« Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans »,
__
la troisième aventure de David Sarel écrite par Thierry Le Bras, est disponible en librairie. Rappelons que ce livre est préfacé par Bastien Brière, pilote automobile qui a participé plusieurs fois aux 24 Heures, et que le lecteur rencontrera au fil des pages plusieurs autres pilotes et acteurs réels du monde de la course, notamment Caty Caly, Denis Vaillant, Stéphane Dréan, Didier Caradec et Julien Mouthon. En attendant de le lire, retrouvez certains personnages de l’univers de David Sarel qui évoquent sur ce blog quelques anecdotes relatives aux 24 Heures.
_
Suite des textes mis en ligne depuis le 7 novembre
_
- Nous revînmes au bord de la piste vers 7 heures 30, se souvient Éric. Nous commençâmes par regarder le tableau de classement avant d’aller déguster un bon café accompagné d’un croissant chaud dans une buvette du village. La fréquentation ne ressemblait pas à celle du départ. Seuls quelques vrais passionnés étaient déjà sur le circuit à cette heure matinale. Une demi-heure plus tard, nous constatâmes que la nuit n’avait pas fait des ravages que sur les mécaniques, mais aussi sur certaines catégories de spectateurs. En progressant à l’intérieur de la piste du virage Dunlop jusqu’au niveau de la chapelle, nous vîmes nombre de spectateurs dormant dans des sacs de couchage vaguement protégés par des sacs en plastique ou des bâches. L’humidité et le froid ne les dérangeaient pas. Le contenu des bouteilles d’alcool (surtout de la bière) amassées autour de leurs campements improvisés les avait anesthésiés pour un bon moment.
« La Ford GT 40 bleue et orange du Team Wyer menait toujours la danse devant la Matra.
« A 9 heures 30, nous avons retrouvé Régine et mon grand-père dans la tribune. Le public exultait et les applaudissements crépitaient à chaque passage de la Matra qui se maintenait à la seconde position. C’était une belle surprise. Freddy et moi commencions à nous prendre au jeu alors qu’au départ, nous nous intéressions assez peu à cette voiture et portions nos espoirs sur les Alpine 3 litres.
« Nous avons décidé de nous rendre au-dessus des stands. Avec les billets dont nous disposions, cette zone était accessible jusqu’à midi. Nous surplombions ainsi la zone où les voitures s’arrêtaient ravitailler. Devant certains boxes, l’ambiance semblait morose. Les mécaniciens travaillaient longuement sur les moteurs ou les transmissions. Les tours de retard s’accumulaient. Les équipes ne se battaient plus dans pour un beau résultat mais seulement dans l’espoir de repartir, de terminer et de figurer au classement.
- C’est aussi ça la course, commenta Freddy. Parfois on gagne, parfois tout va mal et on galère tout le week-end…
- Nous connaîtrons sûrement ça aussi, déclarai-je.
- Et oui, reprit philosophiquement Freddy. Même des pilotes de la trempe de Jim Clark, John Surtees et Bruce McLaren ont connu leur lot de déceptions et d’abandons.
- D’autant que plus on tente des choses difficiles, plus on a de risques de se planter de temps en temps, intervint mon grand-père. La critique est aisée, mais l’art difficile. Seuls ceux qui ne tentent rien n’échouent jamais. En sport comme dans la vie, il faut se remettre en cause tout le temps. Le jour où vous perdrez une course, il ne faudra pas vous décourager mais seulement vous dire, comment puis-je faire mieux la prochaine fois. Qu’est-ce que je dois travailler en priorité ?
- Je sais répondit Freddy ? Je ne veux pas devenir pilote pour ne pas travailler. Je sais au contraire que je travaillerai sûrement beaucoup plus que dans un métier traditionnel. Seulement, je ferai ce qui me passionne.
- Et tu auras ton lot de déceptions comme les autres, compléta Régine. D’autant plus dures à supporter que tout le monde saura que tu t’es planté. Si un comptable se trompe dans une écriture, personne ne le saura, ou au plus trois ou quatre personnes. Si tu touches un rail au Grand prix de Monaco, tous les téléspectateurs le verront, ce qui inclut tous tes voisins et tous les gens que tu connais.
- Sans oublier la jalousie, ajoutai-je. Si on compte ses amis devant les difficultés, je suis persuadé que c’est pareil dans le succès. Certains n’hésitent pas à critiquer les autres ou à les poignarder dans le dos tout en essayant de profiter d’eux.
Freddy hocha la tête en signe d’approbation.
- On ne peut faire confiance qu’à un clan très réduit, approuva-t-il.
Nous nous sommes souvent rappelés cette conversation depuis. Son caractère prémonitoire s’est souvent révélé justifié…
_
A SUIVRE
_
Pour tout savoir sur les Automobiles Vivia et le Team éponyme, comme sur l’histoire de la famille d’Éric Trélor et de David Sarel, son filleul, ainsi que sur la carrière de Freddy Vivien, plongez-vous, si ce n’est déjà fait, dans la lecture des romans de Thierry Le Bras parus aux Éditions Astoure :
Circuit Mortel à Lohéac ;
Faits d’enfer à Carnac ;
Chicanes et Dérapages de Lorient au Mans.