L'année 2011 se sera terminée dans une ambiance morose.
Crise omniprésente, menace de perte du triple A, récession, rigueur synonyme de sacrifices, peur de l’avenir… Mais tout va changer en 2012 ! Voici le scénario salvateur et automobile qui nous attend dès les prochains mois.
Nous entrons dans une année électorale. Dans toutes les familles politiques, les états-majors planchent sur leurs devoirs de vacances. Leurs candidats leur ont imposé un thème de réflexion avant la trêve des confiseurs. Comment convaincre les Français que je suis plus beau, plus crédible que les autres, qu’avec moi ils auront plus de joujoux qu’avec mes adversaires, que je leur demanderai moins de participer aux tâches ménagères du pays, que je serai… leur père Noël ?
Les secrets d’une cuisine de régime électoral
Ce fut le cœur moins léger que d’habitude que les conseillers partirent en vacances. C’est que les garçons et les filles sortis de l’ENA, de Science-Po ou des bonnes Universités qui conseillent nos politiques sont des premiers de classe, pas de sinistres glandeurs qui rêvent des réductions de temps de travail et des autoflagellations proposées par miss Eva glacée, l’ex surgée des conseils de discipline, celle qui exaspérait la classe, voulait coller tout le monde en retenue et piquer tous les jouets. Alors, les conseillers se sont torturé les méninges. Habitués à raisonner dans un cadre rigide, ils tournèrent autour des mêmes axes de réflexion, orientation de la pression fiscale, flexibilité ou rigidité doctrinale du temps de travail, gestion de l’emploi dans la fonction publique, ouverture à tout va des frontières ou contrôle de l’immigration, politique de sécurité volontariste ou angélisme vis-à-vis des atteintes aux biens et aux personnes, élargissement de l’Europe à des pays extérieurs à son continent ou garantie de préserver ses frontières naturelles, maintien de la zone euro ou sortie de la monnaie unique… Les conseillers travaillèrent avec acharnement. Ils rédigèrent de beaux plans de dissertation. Les arguments qu’ils s’apprêtaient à développer intégraient les intérêts de la France – tout au moins pour ceux qui y pensent encore un plus qu’aux dogmes les plus vieillots de leurs partis, mais surtout les formules qui balancent comme des musiques de tubes afin de flatter les catégories électorales ciblées.
La révolution automobile démarre
Le choc qui allait ébranler la France se produisit le 26 décembre. Dans le contexte banal d’un petit déjeuner matinal partagé entre Thomas, 35 ans, issu de l’ENA, et son père, Martin, un soixantenaire patron d’une PME implantée dans la région redonnaise.
- Tu n’as pas l’air dans ton assiette, Martin. Aurais-tu mal digéré les excès de Noël ?
- Non, c’’est ma mission. Je travaille sur les propositions de mon parti pour 2012. J’ai l’impression de rédiger un mémoire qui n’intéressera que les profs de science politique. Mes règles pour la France ne toucheront pas les électeurs. Si je ne trouve pas mieux, je ne suis pas près de décrocher une investiture…
- Pas étonnant, Thomas.
- Mais pourquoi ? J’étais parmi les meilleurs à l’ENA.
- Oui, je sais, mais tu as vu ta voiture ? Un monospace gris, terne, banal, sans personnalité, diesel, automatique, tous les défauts. Un truc qui ferait pleurer un bataillon de lycéens français à la chasse aux petites anglaises à Londres.
- Mon monospace labellisé made in France est conforme à toutes les normes de pollution, de bruit, de sécurité. J’ai un régulateur de vitesse qui m’empêche de dépasser les limitations, une assistance à la conduite qui me prévient des zones à risques. Je possède une voiture citoyenne, respectueuse de l’environnement.
- Et blablabla, et blablabla. Dis-moi, tu rigoles quand avec tes normes, tes règlements, tes théories ? Jamais. Ta voiture, elle est à l’image de la société que ton parti et les autres proposent aux électeurs. Sinistre, sans intérêt, déprimante, alignée sur le plus mauvais pour ne froisser personne et brimer ceux qui aiment la vie. Comme il existe des nuls qui conduisent comme des pieds, des trouillards qui font dans leurs culottes à 90 à l’heure, des jaloux qui ne supportent pas que le voisin en ait une plus belle, tout le monde doit rouler dans des cubes qui ne ressemblent à rien et passent inaperçus. Qu’est-ce que j’avais comme voiture de tous les jours quand tu étais petit ?
- Une BM gonflée pour mieux entendre le son de l’échappement et aller plus vite, se souvint Thomas.
- Qu’est-ce que je faisais le week-end ?
- Des courses de côtes et des rallyes avec une Alfa Roméo.
- Est-ce que j’avais l’air triste ? insiste Martin.
- Non, jamais.
- Et tu en déduis quoi ?
- Ben, c’était avant la crise, professe Thomas. L’économie allait bien et les gens avaient le moral.
