et les frissons d’effroi de David
David est le personnage principal du PACTE DU TRICHEUR, mon prochain polar à venir dans quelques jours. Pour vous faire mieux connaître sa vie à l’époque de son adolescence, j’ai le plaisir de vous offrir un feuilleton qui le met en scène dans le même univers que le roman, celui du rallye et des superstitions qui rôdent auteur des pilotes… A la fin de chaque épisode, vous trouverez un vrai souvenir de rallye illustré par une photo. Ainsi, ceux qui ne se passionnent pas encore pour les fictions automobiles trouveront-ils un fait réel qui assurera leur curiosité pour la note à venir !
Dans l’épisode précédent (http://bit.ly/1h3Cm0D), nous avions laissé le Coupé Vivia 2.0 Turbo de David et d’Éric en route vers la deuxième épreuve spéciale (ES) du Rallye des Monts d’Arrée. Michel, l’ingénieur de l’équipe, se chargeait du mini cercueil roulant balancé dans le bolide par une crapule. David était convaincu que l’attentat émanait de sa marâtre, une mégère surnommée la morue à qui le costume de sorcière d’Halloween allait comme un gant. Le jeune copilote entrevoyait une vengeance implacable. Au sortir de cette ES, David et Éric retrouvèrent leurs amis au point d’assistance. Ils avaient réalisé un très bon temps, ce qui contribuait à leur remonter le moral. Ils disposaient maintenant d’une heure de battement avant l’épreuve chronométrée suivante. Autant dire le temps de préparer un Joyeux Halloween à la morue…
- Ne vous inquiétez pas pour le cercueil roulant, déclara Michel avant d’ouvrir le capot de la Vivia et de vérifier les niveaux. Je l’ai neutralisé. En rentrant, je le donnerai à ma mère qui anéantira ses pouvoirs pour toujours.
A Avranches où elle résidait, les talents de spécialiste du paranormal de la maman de Michel étaient connus. Longtemps, les légendes, recommandations et superstitions colportées par l’ingénieur des voitures d’Éric avaient plutôt irrité le Clan Vivia. Mais depuis le Rallye des Volcans d’Auvergne, personne ne le contrariait plus à ce sujet…
- Comment vous y prenez-vous, ta mère et toi ? demanda Nick.
- Pour l’instant, j’ai enfermé l’objet dans une boite de sel marin. Le sel l’isole et coupe toute possibilité de diffusion des ondes maléfiques. Plus de risque qu’il serve de relais à des personnes malintentionnées. Il est comme une radio sans piles, impuissant. Dès lundi, je le confierai à ma mère. Elle le plongera pendant 21 jours dans un bocal d’eau bénite. Elle le sortira après la 21ème nuit et elle l’enduira de bave de Dogue de Bordeaux. Après, elle l’enfermera 10 jours dans une boite en fer blanc contenant quelques poils du même chien. A la fin du processus, l’objet sera inoffensif. Il est probable que les personnes qui lui ont communiqué le mal tombent malades. Elles éprouveront des sensations de brûlures et de morsures. Elles n’avaient qu’à ne pas pactiser avec le Diable… Comme l’antidote est conçu pour servir les forces du bien, les troubles des lanceurs de sort s’arrêteront à la fin du désenvoûtement de l’objet.
David et Nick sourirent. Ils connaissaient les pouvoirs du Dogue de Bordeaux. Imaginer la morue et la Sorbet en proie à des souffrances pendant un mois ne leur faisait pas de peine. Juste punition de leur méchanceté…
- Une question réglée, se réjouit Nick. Passons au chapitre suivant maintenant. Charles et Boris attendent ton appel, David. Ils sont ensemble chez Colin. Ils ont prévu d’aller à une fête ce soir, mais pas de problème. Ils modifieront leurs projets si tu as besoin d’eux. Explique ton plan de bataille.
