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groupe b

  • LES REINES DU GROUPE B AU RALLYE DE MONTE CARLO 1984

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    C’était il y a 27 ans. La première nuit du parcours commun du Rallye de Monte-Carlo 1984 commençait. Cette année-là, j’étais au bord de la route de la première ES, un tronçon de 14 kilomètres, baptisé Veniper - Le Feclaz. Il neigeait abondamment (cf. le récit de la soirée dans la note précédente). En rallye, contrairement à ce qui se passe en course de côte, ce sont les grosses autos qui se battent pour le scratch et les pilotes de notoriété qui ouvrent le bal. Les reines du groupe B arrivaient donc les premières devant les spectateurs, comme la Nissan 240 RS de Timo Salonen – Seppo Harjanne (N°3) qui se classera finalement à la dixième place.

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    Nous nous sommes placés à l’entrée du gauche repéré quelques minutes plus tôt. Le virage se situait à la fin d’une petite descente, ce qui annonçait des freinages délicats si la neige continuait à tomber. J’avais amené mon appareil photo et un bon flash. Où nous étions, je pouvais photographier les voitures de trois quarts arrière afin de ne pas gêner les pilotes. L’Audi Quattro de Walter Röhrl et Christian Geistdorfer, les futurs vainqueurs, portait le numéro 1. Elle déboula à une vitesse ahurissante, terrifiante d’efficacité, dans le grondement sourd de son 5 cylindres turbocompressé. La Quattro respirait la force, comme un boxeur poids lourd au sommet de sa forme. La Quattro, c’était la réunion chez un même athlète de la puissance brutale de Tyson, de l’agilité d’Ali, et de la hargne de Cerdan. En janvier 1984, les Audi étaient les seules 4 roues motrices en groupe B. La 205 T16 n’était pas encore engagée en compétition par Peugeot. La Delta S4 non plus, pas plus que la MG Metro 6R4 qui ne serait présentée à la presse que quelques semaines plus tard. Sur neige et sur glace, les Audi s’annonçaient imbattables. Elles rempliraient leur contrat en monopolisant le podium à l’arrivée. Derrière Walter Röhrl – Christian Geistdorfer qui remportaient leur 4ème Monte-Carlo après avoir déjà gagné sur Fiat 131 Abarth, Opel Ascona 400 et Lancia 037 Rally, Stig Bomvist – Bjorn Cederberg et Hannu Mikkola – Arne Hertz complèteraient le triomphe Audi en se classant respectivement seconds et troisièmes.

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    Tenantes du titre grâce à Walter Röhrl et Christian Geistdorfer l’année précédente, les Lancia 037 espéraient mener la vie dure aux Audi. Peut-être y seraient-elles parvenues sur route sèche. Mais sous la neige, elles ne purent rien faire malgré le sens de l’attaque de leurs pilotes. Ci-dessus Jean-Claude Andruet associé à Sergio Cresto (N° 5), Attilio Bettega et Maurizio Perissinot (N° 8), Massimo Biason et Tiziano Siviero (N° 9). Désolé pour les supporters de Markku Alen et Illka Kivimaki (N° 2) dont je ne trouve plus la diapo. La première Lancia, celle de Bettega – Perissinot terminera 5ème à plus de 29 mn de la Quattro des vainqueurs. Jean-Claude Andruet devrait abandonner, sa voiture refusant de redémarrer dans un parc de regroupement. A noter que son navigateur, Sergio Cresto, remporterait l’édition 1986 aux côtés d’Henri Toivonen sur une Lancia Delta S4. Henri et Sergio disparaitraient hélas au Tour de Corse la même année ; les monstres du groupe B étaient devenus trop dangereux. Attilio Bettega trouverait aussi la mort en course au volant de sa Lancia. Maurizio Perissinot, quant à lui, sortirait de l’accident indemne physiquement.

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    La meilleure R5 Turbo s’est bien comportée. Jean-Luc Thérier – Michel Vial (N° 6, ci-dessus) terminèrent en effet 4èmes et premiers des deux roues motrices. Dany Snobeck associé à Denise Emmanuelli (N° 20, ci-dessous)) terminerait 84ème sur la voiture privée qu’il avait engagée. François Chatriot – Daniel Brichot (R5T N° 16, en photo dans la note précédente au parc de regroupement d’Aix les Bains) se classaient 86èmes.

