Brian Joubert est un immense champion
Brian Joubert possède une place de droit sur un blog organisé autour du sport automobile. Non seulement parce qu’il fait partie des sportifs préférés de l’auteur de ce blog, mais aussi en raison de la passion de la course automobile qu’il partage avec nous.
A Zagreb, Brian a remporté la médaille de bronze. Moins bien que l’an dernier bien sûr, mais n’oublions pas les contretemps qui ont perturbé sa préparation cette année. Un virus, une gastro, c’est beaucoup pour un seul homme, fût-il aussi courageux que Brian. Sans oublier le fait que nombre de ses concurrents se réjouiraient déjà d’une telle place.
A court de préparation à cause de ces problèmes physiques indépendants de sa volonté, Brian a tout donné et réussi une très belle performance dans un contexte bien difficile. Nous pouvons être fiers de lui.
Depuis plus d’un an, Brian était invaincu. La série s’est arrêtée, comme toutes les séries. « Ça me fait du bien de redescendre de la première marche », a commenté le Poitevin.
Et cette première marche, la plus belle de toutes, Brian la retrouvera bientôt. Il possède le talent, l’humilité et le courage qui forgent les plus grands. Nous lui faisons confiance. Brian Champion du monde 2008, moi j’y crois très fort !
Et pourquoi pas avec, comme une cerise sur le gâteau, son pote Alban Préaubert en argent ou en bronze ?
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MONTE-CARLO, RALLYE PRINCIER (3)
DOCU – FICTION
En attendant les résultats de l’édition 2008, partagez les souvenirs des membres du Clan Vivia
- Nous sommes arrivés en Savoie le lundi soir, se souvient Éric. Nous avons déposé nos bagages dans un hôtel d’Aix Les Bains et nous nous sommes rendus au parc où se regroupaient les voitures avant la première spéciale disputée de nuit sur les quatorze kilomètres du tronçon Veniper – Le Feclaz.. Il faisait un temps de chien.
- De la pluie battante à basse altitude, enchaîne Freddy. Nous étions descendus en Suisse par les autoroutes allemandes avec ma Vivia GT. Comme c’était une deux places avec un petit coffre, nous n’avions emporté que deux pneus à clous et les chaînes en plus des bagages. Après notre virée à plus de 220 de moyenne sur les autoroutes allemandes où la vitesse était libre, nous avons monté les clous à l’avant, comme ça, le train avant engageait sur le verglas. Nous mettions les chaînes sur les roues arrière si nécessaire. Sous la pluie, les clous, à l’avant, ce n’était pas génial, mais nous savions que nous trouverions de la neige et du verglas dès que nous monterions dans la spéciale.
- Nous avons eu le temps de dîner avec l’équipe et de nous entretenir avec Felipe et Marco avant qu’ils ne repartent, reprend Éric. Nous avons discuté aussi avec Luc et Benoît qui participaient sur une Vivia 2000 groupe N avec une aide de l’usine. Puis nous sommes repartis sur la spéciale avant la fermeture de la route. Un beau tracé. En bas, il pleuvait. Au fur et à mesure que nous montions, la pluie se transformait en neige. Nous avons repéré un coin sympa, un gauche avant un petit pont au bas d’une descente. Nous avons trouvé un petit chemin où garer la Vivia une centaine de mètres plus loin. C’est folklo le Monte Carlo. Les voitures des spectateurs s’entassent les unes derrière les autres dans les petits chemins. De toute façon, personne ne peut partir avant la fermeture de la spéciale.
- Il faisait très froid en altitude, commente Freddy. La neige tombait et le vent commençait à souffler. Heureusement, nous étions bien emmitouflés dans nos anoraks, nos écharpes, nos bonnets de laine et nos gants de ski. Comme ça en plus, personne ne me reconnaissait et nous étions tranquilles. Nous avions prévu un sac à dos avec une bonne thermos de café, des sandwiches au jambon de montagne, du chocolat au lait et des bouteilles d’eau. Nous avons évoqué les éditions des sixties et des seventies lorsque, adolescents nous étions chaque année des supporters de Gérard Larrousse et nous espérions le voir remporter le scratch.
