FICTION
Cet été , Éric Trélor, personnage récurrent des Aventures de David Sarel, évoque avec le journaliste Sébastien Ménier des souvenirs de sa carrière de gentleman driver.
SUITE du texte mis en ligne le 1er août 2007
Ces jours-ci, Éric raconte Ronnie, un pilote particulièrement attachant qu’il a bien connu. Le lecteur observera que gentleman driver ne signifie pas pilote lent, loin s’en faut, mais seulement pilote qui exerce un autre métier. Car si CIRCUIT MORTEL suit de près les pilotes qui atteignent le plus haut niveau, le blog s’intéresse également aux purs amateurs, ceux qui ne prennent le volant que par passion, sans enjeu de carrière à la clé.
Sébastien Ménier : Quelles voitures succédèrent à la Matra ?
Éric Trélor : La Matra a beaucoup évolué En 1984, Ronnie l’a transformée en groupe F. Il a travaillé la rigidité du châssis et des suspensions et il a monté un moteur de Formule 2 dessus. Elle marchait vraiment très fort et il remportait souvent sa classe. Il regrettait cependant de se sentir relégué dans une catégorie un peu moins considérée que les voitures des groupes N, A et B. Je lui conseillais pourtant d’y rester parce qu’il gagnait. Le groupe F permet à des voitures en fin d’homologation de continuer à courir. Certains préparateurs ou pilotes-préparateurs y développent aussi des bolides fort performants et originaux. Ce n’est pas un groupe poubelle, loin de là. Il ne fallait pas désespérer d’y figurer.
Sébastien Ménier : Ronnie est donc devenu un spécialiste du groupe F ?
Éric Trélor : Il est revenu en groupe A à une période après une grosse sortie avec la Matra à Türkheim dans une courbe rapide. Mais il continuait à cultiver le goût des voitures originales. A la fin de l’année 1987, il a acheté une Alfa 75 Turbo groupe A. Nous nous retrouvions encore dans la même catégorie quand je faisais de la côte avec le Coupé Vivia 2000 T groupe A. Ceci dit, comme je faisais aussi du circuit et du rallye et que je courais souvent avec une Vivia groupe B en côte, je lui ai le plus souvent laissé le champ libre. Cette fois, il n’avait pas fait un mauvais choix. Il a remporté pas mal de victoires de groupe dans l’Ouest avec son Alfa. Par contre, dès qu’il s’engageait en Championnat de France, il se faisait toujours devancer par les meilleures Vivia 2000 T et BMW M3. Il était à la lutte avec les Ford Sierra Cosworth.
Sébastien Ménier : Il ne s’est jamais aventuré dans d’autres disciplines que la course de Côte ?
Éric Trélor : Rarement à dire vrai. Égoïstement, cela m’arrangeait car il était toujours volontaire pour venir m’aider en assistance, que ce soit en rallye ou en circuit. Parallèlement, il a fini par racheter l’entreprise de carrosserie de mon grand-père. Comme j’étais son avocat, c’est moi qui ai géré l’opération. J’étais très ému d’ailleurs. J’adorais mon grand-père Victor et ça m’a fait quelque chose que son entreprise devienne la propriété d’un ami. Je me disais que mon grand-père devait être content là-haut.
Sébastien Ménier : Jusqu’à quelle année Ronnie a-t-il couru ?
Éric Trélor : Durant les années quatre vingt dix, Ronnie est revenu au groupe F. Il a monté un monstre, sur base de Mercedes Supertourisme. La voiture ressemblait à celles qui disputent le DTM en Allemagne. Elle plaisait beaucoup au public. Ronnie a enrichi son palmarès avec cette voiture qu’il aimait beaucoup. Il était très fier, d’autant qu’il courait encore régulièrement alors que Luc (2) ne prenait plus le volant qu’occasionnellement en compétition, et Jacques (3) plus du tout. « A part Freddy (1) bien sûr, nous sommes les seuls de la bande à continuer, constatait-il régulièrement. Et moi, je suis un pur amateur, je n’ai pas d’usine derrière moi. Donc, même si je n’ai pas le même palmarès que toi, je me suis plutôt pas trop mal débrouillé. »
Sébastien Ménier : Comment finançait-il ses courses ?
Éric Trélor : Il s’est toujours bien débrouillé à ce niveau. D’entrée, son patron l’a aidé. Il travaillait à Lanester. Il a sollicité toutes les entreprises du coin. Certaines le suivaient. notamment un distributeur de pneus et un fabricant de meubles en bois blanc. Après, il a convaincu un réseau de stations de lavage automatique et une chaîne de magasins de sport. Il équilibrait son budget compétition. A ce niveau-là, ses choix de voitures originales l’ont plutôt servi.
A suivre …
(1) Freddy Vivien, personnage récurrent des Aventure de David Sarel, pilote de F1 de 1977 à 1992 et créateur des Automobiles Vivia avec Éric Trélor
(2) Luc Crilllon, pilote Vivia dans Circuit Mortel à Lohéac et Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans
(3) Jacques Dumoulin, pilote amateur d’excellent niveau qui apparaît dans divers scenarii qui se déroulent dans l’univers de David Sarel, notamment Duel au soleil des coteaux mis en ligne la semaine dernière sur ce blog. A noter qu’après sa carrière de pilote, Jacques est devenu chef de stand chez Vivia pour les courses d’endurance.
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Vous aimez les émotions que procure la course automobile et vous souhaitez les retrouver dans des fictions ?
C’est possible. Découvrez les nouvelles et romans rédigés par Thierry Le Bras qui mettent en scène l’avocat –pilote David Sarel, un personnage au caractère très fort :
- des nouvelles (fictions courtes) sont en ligne dans les archives de ce blog ;
- les romans, pour l’instant « Circuit mortel à Lohéac », « Faits d’enfer à Carnac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » ont été édités par les Éditions Astoure (diffusées par Breizh).