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DIDIER PIRONI, ALAIN COLAS, DEUX TRAJECTOIRES PARALLÈLES (I)

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F1, course au large, deux disciplines auxquelles les médias accordent une couverture importante.

Normal. Dans une société traumatisée par une crise économique sévère, tendant vers l'asepsie, peu de personnes osent se lancer sur la voie de l'aventure, mais toutes admirent les efforts fournis par les pilotes de Formule 1 et les meilleurs skippers dont les performances permettent de vivre les rêves les plus fous par procuration.


Quelques champions charismatiques ont su conquérir l’amour du public et focaliser l’attention des journalistes sur leurs sports. Parmi eux, Didier Pironi et Alain Colas, deux champions qui, à la réflexion, possèdent de nombreux points communs et connurent des trajectoires parallèles

DEUX ENFANTS TRÈS DOUÉS

Certes, au début de leurs vies et de leurs carrières, Alain Colas et Didier Pironi n’empruntent pas les mêmes voies.

Mais ils sont tous deux des enfants calmes, intellectuellement curieux, de très bons élèves. Leurs tournures d'esprit les incitent à privilégier des matières différentes. Les cours de physique et de mathématiques recueillent les faveurs de Didier Pironi; Alain Colas préfère les lettres, les langues et l'histoire. Ils suivent tous deux des études supérieures: École des Travaux Publics pour l'un, Faculté de Lettres pour l'autre. Et si Didier brille dans les disciplines scientifiques, il s’intéresse à la culture, lit tous les ouvrages de Marguerite Yourcenar et parle un anglais impeccable.

Contrairement à Didier qui devient Champion de Paris Universitaire sur 100 mètres nage libre, Alain ne montre aucune disposition particulière pour les sports à l’adolescence. Il s'efforce tout de même de forger son corps comme son esprit et parvient, à force d'efforts, à s'intégrer aux meilleures équipes scolaires de basket.

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Didier Pironi s’intéresse très tôt au sport automobile en suivant son demi-frère José Dolhem sur les circuits. « Nous aimons tout ce qui va vite avec un moteur », affirme inlassablement José. Une phrase qui explique l’ecclectisme dont Didier fera preuve durant sa carrière. Il n’hésitera pas à s’aventurer sur d’autres voies que la monoplace, et ce dès le début de sa carrière. Il participera ainsi à seux rallyes, le Grand National Tour Auto 1972 sur une Ford Capri 2600 RS et le Tour de Corse 1975 sur une R 12 Gordini.

A l’inverse, rien ne prédispose Alain Colas à la pratique de la voile. Né à Clamecy dans la Nièvre, c'est à dire loin de toute région côtière, il s'essaye bien au kayak sur l'Yonne durant son enfance mais ne découvre sa vocation maritime qu’à l'âge de 23 ans. Sa licence de lettres en poche, il part enseigner le français à l'Université de Sydney. Apprécié dans un premier temps en raison de ses qualités culinaires par les marins de Sydney, il s’affirme rapidement comme un équipier complet, efficace, et navigue avec Éric Tabarly.

Bientôt, une fois formés aux dures écoles de leurs sports, les destinées d’Alain Colas et de Didier Pironi révèleront des similitudes étonnantes.

DES DIAMANTS PURS

Juin 1972. Alain Colas va prendre le départ de la Transat anglaise à bord du Pen Duick IV racheté à Éric Tabarly. « Peu de journalistes à l'exception de Philippe Gildas croyaient en les chances d’Alain et de son trimaran, me confiera Jeff, le frère d’Alain. Tous n'avaient d'yeux que pour Vendredi XIII, un voilier de 39 mètres engagé par Claude Lelouch et barré par l'expérimenté Jean-Yves Terlain. Quant à Claude Lelouch, il était absolument certain de la victoire de son bateau