- Nous nous sommes placés à l’entrée du gauche repéré cinq minutes plus tôt, raconte Éric. Le virage se situait à la fin d’une petite descente, ce qui annonçait des freinages délicats si la neige continuait à tomber. J’avais amené mon appareil photo et un bon flash. Où nous étions, je pouvais photographier les voitures de trois quarts arrière afin de ne pas gêner les pilotes. Nous n’étions pas les seuls sur le site. Des voisins avaient allumé un feu de camp et se réchauffaient autour en attendant le début de la spéciale. Comme nous tenions à rester aux premières loges pour voir les voitures sans être gênés et réaliser de bonnes photos, nous ne nous sommes pas joints à eux. Nous avons dégusté nos premiers sandwichs en attendant le passage des voitures. C’est fou comme c’est bon un sandwich en pleine montagne sous la neige quand le vent souffle et qu’il fait moins trois degrés.
- Nous avions de la chance, le vent soufflait de dos, plaisante Freddy. Donc, il ne nous glaçait pas le visage, enfin ce qui n’était pas recouvert par l’écharpe et le bonnet !
David n’avait que douze ans à cette époque. Pas question de manquer le collège pour aller au bord des routes du rallye. Mais il suivait tout de même la course.
- Tous les ans, j’écoutais Radio Monte Carlo au lit, se rappelle-t-il. Les premiers jours, je coupais la radio assez tôt. Mais la dernière nuit, celle du Turini, j’écoutais jusqu’à l’arrivée. Je ne disais rien à mes parents bien sûr. Je branchais un écouteur, comme ça, personne n’entendait la radio dans la maison. Je m’endormais vers cinq heures, après le dernier secteur chronométré et je me levais à sept. A cet âge là, on se remet bien d’une nuit courte.
- Je faisais pareil quand j’étais gamin et ado, admet Éric. Je me rappelle de quelques beaux duels. La victoire de l’Alpine d’Andruet en 1973, celle de la Lancia Fulvia de Munari l’année d’avant, les premières places des 911 avec Elford et Waldegard encore avant, la sortie de l’Alpine de Larousse sur de la neige placée sur la route par des spectateurs…
- J’ai conservé un souvenir fabuleux de la victoire de Makkinen sur une BMC Cooper en 1965, se souvient Freddy. Sans doute parce que le grand-père d’Éric nous apprenait secrètement à conduire sur la Mini de sa compagne le jeudi après midi. J’avais treize ans, Éric onze, et nous conduisions la Mini sur les petites routes du côté d’Étel tous les jeudis après-midi.
- Régine, la compagne de mon grand-père, n’a su que des années plus tard pourquoi Victor insistait tant pour lui prêter sa DS 21 et prendre la Mini le jeudi, se rappelle Éric avec un brin de nostalgie dans la voix.
- Moi, c’est le Monte Carlo 1986 qui m’a laissé le plus grand souvenir quand j’étais ado, intervient David. J’adorais Henri Toivonen. Cette année-là, il a remporté le rallye avec une Lancia Delta S4, une voiture au look bizarre, très carrée, mais qui respirait la performance. Henri Toivonen attaquait dans un style impeccable, spectaculaire et efficace. Hélas, il s’est tué en course quelques mois plus tard, au Tour de Corse, lorsque sa Lancia a basculé dans un ravin alors qu’il dominait la course. Son équipier est mort lui-aussi dans l’accident.
- Les Groupe B devenaient trop dangereuses, explique Freddy. Cet accident marqua leur fin. Déjà en 1984, elles étaient impressionnantes.
- Dans la spéciale où nous étions en 1984, les trois Audi ouvraient la route, rapporte Éric. La neige tombait toujours, rendant la chaussée de plus en plus piégeuse. Avec leurs quatre roues motrices, les Quattro sont passées sans encombre. Elles glissaient peu, accéléraient en ligne en sortie de virage dans le grondement sourd de leur moteur turbo. Il faut dire qu’Audi les confiait à des pointures. Walter Röhrl d’abord, qui avait déjà remporté trois Monte-Carlo sur des voitures différentes, une Fiat 131 Abarth, une Opel Ascona 400 et une Lancia Rallye, Stig Blomqvist et Hannu Mikkola ensuite.
- Les deux roues motrices étaient à la peine, complète Freddy. Elles chahutaient au freinage en bas de la descente. Puis une fois dans le gauche, elles partaient en travers dès que le pilote touchait l’accélérateur. Andruet et Bettega pilotaient des Lancia 037. Ils nous ont gratifiés de belles figures, mais on voyait bien qu’ils perdaient du temps par rapport aux Audi. Les Renault 5 Turbo n’étaient pas logées à meilleure enseigne. Pas plus que la Vivia de nos amis Felipe et Marco. Felipe a frôlé le tête à queue devant nous. Il est parti en vrac et s’est presque immobilisé en travers. Après, il a levé le pied et assuré. Il ne s’en tirait pas si mal en naviguant aux alentours de la vingtième place au scratch mais il a abandonné sur sortie de route dans la dernière nuit du rallye, toujours sur la neige. Il a loupé un freinage et l’auto s’est plantée dans un fossé. Impossible de la sortir.
