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LE TALENT EN F1 (1)

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Nico Rosberg, un des pilotes les plus brillants du plateau contemporain de la F1

La F1 fait partie intégrante de l’univers de David Sarel, le héros dont Thierry Le Bras raconte les aventures dans ses romans (**).

Freddy Vivien (*), un des personnages récurrents des Aventures de David Sarel, fut un des pilotes de Formule 1 les plus brillants de sa génération (il est né en 1952 et remporta plusieurs titres de Champion du monde). Le lecteur observera que héros de fiction issus du Clan Vivia et pilotes réels se mêlent dans l’univers de David Sarel. Freddy répond ici une nouvelle fois aux questions du journaliste Sébastien Ménier (*), qui joue lui-aussi un rôle important dans plusieurs épisodes des Aventures de David Sarel.


Sébastien Ménier : à ton avis, qu’est-ce que le talent et que faut-il comme autres qualités pour réussir en F1 ?

Freddy Vivien : le talent, c’est aptitude particulière dans une activité, selon le Petit Robert. Tous les pilotes qui arrivent en F3 Euroseries et en GP2 en possèdent. Ce n’est donc plus le critère majeur de sélection ni de réussite. Il faut d’autres qualités en plus.

Sébastien Ménier : lesquelles justement ?

Freddy Vivien : je pense que l’humilité, la capacité d’apprentissage et la volonté jouent un rôle déterminant dans la sélection.

Qu’ajouter comme autres qualités ; elles sont assez nombreuses :
- la capacité à vivre pour la course, à en faire son objectif absolu (tout sport de compétition est exclusif au plus haut niveau) ;
- être travailleur et bon metteur au point (tous les pilotes de F1 contemporains sont bons metteurs au point, Kimi comme les autres même si il ne passe pas son temps à vanter ses qualités ni son travail comme certains autres) ;
- être acharné dans les dépassements ;
-disposer d’un QI suffisant pour gérer une course, un championnat et une carrière ;
- travailler sa communication, parler plusieurs langues, notamment l’Anglais couramment, et adopter un look qui convienne aux écuries ciblées ; un pilote est aussi payé pour représenter son écurie et ses sponsors, bien que quelqu’un l’ait oublié en 2007 ;
- soigner sa condition physique (la F1 fait beaucoup souffrir les pilotes) ;
- savoir gérer son budget chemises (au bout de la première saison, le cou d’un pilote prend deux centimètres, les chemises ne ferment plus – bon, je plaisante un peu, mais c’est vrai, le cou des pilotes encaisse tant de G qu’il grossit la première année) ;
- se montrer le plus dépourvu possible d’émotivité ;
- savoir s’entourer (un bon agent, une bonne équipe d’avocats, de bons conseillers financiers, un bon préparateur physique, un attaché de presse efficace, un ensemble de personnes capables de mettre le pilote dans les meilleures conditions possibles pour travailler. Un pilote, c’est une entreprise. Il lui faut les meilleurs autour de lui) ;
- savoir se faire aimer de son team et estime de son coéquipier. Un pilote doit avoir du caractère, mais caractère ne suffit pas mauvais caractère, au contraire. Les gens difficilement vivables sont en règle générale des êtres pas tout à fait finis, immatures et capricieux qui n’atteignent jamais l’âge adulte et tentent de faire passer pour de la volonté ce qui n’est en réalité qu’une déficience mentale. Un vrai pilote de caractère, c’est pas exemple Sébastien Loeb. Il sait ce qu’il veut, il sait faire avancer l’équipe, et il est naturellement gentil et agréable.

En F1, il n’y a pas une seconde au tour de différence de pilotage entre le premier et le dernier.

Cela signifie que tout compte :
- l’écurie, bien sûr ;
- le plus petit détail ; par. exemple., un simple pli sur une combinaison fera souffrir inutilement le pilote et lui fera perdre de l’influx nerveux.

Sébastien Ménier : la chance joue-t-elle un rôle dans une carrière ?

Freddy Vivien : Evidemment. Il serait absolument stupide de le nier. Des aléas étrangers au travail du pilote jouent un rôle positif ou négatif. La chance s’entend ici de la façon plus ou moins favorable dont des événements se déroulent, conformément à la définition qu’en donnent les dictionnaires.

La F1 est un sport mécanique. Donc, il faut disposer de la bonne voiture au bon moment. Et là, la part de chance ou de malchance intervient inévitablement. Lorsque Jean Alesi négocie simultanément des accords avec Williams et avec Ferrari, il choisit les Rouges. Que se serait-il passé s’il était allé chez Williams au lieu de Ferrari ? Il aurait disposé de la meilleure monoplace du plateau. Il aurait enrichi son palmarès.

Maintenant, il arrive bien sûr que la chance tourne et abandonne son client, ou encore qu’elle frappe à la porte de quelqu’un qu’elle n’avait pas encore servi. Je pense ici à un ex pilote de top teams actuellement au chômage qui a gagné deux titres grâce à une chance insolente et à Kimi, un vrai champion, qui méritait déjà le titre 2005 et qui le perd par la faute de problèmes mécaniques qui ne lui sont pas imputables.