Bien que Colin n’ait pas été prévu au projet initial, sa présence ne contrariait pas David. Un bon gars, solide, qui faisait partie des amis sûrs. Comme Nick et lui, Charles, Boris et Colin avaient intégré Le Pacte, un club très fermé inspiré des sociétés secrètes. Les membres juraient qu’ils resteraient amis jusqu’à la mort, qu’ils se soutiendraient les uns les autres quoiqu’il arrive et ne se trahiraient jamais. Si une femme ou des intérêts financiers risquaient de les séparer, ils s’engageaient à régler leur différend dans l’honneur, à renoncer à toute hostilité personnelle et à préserver leur amitié en priorité. Ils se considéraient comme des gens de qualité et ne doutaient pas qu’ils resteraient fidèles serment concrétisé par leur signature sous la charte. Chaque membre scellait son engagement en y ajoutant une goutte de son sang. Depuis la rentrée de septembre, Le Pacte avait choisi le Dogue de Bordeaux comme emblème. Fort, courageux, d’une loyauté totale vis-à-vis de ses maîtres, ce chien incarnait les valeurs auxquelles adhéraient les membres du Pacte. David et Nick ne s’étonnaient pas que la mère de Michel utilise de la bave et des poils de Dogue de Bordeaux dans ses désenvoûtements d’objets maléfiques.
- Mon idée, c’est de monter un gros bateau à la morue en utilisant sa pire frayeur, exposa David. Elle a une phobie. C’est le mot pendule prononcé par Nick tout à l’heure qui me l’a rappelée.
- Tu comptes noyer le poisson en eau trouble avec un pendule ? s’étonna Ronnie.
- Nan, je compte la prendre au piège du pendule de sa copine Valentine Sorbet.
Éric et Nick, qui connaissaient tout ou presque de la vie de David, commençaient à comprendre. Le jeune homme continua sa démonstration à l’intention des autres qui ne disposaient pas de tous les éléments.
- Voilà mon idée, poursuivit David. Avec son pendule, la Sorbet est convaincue qu’elle trouve à chaque fois le nombre d’enfants qu’un homme ou une femme aura dans sa vie.
- Tu ne t’éloignes pas un peu du sujet ? coupa Dominique, sceptique.
- Pas du tout. Pour la Sorbet, les fruits de la passion, enfin du sexe, doivent générer deux enfants pour la morue et quatre pour mon père. Or, la morue a déjà mis bas deux petits gorets, une fille, Lucrèce, et un gars, George. Mon père a un enfant officiel avant son mariage avec elle, moi… Ça ne fait pas le compte.
- Tu ne crois pas qu’elle est givrée, cette Sorbet ? questionna Ronnie.
- On s’en fout, répliqua David. L’important n’est pas que les recettes de Sorbet soient bonnes ou pas, mais que la peur fonde comme l’éclair sur la morue et qu’elle se voie chocolat.
- Je ne te suis pas, avoua Ronnie. Il manque un enfant, bon d’accord. Peut-être que ton père et cette pintade en feront un autre ou qu’il en a fait un autre ailleurs.
- Si elle t’entendait, tu jetterais un froid, Ronnie, rigola David. C’est bien là le problème. La morue ne veut pas d’autre gnard. Elle est donc persuadée que mon père a fait ou va faire deux mômes ailleurs.
- Pas deux, un, corrigea Dominique.
- Non, deux, confirma Éric. Lucrèce n’est pas de Grégoire. Il l’a reconnue et il l’adore parce que c’est une vraie petite morue miniature tellement elle ressemble à sa môman, mais le père biologique, c’est le cousin de Soizick Pierret, Un secret de Polichinelle qui empoisonne sûrement la vie de Grégoire, d’ailleurs.
- Son cousin ? Le père de la vermine que j’ai corrigée ? s’enquit Ronnie.
- Mouais, celui-là même, soupira David. Dans cette bande de rats, on vénère les trahisons et les tromperies. La morue entendait que son premier enfant soit d’un homme qu’elle aime bien, ce qui excluait naturellement mon père. Le second, George, c’est juste une assurance, un moyen de tenir son homme ou de le faire cracher au bassinet s’il la quitte.
Dominique revint à la charge.
- Bon, d’accord, mais en quoi le nombre d’enfants que ton père a faits ou va faire ailleurs met-il la morue sur le grill ce soir ?
Éric entreprit d’expliquer les conséquences juridiques et financières de l’existence actuelle ou future d’autres enfants de Grégoire.
- Soizick Pierret n’est avec Grégoire que par intérêt. Qu’il ait déjà un fils, David, de sa première union, la rend complètement dingue. Grégoire a beau faire glisser peu à peu son patrimoine sur elle, David restera toujours un des héritiers de ce que son père aura conservé. Une idée que Pierret ne tolère pas.