- Après les ténors, les sorties de route se sont succédées, poursuit Éric. Cette année-là, Pirelli organisait un challenge pour les concurrents qui feraient toute la course avec des pneus sans clous. De nombreux amateurs s’y étaient inscrits. Mais compte tenu des conditions météorologiques épouvantables, le challenge devint très délicat. Les voitures n’arrivaient pas à freiner avant le gauche où nous étions. Elles tiraient tout droit dans une entrée de champ. Une bande de jeunes spectateurs se dévouaient et les poussaient. Le tout se déroulait dans une ambiance de franche rigolade.
- J’ai fait quelques belles photos, commente Éric. Seul regret, je n’ai pas eu le Coupé Vivia 2000 groupe N de nos copains Luc et Benoît. C’était une propulsion. Luc n’avait pas l’habitude des courses sur neige et verglas. Il s’est mis sur le toit dès les premiers virages enneigés. Son rallye s’arrêta dès l’ES 1, comme malheureusement celui de nombreux amateurs qui couraient sur des propulsions cette année-là.- 1984 marqua un triomphe Audi si je me souviens bien, se rappelle David.
- Tout à fait, confirme Freddy, dans toutes les catégories. Audi remporta les trois premières places au scratch avec Rörhl, Blomqvist et Mikkola, le groupe N avec Bos, et les deux premières places du groupe A avec Darniche et Chasseuil. Il faut dire que toutes ces voitures étaient des quatre roues motrices et que dans les conditions météorologiques qui régnèrent durant tout le rallye, les deux roues motrices n’avaient aucune chance.
- La fin de la nuit fut folklorique, conclut Éric. Après le passage de la dernière voiture, une petite Samba Rallye je crois, nous avons regagné le chemin où nous nous étions garés. Il faisait de plus en plus froid. L’eau minérale avait glacé dans le sac à dos. Une carapace de neige glacée épaisse de trois centimètres s’était formée sur nos anoraks. Les voitures étaient complètement recouvertes de neige. Nous avons joué de la pioche avec les autres spectateurs pendant une demi-heure pour dégager les voitures du chemin. Mais c’était sympa. Tout le monde riait. Les gens qui passent une nuit entière dans le froid pour voir passer le rallye aiment la course. Il règne donc une ambiance chaleureuse malgré la température extérieure. Là, les spectateurs ont reconnu Freddy et il a signé quelques autographes. Ils étaient ravis de voir un champion du monde de F1 venir tout simplement au bord de la route une nuit d’hiver.
- C’est vrai, nous avons passé une nuit très sympa, reconnaît Freddy. Contrairement à d’autres pilotes de F1, j’ai toujours adoré les ambiances de fêtes de l’automobile des rallyes, des courses de côte et des Rallycross. Et je suis toujours content quand je vois des amateurs de compétition heureux d’approcher un pilote qu’ils ne croyaient pas rencontrer un jour. Sébastien Loeb réagit comme ça lui-aussi. Après ses titres de Champion du monde des rallyes, il reste abordable et super sympa avec ses fans.
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MONTE-CARLO, RALLYE PRINCIER (2)
DOCU – FICTION
En attendant les résultats de l’édition 2008, partagez les souvenirs des membres du Clan Vivia
- Au fait, pourquoi n’avez-vous jamais tenté quelque chose au Monte Carlo tous les deux ? demande David à Éric et Freddy.
- L’occasion ne s’est jamais vraiment présentée, répond Freddy. Quand je courais en rallye et en course de côtes avec l’Alfa 2000 GTV de 1973 à 1975, c’était envisageable.
- C’est moi qui te naviguais à l’époque, rappelle Éric. J’étais étudiant. Le Monte Carlo se déroule en janvier. Or, fin janvier, je passais les partielles du premier semestre. Inconcevable de concilier Monte Carlo et examens.
