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grand-prix de cuba

  • L’ENLÈVEMENT DE FANGIO

    victime des hors-la-loi sévissant à Cuba.

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    Durant les années 50, la course automobile se révéla particulièrement dangereuse. Non seulement les pistes comme les voitures intégraient peu la protection des pilotes, mais ces derniers allèrent courir dans des lieux hantés par des personnages peu recommandables…

     

    1958. Juan Manuel Fangio a remporté cinq titres de champion du monde. Il est une icône, le symbole du talent et de l’excellence.

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     A Cuba, le Président Batista (en photo ci-dessus avec Fangio) est en proie à la guérilla de Castro. Le chef de l’État est ambitieux pour son île et rêve d’y attirer des touristes américains aisés qui enrichiront l’économie locale. Alors, il organise pour la seconde fois le Grand-Prix de Cuba. La course ne compte pas pour le Championnat du monde de F1 (d’ailleurs, quoiqu’appelée Grand-Prix, elle ne se dispute pas sur des monoplaces), mais plusieurs grands pilotes sont là. Fangio, qui a remporté la première édition en 1957, espère doubler la mise. Batista veut prouver au monde entier que Cuba est un site sûr capable d’organiser un événement international d’ampleur.

     

    Un contexte explosif


    C’est compter sans Fidel Castro, le hors-la-loi que Batista avait gracié et exilé quelques années plus tôt. Castro est revenu sur le territoire pour y préparer la guerre civile. Il n’hésitera d’ailleurs pas à empêcher les récoltes de canne à sucre pour exciter la population qu’il ruine contre le pouvoir. L’intriguant révolutionnaire jouit d’un sens inné de la communication, du buzz avant l’heure. Tout le monde se souvient de l’épisode de son amitié avec madame Danièle Mitterrand lorsqu’elle était la femme (enfin, l’officielle…) de François Mitterrand, de la Baie des cochons. Personne n’a oublié la fascination que le dictateur exerça en 1960 sur Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, même pas dérangés par les exécutions sommaires qu’il ordonnait. Aujourd’hui encore, quelques vedettes du PAF se laissent séduire, à commencer par monsieur Mélenchon, lui-aussi grand fauve de la com et spécialiste du one man show.

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     En 1958 déjà, Castro ne considère pas la course automobile, ses valeurs et ses apports à l’économie locale comme compatibles avec l’idéal révolutionnaire. Et il veut faire échec au pouvoir en place. Peu importent les intérêts économiques du pays. Alors, une idée machiavléique germe dans son esprit.

     

    Une course gâchée


    Le samedi soir après les essais, Fangio et les autres pilotes s’apprêtent à passer une soirée agréable à l’hôtel Lincoln. Soudain, un homme à l’allure agressive  braque le champion argentin avec son révolver. « Fangio, tu dois me suivre, commande le ravisseur. Je suis un membre du Mouvement révolutionnaire du 26 juillet ». L’individu s’appelle Faustino Perez.

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     « Tout le monde a pensé à une blague idiote », témoignera Jean Behra, témoin des faits. Mais lorsqu’un ami de Fangio se saisit d’un presse papier avec l’intention de de défendre le champion du monde, le bandit le menace de faire feu avec une détermination qui lève tous les doutes. Fangio est embarqué dans une voiture qui démarre sur les chapeaux de roues.

     

    Le Grand-Prix de Cuba va-t-il être annulé ? C’est ce souhaitent Castro et ses nervis. Les autres pilotes sont-ils en sécurité ? Fangio, qui est un seigneur dans la vie comme sur la piste, s’efforce de protéger son principal rival, l’Anglais Stirling Moss. « Ne prenez pas Stirling, il est en voyages de noces », ment-il aux brigands.

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     Le Président Batista décide de maintenir le Grand-Prix tandis que des policiers d’élite recherchent les ravisseurs et leur victime. Maurice Trintigant prend le volant de la Maserati qu’aurait dû piloter Fangio. Le départ est donné devant 150.000 spectateurs, ce qui montre le succès populaire de la course. Les Ferrari de Moss et Gregory se battent en tête. Mais au sixième tour, Cifuentes sort de la piste sur l’huile laissée par un autre concurrent en perdition. L’accident fait plusieurs morts et de nombreux blessés. La course est interrompue. Stirling Moss devance Masten Gregory. Fangio est libéré 26 heures après son enlèvement. Il a été bien  traité mais reconnaîtra tout de même que sa détention fut mouvementée. « J’ai changé trois fois de maison et trois fois de voiture en 24 heures… »

     

    La politique n’aime pas le sport automobile

     

    S’il n’a pas réussi à empêcher le déroulement de la course, Castro s’emparera tout de même du pouvoir par la force une dizaine de mois plus tard. Plongée dans l’obscurantisme, Cuba sera privée de Grand-Prix (à part curieusement une édition en 1960 ?) et de bien d’autres choses jusqu’à une date qui reste encore indéterminée. La révolution cubaine aura prioritairement servi les intérêts financiers des frères Castro.

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     La course automobile fait souvent les frais des périodes troublées. Fangio ne fut pas la seule victime d’évènements autres que sportifs. Quelques exemples. En 1974, le Rallye de Monte-Carlo fut annulé à cause de l’embargo imposé par les pays arabes sur le pétrole. Et fin 2007, les activistes islamistes chassèrent  le Dakar d’Afrique en faisant peser une telle menace sur la course que les organisateurs ne purent assurer la survie de l’épreuve qu’en la déplaçant sur un autre continent.

    Vous pouvez également me retrouver sur http://circuitmortel.com , https://gotmdm.com/driver/ et http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/

    QUELQUES LIENS A SUIVRE

     

    Un politique qui, lui, aime la course, ça existe : il s’appelle François Fillon

    http://circuitmortel.hautetfort.com/archive/2007/05/17/un-pilote-aux-affaires.html

     

    Un Grand-Prix sous haute tension politico-financière (courte fiction illustrée) http://polarssportsetlegendes.over-blog.com/article-david-joue-l-intox-101163259.html

     

    Ambiance polar dans le monde de la course auto http://bit.ly/1XEpx1J

     

    Thierry Le Bras