Pour la première fois dans l’histoire de l’épreuve, les 24 Heures du Mans ne se dérouleront pas mi-juin, mais en septembre.
Les manifestants du mois de mai ne pensaient sûrement pas à cette conséquence qui ne faisait pas partie de leurs revendications. Pourtant, ils bousculèrent une institution de plus !
La révolution gagne le sport automobile. 1968 marque en effet l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation. Fini les monstres de 7 litres de cylindrée engagés par Ford les années précédentes, tout comme les protos à moteur V12 4 litres de Ferrari. Désormais, la cylindrée des prototypes est limitée à 3 litres, et celle des Sport – voitures construites au moins à 50 exemplaires - à 5 litres. Résultat, les Ford MK II et MK IV ainsi que les Ferrari P3 et P4 entrent au musée. Elles n’en sortiront que pour disputer des épreuves de VHC. En désaccord avec les décisions de la Fédération Internationale, Enzo Ferrari boude Le Mans.
La course promet d’être disputée. La lutte pour la victoire semble devoir opposer Ford et Porsche. Plusieurs écuries privées, dont celle de John Wyer, engagent des GT 40 5 litres en catégorie Sport. Face à elles, les Porsche 908 s’affirment comme de redoutables rivales. Le public français éprouve un faible pour les Alpine A 220 V8 3 litres, d’autant que nos compatriotes suivent les performances de leurs pilotes, Mauro Bianchi, Gérard Larrousse, Henri Grandsire, Patrick Depailler, Jean-Pierre Jabouille, Jean Guichet… La Matra 630 V12 de Johnny Servoz Gavin et Henri Pescarolo recueille aussi bien des sympathies, tout comme les petites Alpine A 210 1300 cm3 qui visent la victoire à l’indice énergétique et à l’indice de performance. Quant aux prototypes Alfa Roméo 2 litres à la coupe agressive, ils ne laissent pas les esthètes insensibles.
A 15 heures (et non 16 heures comme les années précédentes), Giovanni Agnelli, président du groupe Fiat, baisse le drapeau à damier qui libère la meute des concurrents. Les voitures sont encore rangées en épis devant les stands. Les pilotes, debout de l’autre côté de la piste, courent jusqu’à leurs voitures, se glissent dedans et démarrent en trombe … sans boucler les harnais de sécurité.
C’est parti pour 24 heures. La course s’annonce plus dure encore que les éditions précédentes. La nuit sera plus longue. Les risques de mauvaises conditions météorologiques se révèlent accrus. D’ailleurs, il pleut dès le départ. Tout le monde l’ignore encore, mais la nuit qui s’annonce fera entrer Henri Pescarolo dans la légende.
Les supporters d’Alpine par contre seront très déçus. La 3 litres ne brillera pas longtemps. La marque au losange attendra sa revanche 10 ans, jusqu’à ce que Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud triomphent sous le soleil de plomb d’un superbe mois de juin.
Mais en 1968, l’heure de Matra et d’Alpine n’a pas encore sonné. La GT 40 de Pedro Rodriguez et Lucien Bianchi apporte à Ford une troisième victoire d’affilée
Durant l’été 1968, les radios diffusaient souvent « Si j’avais des millions », le dernier tube de la belle Dalida.
Si j'avais des millions
Tchiribiribiribiribiribiriboum
Tout le jour à Bidibidiboum
Ah si j'étais cousu d'or,
Pour beaucoup de jeunes qui aimaient l’automobile à cette époque, la réponse était simple. « Si j’avais des millions, j’achèterais une Triumph TR4, ou une MG, ou encore une Alfa Roméo. J’irais draguer les filles sur la côte, l’été à La Baule ou à Saint-Trop, l’hiver à Chamonix. ». Et certains songeaient « Oui, bien sûr, si j’avais des millions, j’irais draguer les filles dans des stations sympa avec un cabriolet. Mais j’achèterais aussi une Porsche ou une Alpine et je ferais de la course automobile avec ».
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Bientôt une nouvelle série de romans dans l’atmosphère des sixties ! Thierry Le Bras vous fera partager la vie de Philippe, Laurent, Xavier et les autres dans l’atmosphère enfiévrée de sixties. Des aventures policières menées au rythme endiablé du tourbillon de ces années passionnantes, du danger, de l’angoisse et de l’insouciance, des courses automobiles incroyables, l’ambiance des tubes de Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, France Gall, Serge Gainsbourg, Dalida et les autres stars qui firent les années 60, voilà ce qui vous attend dans les souvenirs épiques de Philippe Gorjan. Vous pouvez déjà lire des nouvelles mettant ce personnage et ses proches en scène :
- Icônes des sixties 1, 2, 3 et 4 dans les archives de novembre et décembre de ce blog ;
et :
http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/07/31/la-baule-les-pins-des-émois-inoubliables.html
Philippe Georjan ne remplace pas David Sarel, héros récurrent et contemporain dont Thierry Le Bras raconte les aventures dans d’autres romans et nouvelles. En attendant un nouveau roman dont l’avocat pilote du Clan Vivia sera le personnage principal, vous pouvez bien sûr lire des nouvelles et docu-fictions où il joue un rôle important dans les archives de ce blog .
Sans oublier bien sûr les romans déjà parus (Éditions Astoure, diffusées par Breizh) , « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac », et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans ».
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