- Elle compte que je meure avant mon père, ricana David. Quitte à franchir la ligne blanche et à donner un coup de pouce au destin. Un pépin provoqué pendant un rallye, ce serait l’idéal…
- Mais outre David, enchaîna Éric, sa copine Sorbet voit Grégoire père de deux enfants en plus de celui qu’elle a fait à Grégoire. Soit ils sont déjà conçus sans qu’elle puisse rien faire pour les supprimer parce qu’elle ne les connaît pas, soit Grégoire va les concevoir avec une autre femme, soit les deux solutions se cumulent, un enfant déjà existant et un autre à venir… Une menace qui torture son esprit cupide.
- Et c’est la faille du plan d’Halloween conçu par la morue, conclut David. Je vais faire appeler sa copine Sorbet par quelqu’un qui lui demandera son aide afin de retrouver son père. Beaucoup de gens savent que Sorbet trouve le nombre d’enfants qu’auront les gens avec son pendule, y compris à son boulot. C’est plausible qu’elle soit appelée en consultation dans une histoire de famille. L’interlocuteur va fournir quelques détails qui la conduiront à penser que le papa, c’est probablement Grégoire. Il va la supplier de le localiser avec son pendule. Elle va refuser, c’est sûr. De toute façon, elle ne croit pas forcément pouvoir le faire. L’important, c’est que Sorbet prévienne la morue, que ça lui glace le sang, qu’elle perde tous ses moyens, qu’elle soit trop effrayée pour poursuivre l’exécution de son mauvais sort, qu’elle nous foute la paix.
- Et en pratique, tu comptes faire comment ? interrogea Ronnie. On peut t’aider ?
- Peut-être, mais tu as déjà fait ta part de boulot en pétant la gueule au livreur de cercueil. Mon idée, c’est de faire intervenir des copains, Charles, Boris et éventuellement Colin. Le premier surveillera la maison du cousin. Ses fils habitent chez lui, tout près de Betton. Il verra si l’un d’eux revient meurtri de son expédition ici. Charles possède une moto. Il peut se rendre sur place et ne manque pas de répondant en cas de mauvaise surprise. Quant à Boris, c’est un petit malin, un vrai comédien quand il veut. Il adore les bobards. Il serait capable d’assurer un one-man-show. Il jouera à la perfection le rôle du jeune en manque d’affection qui veut à tout prix retrouver son père. Colin les aidera.
- A condition de réussir à contacter la Sorbet givrée dès cet après-midi, tempéra Ronnie.
- Aucun problème. Sorbet et sa sœur passent tous les week-ends chez la morue et mon père à Betton. Sorbet part invariablement de chez elle à 18 heures 30 le samedi. L’après-midi, elle prépare sa contribution aux agapes. Velouté de citrouilles d’Halloween, potage de crabe sorti du panier, purée de cœurs d’artichauts sauce moutarde venue d’ailleurs, rondelles d’andouille aux lardons, moules à la crème d’oseille, pintades sur canapé, poules aux pots de vins, pigeons rôtis à petit feu, faisans aux copeaux de truffe, brochettes de dindes carottées à la farce de dindon, canards au sang chaud, tartes à la poire, petits choux à l’amande salée… J’ai goûté certaines de ses recettes. Elles ensorcellent les papilles, il faut l’admettre. Je me suis toujours appliqué à ne pas montrer une miette de contentement et à refuser systématiquement une seconde part, mais mon estomac réprouvait mon entêtement.
- La tactique me plait bien, approuva Charles lorsque David la lui exposa au téléphone. Nous allons utiliser l’attaque de la morue pour la noyer dans son filet.
Charles ne manquait ni de courage ni d’intelligence. Au lycée, tout le monde le considérait comme le plus costaud des élèves de Terminale. Pas seulement parce qu’il était bien bâti et en bonne condition physique. Au bras de fer par exemple, Colin le mettait en difficulté et gagnait souvent. Adepte de moto-cross et d’haltérophile, Colin était régulièrement sollicité par des entraîneurs de football américain et de rugby. Mais quand il simulait un combat avec Charles à la plage, il se trouvait presque toujours en mauvaise posture en dépit de sa force légèrement supérieure. Colin se jetait sur son adversaire avec l’impulsivité d’une Husqvarna bondissant sur une bosse.