- En 1973, nous avons préféré nous engager au Grand National Tour Auto qui se disputait en septembre, reprend Freddy. Nous avons reconnu les spéciales au mois d’août après le Mont Dore. Ce fut un superbe rallye. En plus, cette année-là, il partait de Dinard, en Bretagne, pas si loin de ça de chez nous. De toute façon, je courais aussi dans les formules de promotion. Il fallait des budgets. Le Monte Carlo coûtait très cher, notamment à cause du budget pneumatiques. On risque de casser l’auto sur la neige ou le verglas, ce qui ampute le budget annuel dès le mois de janvier, donc nous ne l’avons jamais inscrit au programme.
Éric intervient à son tour.
- Quand Freddy est arrivé en F 2 et que j’ai repris l’Alfa en courses de côtes et en rallye en 1976, je ne me sentais pas mûr pour le Monte Carlo. En plus, j’étais encore étudiant, en 4ème année, donc indisponible au mois de janvier. Il en allait de même de Mikaël (1) qui était aux Beaux Arts à cette époque. Début 77, la fièvre du jeu à Monte Carlo nous a travaillés. J’étais en DEA et je pensais pouvoir me libérer pour la course. Nous avons étudié un plan de reconnaissances pendant les fêtes. Mais nous nous demandions comment l’Alfa se comporterait face aux Kadett GTE sur la neige et le verglas. Bien sûr, Gérard Larrousse avait remporté le groupe 1 avec un coupé 2000GTV au Monte Carlo 1973, mais c’était quand même Gérard Larrousse, ex pilote Alpine et Porsche en championnat du monde, plusieurs fois vainqueur au Mans. Et puis en 1973, la Kadett GTE n’existait pas encore.
Fin 1977, nous avons sérieusement pensé au Monte Carlo 1978 avec la Kadett GTE groupe 1 avec laquelle j’ai couru le début de la saison jusqu’à la l’homologation de la première Vivia en groupe 3. Mais là encore, le temps de préparation de l’épreuve et le budget nous ont fait reculer. En plus, nous n’étions pas habitués aux rallyes sur les routes de montagne. Les purs montagnards sont surpris quand ils découvrent certains tracés de rallyes en plaine comme le Touraine. Pour nous, courir à flan de montagne en plein hiver ça aurait été une découverte et un apprentissage. Nous rentrions dans la vie professionnelle. Nous avons remis le projet à plus tard.
- Et après, pas de tentation avec une Vivia ?
- Si, une fois, en 1984, reconnaît Éric. Nous avons vraiment étudié de près la participation semi-officielle de deux voitures, une que j’aurais pilotée avec Mikaël, et l’autre pour Felipe Mosso, notre copain italien qui court toujours sur Vivia avec son navigateur Marco. La Vivia groupe B allait très bien sur le goudron. C’était la mère de la Côte sauvage actuelle. Avec son moteur central 6 cylindre double compresseur, c’était un régal à piloter. J’ai beaucoup couru avec, en côte, en rallye, en circuit, y compris au Mans avec Felipe justement.
- Je me rappelle bien, dit David.
- Nous avons vraiment hésité, se souvient Éric. Mais nous avons écouté la voie de la sagesse et nous avons renoncé au projet. D’abord, si Felipe comme moi, nous étions capables de gagner des scratch en France ou en Italie, nous ignorions comment les choses se passeraient en mondial. Un rallye du championnat du monde, c’était quand même partir dans les mêmes spéciales que Rohrl, Mikkola, Andruet, Bettega, Thérier et les autres. Et surtout, la Vivia GT était une deux roues motrices. Or au Monte Carlo, la plupart du temps, il neige. En plus, les conditions sont changeantes. Je n’étais pas sûr de bien gérer le rallye. L’aventure tentait beaucoup Mikaël malgré tout. Mais après réflexion, nous avons renoncé.
- Il faut dire en plus que le Team Vivia ne s’est jamais engagé en mondial, ajoute Freddy. Nous misions beaucoup plus sur les épreuves comme Le Mans où nous savions que des pilotes comme Éric et Felipe pouvaient tirer leur épingle du jeu dans leur catégorie.
- Felipe et Marco ont tout de même décidé de partir, raconte Éric.
- L’usine a participé discrètement à leur assistance, complète Freddy.
- Nous sommes allés voir la première nuit de course, ajoute Éric. Nous rentrions de Genève où nous avions rencontré un équipementier. Et là, le pire cauchemar météorologique pour nos voitures s’est réalisé.
A SUIVRE …
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(1) Mikaël Mermant apparaît régulièrement dans les Aventures de David Sarel.
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