1962 : Triumph lance une petite sportive qui va faire grand bruit, comme son moteur. C’est un roadster typiquement anglais, avec un long capot, une capote pas toujours étanche, un joli tableau de bord en bois et un essieu arrière rigide peu rigoureux. Le moteur de 1147 cm3 développe 61 ch. La machine ne dépasse pas les 145 km/h.
En 1964, la Spitfire 4 laisse place à la Spitfire MKII. Elle gagne 6 chevaux et 8 km/h. Autant l’avouer, la Spitfire ne rivalisera jamais en performances pures avec les R8G, Lotus Elan, Cortina Lotus, Matra Jet, Fiat Abarth, Alpine, Alfa Roméo Giulia, Cooper S ou DS 21. Elle n’en connaîtra pas moins un succès commercial et médiatique considérable.
Comme le glorieux chasseur dont elle porte le nom, elle enchante les sens. Son moteur produit des vrombissements superbes qui la font passer pour un authentique bolide. Ses formes en mettent plein les yeux aux copains, aux voisins, aux badauds, et surtout aux filles. Son pilotage produit des sensations fortes, d’autant que la belle possède son caractère et ne laisse pas facilement son conducteur mener la danse. Mais elle sait vite se faire pardonner. La Spitfire, c’est le bonheur absolu cheveux au vent, le piège à filles idéal, ou encore l’arme de séduction de la jeune femme qui vit à 100 à l’heure sur les traces de Françoise Sagan. La Triumph Spitfire, c’est la voiture Nouvelle vague par excellence. Le rêve des teen-agers, la machine de laquelle ils disent « j’inviterai la belle fille à monter dedans ». En plus, elle affiche un tarif bien plus raisonnable que les vraies bêtes de course, ces machines qui peuvent s’aligner avec des chances de succès en course de côte, en rallye, voire à Montlhéry ou à Chrarade, mais qui exigent de leurs admirateurs des portefeuilles plus épais. Alors, forcément, la recette alléchante mijotée par Triumph trouve sa clientèle.
La Spitfire ne connut pas une grande carrière en compétition. Mais elle fut tout de même engagée au Monte-Carlo et au Mans. En 1965, Triumph aligna 4 Spitfire dans la Sarthe. Leur puissance était portée à 109 ch et, grâce à ce regain de vigueur et à un hard-top qui améliorait leur coefficient de pénétration dans l’air, elles atteignaient les 230 km/h dans les Hunaudières. Elles furent confiées à des équipages de qualité :
- la 52 à David Hobbs et Rob Slotemaker ;
- la 53 à Peter Bolton et William Bradley ;
- la 54 à Claude Dubois et Jean-François Piot ;
- la 60 à Jean-Jacques Thuner et Simo Lampinen.
La 52 et la 53 furent contraintes à l’abandon. Mais la 60 et la 54 réussirent un joli tir groupé en terminant aux 13ème et 14ème places du général. La 60 s’adjugea au passage la victoire en catégorie GT moins de 1300 cm3. Un beau résultat pour des voitures issues d’un modèle de grande série développant moins de 110 chevaux.
La Spitfire correspondait parfaitement à l’esprit de son époque, le tourbillon des sixties. Imaginez vous une minute au volant d’une Spitfire sur une route de campagne. Le vent vous décoiffe. Vous jouez avec l’accélérateur et le levier de vitesses. A la radio, France Gall chante « Poupée de cire, poupée de son », le tube composé par Gainsbourg avec lequel elle vient de triompher à l’Eurovision. Vous avez 20 ans. Les filles sont jolies. Elle n’est pas belle la vie en Spitfire ???
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Thierry Le Bras