Véritable Dieu vivant pour ses fans qui le remercient de ses révélations dans le Stepney Gate, Alonso a-t-il amélioré ou détérioré son image auprès du public ?
Sur les sites et forums érigés ou transformés à sa gloire, ses supportrices et supporters lui crient tout leur amour. Auprès d’eux, il restera toujours la Divinité qui irradie leurs week-ends de F1.
Mais qu’en est-il en dehors des fan-clubs du pilote espagnol ?
La réponse semble plus nuancée.
Sur www.auto.365.com , un sondage a été mis en place. La question est simple : que pensez-vous de l’attitude d’Alonso dans l’affaire d’espionnage ? A 18 heures le 19 septembre, les réponses se répartissaient comme suit :
* Scandaleux, la FIA devait le sanctionner : 13,14%
* McLaren devait le punir sévèrement : 4,01%
* Les 2 réponses ci-dessus : 53,37%
* Il a raison, tout est bon pour quitter McLaren : 7,69%
* Il a raison d’utiliser des infos qu’il n’a pas volées : 11,22%
* Les deux raisons ci-dessus : 10,58%
Une grande majorité des votants n’approuvent donc pas l’immunité accordée au pilote coupable de manœuvres discutables.
Si la décision clémente du Conseil mondial peut se comprendre en ce qui concerne Lewis Hamilton qui n’a pas triché sciemment (rien ne prouve en effet son implication ni celle de Ron Dennis et je crois qu’il reste possible de faire confiance à Alonso sur un point, sa volonté de nuire à son équipe et à son rival interne pour le titre. Nul doute que s’il avait détenu l’ombre d’un indice impliquant Lewis Hamilton ou Ron Dennis, Alonso l’aurait communiqué à la FIA et au monde entier), Alonso a bénéficié d’un avantage aussi stupéfiant qu’inéquitable et sans précédent. Le Super-cadeau de la FIA correspond à peu près à ce qu’accorderait les Fédérations de cyclisme et d’athlétisme en accordant à des athlètes dopés une impunité fondée sur le fait qu’elles ne mesurent pas l’importance du dopage dans leurs performances. La majorité des votants n’approuvent pas l’ampleur de l’impunité. Sans doute auraient-ils mieux accepté que la FIA se contente de ne pas lui retirer sa super-licence.
De nombreux médias sont restés réservés dans le commentaire de la décision. Si sur les blogs et les forums, les passions se sont inévitablement déchaînées, la presse officielle, pour sa part, s’est montrée beaucoup plus nuancée et circonspecte. Par devoir d’objectivité ? Sans doute, mais pas seulement. Par simple intérêt économique aussi. Les médias ne vivent pas de leurs lecteurs ou auditeurs mais de la publicité. Or, toutes les écuries ont comme actionnaires, motoristes, sponsors ou partenaires des groupes qu’aucun patron de presse n’a envie de se mettre à dos. Les journalistes trop engagés en faveur de telle ou telle partie se font immédiatement rappeler à l’ordre. Les rédacteurs en chef et les directeurs de rédactions savent qu’il ne faut pas placer dans le rédactionnel des bombes qui explosent à la figure des régies publicitaires. C’est une question de responsabilité, tout simplement. Des emplois et des niveaux de salaires en dépendent. Voilà des arguments de poids pour apaiser les passions de certains journalistes !
Certains commentateurs ont tout de même souligné que le Conseil avait calqué son raisonnement sur ce que pratique la justice italienne avec les mafieux repentis. Tout le monde n’aime pas les tricheurs. Et les dénonciateurs n’apparaissent généralement pas sympathiques.
Rien d’étonnant donc à ce que l’immunité accordée à Alonso crée un malaise, sauf bien sûr au sein de ses supporters les plus inconditionnels.
Ex et très probablement futur pilote Renault, Alonso a toujours bénéficié d’un statut privilégié dans l’Hexagone où beaucoup l’ont assimilé à un pilote Français. Un journal allemand se montre moins policé que ses confrères français.
The Bild (édition du 17 septembre) dénonce sévèrement l’attitude du petit toro des Asturies.
« C'est lui que l'on appelle champion du monde " titre le journal allemand. Le quotidien sollicite clairement que l'écurie McLaren-Mercedes résilie son contrat sur le champs. La FIA a sanctionné l'équipe de l'Espagnol parce qu'il avait assuré que les pilotes >>"connaissaient les informations confidentielles provenant de Ferrari".
Le périodique traite le pilote espagnol Fernando Alonso "d'escroc et de maître chanteur" et "exige que McLaren-Mercedes l'expulse de ses rangs".
"Et quoi encore, il va être récompensé une autre fois par un titre de champion du monde?" intitule The Bild. Le texte ajoute : " Alonso n'a pas sa place chez les Flèches d'argents".
La note commence avec un Gros titre "Ca Suffit Maintenant !" et affirme que l'Espagnol "était détenteur d'informations secrètes sur Ferrari comme le démontrent ses courriers électroniques". >"Alonso a utilisé le chantage sur Mercedes pour être libre de son contrat. " Il n'agit en aucune façon comme un véritable champion. Mercedes doit maintenant intervenir avec dureté".
Triple Champion du monde de Formule 1, Niki Lauda se montre aussi fort critique envers le pilote McLaren. Dans une interview pour le site Internet F1 Total, il affirme que Fernando Alonso est pire qu’Alain Prost sur les questions politiques au sein d’une équipe. " Les pilotes sont des égoïstes, le plus important est d’être le meilleur sur la piste, déclare l’Autrichien. D’autre part certains pilotes sont en marge de leur équipe pour renforcer leur position . " Alain Prost était pas terrible en politique. Mais Alonso est encore plus mauvais. »
Que restera-t-il de cette affaire ?
Nul doute que les conseillers d’Alonso vont hurler au complot mondial et généralisé. Les supporters les plus acharnés de l’Espagnol vont prendre d’assaut les rubriques des lecteurs de la presse écrite, les blogs et les forums pour lui hurler tout leur soutien. Mais il s’agit-là de clients déjà acquis à sa cause…
L’affaire produira-t-elle des conséquences sur la valeur publicitaire d’Alonso ? Que penseront les patrons de grandes équipes de son attitude et de sa « loyauté » à ses employeurs ?
Réponse dans quelques mois.