- Oui, mais l’économie et le moral des gens, les politiques sortis de l’ENA comme toi les ont cassés en tapant sur l’automobile. L’automobile, c’est un symbole de liberté, de plaisir. Donc, les politiques et les technocrates qui voudraient tout contrôler la détestent. L’automobile, c’est un des principaux moteurs de l’économie. Les politiques et les technocrates veulent quand même l’assassiner parce qu’elle favorise le plaisir de l’individu. Mais en 2012, comment veux-tu vendre des voitures si tu fais les poches des acheteurs dès qu’ils sortent de chez le concessionnaire ? Taxes, PV, points de permis, les politiques n’arrêtent pas. Et puis, la bagnole, c’est un joujou, un des derniers auxquels tu as droit quand tu es grand, un espace où tu vis quand tu vas au boulot, un lieu convivial, un instrument de plaisir. Alors, si tu veux faire quelque chose d’original qui fasse gagner ton parti, prends courageusement le contre-pied des autophobes rabat-joie, propose la relance décomplexée du plaisir automobile. Baisse des taxes sur les carburants, les assurances, assouplissement des limitations de vitesse sur route (et suppression sur autoroute), autorisation des détecteurs de radars, campagnes d’État vantant la liberté et les joies qu’apporte la bagnole, programme de construction de circuits pour revigorer le sport automobile amateur et permettre à tout un chacun de se défouler sur des pistes, aménagement de parcours tout-terrain dans les campagnes à l’attention des propriétaires de 4X4, incitation des constructeurs français à fabriquer des modèles sportifs et 4X4 politiquement incorrects. Les gens auront envie d’acheter des bagnoles. Ça les motivera, ça leur donnera envie de croire à nouveau en la société, de se faire plaisir, de casser leurs bas de laine, de bosser, de faire des heures sup plutôt qu’écouter les apparatchiks déguisés en monsieur tout le monde mais bourrés d’oseille qui vantent sournoisement le partage de la pénurie. N’oublie pas qu’on sort toujours d’une crise par le haut, en travaillant, en produisant plus de richesses, en allant vers la satisfaction des désirs, pas en tirant la société vers le bas et la répartition de la misère. Quand l’automobile va, tout va. Quand elle ne va plus, une société crève.
- Les écologistes vont s’étrangler, s’angoissa Thomas.
- Tant mieux, ricana son père. Pendant ce temps-là, ils se tairont et ils nous foutront la paix. Et puis crois-moi, les gens vont vite comprendre qu’entre ta société de retour au plein emploi, de satisfaction des besoins, de remise de l’individu au cœur des préoccupations et les pisse-froid qui veulent imposer la pénurie pour mieux assurer leur petit pouvoir d’apparatchiks, il n’y aura pas photo. L’homme providentiel de 2012, ce sera celui qui portera ton programme de relance décomplexée du plaisir automobile !
Le credo de Martin se vérifiera. Malgré quelques réticences dues au formatage autophobe imposé pendant plusieurs décennies par la classe politique française, le candidat soutenu par le parti de Thomas se laissera convaincre. C’est un homme courageux. Le défi d’une fracture totale avec les politiques précédentes nécessitera une force tranquille durant la campagne, La relance décomplexée du plaisir automobile assurera une rupture tranquille avec un passé simplement dépassé, une France automobile qui gagnera, plus juste et plus forte. Ce n’est pas un programme de droite, ce n’est pas un programme de gauche, c’est un programme pour la France. Les passionnés d’automobile et de compétition sortiront vainqueurs de cette présidence qui… roulera autrement !
Bon, je me suis peut-être laissé emporter par mon imagination de romancier. Je vous ai servi un plat intégrant des ingrédients interdits, à commencer par la vitesse. Après tout, Mitterrand se serait bien laissé tenter par des ortolans – espèce protégée - à la Saint-Sylvestre, si on en croit certains de ses proches. Ce beau rêve de société de plaisir automobile qui relancerait l’économie deviendra difficilement réalité au XXIème siècle, hélas, tant les blocages doctrinaux sont pesants. Mais pour qu’au moins le traitement de l’automobile n’empire pas encore, chaque passionné de belle mécanique et de compétition doit faire du lobbying envers le parti qu’il soutient. N’hésitons pas exprimer nos opinions en faveur de l’automobile et de la compétition sur les sites proches de nos candidats préférés. Osons créer un mouvement d’opinion fort qui hurle notre rage contre ce prétendu « politiquement correct » qui incrimine les amateurs d’automobile et les transforme en délinquants d’opinion asociaux. Dans le monde, l’automobile produit moins de CO2 que les gaz des bovins, alors restons raisonnables quant à sa prétendue nocivité pour la planète !
Puisse en tout cas 2012…
vous apporter ainsi qu’aux vôtres la sérénité et la force de gagner la course à la poursuite de vos objectifs les plus chers.
En 2012, Circuit Mortel poursuivra sa trajectoire. Au programme, des photos, souvenirs et récits consacrés aux pilotes, voitures et épreuves des sixties, des seventies, des années 80 et quelques sujets plus récents. Les pilotes préférés de l’animateur du blog seront évoqués sous des angles différents des articles proposés par la grande presse. Si outre la course et l’automobile Vintage, vous aimez Kimi Räikkönen, Nico Rosberg, Jenson Button, Nico Hülkenberg, Vitaly Petrov, Sergio Perez, Sébastien Loeb, Yoann Bonato, François Duval, Loïc Duval et quelques autres, vous ne devriez pas être déçus.
QUELQUES LIENS A SUIVRE
Des voitures à vivre, qui donnaient envie de faire marcher l’économie avant que la société « « « politiquement correcte » » » devienne terne, démotive les populations et sclérose les cerveaux
Des Ford et autres Lotus
des Belles des sixties
Une BMW 1973
Des petites fictions humoristiques illustrées sur fond tourbillonnant d’automobile et de sixties
http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-une-dame-un-chapeau-une-dauphine-92333449.html
et
Thierry Le Bras