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MEMOIRES DE VIVIA (6)

Objets inanimés, avez-vous donc une âme, écrivit Lamartine ?

Oui, répond cette Vivia 1.600 S née en mille neuf cent soixante-dix huit  qui rapporte ici ses souvenirs, ses grandes joies, ses triomphes, ses peines, ses angoisses et sa retraite dorée.

(Suite du texte mis en ligne le 30 juin 2006)

Chapitre 6 :

            Je fus achetée par Philippe, qui entamait ses études de sciences économiques à la faculté de Rennes. Je recommençais à circuler sur la route et en ville. Philippe conduisait vite et bien. Il se montrait très fier de moi et de mon palmarès sportif. J’étais toujours pimpante comme un modèle d’exposition au salon de l’automobile. Quoique moins glorieux que les années précédentes, les moments passés avec Philippe demeurent un excellent souvenir. Il était toujours gai, heureux de vivre, décontracté. Durant la semaine, nous restions généralement en ville et parcourions peu de kilomètres. La faculté, la bibliothèque universitaire, le bar où il retrouvait ses copains constituaient les buts de nos sorties journalières. Le vendredi, nous rentrions chez ses parents à Lorient, sans respecter les limitations de vitesse, c’est à dire en nous faisant plaisir.

            Le samedi soir, Philippe aimait sortir. Je ne passais pas inaperçue. Lui non plus d’ailleurs.

            De temps en temps, Philippe, qui s’intéressait énormément aux sports mécaniques, allait voir des compétitions et me ramenait ainsi sur les lieux de mes anciens exploits.

            Pendant les vacances universitaires, nous nous déplacions beaucoup. Philippe adorait les voyages. Nous avons parcouru les routes d’Irlande, d’Allemagne, de Suisse, d’Italie, de Yougoslavie, et même de Grèce. Comme il partait généralement avec deux ou trois amis – je ne pouvais accueillir que mon conducteur et un passager, donc nous partions à deux voitures - et que nous campions pour éviter les frais d’hôtel, j’étais toujours pleine comme un oeuf...

            La montagne et les bords de mer recueillaient le plus souvent les faveurs de Philippe. Nous évitions toujours les lieux de concentration des touristes et recherchions les endroits plus calmes et sauvages.

            Des plaisirs nouveaux et inconnus de mes précédents propriétaires me réchauffaient le coeur : Les longues discussions abordées autour d’un feu de camp le soir et qui durent tard dans la nuit, le réveil au bruit des vagues au bord d’une plage déserte à l’aube, le bien-être d’un soir d’été sur la berge d’un lac de montagne lorsque l’orage gronde au loin, le spectacle d’un coucher de soleil sur une mer agitée...

            Cette vie dura cinq ans ; le temps pour Philippe d’achever ses études et d’effectuer son service militaire. Puis il entra en qualité de collaborateur dans une société de communication basée à Versailles et spécialisée dans l’événementiel autour des sports mécaniques. Je crois que mon passé l’a influencé. Il allait devoir parcourir trente mille kilomètres par an à titre professionnel. La mort dans l’âme, il se résigna à me vendre et me remplacer par la dernière BMW 318. Une nouvelle fois, je retrouvais les locaux d’un concessionnaire.

(à suivre le 5 juillet 2006)

Si les automobiles Vivia jouent un rôle non négligeable dans les roman de Thierry Le Bras, le héros principal en est toute de même un être humain, David Sarel.. Plongez-vous sans attendre dans l’atmosphère de ses premières aventures parues aux Éditions Astoure (cf : http://astoure.site.voila.fr ) , notamment « Circuit mortel à Lohéac » et « Faits d’enfer à Carnac ».

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