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Mais voilà. Le sport déjoue souvent les pronostics. A l’arrivée à Newport, c’est Alain Colas sur son trimaran que les Anglais surnomment « le court de tennis flottant » qui franchit la ligne d’arrivée en tête ! Cette victoire inattendue en fait une star en quelques jours. D’autant qu’une circonstance exceptionnelle survenue pendant la course amplifie ce phénomène. Alain Colas a rattrapé Jean-Yves Terlain au milieu de l'Atlantique. Les deux bateaux ont navigué bord à bord pendant 24 heures, se livrant un duel de titans dont Pen Duick IV est sorti vainqueur, distançant inexorablement son adversaire. Les skippers se sont filmés et photographiés pendant cette journée de lutte, et les journaux à grands tirages, à commencer par Paris Match, publient ces documents après l'arrivée. N’oublions pas qu’à l’époque, les bateaux ne sont pas équipés de balises Argos et qu’une fois au milieu de l’océan, les skippers ne communiquent plus beaucoup avec la terre.

Les 24 Heures du Mans sont alors au sport automobile ce que la Transat anglaise est à la course au large. Un Everest ! Un Cap Horn !

En 1978, Didier Pironi dispute sa première saison de F1. Il a marqué son premier point dès son second Grand-Prix. Et Renault l’associe à Jean-Pierre Jaussaud pour la classique mancelle. Le jeune loup et le papy qui fait de la résistance. Didier respecte l’expérience de l’Ancien et écoute ses conseils. Jean-Pierre apprécie la pointe de vitesse de son jeune équipier. L’équipage se révèle redoutable. Leur voiture pointe en tête à la fin de la première heure de course, puis se tient en observation derrière celle de Depailler et Jabouille. Lorsque cette dernière abandonne au milieu de la matinée du dimanche, Didier et Jean-Pierre reprennent la tête. Ils ne la quitteront plus jusqu'à l'arrivée. La chaleur accablante rend la fin de l'épreuve terrible. Très éprouvé et inquiet quant à l’état de la boite de vitesses, Jean-Pierre ne remplace pas Didier lors du dernier ravitaillement. Epuisé par son double relais, Didier Pironi perd connaissance après l'arrivée. Il a remporté la course la plus célèbre du monde, au volant d’une voiture française qui plus est. Le lendemain, Renault organise une présentation de l'équipage de la voiture victorieuse sur les Champs-Elysées. Heureux, Didier Pironi descend l'avenue au ralenti, précédé de deux motards. Maintenant le grand public le connaît. Il va devenir une star.

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Les années qui suivent la reconnaissance du talent vont apporter de nouveaux bonheurs à Didier Pironi et à Alain Colas. Victoires en Grands-Prix au sein de top teams pour l’un, record autour du monde en solitaire et mise en chantier d’un monocoque géant pour l’autre. Intégration à la magique Scuderia pour le pilote. « Notre première rencontre avec Enzo Ferrari, une découverte, une révélation, un homme admirable à tous les points de vue », s’enthousiasme Didier. « Je construis ma cathédrale », déclare le skipper.

Le destin jalouserait-il les stars, les diamants les plus purs ?

Thierry Le Bras

A suivre...
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Didier Pironi, le petit prince de la vitesse, le site de Jan Möller, très intéressant, très complet, très bien illustré :
http://www.didierpironi.net/index2.htm



Je signale dès à présent que Jan est aussi l’auteur d’un ouvrage de référence sur Didier :
Didier, Dreams and Nightmares
Éditions Mercian
(cet ouvrage est écrit en langue anglaise – il est disponible en France à la Librairie du Palmier)

Je mentionnerai à la fin de cette série d’articles une très bibliographie complète concernant Didier.
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Les fictions dans l’univers à la fois passionnant et cruel du sport automobile vous passionnent ? Retrouvez les dans les romans de Thierry Le Bras qui raconte les aventures de l’avocat-pilote David Sarel. Didier Pironi est cité dans les deux ouvrages dont les références suivent car il représente pour le personnage principal une référence et un modèle à suivre :
« Circuit mortel à Lohéac » et « Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans » sont publiés aux Éditions Astoure (diffusées par Breizh).

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