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HISTOIRES DE MONTE-CARLO

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L’équipage Thérier – Callewaert au Monte-Carlo 1969

 

Qu’évoque le Monte-Carlo aux yeux du grand public ? Certains pensent d’abord aux casinos et à l’univers du jeu. Les cinéphiles se remémorent le mariage de Grace Kelly avec le prince Albert. Les avocats internationaux considèrent avant tout la Principauté comme un Paradis fiscal accessible à tout titulaire d’une grande fortune à condition qu’il ne soit pas français. D’autres encore rêvent aux voitures prestigieuses, aux yachts magnifiques, aux toilettes achetées chez les grands couturiers et aux bijoux conçus par les meilleurs joailliers, autant d’objets luxueux qui fleurissent dans ce cadre paradisiaque.

 

Mais pour les amateurs de sport, Monte-Carlo symbolise en priorité trois événements majeurs internationaux : le tournoi de tennis, le Grand-Prix de Formule 1 le plus célèbre du monde, et le rallye que tous les pilotes ainsi que toutes les écuries veulent absolument inscrire à leur palmarès. Normal, parmi les Rois de Monaco figurent des champions aussi remarquables et charismatiques que Rafael Nadal, Ayrton Senna et Sébastien Loeb !

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Une naissance difficile

 

Il faut remonter à1911 pour découvrir l’origine du Rallye de Monte-Carlo. Il ne s’agissait pas alors d’une véritable compétition, mais plutôt d’un concours d’élégance original. Jalouse de la prépondérance que s’efforçait de conquérir Nice, la rivale voisine sur la Côte d’Azur, et consciente de l’effet attractif de la course Paris-Nice puis de la semaine automobile organisée dans la même cité, les professionnels du tourisme décidèrent de riposter. Afin de conférer à leur manifestation une audience internationale, ils mirent au point un règlement complexe qui imposait aux concurrents de partir de la capitale de leur pays. Le classement prenait en compte le kilométrage parcouru, la moyenne réalisée, le nombre de personnes transportées, le confort offert aux passagers et l’état du véhicule à l’arrivée. Les conducteurs ne devaient pas dépasser une moyenne de 25 kilomètres à l’heure. N’oublions pas qu’étymologiquement, rallye signifie rassemblement et non course de vitesse.

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Cette réglementation se révéla aussi incompréhensible pour le public et les journalistes qu’injuste pour les concurrents. A titre d’exemple, en 1912, Nagel part de Russie au volant d’une voiture fabriquée par la société Russo-Baltique. Après deux jours de course, il adresse un message significatif : « j’arriverai si les loups ne nous mangent pas en route et si nous ne gelons pas tout vif ». Il fait si froid que lorsque le pilote s’arrête dormir, il doit se lever et faire tourner le moteur toutes les deux heures pour éviter que l’huile ne se fige. Nagel arrivera le premier à Monaco après avoir parcouru à peu près deux fois plus de kilomètres que les concurrents partis de Berlin parmi lesquels figure le futur vainqueur, le capitaine Von Esmach. Quant à Nagel, il ne sera classé que neuvième. Comprenne qui pourra !

 

Le rallye n’aura vécu que deux années sous cette forme initiale. La complexité des méthodes de classement et la première guerre mondiale faillirent le tuer.

 

Un nouveau départ

 

Il faudra attendre 1924 pour que la troisième édition s’organise. Peu à peu, des épreuves de régularité, d’adresse et de vitesse pure furent ajoutées au programme. Ces épreuves devinrent déterminantes dans les années 50. Le Rallye de Monte-Carlo se métamorphosa enfin en vraie compétition, même si le parcours de concentration était maintenu comme une sorte d’hommage à la tradition ancestrale.

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Outre ce prologue à la course véritable, la spécialité du Monte-Carlo réside dans l’époque et le lieu qui lui servent de cadre. Le mois de janvier s’avère fréquemment le plus rude de l’hiver, surtout dans les régions montagneuses. La neige et le verglas furent souvent fidèles au rendez-vous. Les conditions rencontrées varient parfois énormément au long d’une même épreuve spéciale en fonction de l’altitude et des caprices soudains des dieux du ciel. De tout temps, ces aléas, s’ils élevèrent le Monte-Carlo au rang de légende, en firent aussi une course redoutable.

 

Ils contribuèrent également à l’apport technologique incontestable de ce rallye à l’automobile de série. Les pneumatiques cloutés y furent utilisés pour la première fois, de même que les lampes à iode, les phares antibrouillard, l’alternateur et le lave-glace.

 

Des vainqueurs parfois inattendus

 

Ces conditions météorologiques particulières expliquent la variété des voitures qui se sont imposées en Principauté. C’est ainsi que sur la liste des vainqueurs successifs, de modestes Renault Dauphine, Panhard, Saab 850 cm3 ou Mini Cooper côtoient sans complexes de puissantes DS, Mercedes, Jaguar ou Porsche.

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A propos du duel entre les Cooper et les DS, je vous invite d’ailleurs à consulter la note dont le lien suit. Il s’agit d’un docu-fiction un peu humoristique sur le retour de la DS, mais j’y ai intégré très fidèlement quelques éléments des duels Citroën contre Cooper sans omettre les conséquences qui faillirent en résulter pour le rallye en 1966 :

http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2009/11/06/le-retour-de-la-ds-citroen.html

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Même si comme dans tous les ports mécaniques, le rôle de la machine se révéla souvent prépondérant, il ne faudrait pas nier l’importance des pilotes et de leurs navigateurs, car le Monte-Carlo n’a couronné que les plus grands. A côté des pilotes engagés par les usines, nous n’omettrons pas les amateurs, fréquemment doués, qui durant des décennies, ont constitué le plus gros du plateau au prix de sacrifices financiers considérables. Sans eux, le rallye n’aurait pas obtenu ses lettres de noblesse.

 

Il n’aurait pas davantage conquis sa notoriété extraordinaire sans l’enthousiasme des spectateurs. Bravant la neige et le froid, ils n’hésitent pas rester postés durant de longues heures au bord des routes, se réchauffant auprès des feux de camp, dans l’attente d’apercevoir quelques brefs instants le spectacle magique de voitures volant ou glissant de virage en virage entre les mains de virtuoses du pilotage.

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Le Monte-Carlo a évolué pour s’adapter au format des rallyes du Championnat du monde WRC. Puis il est sorti de la liste des épreuves comptant pour ce championnat et figure maintenant au calendrier IRC. Sa couverture médiatique s’en ressentira forcément malgré la présence de pilotes très rapides.

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Et si la nostalgie des meilleures années de l’automobile vous habite, ou si vous avez simplement envie de voir quelques VHC sur les routes de montagne, n’oubliez pas le Monte-Carlo historique qui se déroulera du 28 janvier au 3 février 2010 !

 

Thierry Le Bras

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