Christian Dzierzbicki à Hébecrevon en 1981
Les Rallye 2 et Rallye 3 furent les reines de leur classe de cylindrée
Dans les années 70, les voitures du groupe 1 étaient des modèles produits à au moins 5.000 exemplaires en 12 mois consécutifs que leurs constructeurs faisaient homologuer pour la compétition. La catégorie groupe 1 s’appelait aussi « Tourisme de série » parce que les voitures étaient supposées ne recevoir que des améliorations minimes. A l’origine, un pilote devait pouvoir venir à une course au volant de sa voiture, disputer l’épreuve, repartir chez lui le dimanche soir et reprendre la même auto pour aller au travail le lundi matin. Ces voitures étant réputées civilisées, il était même envisageable que le pilote prête à sa femme l’auto avec laquelle il s’était arraché le dimanche afin de claquer un chrono.
La R8 Gordini symbolisa la voiture abordable, sportive,
utilisable à la ville comme aux courses
Et oui, dans la philosophie originelle de la catégorie « Tourisme de série », la même auto devait servir à courir, à aller travailler et à promener la petite famille.
Imaginez la fierté d’un fils que papa amenait à l’école dans un Coupé Alfa Roméo Bertone avec le numéro sur les portières et la pub de la petite entreprise de construction du meilleur pote d’enfance dudit papa sur le capot et sur le toit. Un vieux copain naturellement mobilisé comme navigateur les week-ends de rallyes et comme chef de l’assistance les jours de courses de côtes ou d’épreuves en circuit. Tant pis s’il n’était pas mécano. Point n’était besoin d’avoir un diplôme de mécanique pour faire les niveaux et la pression des pneus. Sur les « groupe 1 », les interventions mécaniques sur site étaient limitées. Un bon resto le samedi soir complétait dignement le programme du week-end de course, un vrai week-end de fête. Pour l’hébergement, un petit hôtel ou la tente montée dans le parc fermé faisaient l’affaire.
Notre petite équipe au Mont Dore 1977. Je tractais la Golf GTI
avec une Opel Ascona SR. Plus tard, j’ai fait l’acquisition d’une 504 diesel,
une des voitures tractrices les plus répandues avec les DS (auxquelles succédèrent
les CX), les R16 (puis R20), quelques Mercedes, BMW, Opel Commodore, Ford Granada, sans oublier les fourgons J7 et J9
Une voiture strictement de série se révèle dangereuse à la limite. Des amortisseurs plus fermes la rendent plus saine. La sécurité impose aussi un arceau qui protège l’habitacle en cas de tonneaux, un coupe-circuit susceptible d’être actionné par les secours de l’extérieur de la voiture, des harnais qui maintiennent le pilote et son copilote (en rallye) collés au siège si une sortie de route survient, et un extincteur solidement fixé à l’intérieur de la voiture.
L’Opel Commodore GSE fut une des reines du groupe 1.
Ici celle que Jacky Ravenel pilota en 1974 et 1975 (la première photo)
avant de la vendre à Fabrice Malherbe qui la céda lui-même à Jacques Gil en 1977
(la 2ème photo). Jacky Ravenel faisait de la côte, du rallye et du circuit.
Les deux pilotes suivants de la voiture couraient régulièrement aussi.
Autant dire que cette Commodore, qui ramena beaucoup de coupes
à la maison, mérita amplement sa retraite sportive.
Les voitures du groupe 1 évoluèrent et ne restèrent pas longtemps propres à un usage quotidien entre les courses. L’homologation de ponts courts, de boites montagnes (1ère et 2nde longues, rapports suivants courts), d’échappements libres, de combinés ressors-amortisseurs spécifiques aux différentes catégories d’épreuves, firent qu’il fallut bientôt les amener sur plateau et les cantonner à un usage en compétition. Sans compter la généralisation des pneus slicks, ni la préparation de plus en plus poussée des moteurs. Rééquilibrage du bas moteur, travail sur la culasse, arbres à cames spéciaux, autant de pièces et de travaux qui firent le bonheur des préparateurs (certains gagnèrent très bien leur vie), mais pas toujours des pilotes.
Imaginez le plaisir de rouler au quotidien avec une telle voiture.
