du train arrière me plongeaient dans une extase totale. Quelques années plus tard, Jacques Henry, un Champion de France des rallyes, déclara qu’il ne connaissait qu’une sensation aussi forte que celle que procure une voiture de course, l’orgasme. Sans le formuler, j’ai ressenti cette impression magique au Rallye de La Baule cette année-là. »

     

    Le rallye se disputait le samedi et le dimanche. Mais Xavier et Philippe arrivèrent à La Baule le dimanche précédent en fin d’après-midi. Ils auraient le temps de reconnaître les spéciales et de profiter de la vie bauloise. En outre, monsieur Daramon organisait plusieurs manifestations pour la promotion de son entreprise, notamment un cocktail avec présentation de la voiture dans un restaurant installé sur le Remblais le mercredi soir et un dîner à l’attention de ses partenaires le jeudi. Naturellement, Xavier et Philippe assistaient à ces mondanités. Leur présence faisait partie de leurs obligations vis à vis du Team UTP. Ils y satisfaisaient bien volontiers tant  le couple Daramon se montrait charmant à leur égard.

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     Mathieu Daramon veillait d’ailleurs tout particulièrement au bien être de son équipage. Au même titre que le couple Daramon, le pilote et son navigateur bénéficiaient d’un hébergement avec vue sur l’océan à l’hôtel L’Hermitage. C’était une grande bâtisse blanche d’architecture anglo-normande, édifiée face à la mer. Xavier et Philippe dînaient chaque soir au restaurant avec leurs hôtes et se faisaient inviter à choisir les meilleurs mets, A la fin des sixties, la préparation physique des pilotes comportait moins de contraintes qu’aujourd’hui.

     « Le midi, nous nous contentions de sandwichs entre deux passages dans les spéciales à reconnaître, précise Philippe. Le soir, nous ne pensions pas à la diététique. Nous nous contentions d’éviter des plats qui nous seraient restés sur l’estomac le lendemain. A nos yeux, La Baule symbolisait la douceur de vivre. Alors, comment résister à la fraicheur d’huitres plates qui nous plongeaient dans la subtilité des saveurs océanes, à un homard dont la chair ferme se mariait avec volupté à une sauce armoricaine aux parfums emprunts de perfection, à un filet de bœuf si tendre qu’il fondait sur langue, à un soufflé au Grand Marnier dont la simple présence sur la carte des desserts attisait toutes les convoitises ?.La cuisine de qualité et la course automobile possèdent en commun la faculté d’exciter les sens. Pendant le rallye, nous dévorerions sauvagement tous nos adversaires grâce à notre recette mijotée avec des ingrédients de premier choix, le talent de pilote de Xavier et notre préparation minutieuse. Avant le goût de la victoire, nous dégustions en fins gourmets les performances du chef de L’Hermitage dans la convivialité qu’inspire traditionnellement la gastronomie.

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      « J’avais l’impression de flotter en plein rêve, poursuit Philippe. Mon seul regret était que mon cousin Laurent, parti quelques jours en croisière avec son père, ne puisse pas voir ça. Laurent  avait mon âge et nous étions comme des frères jumeaux. Je ne manquerais pas de lui raconter ma semaine de préparation du rallye dans les moindres détails ! »

     Philippe marque une pause. Ses yeux marron semblent se perdre dans la contemplation d’un horizon lointain. Puis il reprend la parole. « Le mardi en soirée, l’apparition d’un soleil confirma l’influence paradisiaque qui régnait sur ces jours magiques. Attablés à la terrasse d’un café de l’avenue du Général de Gaulle, Xavier et moi dégustions des oranges pressées agrémentées par un nuage de sucre et une glace pilée rafraichissante avant de rejoindre les Daramon pour le dîner. Soudain, la femme apparut dans mon champ de vision. Blonde à la peau bronzée et satinée, le regard mystérieux masqué par des lunettes noires, des jambes découvertes par une jupe blanche très courte, un chemisier assorti dont le décolleté découvrait juste les formes nécessaires à l’excitation de l’imagination, la perfection absolue de la création. Son sourire mutin accéléra encore mon rythme cardiaque. Une seconde plus tard, elle s’était évanouie, comme un mirage. »

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     Un poème de Baudelaire me revint en mémoire. A une passante, extrait des Fleurs du mal…

    La rue assourdissante autour de moi hurlait.

    Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

    Une femme passa, d'une main fastueuse

    Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

     

    Agile et noble, avec sa jambe de statue.

    Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

    Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,

    La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

     

    Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté

    Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

    Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

     

    Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !

    Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

    Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais

     

    « Ce poème, je l’avais commenté en cours de français au mois d’avril précédent, se souvient Philippe. J’avais reçu une excellente note, 17. Mais si j’avais  recommencé mon commentaire à cet instant précis, j’aurais décroché un 20/20 tant mon émoi rejoignait celui du poète. Une anecdote me revint. Karine, une copine de classe, m’avait demandé si Baudelaire se trouvait bien à la terrasse d’un café au moment de la scène. Je lui avais répondu par une boutade. Oui, bien sûr, il te dit qu’il buvait. Donc il était dans un café. C’était une blague. Ce que buvait Baudelaire, c’était la douceur qui fascine et le plaisir qui tue. A ce moment-là, j’imaginais plutôt Charles Baudelaire déambulant sur un trottoir, pris dans un flot de marcheurs parisiens stressés qui l’emportaient loin de la beauté fatale. J’avais tort. Karine voyait juste. Charles Baudelaire se trouvait forcément à la terrasse d’un café, comme moi, lorsqu’il vit cette femme sublime. Ma passante était différente de la sienne. Elle reflétait le bonheur, la plénitude, pas la douleur du deuil. Je ne l’oublierai jamais. Je sais que rien n’était possible entre nous. Je n’avais pas encore 17 ans. Elle avait au moins deux fois 17 ans. Mais qu’importe… »

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    Cinq minutes plus tard, nous remontâmes dans la Porsche 911 de série que nous utilisions pour les reconnaissances du rallye afin de regagner l’hôtel. A la radio, Serge Gainsbourg et Jane Birkin chantaient :

     

    Gainsbourg et son Gainsborough

    Ont pris le ferry-boat

     

    De leur lit par le hublot

    Ils regardent la côte

     

    Ils s'aiment et la traversée

    Durera toute une année

     

    Ils vaincront les maléfices

    Jusqu'en soixante-dix

     

    Soixant'neuf année érotique

     

    Soixant'neuf année érotique…

     

    « Ma femme va me manquer tout à l’heure », plaisanta Xavier. 

     

    « Mon copain pilote  partageait la vie d’une speakerine de l’ORTF, se rappelle Philippe. Cette soirée était décidément celle des émois… »

     

    NOTE MODIFIÉE LE 22 SEPTEMBRE 2014

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    Philippe et Xavier sont désormais deux des personnages principaux de   VENGEANCE GLACÉE AU COULIS DE SIXTIES, LE polar vintage, gourmand automobile et humoristique. Plus de précisions et possibilité de lire gratuitement les premières pages en cliquant ICI  http://bit.ly/1zmPqE6

     

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    Thierry Le Bras