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    Dans quelques jours quelques photos Porsche, Golf GTI, Alfa GTV 6, Toyota Corolla, Opel Manta et Kadett GTE lors de cette éditions.

    DES LIENS A SUIVRE :

    Un hommage à Henri Toivonen et Sergio Cresto

    http://confidentielpaddocks.over-blog.com/article-henri-toivonen-prince-des-rallyes-49541064.html

    Quelques pages d’histoire du Rallye de Monte-Carlo

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2010/01/16/histoires-de-monte-carlo.html

     

    Thierry Le Bras

  • VISA POUR CHRISTIAN RIO AU RALLYE DE TOURAINE… ET AILLEURS

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    C’est une énorme expérience de la vie, se souvient Christian Rio, pilote officiel Citroën de 1982 à 1984. Ça apprend à être tenace, à avoir des ambitions. »

    « Des gens qui savent conduire, poursuit le pilote. Il y en a beaucoup, et ce qui fait la différence, c’est certainement le travail et la ténacité, même s’il reste des paramètres qu’on ne maîtrise pas, c’est à dire la chance ou la réussite. On apprend aussi l’humilité. Il y a des périodes fastes et des périodes moins fastes. Il faut savoir garder la tête sur les épaules. Ça m’a beaucoup servi avec le recul. Ce fut une expérience extraordinaire. On vivait notre passion, ce qui était fabuleux. J’en ai aussi retiré des moments très riches au niveau des contacts humains. Même si nerveusement c’est dur, car c’est une remise en cause perpétuelle. »

    En 1981, Christian Rio est encore un jeune pilote amateur, peu fortuné mais extrêmement doué. Il a commencé la compétition en 1976 et s’est fait remarquer par de nombreuses victoires de catégorie au volant d’une Alfa Roméo 2000 GTV. En 1978, une Renault 5 Alpine groupe 2 remplace l’Alfa, dépassée techniquement par des modèles plus récents. Christian accumulera encore les bonnes performances au volant de la R 5, mais il rêve de devenir professionnel. L’occasion d’accéder à ce statut se présente en 1981 sous la forme d’un challenge organisé par Citroën. Chaque direction régionale sélectionne un candidat sur dossier. L’heureux élu dispute quelques épreuves sur une Visa. Les deux meilleurs concurrents sont engagés par la marque pour la saison 1982. Il s’agit de Christian Rio et Maurice Chomat. « L’objectif était, à un délai de trois ou quatre ans, d’amener des pilotes sélectionnés par le trophée à disputer le championnat du monde sur une auto Citroën compétitive », rapporte Christian Rio.

    Profession, pilote
    Les deux pilotes Citroën disposent de Visa groupe B. « Le moins qu’on puisse dire est que la Visa n’offrait pas un look sportif, raconte Christian. Mais elle étonna tout le monde par ses performances. » A cette époque, les Porsche 911, Audi Quattro et R 5 Turbo constituaient l’arme absolue pour gagner un rallye. Avec son moteur 1219 cm3 développant 115 chevaux, la Visa ressemblait davantage à David qu’à Goliath. Grâce à ses qualités routières, elle permit cependant à ses pilotes de réaliser de belles performances, surtout sur la terre.

    « La Visa m’a fait découvrir la terre, dit Christian. Au début, tu as l’impression que tu vas détruire l’auto. Les roues motrices patinent tout le temps et projettent des cailloux sur le plancher. A côté de ça, tu as un énorme plaisir de glisse. C’est vraiment fantastique. » A son volant, Christian réalise un début de saison fabuleux. Quatrième scratch au Touraine (les photos illustrant ce texte paru en 2000 dans le magazine Citropolis de Fabien Sabatès ont été prises par mes soins pendant cette épreuve), troisième aux Garrigues, vainqueur à chaque fois de sa catégorie. Il se retrouve deuxième du Championnat de France. Une place inespérée. Une sortie de route en Corse suspend cette série de performances. Les rallyes et les séances d’essais se succèdent à un rythme infernal. L’équipe prépare activement les saisons suivantes, en championnat du monde.