De quoi faire un détour de 100 bornes
en attaquant comme un malade sur les petites routes
avant de rentrer chez soi le soir
Fini le plaisir de rouler au quotidien avec son bolide. Dans un sens, l’autophobie hystérique des pouvoirs publics n’encourageait pas la conduite sportive, direz-vous… Une 504 Diesel permettait moins de fantaisies qu’une Opel Ascona SR ; j’en ai fait l’expérience. En 1978, j’ai pris 3 semaines de retrait de permis à cause d’une radar trop bien caché avec l’Ascona que j’utilisais pour rouler tous les jours et pour tracter ma Golf GTI groupe 1. En 1980 avec la 504 GLD, je suis aussi tombé sur un radar hypocrite et sournois. Ça ne m’a coûté que 5 jours de retrait…
Mais en 1973, mon père a affolé un radar à 200 au compteur dans une descente avec son Alfa 2000 GTV Bertone et il s’en est tiré sans problème. Pourquoi ? Tout simplement parce que le cinémomètre ne fonctionnait pas au-dessus de 150 km/h et qu’à défaut de fournir une vitesse précise, les condés étaient contraints de le laisser repartir ! C’était le bon temps, non ?
Les Ford Mustang firent partie des reines du groupe 1
avant de trouver plus musclées qu’elles, les Camaro, Hemicuda,
Barracuda, puis plus explosives, les Commodore…
Outre le plaisir de piloter sa voiture de course au quotidien, la préparation de plus en plus affutée des voitures du groupe 1 s’accompagna d’un autre problème, l’augmentation exponentielle du budget des pilotes. Il fallut ajouter au coût de la préparation une seconde voiture assez puissante pour tracter et un plateau.
La Golf GTI, un bon compromis compétitif sur tous les terrains
mais que l’homologation de la boite 5 et de l’autobloquant rendirent
aussi plus chère à préparer.
1978 marqua une étape significative dans l’évolution des voitures de tourisme de série. La fiche d’homologation très fournie de la Ford Escort 2000 RS en fit la reine de la course de côte. Parallèlement, la Kadett GTE 2 litres prit l’avantage en rallye. Bientôt, la Ford Capri 3 litres imposerait sa loi en circuit (en championnat fédéral, car le championnat de France acceptait des voitures à mi-chemin entre le groupe 1 et le groupe 2 et n’était plus accessible aux purs amateurs). Une nouvelle ère du sport automobile se profilait. Les courses de côtes ne tarderaient pas à décliner et d’autres formules plus adaptées au contexte sportif et réglementaire se développeraient, notamment le Rallycross.
J’avoue bien volontiers éprouver une certaine nostalgie des voitures du groupe 1. Je mettrai en ligne d’autres images d’époque, des Autobianchi Abarth, des Simca 1000 Rallye 2, des Ford Escort 2000 RS, des Triumph Dolomite, des Opel Kadett GTE, d’autres Golf GTI, des Ford Capri, des Chrysler Hemicuda…
Je vous invite aussi à cliquer sur le lien qui suit. Vous trouverez sur CONFIDENTIEL PADDOCKS une petite fiction retraçant un épisode de la vie d’un pilote amateur attachant des années 70 (avec quelques anecdotes de reconnaissances sauvages trouvant leur origine dans des faits authentiques et fort heureusement prescrits), illustrée par une trentaine de photos d’époque toutes différentes de celles présentées dans cette note. BMW 2002, Simca 1200 S, Alfa 2000 GTV, Opel Commodore, Triumph Dolomite et autres modèles au programme :
Texte et photos (sauf celle de l’équipe au Mont-Dore 1977 où j’apparais au premier plan à droite) :
Thierry Le Bras
Commentaires
Oui, comme vous le mentionnez, l’évolution du groupe 1 a fait plus le bonheur des préparateurs que des pilotes.
Un exemple rattaché à un modèle que vous aimez visiblement beaucoup et que j’apprécie aussi, l’Opel Ascona groupe 1. Au début de l’année, vous nous avez raconté que vous avez commencé la course avec une 19 SR que vous utilisiez tous les jours et sur laquelle, à part l’arceau, le coupe-circuit et les slicks, vous n’aviez fait installer que 4 amortisseurs piste. Zéro préparation moteur. Vous aves aussi parlé de votre Golf groupe 1 1977 avec laquelle vous remportiez des victoires de classe et dont le coût de la préparation était de 12.00 Francs.
Voici un lien vers une préparation d’Ascona full G1 Irmscher en 1980 qui illustre votre regret du renchérissement complètement déraisonnable du groupe 1 :
http://9999.alloforum.com/opel-ascona-t4054-1.html
Coût du moteur Irmscher : 83.000 F.
Prix des autres pièces (boite, arceau, pont, ressors, amortisseurs etc …) : 80.000 F
Coût de la main d’œuvre : 70.000 F
Auxquels il faut ajouter le prix d’une Ascona I 2000 de base, bien sûr.
Autrement dit, aïe et re-aïe. Nous sommes loin d’une voiture de tourisme de série. Avec celle-là, pas question d'amener le fiston à l'école et gare à la scène de ménage si madame trouve les factures du préparateur ou le relevé de banque. Ce qui explique que beaucoup de pilotes ont rangé leurs caques et que d’autres ont renoncé à réaliser leur rêve de piloter. Trop loin du monde où votre personnage Ronnie dans le lien vers Confidentiel Paddocks dans la note monte sa voiture à l’atelier pour 15.000 F tout compris plus son huile de coude et celle des bons copains. Maudites fiches d’homologation.