Autre aléa qui prive parfois un pilote de résultats malgré son talent, l’accident qui arrête ou réoriente une carrière. Lorsqu’un garçon comme Fabien Giroix en 1988 est victime d’un crash dont il sort très grièvement blessé aux jambes lors d’une course de Formule 3000, nul ne peut nier que l’aléa aura joué un rôle dans sa carrière. Fabien multipliera ensuite les victoires dans d’autres catégories (Supertourisme, GT …) , mais on ne le verra plus en monoplace.

Tout comme quand un concours de circonstances inouï cause l’accident de Didier Pironi et le prive du titre de Champion du monde des conducteurs 1982. Malgré son talent et son travail, Didier perd le titre sur un aléa.

Sébastien Ménier : Certains affirment pourtant haut et fort qu’un pilote ne peut pas être humble, qu’il a forcément un ego démesuré et qu’un grand pilote doit avoir mauvais caractère.

Freddy Vivien : Certes. Certains commentent la F1 avec le sens de l’à propos d’un ivrogne en train de se finir au Café du commerce avant la fermeture. Ces pauvres types qui n’ont jamais rien osé dire ni faire durant leur misérable existence admirent les grandes gueules. Alors, ils voient la F1, je devrais dire qu’ils voient le monde en général, à travers le prisme déformant des acteurs les plus odieux. Mais en réalité, je le répète, un grand champion est toujours quelqu’un de humble malgré sa volonté de gagner. L’humilité, c’est à mon sens le sentiment que tout n’est pas acquis d’avance, la conscience que les autres pilotes ne sont pas là pour jouer un rôle de faire-valoir.

A ce niveau, Michael Schumacher et Ayrton Senna correspondent parfaitement à la définition. Toujours prêt à travailler, comme leurs plus illustres prédécesseurs.

Interrogé par Le Parisien – Aujourd’hui en France, Jean Todt s’est exprimé récemment à ce sujet (NDLR : Freddy consulte une note qu'il avait prépaarée).

Question du Parisien - Aujiurd'hui en France : Quelles ont les qualités sportives et humaines que vous appréciez le plus chez ce pilote d’exception (Schumacher) ?
Réponse de Jean Todt :
Sur le plan humain, il est resté humble, sincère, loyal, fidèle. Il pense aux autres tout en ayant l’égoïsme du champion. Il a les valeurs de l’amitié, de la famille. En tant que pilote, il est extrêmement doué, professionnel, travailleur. Il a accepté tous ces efforts pour rester au plus haut niveau, puis il a décidé de s’arrêter car il ne voulait plus faire tous ces sacrifices.

Le pilote, c’est un égoïste qui se fait plaisir avec un jouet qui coûte des fortunes que payent des industriels, constructeurs ou sponsors. Pendant qu’il joue les stars, des ouvriers font les 3x8 aux usines qui le financent, des commerciaux s’arrachent 12 heures par jour pour vendre les produits qu’il représente, des ingénieurs se creusent les méninges sur leurs ordinateurs, des avocats, des experts-comptables cherchent les meilleurs montages juridiques, financiers et fiscaux pour assurer la pérennité de la boite, des designers cherchent le meilleur look pour le produit, des conseillers en communication imaginent des concepts pour le faire vendre, des attachés de presse prennent les rédactions d’assaut pour essayer de convaincre des journalistes d’en parler, et j’oublie des tas de personnes dans cette chaîne.

Sans eux, le pilote ne serait rien. Il n’existerait pas. Tout au plus s’amuserait-il le dimanche au slalom régional organisé par l’écurie du coin sur le parking de l’hypermarché. Il ne piloterait pas une merveille de technologie, mais une vieille Samba groupe F bricolée dans le garage avec les copains. Le jour où il faudrait changer le train de pneus, la question serait, si j’achète un train neuf, pas de sorties pendant deux mois, même pas une pizz ni un ciné le samedi soir.

L’hyper-spécialisation de la course automobile aujourd’hui fait que beaucoup de jeunes pilotes ne courent qu’en kart et en monoplace avant d’arriver en F1. Une fois au sommet, plus question de courir dans d’autres disciplines. La F1 est trop exclusive et les contrats ne permettent que très rarement des incursions ailleurs. C’est un peu dommage, car ils ne connaissent pas les contraintes d’une course d’équipe. Lorsque les pilotes touchaient à tout, notamment à l’endurance, qu’ils partageaient une voiture avec quelqu’un d’autre pour une épreuve de 24 heures ou de 1000 kilomètres, ils apprenaient à penser équipe, et pas seulement « moi je ». Ils savaient aussi que ce n’était pas un seul pilote qui avait gagné une course, mais les deux ou trois qui se partageaient le volant (plus tout le reste de l’équipe derrière eux évidemment).

C’est peut-être pour ça que des garçons comme Jim Clark, Jackie Stewart, Graham Hill, François Cevert ou plus récemment René Arnoux, Patrick Depailler, Didier Pironi, Jean-Pierre Jabouille, se montraient bien plus respectueux de l’équipe que certains pilotes contemporains.

A suivre ...

(*) personnage de l’univers de David Sarel
(**) Circuit Mortel à Lohéac, Faits d’enfer à Carnac, Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans (parus chez Astoure, éditeir diffusé par Breizh)

Commentaires

  • Je viens de voir une emission sur Freddy Vivien a la tele ^^
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    http://manchesterunited.blogs.myfreesport.fr/

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