Trop impulsif, imprudent dans ses attaques, trop généreux dans la gestion de l’effort, il se faisait généralement projeter en déséquilibre avant de terminer l’affrontement plaqué au sol ou avec un membre tordu jusqu’à ce qu’il admette sa défaite. Charles était ceinture noire de judo et participait à des tournois. Il utilisait avec sang-froid la base de cet art martial, retourner la force de l’adversaire contre lui. La méthode fonctionnait parfaitement contre Colin comme contre n’importe quel adversaire non converti à cette technique. Charles se réjouissait de protéger un ami en appliquant une stratégie calquée sur la philosophie du judo.
- Tu es d’accord pour jouer le rôle que j’ai imaginé pour toi ? demanda ensuite David à Boris.
- Bien sûr, assura le jeune homme. Je vais bien me marrer, mettre la Sorbet en boite, et faire souffler un vent de panique sur le sabbat des sorcières. Après mon appel, Sorbet fondra en larmes et elle sera bonne à ramasser à la petite cuiller. Cette affaire me concerne directement. J’ai signé le serment du Pacte le même jour que toi. En plus, les deux diablesses m’ont atteint quand elles ont pratiqué le Vaudou contre moi avec mes cheveux prélevés dans ton casque.
- Merci les gars, se réjouit David. La sorcellerie n’est ni une science exacte, ni un art facile à maîtriser. La morue sait qu’elle n’est pas une pro et que jouer avec les forces obscures comporte des risques. Elle va prendre l’existence d’un nouveau fils de Grégoire sur le point de trouver son père comme un retournement contre elle du sortilège qu’elle a lancé. Elle n’a pas d’autre solution que de tout arrêter sur le champ.
- Concentre-toi à fond sur ton rallye, encouragea Charles. Nous, nous allons mettre les pieds dans le plat et faire mijoter les sorcières dans leur chaudron.
A SUIVRE… Retournement de situation dans la seconde partie de l’épilogue (cette fois, ce sera la fin de l’histoire).
Mais en attendant la suite de ce feuilleton, une véritable histoire de rallye…
DINARD, ÉTÉ 73 : un souvenir dans le monde du Rallye
Cette année-là, le Grand National Tour Auto s’élançait de Dinard.
Les Coupés BMW 30 SI (ici celle de Gourin et Cantet sur le podium de présentation à Dinard) étaient six au départ de l’épreuve. Autant dire qu’elles se présentaient en force dans la catégorie des voitures de 2001 à 3000 cm3 du groupe 1. Cette BMW allait suivre une carrière parallèle à celle de l’Opel Commodore GSE jusqu’aux années 1976 et 1977. En groupe 1 et en production, elles s’affirmeraient toutes les deux redoutables en circuit comme en côte. En rallye aussi d’ailleurs, surtout la Commodore. Puis la BMW 530 IUS, la Capri 3000, les Triumph Dolomite, Ford Escort 2000 RS et Opel Kadett GTE les pousseraient vers la retraite sportive. Qu’importe, elles avaient connu la gloire sportive et construit de superbes palmarès. Aujourd’hui, certaines reviennent sur les lieux de leurs exploits passés à l’occasion d’épreuves de VHC, et c’est tant mieux !
NOTE MODIFIÉE LE 24 OCTOBRE 2014
LE PACTE DU TRICHEUR, qui se passe quelques semaines pendant le Rallye des Volcans, quelques semaines avant LE CERCUEIL ROULANT D’HALLOWEEN, est disponible. David en est le héros. Téléchargez le ICI au prix de 0,98 € : http://amzn.to/1jAhsoF
QUELQUES LIENS A SUIVRE
LE CERCUEIL ROULANT D’HALLOWEEN, les premiers épisodes :
Episode 1 - http://bit.ly/1gymC5i
Episode 2 - http://bit.ly/1blNzlY
Episode 3 - http://bit.ly/1h3Cm0D
David, héros de polars http://0z.fr/PB0ED
GARE A LA MAIN DU DIABLE : quand Satan attaque un skipper, polar jeunesse teinté de fantastique disponible en e-pub, Kindle, papier http://0z.fr/fRC-J
Le site officiel de Yoann Bonato, auteur de la préface du PACTE DU TRICHEUR, mon prochain polar dont David est le héros : http://www.yoann-bonato.com/
Retour sur les victoires de Yoann Bonato en Opel Adam Cuo au Rallye du Rouergue et à celui du Mont-Blanc Morzine : http://bit.ly/14qpj2J et http://bit.ly/1gmaGOS
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Thierry Le Bras