Amicalement,
Sylvain
Sylvain, Bonjour,
C’est marrant l’exemple que vous prenez, parce que justement, j’ai pensé à une Ascona I 2000 groupe 1 à cette époque.
Le menu proposé par Irmscher et les autres préparateurs était fort alléchant. Mais le prix était vraiment trop indigeste. Il restait sur l’estomac. Malheureusement après le groupe 1, le groupe N a aussi dérivé vers des budgets élevés.
Et les choses ne s’arrangeront pas. Les voitures de série sont de plus en plus lourdes, volumineuses, poussives et aseptisées. Elles ne peuvent devenir compétitives en course que dans deux hypothèses :
* un très gros travail de préparation, donc une note salée du préparateur ;
* des versions plus sportives produites en petite série, mais qui dit petite série dit coût supérieur, sans oublier quand même le tour de main du préparateur et sa sauce destinée à restituer toute la saveur du produit de base.
La course automobile amateur ne redeviendra jamais ce qu’elle fut au cours des sixties et au début des seventies, hélas. Quand je courais avec la Golf GTI groupe 1, j’ai retrouvé lors d’épreuves deux copains qui éraient en CM2 avec moi (un courait en rallye 2, l’autre aussi en Golf GTI). Autrement dit, nous avons été au moins trois jeunes de la même classe à l’école primaire (dans le public à Lanester en Bretagne, pas d’une école privée dans un quartier particulièrement aisé) à savourer les délices de la course automobile à cette époque. J’écris au mois trois car peut-être d’autres anciens copains ont-ils couru dans d autres épreuves ou d’autres régions sans que nous nous croisions ou sans que je remarque leurs noms sur Échappement ou Slicks (un mag très sympa dont certains se souviendront). A l’époque, beaucoup de jeunes qui aimaient les voitures et la vitesse couraient. Maintenant, les classes de l’école primaire parmi lesquelles trois élèves courent doivent être rares.
Amicalement,
Thierry
Bonjour,
Ancien pilote femme, sous le pseudonyme "NAT" licenciée à l'ACO écurie Bretagne en 1974 et 1975, j'ai couru en côtes en sur NSU et sur COOPER ... Je recherche des infos sur cette époque et comment retrouver les archives des photos prises pendant les épreuves par un éditeur du Mans.
J'ai également participé à la ronde de la Baule (co-pilote) gym kana de l'anguille, inter écuries au Mans.
Nostalgique de cette époque, toute information sera la bienvenue.
Merci.
Cordialement.
NGL. (Ex Nicole Guiheux)
Nicole, Bonsoir,
Concernant les photos dont vous parlez, je pense que leur auteur était PHOTO ACTUALITÉ dont nous avons tous été clients. Je crois que ses archives ont été reprises par Maurice Louche, historien du sport automobile et éditeur
http://www.editionsmauricelouche.com/
De nombreuses photos d’époque sont aussi disponibles sur un forum de plus de 170 pages contenant nombre d’images de pilotes de l’Ouest au cours de la période 1970 – 2000 (et souvent un peu avant et après) :
http://www.forum-auto.com/sport-auto/histoire-du-sport-auto/sujet378742.htm
Peut-être y trouverez-vous des photos de vos autos.
Une montée historique va être organisée à Saint-Germain-sur-llle au mois de septembre prochain. Elle est évoquée sur le forum Autodiva dans un topic consacré à l’épreuve
http://www.autodiva.fr/forum/viewtopic.php?f=2&t=408
(il faut peut-être être inscrit sur le forum pour pouvoir le visionner ; si ce n’est déjà fait, c’est l’histoire de 3 minutes).
J’ai mis en ligne une photo que j’avais prise d’une Cooper en côte à l’époque où vous couriez. Serait-ce vous ?
http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/11/02/icônes-des-sixties.html
J’ai évoqué souvent Saint-Germain sur Ille sur Circuit Mortel. Si vous n’avez pas encore trouvé toutes les notes, vous pouvez cliquer sur
http://circuitmortel.hautetfort.com/tag/course+de+c%C3%B4te+de+saint-germain+sur+ille
et
http://circuitmortel.hautetfort.com/tag/saint-germain+sur+ille
N’hésitez pas à me contacter sur mon mail perso : thierrylebras@wanadoo.fr
Bien Cordialement et au plaisir d’échanger prochainement sur cette époque formidable riche en bons moments et personnes qui nous ont laissé d’excellents souvenirs,
Amicalement,
Thierry