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    En 1983 et 1984, les Visa entrent dans la cour des grands et participent aux épreuves les plus mythiques. Guy Verrier, le responsable du service compétition, poursuit un objectif : parfaire la fiabilité des voitures et rallier l’arrivée à chaque course. Les pilotes apprennent et finissent souvent dans les dix premiers malgré le handicap de puissance de leurs voitures. « On était dans le coup, se souvient Christian Rio. On côtoyait Vatanen, Michèle Mouton, Toïvonen, Alen, Mikkolä. C’était dur de comparer les temps qu’on faisait par rapport à eux car ils avaient des voitures de 400 chevaux. Mais je me sentais tout à fait capable de ne pas être ridicule face à ces gens-là. » Dans ce contexte d’enthousiasme, les pilotes aspiraient secrètement à devenir un jour champions du monde.

    Christian conserve des souvenirs extraordinaires de cette époque. « Au Kenya par exemple, c’était le dépaysement total. Ce ne sont pas vraiment des épreuves spéciales. Les routes ne sont pas fermées. On ne met pas de combinaison parce qu’il fait trop chaud. Le principe, c’est de rallier deux points. Les organisateurs calculent un temps assez difficile à réaliser. Celui qui gagne, c’est celui qui sera le moins pénalisé. Je me souviens d’une anecdote particulière. On prend le départ de l’épreuve. Rapidement, l’auto bouge et l’arrière s’affaisse. Une roue s’était dévissée. Elle est partie dans la brousse. Me voilà sur trois roues. Il faisait nuit. On a appelé l’assistance. Nous sommes repartis. Quelques kilomètres plus tard, nous avons vu deux lionnes traverser tranquillement la piste devant nous. Dans notre petite auto en plastique, c’était un peu impressionnant. Parfois, nous apercevions aussi des girafes et des éléphants. »

    Avec les rois  du championnat du monde
    Changement de décor au Rallye des 1000 lacs en Finlande. « C’était quelque chose de fantastique. Il y avait des spéciales sur des routes départementales sur terre, avec une largeur assez conséquente, tout en trajectoires, et à grande vitesse puisque les moyennes dépassaient cent kilomètres heure. Contrairement aux idées reçues, on ne décollait pas sur toutes les bosses. Il fallait même décoller le moins possible pour être vraiment efficaces. »

    Autre temps fort, le RAC en Grande Bretagne. Ce rallye se déroule sur des chemins de terre au milieu de parcs et forêts sans reconnaissances préalables. « J’adore les lumières du RAC. C’est en fin de saison, au mois de novembre. La nature est magnifique. Le parcours secret, c’est quelque chose de fabuleux et physiquement, c’est vraiment très dur. » Au RAC, les pilotes affrontent toutes sortes de conditions météorologiques. « Je venais de prendre le départ d’une spéciale, relate Christian. Je montais les vitesses normalement. Il me semblait que mon embrayage était fatigué. Il patinait. Je me concentrais là-dessus. On arrive dans un virage serré. Je sentais que ça patinait toujours à l’accélération. Puis on arrive dans une portion assez rapide. Je freine à l’approche d’un virage plus serré. Les quatre roues bloquent. Il y avait du givre sur la terre… Le freinage fut tangent. On rencontrait vraiment tout au RAC… »

    Cruelle déception
    Sa carrière professionnelle en rallye, Christian Rio l’aurait bien prolongée au plus haut niveau. Aux dires de tous les observateurs, il possédait toutes les qualités pour réussir ce challenge. Mais la course ne sera jamais une science exacte. En outre, ce sport nécessite un support coûteux : une voiture compétitive. Christian et son compère Maurice Chomat pensaient bien disposer de cette arme avec la BX groupe B que Citroën mettait au point. En novembre 1984, Guy Verrier les prévint qu’en raison du retard pris dans la préparation de la BX, ils seraient libres de tout engagement en 1985. Il était trop tard pour trouver un autre volant pour la saison suivante.

    Christian Rio quitta la course automobile et constitua une société de vente de pièces détachées d’occasion au Rheu, près de Rennes. Il revint à la compétition en Rallycross avec une Alfa Roméo 75 Turbo en 1990, mais sans s’écarter de l’exploitation de son entreprise. Le service compétition d’Alfa Roméo était alors dirigé par une autre pointure du monde des rallyes, Jacques Panciatici. Quant à la fameuse BX groupe B, elle débuta en compétition en 1986 entre les mains de Jean-Claude Andruet et Philippe Wambergue. Les résultats furent si décevants que Citroën abandonna le championnat du monde des rallyes avant la mi-saison.

    Thierry Le Bras