« Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,
la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, arrive dans les librairies. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. Mais en attendant de découvrir ce roman, les personnages de fiction de l’univers de David Sarel vont évoquer sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.
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- 1968, ce fut l’année des événements, raconte Éric Trélor, le parrain de David. J’allais sur mes 14 ans au printemps. Nous entendions parler de révolution, de grèves générales. Beaucoup se demandaient ce qui allait passer. Mon grand-père Victor qui était né avec le siècle ne s’inquiétait pas. 1968 restera une révolution culturelle, prédisait-il. Elle est nécessaire pour faire reculer tous les tabous autour du sexe et d’un minimum de liberté dans information. Rien à voir avec 36, tu peux me croire. 36, c’était un mouvement ouvrier, bien différent de ce qui se passe aujourd’hui.
« Il faut dire que grand-père Victor avait fait sa révolution personnelle depuis longtemps. Cela faisait 15 ans qu’il avait quitté ma grand-mère, une enquiquineuse un rien grenouille de bénitier toujours en train de se plaindre pour partager la vie de Régine, une belle jeune femme commerçante à Lorient qui pratiquait la course automobile. Moi, j’aimais beaucoup Régine. A celles dans la famille qui prétendaient qu’elle n’était avec Victor que pour l’argent, je répondais qu’elle le rendait heureux et que c’était le principal.
« Mais si 1968 ne devait pas aboutir à transformer notre pays en site d’expérimentation du maoïsme revisité par les occidentaux, le printemps agité provoqua tout de même un certain nombre de perturbations, notamment dans le domaine sportif. A titre d’exemple, les grèves provoquèrent des retards dans la préparation du Pen Duick IV d’Éric Tabarly. Le marin français espérait remporter la Transat anglaise à la barre du premier trimaran conçu par ses soins. Ce bateau représentait une révolution à l’époque où les autres voiliers de course étaient tous des monocoques. Les Anglais surnommaient Pen Duick IV le court de tennis flottant. Ils avaient tort de ricaner. L’avenir le prouverait. Mais en 1968, Pen Duick IV n’était pas au point. La faute aux événements ! Éric Tabarly dut renoncer à traverser l’Atlantique et revenir au port.
« Autre rendez-vous perturbé par les grèves, les 24 Heures du Mans ! Prévues initialement le week-end des 15 et 16 juin, elles furent décalées au mois de septembre. Une grande première dans l’histoire de l’épreuve.
« Comme d’habitude, je passais l’été avec mon grand-père Victor. Au mois de juillet, il installa sa caravane à Larmor Plage, une vieille habitude que j’approuvais tout à fait. Et comme d’habitude, Freddy (1) et moi plantâmes notre tente canadienne à quelques mètres de la caravane. Le 5 juillet, grand-père Victor nous amena dîner au restaurant et nous annonça une grande nouvelle à l’apéritif. Il nous amenait aux 24 Heures du Mans ! En juin, cela n’aurait pas été possible, car Freddy passait son BEPC. L’année suivante, c’était foutu aussi car ce serait à mon tour de plancher devant les examinateurs. Il fallait donc profiter du décalage exceptionnel de l’épreuve pour aller admirer les bolides. Nous étions fou de joie. Tout le monde trinqua avec enthousiasme. Bon, Freddy et moi, nous nous contentâmes de Schweppes en guise d’apéro tandis que grand-père Victor dégustait son whisky 12 ans d’âge et que Régine savourait un Porto. Mais qu’importe, c’était la fête !
(1) Freddy Vivien, futur pilote de Formule 1 et créateur des Automobiles Vivia et du team éponyme est un ami d’enfance d’Éric Trélor.
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A SUIVRE…